Développé par Robust Games et publié par Chucklefish, Loco Motive a fait son apparition sur l’eShop le 21 novembre 2024. Appartenant au genre des « point-and-click », ce jeu indépendant nous propose une aventure aux graphismes rétros et à la narration saupoudrée d’humour se déroulant majoritairement à bord d’un train. Avec un meurtre comme trame de fond, et cette fois pas à cause de coups de couteau… Alors, que vaut cette histoire aux accents très « agatha-christesques » ? Faites poinçonner votre billet, et montez avec nous à bord du Reuss Express pour le savoir !
Attention : Loco Motive n’est actuellement pas traduit en français, et seul l’anglais et l’allemand sont disponibles, tant pour les voix que pour les sous-titres ou encore les menus. Du fait qu’il est important pour un titre comme celui-ci de suivre l’histoire, un bon niveau dans l’une ou l’autre de ces deux langues est requis pour pouvoir profiter de l’aventure dans de bonnes conditions
Si vous avez manqué le début…
S’ils semblent avoir connu une certaine traversée du désert durant quelques années, les titres de type « point-and-click » reviennent à l’honneur ces derniers temps. Pour preuve par exemple la sortie des Chevaliers de Baphomet – L’ombre des templiers il y a peu sur la Switch. Mais à côté des pointures du genre, la console hybride de Nintendo regorge de nombreux titres développés par des indépendants et qui sont loin d’être dénués d’intérêt. Loco Motive, du studio anglais Robust Games, pourrait bien être de ceux-là. Ce studio fondé par deux frères, Adam et Joseph Riches, propose là aux joueurs sa toute première production vidéoludique, même si les deux frangins ne sont pas exactement des nouveaux venus dans le domaine, ayant chacun plusieurs années d’expérience en la matière. Quant à l’éditeur, Chucklefish, celui-ci est également Anglais et a non seulement développé ses propres jeux comme Starbound ou la série des Wargroove, mais a aussi édité plusieurs réalisations indépendantes comme Risk of Rain, Stardew Valley ou encore Wildfrost.
Les présentations faites, penchons-nous à présent sur l’histoire de Loco Motive, ou du moins sur le début de celle-ci : Lady Unterwald, riche héritière d’un empire ferroviaire, a réuni autour d’elle ses proches dans le luxueux train Reuss Express car elle s’apprête à prendre sa retraite du monde des affaires pour confier les rênes de l’empire à un ou plusieurs de ses héritiers, lesquels sont donc également présents dans le train. Malheureusement pour la Lady, au moment où le convoi passe dans un tunnel, les lumières se coupent et la pauvre femme est abattue sans que son ou ses successeurs n’aient pu être désignés. Une situation aggravée par le fait qu’Arthur Ackerman, l’avocat plein de bonne volonté mais maladroit de Lady Unterwald, a malencontreusement éparpillé le testament de celle-ci, fraîchement mis à jour, quelques minutes avant le drame…
Parmi les héritiers (et meurtriers !) potentiels, on trouve notamment deux frères jumeaux insupportables, leur mère acariâtre sourde comme un pot, un artiste français qui peint plus vite que son ombre ou encore le directeur comptable de la compagnie ferroviaire qui tient les comptes de façon opaque… Sans compter d’autres protagonistes présents dans le train, sur lesquels nous ne nous étendrons pas ici et dont nous préférons vous laisser le plaisir de la découverte. Au cœur de ce maelström, vous incarnerez en premier lieu Arthur Ackerman, lequel va tenter aussi bien de découvrir qui a tué Lady Unterwald, mais aussi de récupérer les pages du testament qu’il a maladroitement éparpillées. Mais ce ne sera pas le seul personnage que vous incarnerez ; vous serez rejoints dans cette aventure découpée en chapitres par un détective fort en gueule, Herman Merman, sorte de Hercule Poirot avec la modestie (et le talent ?) en moins, et par Diana Osterhagen, une mystérieuse espionne qui cache bien son jeu. Beaucoup de personnages différents autour d’un seul meurtre, et dans un environnement clos… Vous avez dit Agatha Christie et le crime de l’Orient Express ?
Mais qui a tué Pamela Rose ?
