Phantom Spark Precision Time Trial Racing est un jeu de course qui porte extrêmement bien son nom. Sorti le 15 août 2024 sur Nintendo Switch et développé par le studio islandais Ghosts, ce jeu vous fera défier la gravité sur plusieurs circuits futuristes, où vous devrez vous mesurer aux gardiens en tentant de les battre en un contre un, sur des musiques rythmées. Vous pourrez défier vos amis en multijoueur local sur écran partagé ou tenter de décrocher une place dans les classements en ligne face aux meilleurs joueurs du monde. Voilà ce que propose ce jeu, mais est-ce bien ?
Le passé est un fantôme
Quand on parle de jeu de course futuriste à grande vitesse, on pense immédiatement à deux titres emblématiques : F-Zero et Wipeout. Mais une fois la première course lancée, vous comprendrez vite qu’il ne faut pas s’attendre à retrouver l’esprit de ces mythiques licences dans ce jeu. Alors, que nous propose-t-il exactement ?
En réalité, à la fois beaucoup et pas grand-chose… Dans Phantom Spark, vous incarnez une étincelle (Spark en anglais) et devez affronter des gardiens (au nombre de trois : FWINTI, AAROON et ZYN), mais aussi et surtout… vous-même, via des fantômes. Vous aurez trois domaines (environnements) comprenant chacun onze courses (dix parcours courts et un long), ainsi que quelques défis annexes. Le but sera d’obtenir à minima le record de bronze sur chaque parcours pour débloquer le suivant. Pour débloquer les domaines, vous devrez accumuler des points en battant (tout simplement ?) le fantôme des gardiens et le vôtre, en améliorant votre temps jusqu’à décrocher la médaille d’or.
Pour bien comprendre ce jeu, il est important de garder à l’esprit ce qui est précisé dans le titre : « time trial racing ». Cela signifie que vous n’aurez aucune histoire, lore ou grand méchant à affronter. Tout repose sur le scoring et le défi de la performance. Un peu comme un jeu Die and Retry, vous devrez vous battre contre vos propres scores en améliorant votre précision de conduite. Pas d’adversaires, même en mode multijoueur.
On n’est pas le meilleur quand on le croit, mais quand on le sait
En termes de gameplay, encore une fois, pas de fioritures, on va à l’essentiel : accélérer avec ZR/A, freiner avec ZL/B, relancer sans aucun temps de chargement la course avec Y, et… c’est tout. Pas de boost, de saut, de drift ou autres joyeusetés permettant de piloter avec fougue. Pour simplifier encore plus, comme le jeu repose entièrement sur la vitesse et le calcul de vos courbes pour couper les virages au maximum, l’utilisation du frein vous fera perdre du temps. Il vous reste donc à accélérer et bien négocier vos virages. C’est un gameplay très limité, mais il est important de préciser que la maniabilité est vraiment bonne, la physique du jeu est réactive, et la fluidité est sans reproche. C’est appréciable.
Les circuits sont tous très courts, sauf un par domaine, qui représente peut-être le seul challenge du jeu pour maintenir son attention et maîtriser ses nerfs ou ses réflexes. En général, les circuits sont assez larges pour vous permettre de bien vous positionner et couper les virages au maximum, mais cela met en évidence le côté vide et le manque de concurrents réels dans le jeu. La durée de vie est d’environ 6 heures pour compléter le jeu et débloquer tous les domaines et apparences des vaisseaux.
Il reste le challenge de la compétition contre les joueurs du monde entier, via un tableau des scores (le leaderboard). Vous pourrez même sélectionner le fantôme d’un joueur dans la liste et voir en action comment il a parcouru la course, afin d’améliorer vos performances et, pourquoi pas, tenter de battre le numéro un !
On avait parlé de multijoueur ?
Comme mentionné plus haut dans ce test, un mode multijoueur est présent, mais uniquement en local, jusqu’à 4 joueurs. Ça semble cool, peut-être que vous pourrez vous régaler avec votre famille ou vos amis, installés dans le canapé, à vous en prendre plein les yeux ! Malheureusement, la réalité rattrape encore l’imaginaire… Chacun jouera sa course, sélectionnée aléatoirement parmi celles déjà débloquées, et devra atteindre la fin du parcours le plus rapidement possible. Chaque joueur joue séparément, donc ça ne pousse pas vraiment à la franche rigolade. Et pire encore, si un joueur écrase son vaisseau contre un obstacle du décor, c’est game over pour lui. Il ne pourra pas réapparaître et devra attendre la fin de la course de ses coéquipiers.
