Des coloris dans les tons verts, et une apparence résolument 8-bits, non, vous ne rêvez pas, et vous n’êtes pas revenu dans le passé. Malgré une flagrante ressemblance avec The Legend of Zelda: Link’s Awakening, sorti en 1993 sur Game Boy, Kudzu est un jeu d’action-aventure, développé par Chris Totten sous le nom de Pie For Breakfast Studios, édité par Mega Cat Studios, et sorti le 10 avril 2024 sur Nintendo Switch en téléchargement et… Game Boy, oui oui, en cartouche.
L’éveil du jardinier
Vous incarnez Max, un apprenti jardinier portant à la fois une barbe et un chapeau. Vous vous réveillez et découvrez que votre mentor, le grand sage et maître jardinier, Zoen, a disparu dans le labyrinthe du Kudzu, une espèce de plantes invasives et menaçantes, risquant de se développer et devenir hors de contrôle. C’est sur cette base que démarre le jeu, il s’agit d’une histoire originale, qui se bouclera en environ 8 heures avec les quêtes annexes, et dans laquelle vous reprendrez l’ensemble des codes du genre : de l’exploration, des combats, des donjons et des armes à débloquer qui feront avancer l’aventure.
Kudzu connaît bien sa leçon, et si plusieurs éléments rappellent immédiatement le grandiose Link’s Awakening, il se démarque néanmoins par son univers contemporain. Vous allez arpenter des routes et voir des voitures garées ici et là, mais également des champs, des jardins, des manoirs, des marais, des maisons et des camps de scientifiques cherchant à étudier cet étrange spécimen de plante. Au cours de l’aventure, dans un ton décalé mais bien amené, vos meilleurs alliés seront votre machette, mais aussi une houe de jardin et un râteau ! Qui a dit que le jardinage ne pouvait pas être amusant ?
Les mains dans le terreau
Attention tout de même, car si jusque-là tout semble au beau fixe pour passer un bon moment, Kudzu est loin d’être parfait. Tout d’abord, l’aventure est uniquement en anglais, ce qui sera rédhibitoire pour certains. Les dialogues sont plutôt courts et facilement compréhensibles, cependant, les moins aguerris avec la langue de Shakespeare risquent de tourner un peu en rond à certains moments. D’autant que le jeu commence par un tutoriel rapide et ludique dans ses premiers instants, mais ensuite, et à la manière de celui dont il tire son inspiration, vous serez amené à parler avec les autochtones pour trouver des indices vous menant à la suite de l’aventure, et au passage résoudre quelques quêtes secondaires, ce qui peut éventuellement perdre les joueurs réfractaires à l’anglais.
Ensuite, même si graphiquement, on retrouve la sève de ce qui se faisait de meilleur à l’époque 8-bits, et que l’ensemble de la map est cohérente et hyper bien pensée, et donc agréable à parcourir, nous ne pouvons passer à côté de quelques soucis majeurs, comme des textures qui fusionnent entre elles et provoquent un manque de lisibilité, des ennemis qui disparaissent visuellement mais continuent de vous attaquer (sûrement une cape d’invisibilité). Nous aurions préféré que ces désagréments ne soient que ponctuels, mais malheureusement, au cours du test, nous avons pu constater que certains boss qui se divisaient en plusieurs parties, voyaient soudainement trois parties sur quatre de leurs sprites disparaître comme par magie. Et plus embêtant, si vous allez un peu vite vers un ennemi pour l’attaquer en maintenant une direction, l’ennemi deviendra insensible à votre attaque, puis soudainement invisible, et lui, continuera à vous attaquer, vous amenant à un fatidique écran Game Over, certes très joli, mais aussi très agaçant lorsqu’il est injuste. De plus, vous devrez faire face à quelques ralentissements lorsque plusieurs ennemis sont à l’écran et qu’ils balancent des boulettes, par exemple. Nous ne savons pas s’il s’agit d’un effet “voulu” pour rappeler l’ère Game Boy, mais en 2024, date de sortie du jeu et à l’ère de la chasse au 60 fps constant et de la fluidité, nous pouvons émettre quelques doutes sur le fait que cela soit une bonne idée d’implémenter volontairement des ralentissements dans une expérience de jeu.
Enfin, côté sonore, Kudzu vous propose des compositions musicales très réussies, qui reprennent la vibe de l’époque Game Boy à merveille, mais vous n’aurez dans le jeu QUE des musiques. Nous avons d’abord pensé à un bug, mais malheureusement, le jeu ne possède quasiment aucun effet sonore. À part le bruit très discret de votre machette quand vous assénez un coup à un ennemi, sinon vous n’aurez aucun bruit de pas, de déclenchement de levier, d’utilisation d’objet, etc. C’est vraiment dommage, car si cela n’empêche en rien d’avancer dans l’aventure, cela laisse tout de même un goût décevant de projet non abouti, à un jeu qui était pourtant très prometteur.
Le jeu étant à la fois disponible sur la Nintendo Switch en téléchargement et en cartouche physique pour Game Boy originale (plutôt une bonne surprise), cela vient expliquer que vous ne pouvez pas attribuer plusieurs objets aux touches disponibles de la console. Vous devrez donc vous contenter d’un gameplay à 4 boutons (A / B / start “+” et select “-”). Certains éléments ont profité d’une meilleure finition, puisque vous aurez un petit livret explicatif inclus dans le jeu, qui ramènera un peu de nostalgie aux joueurs des années 80-90. Vous pouvez également, dans les options, choisir des styles de bordures pour habiller un peu votre écran, sur les côtés.
Kudzu est disponible depuis le 10 avril 2024 sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 4,59 euros, en anglais uniquement.
Conclusion
Kudzu est un bon jeu, qui titillera sans aucun doute les nostalgiques de l’époque Game Boy, qui aimeraient vivre une aventure empreinte de l’esprit 8-bits. Cependant, l’impression laissée est celle d’un jeu dont les ambitions dépassent celles de ses finitions, et même si vous pourrez mener une aventure agréable dans ce Zelda-like, plutôt joli, avec une histoire originale ne manquant pas d’humour, des musiques au top et plein de petites surprises, vous devrez faire face à ses oublis et bugs divers qui viendront vous ralentir ou carrément vous sortir de l’immersion du jeu. Pour autant, le prix n’est pas très élevé et si vous n’êtes pas réfractaire à l’anglais, et que vous recherchez un jeu de ce genre, il serait dommage de passer à côté de cette proposition.
LES PLUS
- Du 8-bits pur jus
- Une histoire originale et pleine d’humour
- Visuellement très joli
- Les musiques sont franchement réussies
- Le support cartouche Game Boy disponible
- Un livret de jeu, plus Game Boy que jamais
- Le prix n’est pas très élevé sur Switch
LES MOINS
- … Mais avec quelques manques de finitions
- Des ralentissements
- Des bugs et disparitions d’ennemis
- Pas de bruitages ou effets dans le jeu
- En anglais uniquement