Joy-Con en mains, force est de constater que la maniabilité est d’un excellent niveau. Et pourtant, spontanément, on ne voit pas forcément les jeux point-andn-click comme les mieux adaptés à une Nintendo Switch ! Ici, point de curseur à déplacer sur l’écran, mais des interactions indiquées par des losanges qui apparaissent dès que votre personnage passe à proximité d’un objet ou d’un élément du décor qui mérite que l’on s’y intéresse. La navigation entre les différents losanges est simple et plutôt intuitive, et il en va de même si un objet du décor peut être utilisé de différentes manières, avec pour chaque action possible un bouton du Joy-Con droit assigné. Certes, on pourra objecter que la navigation dans l’inventaire de nos héros est parfois un peu fastidieuse, surtout lorsqu’il faut combiner deux objets entre eux, mais on n’en tiendra pas rigueur à Loco Motive puisqu’il s’agit d’un défaut (ou d’un charme ?) plutôt récurrent dans les jeux du genre, et encore plus quand on ne joue pas sur PC !
Selon l’éditeur, il faut compter une quinzaine d’heures pour terminer le jeu, tout en sachant que si vous êtes bloqués à un moment donné, vous pourrez compter sur une aide qui se matérialise par un coup de téléphone ; votre interlocuteur, un certain Dirk Chiselton, ne vous donnera bien sûr pas directement la réponse à votre question (ce serait trop simple !), mais vous orientera en vous posant d’autres questions en guise de réponse. Malin, ce système permet au joueur de ne pas rester bloqué tout en ne rendant pas non plus le jeu trop facile.
En revanche, on peut faire un reproche au jeu sur le fait qu’il nécessite de rester concentré durant toute la partie, peu importe si celle-ci doit être interrompue en cours ; en effet, dans le cas où vous ne faisiez pas l’aventure d’une seule traite, il manque à notre sens une sorte de « journal », comme on en retrouve souvent dans les titres du genre, pour nous rappeler à quel point nous en sommes et quel est notre prochain objectif. Par exemple, si vous faites une session de jeu de quelques heures, que vous interrompez votre partie pour y revenir quelques heures ou jours plus tard, vous ne pourrez compter que sur vous-mêmes pour vous souvenir d’où vous vous trouviez dans l’aventure et ce que vous devez à présent faire / chercher. À moins de recourir aux services de Dirk Chiselton pour vous rafraîchir la mémoire !
Old school jusqu’au bout des ongles (ou des rails ?)
Graphiquement, Loco Motive profite d’une patte graphique très agréable, qui rappellera à beaucoup l’époque des jeux 8 Bits, et notamment ceux de Lucas Arts. Ou encore (NDLA : mais cela n’engage que nous) à la série des Leisure Suit Larry. Les personnages sont attachants, et leurs expressions sont parfois hilarantes selon la situation dans laquelle ils se trouvent. De façon générale, on apprécie l’esthétique rétro du jeu, mais on regrette que les pixels utilisés ne soient pas plus fins pour profiter encore plus des petits détails dont regorgent Loco Motive. Cela n’est pas gênant quand on joue en mode portable, mais ça l’est déjà un peu plus en mode docké quand on joue sur un grand écran. De plus, le personnage que vous incarnez a la possibilité de courir (via la touche ZR), mais dans ce cas il y a un léger effet de flou sur lui et sur le décor qui est désagréable.
Enfin, côté bande-son, les musiques collent bien à l’ambiance générale du jeu puisqu’elles ne sont pas trop envahissantes et s’inscrivent bien dans le côté cartoonesque du titre. On trouvera différents genres, de la musique jazzy à la musique d’ascenseur, cette dernière n’étant pas gênante du tout car adaptée au ton général de Loco Motive. Le casting, pour la version en anglais (NDLA : nous n’avons pas essayé la version en allemand par manque de connaissances de cette langue), est juste, et le doublage donne une vraie personnalité à chacun des personnages. Et il en va de même pour les dialogues, dont certains sont vraiment désopilants !
Loco Motive est disponible depuis le 21 novembre 2024 sur le Nintendo eShop au prix de 17,99 euros.
Conclusion
Loco Motive est une belle petite découverte sur Nintendo Switch ; grâce à une interface bien pensée, un humour omniprésent et une patte graphique très agréable, il est à même de ravir les joueurs à la recherche d’un point-and-click original. De même, son tarif est raisonnable au vu du nombre d’heures de jeu au programme. Reste que l’absence de rejouabilité une fois le titre terminé et le fait qu’il ne soit pas traduit en français pourront en rebuter certains ; peut-être aurons-nous droit à cette traduction dans quelques mois à l’instar de Wargroove, du même éditeur ? Avec un casting ad-hoc, le jeu aurait tout à y gagner auprès des joueurs francophones !
LES PLUS
- Humour omniprésent
- Patte graphique très agréable
- Ambiance sonore (musique, sons) collant très bien avec l’aventure
- Tarif correct
LES MOINS
- Pas de traduction française
- Quelques problèmes de flou lorsqu’on se déplace rapidement
- Quelques associations d’objets difficiles à trouver
- Pas de réelle rejouabilité une fois l’aventure terminée