Beau comme un vaisseau
Concernant les graphismes, le jeu opte pour un style simpliste, avec des décors épurés mais visuellement attrayants. On pourrait vouloir explorer davantage les parcours et en savoir plus si un lore existait dans le jeu. Cependant, il y a un point négatif : les décors se ressemblent beaucoup. Le premier et le troisième domaine sont quasiment identiques, tandis que le second propose simplement un nouveau panel de couleurs. Donc si vous aimez le jaune, l’orange et le marron, c’est principalement ce que vous trouverez dans le jeu, avec un peu de violet et de bleu pour le deuxième domaine.
Pour les étincelles (les vaisseaux), il est appréciable de pouvoir débloquer différentes apparences (10 au total) au cours du jeu. Au-delà de simples choix de couleurs, certaines apparences prennent des formes évoquant des insectes. Sympathique !
Un ascenseur musical
Côté musique, vous bénéficierez d’une vingtaine de chansons composées par Joar Renolen, disponibles également sur le site officiel de Phantom Spark. Les compositions, principalement de type drum and bass, sont simples et directes. Trop simples même, car les chansons donnent l’impression de rester coincé dans un menu principal ou dans un ascenseur, au choix… Le tempo et le beat de chaque morceau sont étonnamment similaires, si bien qu’on ne sera pas vraiment surpris entre les niveaux. L’ambiance musicale est assez rythmée et douce à la fois, ce qui contribue à créer un environnement détendu et propice à la concentration nécessaire pour jouer. Finalement, cela fonctionne sans être dingue.
Pour le meilleur et pour le pire
Il y a deux éléments particulièrement réussis dans Phantom Spark. Le premier est l’option de replay de vos courses, qui vous permet de déplacer la caméra dans les décors pour admirer leur construction et votre parcours sous tous ses angles. Vous pourrez accélérer, ralentir, pivoter la caméra à votre guise, de manière fluide et simple.
Le second point positif est le leaderboard ! Un tableau de classement mondial vous permettant de consulter les résultats de tous les joueurs et de vous mesurer à eux (enfin, à leurs fantômes). Vous pourrez ainsi observer leurs parcours et la manière dont ils ont négocié les virages, et tenter de les surpasser.
Cependant, il est impossible de ne pas penser que pour offrir ces fonctionnalités, l’ensemble du jeu a dû être simplifié afin de garantir une fluidité constante. Si tous les fantômes des joueurs sont enregistrés et que chaque course dispose d’un replay, il devient difficile de proposer des circuits longs, des ambiances variées et un multijoueur en simultané.
Phantom Spark est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 19,99 euros, dans plusieurs langues, dont le français.
Conclusion
En conclusion, Phantom Spark ne s’adresse pas à tous les publics. Il conviendra aux joueurs en quête de challenge et aux accros du time trial. Il pourrait aussi être une bonne préparation pour du speedrun grâce à son côté détente et concentration. Mais clairement, à 19,99 € (hors promotion), il est difficile de lui trouver des qualités suffisantes pour justifier son prix, surtout en comparaison avec d’autres jeux du même genre, parfois meilleurs et moins chers. Un jeu comme Fast RMX, par exemple, est un meilleur investissement (même sans leaderboard). Il y a de bonnes idées dans Phantom Spark, mais l’abus de simplicité et le manque cruel de fun, notamment en multijoueur, viennent saborder l’expérience de jeu.
LES PLUS
- Visuellement sympathique
- Musiques détente
- Le challenge du time trial c’est bien
- Le gameplay simple, fluide et sans ralentissements
- Les replays
- Le leaderboard
LES MOINS
- … Mais trop peu d’environnements
- … Mais pas du tout mémorables
- … Mais pas comme seule offre dans un jeu
- Pas d’adversaire
- Pas de solo digne de ce nom
- Pas de vrai multijoueur
- Durée de vie trop courte (6h en moyenne)
- Trop cher pour la durée et la proposition
- Au final pas très fun