Si manger reste un plaisir unanime (bien que le contenu de l’assiette puisse influencer l’empressement de la dévorer !), la cuisine divise : il y a ceux qui se contentent de plats rapides, voire de gamelles entièrement préparées, quand d’autres se délectent de confectionner des recettes appétentes et originales (ou tout du moins, essayent !). Et puis, il y a la cuisine dans les jeux vidéo, souvent limitée à quelques découpages et à moultes cuissons avec des ustensiles plus ou moins casuals. Cuisineer joue sur un tout autre tableau avec la combinaison osée et atypique du dungeon crawler et la gestion précise et rapide d’un petit restaurant. Intéressant tout ça…
Développé par BattleBrew Productions et édité par Marvelous Europe, Cuisineer nous a séduit avant même de débuter la partie. Ses environnements colorés et sa fiche descriptive ont su nous aguicher. Cette petite frénésie a-t-elle perduré une fois la manette en main ?
En premier lieu, le choix de la difficulté : 4 niveaux sont disponibles, de quoi satisfaire tous les joueurs. Chacun est libre d’y sélectionner sa façon de jouer pour répondre à son confort : cette difficulté reste parfaitement modulable en cours de partie. Ne prenez pas cette info à la légère, vous pourriez bien être surpris par la férocité de certains ennemis surtout lorsqu’ils attaquent en bande !
La restauration du restaurant familial
L’aventure s’ouvre sur une lettre de vos parents : ces derniers sont impatients de réaliser le voyage de leur vie, de parcourir le monde en quête de découvertes enivrantes. Néanmoins, ils seraient ravis de vous revoir au village de Paell avant ce long périple. Bien entendu, vous filez chez eux de ce pas afin de pouvoir les serrer une dernière fois dans vos bras.
À votre arrivée, pas de temps à perdre ! Vous rencontrez la gentille Biscotte qui vous fait part de la situation. Le restaurant des paternels ne peut rester ainsi à l’abandon, il faut quelqu’un pour en reprendre pleinement le contrôle. Tiens, vous tombez drôlement bien ! Vous êtes là pour ça et c’est avec plaisir que vous acceptez d’endosser la responsabilité du restaurant. En même temps, il semblerait que vous n’ayez pas franchement le choix : un huissier frappe déjà à la porte pour vous réclamer une coquette somme d’argent. Vos poches sont désespérément vides. Il va falloir se retrousser les manches !
Nous comprenons rapidement que Cuisineer s’articule autour de trois axes qui gravitent tous autour du fil rouge suite au départ de vos parents : la ville et ses habitants, les donjons et ses combats, et le restaurant avec tous les plats à préparer et servir. Pour avancer dans l’histoire, il convient de jouer sur tous les tableaux : c’est le plus bel atout de Cuisineer. Offrir plusieurs jeux dans un seul et même titre. Nous sommes joie !
Primo : la fiiiiiight !
Avant de prétendre cuisiner quoique ce soit, la première étape consiste à réunir suffisamment d’ingrédients pour remplir la marmite. Pour cela, il est nécessaire de quitter le village et de sélectionner la zone de donjons de son choix (une seule disponible à l’ouverture du titre).
Comme prévu (et espéré !), les donjons sont générés de façon procédurale. Ils sont donc sensiblement différents à chaque escapade. Néanmoins, le joueur ne peut s’empêcher de remarquer de très fortes similitudes persister, au-delà de l’environnement même. Certains passages s’avèrent plus difficiles avec notamment la présence d’un agglomérat de monstres plus ou moins coriaces sans qu’il ne soit possible d’en sortir avant d’avoir trucidé tout le monde ! Les arènes de combat permettent de décrocher les plus belles victoires, bien à l’abri dans d’impressionnants coffres qu’il est jouissif de déverrouiller.
Pour y parvenir, le joueur dispose d’une arme secondaire, mais surtout d’une arme principale. Nous avons été quelque peu déçus face à la faible diversité de ces dernières : certes, elles peuvent revêtir des caractéristiques distinctes (liées au feu, à la glace et même au poison !) mais restent finalement peu nombreuses Elles n’en demeurent pas moins assez cocasses, avec notamment des spatules, des assiettes ou encore des poissons… D’autres équipements sont un peu plus traditionnels, comme des bottes ou des gants. Enfin, la ceinture permet d’emporter quelques boissons curatives, non négligeables en combat !
