Et si la terreur pouvait venir d’Indonésie ? Et si les appareils photos étaient dangereux ? Et si les appareils photos des smartphones l’étaient encore plus ? (Pour les spectres). C’est à ces questions que nous tâcherons de répondre (ou pas) dans les lignes qui vont suivre… Chargez votre smartphone, on part pour une chasse aux esprits !
Y’a pas photo !
Après la sortie du second volet il y a un an tout pile (on en parlait ici), voilà que DreadOut premier du nom et sa suite (un pseudo épisode 1.5) sortent enfin sur Nintendo Switch, mais dans une version Remastered (si, déjà !). Commençons par parler un peu des développeurs : on doit la série DreadOut au studio Digital Happiness. Celui-ci est basé à Bandung en Indonésie. Le studio a été créé en 2013 et est devenu le premier développeur de jeux vidéo indonésien à avoir réussi une campagne internationale de financement participatif avec son titre, DreadOut. Ce dernier est d’ailleurs devenu le premier jeu vidéo d’horreur indonésien à dépasser le million de téléchargements toutes plateformes confondues. Fort de son petit succès, le jeu connaîtra deux suites, DreadOut: Keepers of The Dark (dont nous vous reparlerons après, car il fait également partie de la compilation qui nous intéresse aujourd’hui) et aussi DreadOut 2 (dont vous avez pu lire le test en cliquant sur le lien un peu plus haut !).
Cette compilation, très justement nommé DreadOut Remastered Collection, comprend donc les épisodes 1 et 1.5 (Keepers of the Dark) de DreadOut. Pour tout vous dire, les deux opus proposés dans cette compilation forment un tout, Keepers of the Dark étant la suite direct de DreadOut, le jeu reprenant en effet directement après les évènements du premier volet… Ce n’est pas pour autant un second volet, si l’on tient compte du fait qu’il n’apporte pas d’améliorations au niveau du gameplay. Il fait davantage figure de DLC et d’un moyen de prolonger l’expérience DreadOut premier du nom… Et puis le second volet existe, c’est DreadOut 2 !
DreadOut vous place donc dans la peau d’une jeune indonésienne nommée Linda (Un prénom aussi Indonésien que Régine, Jacky ou Michel, pour celles et ceux qui ont la référence…). Celle-ci se réveille dans une bâtisse abandonnée et découvre assez vite que l’endroit est hanté… Par chance, elle retrouve rapidement son Iris Phone (notez l’habile jeu de mot avec IPhone – Prononcez [Eye Phone]) et réalise que son appareil photo s’avère dévastateur pour les spectres ! Progressant bon gré mal gré dans la maison hantée, elle finit son parcours dans un cimetière et alors qu’une ultime apparition semble sceller sa destinée, notre jeune héroïne se réveille dans un véhicule avec sa prof et ses camarades de classe… Tout ceci n’était qu’un rêve ?
Manque de bol, le véhicule est arrêté devant un pont bloqué. Mais comme on est dans une histoire d’horreur, les élèves ne trouvent rien de mieux à faire que de le contourner pour aller visiter la ville déserte qui se trouve de l’autre côté. Evidemment, cela ne gêne nullement la professeure qui les accompagne. Alors que la nuit tombe, nos joyeux drilles ne trouvent rien de plus intelligent à faire que de s’abriter dans l’ancienne école terrifiante et délabrée du village… Forcément, à la faveur de l’obscurité, tout va se mettre à partir en vrille : Linda va très vite se retrouver seule, ses camarades ayant mystérieusement disparu… Elle va donc devoir lutter contre les spectres, armée de son smartphone, pour retrouver ses amis et surtout, quitter ce lieu maudit !
Smart Killing Selfie
DreadOut est donc un survival horror en vue à la troisième personne, avec des passages en première personne lorsqu’il faut prendre des spectres en photo. Comme dans tout bon survivala horror qui se respecte, notre héroïne peut se déplacer librement dans les limites définies par le jeu, tout en étant dépourvue de la capacité de sauter. Elle devra néanmoins fouiller son environnement de fond en comble (et de salle en salle), afin de trouver des éléments qui lui permettront de progresser. Gare cependant aux spectres qui rodent ! Certains sont plutôt du genre « frappeur », et il faudra donc être prudent quand il sera question de les faire passer définitivement de l’autre côté.
