En 2008, le douzième opus de la série de RPG Tales of de Bandai Namco fut annoncé à destination de la Nintendo Wii. Il sort un an plus tard uniquement au Japon, et c’est après de longues années de débats internes que l’éditeur finit enfin par sortir la version PS3 Tales of Graces F à travers le monde en 2012. Délaissant et oubliant le public Nintendo, la série commence peu à peu à faire route sur du multi-plate-forme, tout en étant pleinement localisée en plusieurs langues. C’est ainsi que nous arrivons en 2024 et alors que Tales of s’apprête à fêter ses 30 ans, nous avons l’annonce d’un plan de remaster de différents opus de la série. Le premier titre de ce projet n’est autre que Tales of Graces F, qui n’oubliera pas de faire un arrêt sur console Nintendo en occident cette fois-ci. Nous avons pu refaire le jeu sur Nintendo Switch pour vous en parler longuement ci-dessous.
Une histoire pleine de grâce
Tales of Graces F se déroule sur le monde d’Ephinea, une planète composée de trois grandes nations avec des régimes inspirés de notre Europe. Nous avons Windor qui est une monarchie, Stratha, une forme de république et Fendel qui elle est une espèce d’autocratie. Les évènements se déroulent sur deux époques, le prologue faisant office de préquel dans lequel nous vivons l’enfance de la majeure partie du casting du jeu et lié ensuite à ce qui se déroule 7 ans plus tard. Nous comprenons ainsi le départ d’Asbel Lhant, le héros du jeu, pour l’académie de chevalerie de Windor. Dans la volonté de devenir plus fort pour protéger ceux qui lui sont chers, la thématique principale du jeu. Une fois le prologue et l’ellipse de 7 ans passés, nous vivons une succession d’évènements amenant nos héros à se retrouver après leur séparation dans un contexte géopolitique changeant.
Ephinea est un monde régi par la puissance des Valkines Cryas, des immenses obélisques produisant de l’Eleth. L’Eleth est une énergie représentant la source de la vie sur Ephinea. Il y a un Valkines Cryas sur chaque nation, produisant une énergie élémentaire. Les Valkines Cryas seront au cœur des convoitises de chaque pays et des événements amenant à une menace mondiale. Cependant, Graces focalise sa trame sur les personnages et il nous faut développer un peu plus cet aspect. Tales of Graces nous conte l’histoire d’Asbel Lhant, fils du comte de la province de Lhant située en région frontalière du royaume de Windor. Asbel a un petit frère, Hubert, avec qui il s’amuse beaucoup. Cheria Barnes, la petite fille du majordome de la maison, s’occupe également de veiller sur les deux frères durant leurs petites mésaventure d’enfants.
Nous assistons au moment où, durant une de leurs péripéties, ils font la rencontre de Sophie, une mystérieuse jeune fille amnésique. Ce jour-là même, le prince Richard de Windor visite le comté de Lhant. Tout ce petit monde profite de ce court laps de temps pour tisser des liens et devenir amis. Un lien fort mais de courte durée, car tout se brise lors d’une visite de Barona, la capitale de Windor. Richard invite nos héros à venir au château en passant par un passage secret. Une mauvaise idée puisque c’est dans les souterrains du château que nos amis feront face à une puissante créature. Celle-ci est sur le point d’éliminer tout le monde lorsque Sophie éveille un mystérieux pouvoir, dans une volonté de protéger les enfants. Celle-ci sacrifie alors sa vie dans le processus, chose qui marquera à jamais nos héros. En plus de cette perte, la vie d’Asbel Lhant n’en sera que plus bouleversée encore lorsqu’à son réveil tout ceci se couple à divers enjeux géopolitiques.
Le comte de Lhant s’accorde avec la famille Oswell de Strata pour faire adopter Hubert auprès d’eux. Créant ainsi une alliance familiale, mais assurant aussi la succession du comté de Lhant à Asbel. Malgré l’empathie de Cheria et toute l’affection qu’elle lui témoigne, le traumatisme est trop grand pour Asbel. Notre héros décide de quitter le comté pour aller à Barona et s’inscrire à l’académie de chevalerie de la capitale. Malgré les larmes de Cheria, Asbel s’en ira en se jurant d’acquérir la force nécessaire pour protéger les siens et ne plus revivre ce traumatisme d’enfance. C’est ainsi que nous arrivons 7 ans plus tard, Asbel menant une mission avec son professeur Malik Caesar pour parfaire son entrainement. Au terme de cette mission, il reçoit pour la première fois la visite de Cheria, devenue une élégante jeune femme. Il y apprend le récent décès de son père lors d’une attaque par Fendel et son devoir de reprendre la succession de Lhant.