La prise en main peut demander un petit temps d’adaptation puisque les manipulations s’effectuent majoritairement avec la touche X, alors que la touche A habituelle est utilisée pour effectuer un court sprint (bien utile pour sauter par-dessus de petits fossés notamment). Le joueur reste néanmoins libre de moduler à sa guide les touches dans le menu principal. Quelques attaques plus puissantes sont disponibles grâce aux boutons ZL et ZR (et requièrent un petit temps pour se recharger). Bien entendu, les armes et les équipements peuvent aussi être perfectionnés, mais nous reparlerons de tout cela une fois de retour au village… Pour le moment, il s’agit de ne pas tomber sur le champ de bataille !
Chaque donjon s’organise par étage. Plus le joueur gravit d’escaliers, plus il est amené à rencontrer des ennemis féroces mais toujours assez drôles (entre les sacs de farine et les tomates rebelles, les premières fois sont rigolotes !). Ne vous fiez pas à leurs jolies frimousses… Oui, la patate peut vous tuer, restez vigilants ! L’important est donc de savoir quand il est bon de s’arrêter pour pas mourir sous peine de voir la majorité de son inventaire disparaître. Quelques fontaines de jouvence sont disponibles afin de vous redonner un peu de vie. Faites-en bon usage ! Le retour au village s’effectue d’une simple pression de touche maintenue quelques secondes. Aucun monstre ne doit intercepter le transfert : il est donc nécessaire d’être dans une zone particulièrement calme pour rentrer chez soi.
Le donjon se termine avec la mise en lumière des objets obtenus et le nombre de monstres morts au combat. Vous allez clairement rentrer avec le sac rempli de vivres. Les patates et les tomates font moins les fières en attendant le passage dans la marmite familiale !
Secundo : faire ami-ami avec les habitants de Paell
De retour au village, la nuit est tombée. La fatigue se fait rapidement sentir et rejoindre votre couche est la meilleure solution. Demain est un autre jour…
Au réveil, frais comme un gardon, la boîte aux lettres regorge le plus souvent de courriers annonciateurs de nouveautés présentes sur Paell, parfois même de quelques cadeaux.
Les villageois se montrent tous adorables. S’ils disposent d’une requête, ils sont surplombés par une bulle avec un point d’exclamation bleu. Ces derniers vont alors vous quémander quelques ingrédients, mais aussi des plats cuisinés, ou encore des ressources spécifiques. Certains objets peuvent être un peu nébuleux au début, la progression dans l’histoire permet d’accéder rapidement à toutes les requêtes. A la clef, de multiples recettes pour votre restaurant !
Paell compte de nombreux marchands. Le joueur peut acheter une foule de choses plus ou moins utiles : des thés pour retrouver quelques points de vie pendant les donjons (à accrocher à votre ceinture, vous vous rappelez ?), des plantes, des armoires, des armes, un sac plus grand… Moyennant finances et ressources, il est possible d’acquérir un florilège de babioles. Le menuisier du coin, Saule, est capital puisqu’il est à l’origine des meubles pour votre restaurant mais aussi de l’amélioration de ce dernier. Plus votre restau progresse en niveaux, plus il est apte à recevoir des machines pour la cuisine dans un cadre de plus en plus grand. Saule se montre assez efficace à l’ouvrage, il ne lui faut que quelques jours pour réaliser tous les travaux. Voilà qui devrait faire venir toujours plus de monde à votre table.
Tertio : tenir un restaurant
Votre restaurant se trouve au rez-de-chaussée de la maison. tandis que la chambre est à l’étage. Toutes celles et ceux qui aiment la déco vont pouvoir mettre leurs compétences à l’ouvrage !
Le joueur est libre d’ouvrir/de fermer le restaurant quand il le souhaite. Néanmoins, certaines périodes sont plus propices aux affaires que d’autres. Les heures d’affluence ou encore les périodes de festivals sont autant d’atouts pour remplir le tiroir-caisse. Les clients s’installent eux-mêmes et réfléchissent quelques secondes au plat de leur choix. Une fois sélectionné, une petite annotation apparaît sur la machine dédiée : il ne reste plus qu’à sélectionner le plat. Celui-ci se réalise tout seul et apparaît ensuite sur la table de distribution des plats. Les clients viennent eux-mêmes chercher leur repas (tout du moins pour les moins exigeants) avant de se délecter de votre cuisine. Il ne leur reste plus qu’à passer par la caisse pour régler la note et, s’ils le souhaitent, vous laisser un pourboire. Certains malotrus tentent de quitter le restaurant sans payer : rattrapez-les sans tarder ! Plus le plat est rare ou doté d’ingrédients difficiles à obtenir, plus les gains seront élevés. Néanmoins, soulignons tout de même que l’argent n’est pas si aisé à obtenir et il va falloir servir un grand nombre de clients.
