Sorti il y a près de trente ans mais uniquement sur Super Famicom (la Super Nintendo japonaise), Clock Tower n’a jamais eu de réédition en bonne et due forme. Sur la première PlayStation une version légèrement modifiée est sortie en 1997 et quelques suites en 3D ont vu le jour, mais rien de définitif pour le public occidental. Aujourd’hui, cet oubli est réparé et Clock Tower, ce jeu devenu culte par les fantasmes qu’il a pu engendrer auprès des joueurs occidentaux, sort sur la Switch.
Cours, Jennifer, cours !
Clock Tower: Rewind est un jeu de type point’n’click horrifique. Le joueur incarne Jennifer Simpson, une jeune orpheline qui est adoptée avec ses amies, Laura, Lotte et Anne par un châtelain qui vit dans une grande demeure perdue dans la forêt fort justement appelée Clock Tower. Au début de l’aventure, alors que les quatre jeunes filles attendent dans le hall du château, Jennifer va dans une pièce voisine et quand elle revient, ses trois amies ont disparu.
Il va falloir explorer les lieux à la recherche d’indices pour espérer retrouver les jeunes filles. Très vite, une sorte de gnome hideux surgit de nulle part et armé d’une énorme paire de ciseaux tente d’assassiner Jennifer. Celle-ci n’a qu’une chose à faire, c’est s’enfuir. Dans Clock Tower, il n’y a pas de combat à proprement parler, la survie réside le plus souvent dans la fuite. Parfois, le joueur peut faire face au monstre, le Scissorman, et essayer de lui résister. Quand ça fonctionne, Jennifer le met à terre et elle part en courant. Quand ça rate, c’est la game over et le joueur recommence à la dernière sauvegarde.
Graphiquement, le jeu fait bien son âge, c’est joli mais c’est du gros pixel, on sent bien qu’on est dans les années 90. Les déplacements sont assez datés aussi, notre héroïne peut aller à gauche ou à droite et elle ne s’arrête que quand il y a un obstacle ou quand on appuie sur la touche X pour la stopper. Ses déplacements sont particulièrement lents, et on s’habitue vite à entendre le bruit de ses pas mettre plusieurs longues secondes à traverser une pièce. De même, quand on décide d’envoyer Jennifer fouiller un placard ou regarder sous un lit, il est impossible d’annuler cette action quand elle est lancée et il faut attendre qu’elle se place à l’endroit prévu et exécute son action pour pouvoir faire autre chose.
Attention, le psycho aux ciseaux, derrière toi !
Cette maniabilité particulière donne un certain charme au jeu. De même qu’un élément de gameplay très particulier, le rewind, la possibilité de rembobiner l’action qui vient de se dérouler sur une poignée de secondes pour pouvoir faire un autre choix. Par exemple, on entre dans une pièce, on décide d’ouvrir un placard et là, jumpscare, le Scissorman nous saute dessus. Vite, on appuie sur la gâchette gauche et notre héroïne referme le placard et recule jusqu’à l’entrée de la pièce. Et là, on décide de traverser la pièce sans ouvrir le placard et le tour est joué. Le jeu propose neuf fins possibles, donc si une partie est relativement courte, un peu plus de deux heures pour un premier run, une fois la topographie des lieux acquise, et une fois assimilé le fonctionnement, voir toutes les fins va prendre un peu plus de temps.
L’ambiance du jeu repose en grande partie sur la bande son. Très fréquemment, on entend uniquement le bruit des pas de notre héroïne qui résonnent dans les grands couloirs du château et quand une musique se lance, notre cœur commence à palpiter car on comprend qu’il va se passer quelque chose. Cette utilisation de courtes plages musicales à des moments-clés rend l’expérience de jeu encore plus effrayante et surtout très réussie.
Pour terminer, il faut noter la quantité de bonus proposés avec le jeu et souligner qu’il s’agit là de bonus de qualité. D’abord une interview du créateur de la série Hifumi Kono. Celle-ci est en japonais mais sous-titrée en anglais et reste donc très compréhensible. Les manuels originaux sont aussi disponibles en version digitalisée ainsi qu’une bande dessinée interactive. Enfin, un juke-box propose une quarantaine de musiques ou d’ambiance sonore tirée du jeu.
Une dernière chose, le jeu est disponible dans sa version originale, la version sortie sur Super Famicom, ou dans une version légèrement remaniée, dans laquelle les déplacements de Jennifer sont un peu plus rapides et sa capacité à se régénérer est un peu plus rapide. En effet, quand notre héroïne est au bout du rouleau, elle s’écroule sur le sol et il lui faut plusieurs secondes pour reprendre un peu de couleurs et pour repartir arpenter les couloirs de l’immense bâtisse. Autant de moment de stress pour le joueur car Jennifer devient particulièrement vulnérable à ces moments-là !
Clock Tower: Rewind est disponible sur l’eShop au prix de vingt euros environ.
Conclusion
Clock Tower: Rewind était attendu des fans depuis près de trente ans, et aujourd’hui, enfin, tout le monde peut y jouer et dans une version française. Maintenant, une fois passé l’effet “madeleine de Proust”, il reste un jeu dont le concept est intéressant, dont l’histoire mérite d’être suivie, mais dont les mécanismes de gameplay sont datés. Les nombreux allers-retours sont ennuyeux, et refaire le jeu plusieurs fois pour en voir la fin est devenu une hérésie au vu du nombre de titres qui sortent chaque semaine. Ce défaut qui n’en était pas un trente ans en arrière montre les limites des ressorties d’anciens jeux aujourd’hui. Les joueurs qui attendaient Clock Tower seront ravis, les autres pourront y jeter un œil par curiosité mais ils n’accrocheront pas forcément.
LES PLUS
- Une atmosphère éprouvante
- Des musiques de qualité
- Des bonus intéressants
- Les nombreuses fins
- Une traduction française
LES MOINS
- Une maniabilité datée
- Des déplacements vraiment lents
- Une durée de vie réduite