Une succession qui ne se déroule pas sans problèmes, le conflit amené par Fendel provoquant des tensions géopolitiques puis Lhant se retrouvant dans une position stratégique délicate. Au milieu de ce chaos s’ajoutent les dramas liés aux retrouvailles entre nos héros après 7 ans d’ellipse. Nous avons tout d’abord entre Asbel et Cheria plein d’émotion entre une jeune femme amoureuse et un ami qui l’a complètement délaissée 7 ans. Puis celles des retrouvailles avec Sophie, toujours amnésique avec en plus le mystère entourant le retour de la jeune femme supposée morte. Surtout que son apparence n’a absolument pas changé. Nous avons aussi des retrouvailles avec Hubert et Richard dans ce contexte compliqué avec tous les bouleversements émotionnels qui vont avec. Tales of Graces propose un récit innocent plein de naïveté, mais un casting très attachant qui nous permet de mieux sympathiser avec les émotions de nos héros.
Pour aller de pair avec le classicisme du genre, le récit évolue sur un conflit d’ampleur mondial et impliquant l’équilibre du monde. Une quête linéaire en ligne droite d’une bonne quarantaine d’heures pour son histoire principale, à laquelle nous pouvons ajouter une vingtaine d’heures sur son épilogue spécial F. Un épilogue bonus justifiant entre autres à l’époque l’édition PS3 du jeu ainsi que son titre devenant Tales of Graces F. Une édition qui vient avec plusieurs bonus de costumes ou de quêtes annexes gonflant toujours la durée de vie du jeu pour faire plaisir aux fans et aux joueurs. Cette édition Remastered n’apportera pas de récit bonus en plus pour enrichir le titre, seulement une meilleure police d’écriture, plus lisible, et des sous-titres pour les dialogues en combat embellissant subtilement l’écriture des personnages, surtout quand on ne comprend pas le doublage japonais et anglais.
Le retour du meilleur système de combat, et plus de confort
Au-delà du récit, Tales of Graces F Remastered ne mise pas sur un grand apport en bonus. Il est comme son intitulé l’indique un simple remaster. Il faut ainsi se contenter d’un travail pour adapter la résolution du jeu sur nos écrans actuels et l’embellir très légèrement sur certains aspects. En terme de chiffres sur Nintendo Switch, il faudra faire avec du 1080p en TV et du 720 en portable accompagné d’un framerate à 30 fps en toutes circonstances. Si votre priorité se situe sur ces chiffres, il est préférable de vous tourner sur les autres plate-formes où sort également le jeu. Les chiffres sont plus gros, mais cela ne signifie pas que le jeu est véritablement plus beau, juste mieux adapté à certains formats d’écrans. En portable, notamment avec une Switch OLED, le contraste de couleur permet à Tales of Graces d’être relativement plus joli que sur un écran TV classique. En terme de chiffre, le 60 fps sur les autres plateformes est un argument de choix pour un jeu de la série Tales of, puisque la série est connue pour ses systèmes de combat en temps réel.
Nous allons revenir sur ce point, mais avant cela revenons sur d’autres apports de ce Remastered, aussi importants ou minimes soient-ils. Le jeu revient avec une bonne partie des DLC du jeu PS3, à l’exception de quelques uns à cause de certains problèmes de droits. Il est juste un peu bizarre de devoir débloquer tout cela au compte-goutte sur un menu et de ne pas pouvoir tout débloquer en une seule pression sur une touche. Au-delà de cette maladresse, le jeu est bourré d’options de confort pour apporter un peu de modernité et permettre aux joueurs de mieux profiter de l’expérience Tales of Graces F en 2025. Il faut rappeler que le jeu a plus de 10 ans désormais! Nous pouvons jouer en New Game + dès le début en dépensant des Points dans une boutique pour bénéficier de plein de bonus de nouvelle partie. Chose normalement possible uniquement après avoir fait le jeu une première fois. Nous avons aussi la présence de points de repère pour nous guider dans notre quête, la sauvegarde automatique, la possibilité de retenter directement un combat perdu, de désactiver les combats sur la carte ou encore la présence du Dual Audio (doublage japonais ou anglais au choix) parmi bien d’autres choses!