Comme on le précisait plus haut, Linda pourra compter sur son smartphone pour évincer ses adversaires, et obtiendra même un peu plus tard dans le jeu un appareil photo avec un zoom plus puissant pour faire de l’exorcisme à distance, telle une véritable paparazzi des esprits ! Cependant, ne comptez pas sur des armes supplémentaires comme un couteau, un tuyau rouillé, un 9mm ou encore un lance-roquettes ! A l’image d’un Fatal Frame/Project Zero, seules les photos font des dégâts contre les fantômes. Toutefois si la situation venait à tourner au vinaigre, Linda est également capable de courir pour s’éloigner des vilains spectres et reprendre ses esprits. Ah oui, et nous ne l’avons pas précisé, mais elle peut utiliser la lampe de poche/flash de son smartphone pour y voir un peu plus clair dans les lieux très sombres qu’elle arpente.
Votre mission sera donc d’essayer de comprendre ce que vous devez faire, en errant dans les couloirs des quelques lieux que vous aurez à traverser… En effet, bien que proposant des textes en français, le jeu est relativement avare en directives. C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Bonne, dans le sens où cela nous met à la place d’une personne dans la situation pas terrible dans laquelle Linda se trouve, nous obligeant à fouiller partout pour essayer de trouver de quoi il retourne et mauvaise, car elle nous oblige à fouiller partout, dans des décors très sombres, sans trop savoir ce que l’on cherche et ce qu’il faut faire… Au final, bien que présente au début, l’histoire a tendance à se faire secondaire au fil de notre progression… même si quelques éléments scénaristiques se dévoilent de façon sporadique au fil de notre avancée. Mais au final, l’histoire reste relativement obscure et les « pouvoirs » dont dispose Linda ne sont pas réellement expliqués. Mais voyons le bon côté des choses, ses pouvoirs et les indicateurs à l’écran qui en découlent, s’avèrent providentiels. Lorsque les contours de l’écran virent au bleu, on peut être sûr qu’un objet est à récupérer à proximité… même si vous ne devez pas vous attendre à le voir scintiller au milieu des décors très sombres. En revanche, si les contours virent au rouge, il sera temps de dégainer votre smartphone, car cela signifie qu’un spectre rôde dans le coin…
Photos mortelles pleines de gros pixels
Il est temps d’évoquer les passages les plus terrifiants à jouer : les affrontements contre les fantômes. Malgré un sous-titre « Remastered », le jeu n’a définitivement pas amélioré les contrôles et la gestion des affrontements contre les spectres.
Pour certains, c’est assez simple : le petit oiseau sort une fois et l’ennemi est renvoyé ad patres ! Pour d’autres par contre, ça se corse car il faudra compter sur une bonne dizaine de photos pour exorciser le spectre (et au passage débloquer son entrée dans la sympathique Spectropédie). Mais ce n’est pas tant le nombre de photos à réussir qui est pénible, non non, le vrai mal, ce sont les attaques spectrales ! En effet, ces dernières ont pour effet de déclencher une animation sur notre personnage, le rendant alors impossible à manœuvrer et laissant alors tout loisir au spectre (ou un de ses copains) de nous refiler un autre coup… Encore et encore, jusqu’à nous retrouver dans les limbes. Bonne nouvelle, notre personnage ne peut pas « mourir », cependant après avoir subi trop de dégâts elle se retrouve dans les limbes et devra se diriger vers la lumière pour revenir dans le monde « des vivants ». Au début ça va, la lumière n’est pas trop loin. Mais au fil de vos échecs, celle-ci prendra de plus en plus de distance, sans que cela n’ait d’impact sur votre personnage, si ce n’est la pénibilité de devoir courir dans le vide pendant plus d’une minute pour continuer la partie et il faut avouer que c’est le GROS côté frustrant du jeu.