La personnalisation de votre salle de restaurant mais aussi de votre chambre fait partie intégrante de votre progression. Si les machines permettent de confectionner de nouveaux petits plats, une belle déco permet d’attirer un certain type de clients. Ne soyez pas trop gourmands dès le départ, la place est limitée !
Une fois le service terminé, le bilan est dressé : la satisfaction des clients, la réputation gagnée pour le restaurant et les bénéfices. Le frigo va peu à peu se vider. Bientôt se profile un nouveau départ pour le prochain donjon !
Un triptyque réussi ?
Cuisineer réussit le pari d’insuffler plusieurs styles de jeu au sein de son aventure. Le résultat est plaisant, voire jouissif, avec l’envie d’aller toujours plus loin dans l’histoire afin d’obtenir de nouveaux ingrédients et de nouvelles recettes.
Néanmoins, un gros bémol est à préciser sur le nombre et la durée des temps de chargement. Nombreux et assez longs, ces derniers brisent le rythme de l’histoire, jusqu’à nous faire réfléchir pour éviter au maximum les entrées et les sorties d’un bâtiment. Fort heureusement, les marchands sont tous à l’extérieur…
Une certaine latence est perceptible, surtout au commencement de l’aventure (nous prenons l’habitude ensuite !). Les premiers combats peuvent donc paraître un peu désagréables à appréhender, d’autant plus avec le niveau de difficulté le plus élevé ! Cette difficulté nous a surpris : n’imaginez pas que vous pourrez vous balader sans difficulté au fil des donjons ! L’amélioration de votre arme est capitale, et quand bien même, il est indispensable de prendre de quoi se sustenter en chemin afin de ne pas perdre la vie trop rapidement.
Enfin, la distance vis-à-vis de l’action peut aussi poser quelques difficultés : nous aurions apprécié pouvoir zoomer afin de mieux percevoir les coups portés, tout en profitant des jolis graphismes. En effet, les environnements des donjons, bien qu’assez simples, sont agréables et toujours dans un contexte très mignon. Paell, enfin, est un petit village charmant où les bambins courent dans vos jambes. La mignonnerie est poussée jusqu’aux jours de la semaine qui font référence aux différentes saveurs (acide, salé, amer…), jumelée avec l’ouverture ou la fermeture de certains commerces. Adorable !
Les bruitages et les musiques sont corrects bien que parfois agaçants une fois dans le restaurant : les bruits de bouche sont assez prononcés (oh, qui aime entendre cela…?), et les sonnettes annonçant la disponibilité d’un plat assez énervantes puisque très fréquentes. Par ailleurs, si les périodes de festivals sont assez satisfaisantes, celles plus calmes peuvent laisser place à l’ennui. Nous aurions apprécié un peu plus de punch dans le service. D’autant plus que, rappelons-le, vous allez devoir récolter un sacré pactole !
Cuisineer est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 30 euros environ.
Le connaissez-vous ?
Cuisineer n’est pas sans rappeler un autre jeu. Pour celles et ceux qui ont apprécié le mélange des genres avec comme point d’ancrage la cuisine, nous ne pouvons que vous conseiller Battle Chef Brigade, bien que les univers soient quelque peu distincts !
Conclusion
Cuisineer est un jeu globalement réussi qui parvient à réunir au sein d'un même titre deux types de jeux : dungeon crawler et la gestion d'un restaurant. La prise en main est assez bonne en toutes circonstances malgré une petite latence dans les coups portés, qui peut déstabiliser le joueur lors des premiers combats. Cuisineer offre un contenu conséquent qui assure plusieurs heures de jeu, toujours avec beaucoup de plaisir malgré une certaine répétitivité inévitable des tâches. Les différents niveaux de difficultés disponibles permettent de répondre au profil de tous les joueurs (et les derniers étages sont loin d'être simplistes !). Un gros bémol est à porter sur le nombre et la durée des temps de chargement qui viennent briser le rythme du jeu. Malgré cela, Cuisineer conserve un aspect très addictif qui pousse le joueur à rechercher toujours plus d'ingrédients pour multiplier les plats disponibles dans son service.
LES PLUS
- Plusieurs genres de jeux réunis dans un même titre
- Univers mignon et plutôt fun avec les ingrédients rebelles !
- Un grand nombre de recettes à concocter !
- En français
- Assez addictif
LES MOINS
- Trop de temps de chargement, et bien trop longs !
- La gestion du restaurant est fun mais manque de punch dans les périodes creuses
- Une faible diversité d'armes principales malgré de nombreuses distinctions dans les caractéristiques
- Une certaine répétitivité des tâches