Pour un connaisseur, Tales of Graces F Remastered ne propose pas de grosse nouveauté, tout juste la possibilité de célébrer les 30 ans de la série Tales of avec un très bon opus dans de meilleures conditions. Cette version Switch permet même de pouvoir en profiter n’importe où à défaut de ne pas pouvoir profiter des résolutions et des framerates les plus hauts. Les nouveaux découvriront Tales of Graces F Remastered et profiteront de la meilleure version du jeu. Attention pour vos yeux, nous sommes sur un rendu en 3D Cel-shading réussi et coloré mais avec des décors bien moins détaillés et plus vides que les derniers Tales of en date. Par ailleurs, la série est également connue pour ses cinématiques en animation pour illustrer les moments clés du jeu ainsi que son introduction. Les récents opus profitent des animations du très bon studio Ufotable mais à l’époque de Tales of Graces, Bandai Namco collaborait avec Production IG pour la série Tales of. Les cinématiques sont de moins bonne qualité mais restent sympathiques à regarder. L’opening “Mamoritai ~White Wishes~” est interprété par BOA en japonais comme en anglais et l’OST par Motoi Sakuraba reste convenable sans être dans le haut du panier du compositeur. On aurait aimé un peu d’inédit, mais ce n’est qu’un remaster après tout…
Tales of Graces F est un RPG dans lequel l’histoire se déroule à travers notre exploration du monde et les affrontements à mener. Le monde d’Ephinea propose plusieurs villes et villages reliés par de grandes routes, que nous pouvons parcourir à pied. Ne vous attendez pas à une exploration en open-world, nous sommes sur un RPG divisé en plusieurs zones et routes, vaste mais renfermé. Nous pouvons interagir avec les PNJ, faire des achats dans les différentes boutiques pour équiper nos protagonistes ou remplir notre sac de soins. L’histoire principale se développe à travers différentes cinématiques, mais nous avons également de nombreuses scènes annexes entre les personnages pour les développer et nous attacher d’autant plus à eux. Notamment avec les fameux “Skits” de la série Tales of, des dialogues uniques doublés entre les personnages mis en scène comme un genre de Visual Novel avec des illustrations des personnages voire des cuts-in sympathiques à admirer. Les Skits de Tales of Graces sont aisément parmi les meilleurs de la série.
Parmi les meilleurs de la série aussi, il nous faut progressivement arriver sur le système de combat. Dans Tales of, les résultats des combats en temps réel dépendent de notre performance avec nos personnages, leur équipements, leurs skills actifs comme passifs. Les skills passifs s’obtiennent de manière habile puisqu’elle lie la mécanique des “Titres”, élément récurrent de la série et propre à chaque personnage. En avançant dans le jeu à travers l’histoire et les annexes, nos personnages gagnent des titres influençant leur stats, voire leur costume. Dans Tales of Graces F, les titres possèdent plusieurs skills actifs ou passifs à débloquer en équipant ce titre et en montant le niveau de ce titre avec des CP après chaque combat. Chaque titre possède également une “compétence maître” à débloquer en montant le titre au maximum. Ainsi, l’investissement de chaque joueur sur les différents titres du jeu peut influencer l’expérience globale de chacun en combat.