Certains boss sont d’une difficulté plus que redoutable (vous avez entendu parler du fantôme au ciseau plutôt coriace ?) Le fait de devoir courir pendant 1 minute 10 dans le vide, pour mourir 20 secondes plus tard et devoir enchainer la même course sans intérêt pour continuer, ça va une fois… Au bout de la quatrième, ça commence à devenir tout doucement fatiguant. Passer 10, on a tendance à lâcher l’affaire… ! Ces phases de « résurrection » sont inutilement longues et cassent complètement le rythme du jeu. La frustration est d’autant plus grande que l’animation qui vous empêche de bouger librement après une attaque est encore plus terrible lorsque deux fantômes sont après vous… Se relever et réussir à leur échapper relève de l’exploit (en plus de celui d’avoir augmenté son capital patience pour l’avoir accompli).
Numérique ou argentique ?
Ces défauts de maniabilité lors des phases de combat tranchent avec la réalisation globale du titre. En effet, visuellement, cette Remastered Collection est plutôt agréable à l’œil. Même si les environnements parcourus sont relativement sombres, il y a de beaux effets de lumière et les modèles et textures des personnages sont plutôt réussis.
S’ajoute à cela une ambiance sonore plutôt bien foutue, dérangeante et légèrement flippante par endroits (sous réserve de jouer dans le noir avec un casque). Les bruitages propres à chaque esprit permettent d’anticiper l’apparition de certains d’entre eux (mais ça ne veut pas dire pour autant que vous échapperez aux affrontements calamiteux).
Si DreadOut est relativement linéaire et scripté (obligeant parfois à trouver un angle bien précis pour réussir une photo visant à résoudre une énigme), sa suite, Keepers of the Dark offre une plus grande liberté dans les environnements à explorer et l’ordre dans lequel les parcourir. Sans trop vous gâcher la surprise, Linda se retrouve dans un univers parallèle ou sévissent des esprits tourmentés. Elle pourra via un pseudo hub central visiter (et affronter) des lieux et fantômes différents en passant différentes portes. Il faudra parfois revenir dans certains lieux, car des éléments visant à débloquer votre progression se trouvent cachés dans différents endroits. Les zones à explorer ne sont pas immenses, mais permettent de varier les décors et les rencontres.
Au niveau des points positifs également, on notera que l’ensemble des textes sont en français, même si au début nous avons eu un peu peur, car notre belle langue ne faisait pas partie des propositions initiales. Nous avons toutefois été rassurés de pouvoir la trouver dans les options du jeu. La traduction est plutôt correcte et permet de saisir quelques éléments de l’histoire, même si au final, les tenants et aboutissants passeront rapidement au second plan. Ou alors, vous aurez tout simplement abandonné le jeu, après une énième minute passée à courir dans les limbes…
DreadOut Remastered Collection est disponible sur l’eShop au prix de trente euros.
Conclusion
DreadOut Remastered Collection aurait pu être un excellent titre, dans la lignée de Fatal Frame/Project Zero… Graphiquement, le jeu est assez joli et propose une ambiance sonore intéressante. Qui plus est, le fait de proposer des spectres/monstres issus du folklore indonésien est plutôt original ! Manque de bol, le jeu est complètement plombé par sa jouabilité peu engageante. Les passages interminables dans les limbes auront vite fait d’user votre patience, surtout quand vous y retournez à peine 30 secondes après être revenu à la vie… Il en est de même pour l’histoire, qui s’avère finalement assez cryptique et ne donne pas suffisamment de réponses pour que l’on s’y plonge vraiment… Dommage, l’intention était là…
LES PLUS
- La batterie de l’Iris Phone
- Les spectres rencontrés
- Bonne ambiance sonore
- Assez joli
- Textes en français
LES MOINS
- Les passages interminables dans les limbes
- Les problèmes de jouabilité contre les ennemis
- L’histoire qui passe au second plan