Potionomics: Masterwork Edition est un jeu, qui, par son concept et sa patte graphique, donne envie. Ce mélange de RPG, deckbuilding, de gestion de boutique, de jeu de rencontre, le tout avec une forte narration, a tout pour nous plaire. Le jeu est la première œuvre des américains de Voracious Games et est arrivé sur l’ le 22 octobre 2024 au prix de trente euros (contre vingt-cinq sur PC).
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un très bon niveau en anglais est nécessaire pour jouer à Potionomics: Masterwork Edition.
Un contenu conséquent avec une belle durée de vie
Potionomics: Masterwork Edition est un jeu qui mélange à la fois le RPG, le deckbuilding, la gestion de boutique et le jeu de rencontre. Nous incarnons Sylvia, une jeune femme qui vient de recevoir une lettre notariée.
Son oncle Oswald vient de décéder et elle hérite de la boutique de ce dernier. Alors que Sylvia découvre le lieu, vétuste et habité d’un hibou très bavard, une créancière débarque.
Visiblement, Oswald était endetté et comme la jeune femme vient de reprendre la boutique, la dette est automatiquement reportée sur elle. Sylvia doit désormais trouver une somme démentielle pour ne pas tout perdre.
Cela tombe bien, un grand concours de potions est organisé dans la région et la récompense correspond exactement à la somme demandée par la créancière.
Le gameplay de Potionomics: Masterwork Edition est un mélange de plusieurs choses et nous allons essayer de vous l’expliquer de façon concise. Déjà, nous gérons une boutique et nous devrons crafter nous-mêmes les potions que nous vendons.
Pour faire des potions, il nous faut des ingrédients. Chaque ingrédient possède un nombre d’une ou plusieurs couleurs (vert, rouge, etc.). Et chaque potion nécessite un certain pourcentage de certaines couleurs.
Par exemple, pour faire une potion de soin, il faudra une unité rouge et une unité verte (soit cinquante pourcents de chaque). Pour l’instant, c’est plutôt simple. Mais quand nous avançons dans l’histoire, nous allons devoir faire des potions bien plus complexes qui nécessitent par exemple trois unités de rouge, de bleu et quatre unités de violet.
Il faudra alors faire les comptes pour faire la potion parfaite, qui aura par exemple soixante unités de rouge et de bleu et quatre-vingt de violet.
Plus une potion est meilleure, plus le prix de cette dernière sera élevé. Une potion pourra gagner ou perdre des étoiles en fonction de la stabilité (le ratio de couleur) de celle-ci.
Un mélange des genres intéressants
Pour avoir des ingrédients, il faut aller à la guilde des héros où nous enverrons nos connaissances en aventure. Pour que ces derniers puissent aller le plus loin possible et vaincre les boss, nous devrons leur donner des potions.
En fonction de la zone où nous assignons ces héros, nous aurons des récompenses différentes. Nous pouvons aussi aller voir Baptiste, le chef de la guilde, qui, pour quelques pièces en plus, est capable d’aller chercher des ingrédients rares.
Il est aussi possible d’acheter les ingrédients à l’unité chez Quinn, cependant, il faudra d’abord lui donner un exemplaire de chaque ressource pour qu’elle puisse s’en procurer.
Nous démarrons avec un seul chaudron et une étagère pour vendre les potions. Nous pourrons agrandir notre boutique chez Saffron. Nous pourrons aussi acheter des chaudrons, des étagères et les améliorer chez Muktuk.
Dans Potionomics: Masterwork Edition, la vente se fait pendant un combat de cartes. Grossièrement, Sylvia va avoir un temps limité pour négocier le prix de chaque potion avec les clients.
Nous avons un deck de vingt cartes. Ces dernières ont des effets divers et variés. Nous pourrons par exemple augmenter l’amour du client pour notre produit ou alors réduire notre stress. Chaque carte a un « coût » en termes de patience du client.
Les clients vont eux aussi pouvoir répondre, en se protégeant, en diminuant leur patience ou en nous infligeant du stress. Le stress nous oblige à tirer des cartes aux effets négatifs et nous empêche de vendre au mieux nos potions.
Nous pouvons diminuer notre stress après les combats en passant du temps avec chaque personnage du jeu. Nous aurons aussi la possibilité d’augmenter nos relations avec ces derniers, ce qui nous permet d’avoir de nouvelles cartes à placer dans notre deck.
Des cartes, des potions et de l’amour
À terme, nous pouvons vraiment constituer des decks variés avec par exemple un style agressif qui utilise des cartes coûteuses sur la patience du client ou alors nous pourrons au contraire utiliser des styles plus lents dans lesquels nous essayons de faire durer le plus longtemps possible l’échange avec le client.
Le temps a une importance capitale dans Potionomics: Masterwork Edition. Chaque journée est remplie de plusieurs créneaux horaires. Les aventuriers prendront un certain temps pour aller récolter des ressources. Les potions cuiront pendant plusieurs heures avant d’être prêtes.
Et surtout, notre personnage va devoir choisir les activités à réaliser dans sa journée. Allons-nous passer notre temps à parler aux autres afin de réduire notre stress et d’améliorer nos relations (et donc notre deck) ? Allons-nous vendre toute la journée nos potions ?
Optimiser son temps est vraiment indispensable, car il y a un concours de potions tous les dix jours qui doit être obligatoirement réussi afin d’avancer dans le jeu. Nous devrons préparer trois potions en amont et affronter en duel son adversaire pour voir quelle est la potion avec la plus grande valeur marchande.