Sur les routes et dans les donjons du jeu, nous avons des ennemis visibles et entrer en contact avec eux démarre directement le combat. Les combats de Tales of Graces sont régis par le système Style-Shift Linear Motion Battle System (SS-LMBS). Le système de combat est encore aujourd’hui le plus dynamique ou au moins l’un des plus dynamiques de la série. Pas de point de mana limitant nos capacités ici, nous avons une limite de PE (Point d’Enchaînement) et chacune de nos attaques consomme plus ou moins de PE. Par ailleurs, chaque personnage possède 2 styles de combat attribués à la touche A ou B puis nous enchaînons les attaques selon la direction pressée en même temps que la touche tout en ajoutant certains autres raccourcis de touches. Ajoutons également la mécanique de “Side Step” qui est un simple pas latéral de notre personnage permettant ainsi de faire une esquive rapide sur le côté sur l’arène de combat en 3D. La subtilité, c’est que le “Side Step” effectué sur un bon timing peut vous apporter des PE en plus, permettant ainsi d’enrichir nos combos. Il y a aussi d’autres subtilités pour regagner des PE, et nous avons aussi des possibilités liées au nombre de coups dans nos combos.
Il devient possible en passant certains paliers de combos d’enchaîner avec un Blast Caliber, un Artes mystique ou une compétence de combat surpuissante, unique à chaque personnage. Il y a plusieurs niveaux et plusieurs Blast Caliber par personnage, soulignant surtout la progression en puissance de nos personnages. Nous avons également une jauge d’Eleth qui se remplit avec nos enchaînements vers le haut en bleu et vers le bas en rouge. Lorsque le bleu déborde, nous passons en Eleth Burst qui nous permet de bénéficier de plusieurs boosts temporaires ainsi que d’accéder à la possibilité d’enchaîner des PE à l’infini. La même chose se produit pour les ennemis lorsque le rouge déborde et que nous entrons en Eleth Break. Le mélange permet d’avoir le système de combat le plus dynamique et jouissif de la série. Nous devons ajouter à cela une mécanique de capacité spéciale unique et de nouveau Blast Caliber dans l’arc F après avoir fini le jeu. Attention, son système de combat est si bon et addictif qu’il peut rendre les autres Tales of obsolètes sur leur système de combat. Les combats sont même jouables à plusieurs en local jusqu’à 4 joueurs !
Tales of Graces f Remastered est disponible sur l’eShop au prix de quarante euros.
Conclusion
Tales of Graces F est une très bonne porte d’entrée pour tout fan de RPG voulant découvrir Tales of et le gameplay de la série. Pour ceux qui ne connaissent la série que depuis très peu de temps, voire pas du tout, c’est l’occasion de découvrir Tales of Graces F dans les meilleures conditions. Profiter de son récit mignon entourant le destin de son casting haut en couleurs et attachant, proposé avec ce qui fait les ingrédients d’un bon RPG à la japonaise. De l’exploration à travers un monde de fantaisie médiévale avec sa pincée de SF bienvenue ainsi que des combats épiques et dynamiques comme la série n’a certainement jamais su reproduire à ce jour. Pour les fans de Tales of, ce retour en Janvier 2025 permet de démarrer les célébrations des 30 ans de la série en toute grâce et beauté, bien que nous aurions aimé en avoir un peu plus en termes de nouveautés que les ingrédients d’un simple “Remaster”. Nous nous contenterons sur Nintendo Switch de pouvoir refaire le jeu partout où nous voulons et d’avoir une valeur sûre du RPG japonais dès début 2025, à faire seul ou en multi local !
LES PLUS
- Un remaster joli, en portable et en TV
- Surtout avec une Switch OLED
- Un framerate solide
- Les cinématiques en animation
- Le système de combat est toujours très bon !
- Riche en mécaniques, et un modèle de dynamisme en 2025
- Les nombreuses options de confort et New Game + dès le début
- Une durée de vie gigantesque
- Un lore et contexte géopolitique intéressants
- Une dynamique de personnage rare dans la série
- Une bande sonore par Motoi Sakuraba, qui fait le travail
- Le Dual Audio disponible
- Excellent Tales of et RPG à faire partout
LES MOINS
- Des textures de l’époque Wii et des routes vides
- Plus de bonus et d’inédist pour ce retour auraient été cools
- Ne pas pouvoir débloquer tous les DLCs en une seule touche
- Les annexes pas très intéressantes et Fedex à souhait
- Un bonus supplémentaire de scénario aurait fait plaisir
- Un scénario qui déborde de naïveté à en vomir
- Très linéaire et assez long à se mettre en route
- Motoi Sakuraba a fait beaucoup mieux, même pour Tales of