Potionomics: Masterwork Edition a aussi tout une part visual novel (et de jeu de rencontre) avec une forte narration et quelques interactions (très limitées) possibles avec les personnages du jeu. Nous pouvons choisir quelques lignes de dialogue afin de séduire les gens alentours.
Le gameplay de Potionomics: Masterwork Edition est conséquent. Le mélange des genres est assez bien réalisé et même si l’expérience se révèle parfois trop répétitive, nous avons passé un bon moment sur le jeu.
Il y a plein de belles idées dans le jeu. Nous aimons que chaque carte de notre deck ressemble à la personnalité du personnage qui nous la donne, nous aimons les calculs douteux que nous devons réaliser pour fabriquer la parfaite potion.
Un gameplay parfois répétitif et un bug très frustrant
L’histoire, bien que classique, est très drôle, et chaque personnage apporte sa touche d’humour, entre le rival écologiste avec ses potions faites avec des ingrédients durables, le chef de guilde prétentieux qui ne pense qu’à sa gloire, la popstar qui rêve de devenir aventurière, etc. Nous avons régulièrement esquissé un sourire lors des dialogues.
Le deckbuilding est intéressant, surtout à partir de la deuxième partie du jeu où nous commençons à avoir assez de cartes pour créer quelque chose. Le concept est intéressant, accessible, et il est amusant de négocier avec les clients.
Cependant, si le jeu est sympathique, qu’il se situe dans une moyenne haute dans le domaine vidéoludique, il possède aussi des défauts qui pénalisent grandement l’expérience.
La gestion du temps est fastidieuse. Nous avons en permanence l’impression que le temps passe trop vite et qu’il n’est pas possible de réaliser toutes les actions que nous souhaitons. La difficulté augmente rapidement et ne laisse pas vraiment le temps d’assimiler les mécaniques.
Résultat, nous prenons du retard et nous avons une sensation d’impuissance. Nous avons ce jeu qui avance plus vite que nous et que nous n’arrivons pas à rattraper. Peut-être est-ce notre niveau qui était trop mauvais (nous n’aurions pas dû choisir la difficulté « normale » !) mais nous avons dû plusieurs fois retourner vers des sauvegardes antérieures afin d’ajuster le tir.
Il est cependant possible de redescendre la difficulté à n’importe quel moment, histoire d’empêcher une trop grande frustration. La difficulté « cozy » retire une grosse partie des contraintes liée au temps.
Potionomics: Masterwork Edition possède un bug vraiment très frustrant lors de la création ou la modification de son deck. Globalement, une touche de trop vers la gauche ou la droite fait freezer le jeu et nous oblige à revenir à la sauvegarde automatique (début de la journée).
Ce bug handicapant nous fait perdre énormément d’heures et finit par nous frustrer. Chaque infime changement dans son deck est une prise de risque dans lequel le moindre faux mouvement nous amène à redémarrer le jeu.
Autre petit point peu pratique, mais il faut déséquiper les chaudrons et les étagères pour les améliorer. Cette manipulation est peu pratique et un peu fastidieuse.
Un doublage très réussi
Le mélange des genres a aussi ses défauts. Nous avons parfois l’impression que le gameplay manque de profondeur, et que le jeu touche un peu à tout sans exceller nulle part. Nous avons un deckbuilding finalement peu développé, une partie RPG assez légère, un côté romance pas assez poussé, etc.
Pour conclure, Potionomics: Masterwork Edition n’est pas traduit en français. Le texte n’est pas trop dur à comprendre mais les non-anglophones pourraient fatiguer à lire les très nombreux dialogues du jeu.
La durée de vie de Potionomics: Masterwork Edition est conséquente, entre les temps de réflexion pour préparer ses potions, pour aller chercher les ingrédients, pour lire les dialogues… le jeu est généreux en termes de contenu. Comptez entre vingt et trente heures pour terminer l’aventure.
Le prix de trente euros est donc assez intéressant au vu de ce qui est proposé. En espérant que les éditeurs résolvent le bug et apportent la traduction française.
Les graphismes sont réussis et jolis sur Nintendo Switch. Les personnages ont tous de la personnalité et leur chara-design est bien fait.
Le doublage anglais est un vrai plus. Les comédiens sont tous excellents et permettent de suivre l’histoire avec envie. La bande-son est intéressante. Même si les musiques ne sont pas mémorables (sauf celle des chats-pirates qui est excellente !), elles s’écoutent sans aucun problème.
Nous vous joignons une vidéo de trente minutes afin que vous puissiez vous faire votre propre avis.
Conclusion
Potionomics: Masterwork Edition est un jeu qui mélange le RPG, le VN avec des touches de deckbuilding, de jeu de gestion et de rencontres amoureuses. Le concept est intéressant, le contenu généreux, le doublage réussi, et même si la difficulté normale est assez relevée, il y a un vrai plaisir sur le jeu. Le gameplay est peut-être pas assez profond par moment, répétitif parfois, mais il permet tout de même de passer un bon moment. Notons cependant un bug très gênant lors de la création de notre deck ainsi que l’absence de traduction française qui risquent de refroidir un bon nombre de joueurs.
LES PLUS
- Addictif
- Un mélange des genres intéressant
- Un contenu généreux
- Un humour réussi
- La musique des chats-pirates !
- De belles idées de gameplay
- Des cartes qui ont la « personnalité » de ceux qui nous la donnent
- Un doublage de qualité
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Une difficulté assez relevée pour le mode normal
- La gestion du temps qui n’est pas très agréable
- Un très gros bug qui freeze le jeu lors de la création du deck
- Une sensation de jeu qui est bon partout mais qui ne brille nulle part
- Un côté répétitif