Les propriétaires de Nintendo Switch ne cessent de se plaindre de l’état actuel de la Nintendo eShop. Développeurs et utilisateurs dénoncent un flot incessant de jeux de qualité médiocre – souvent qualifiés de « slop » – qui envahissent la boutique numérique et minent la visibilité des titres de qualité. Dans une récente interview avec IGN, plusieurs développeurs anonymes ont partagé leur point de vue sur les problèmes endémiques affectant non seulement la Nintendo eShop, mais aussi les boutiques numériques de Sony, alors que Xbox semble, quant à elle, relativement épargnée.
Un processus d’approbation laxiste
Un des intervenants a résumé le problème en affirmant : « Nintendo est probablement la plus facile à arnaquer. » Selon lui, une fois qu’un développeur ou un éditeur est intégré dans le système de validation de Nintendo, il peut utiliser diverses astuces pour inonder les pages de ventes, nouveautés ou recommandations. Ces pratiques permettent à des jeux peu soignés – parfois titrés de manière fantaisiste comme « Fart Fart Boobie Fart: The Game » – de rester en tête des classements pendant des mois, au détriment de véritables créations.
Les coulisses des boutiques numériques
Pour mieux comprendre l’origine de ce phénomène, plusieurs développeurs ont expliqué comment se déroule le processus de soumission sur les principales plateformes. Le passage par les étapes de pitch, de remplissage de formulaires techniques et de certification (« cert » ou « lotcheck ») est censé vérifier que le jeu respecte des critères techniques stricts. Cependant, contrairement à Xbox – qui procède à une vérification jeu par jeu – Nintendo et Sony approuvent les applications sur la base d’un développeur ou éditeur déjà validé. Une fois la porte franchie, rien n’empêche certains acteurs de sortir des dizaines de jeux au design similaire et à l’apparence artificielle, souvent réalisés à l’aide d’assets générés par intelligence artificielle.
Sur Nintendo, la situation est d’autant plus critique que l’interface de l’eShop sur la console est particulièrement lourde et peu organisée. Tandis que la version web offre une expérience plus fluide et moins saturée, l’application native peine à trier efficacement les nouveautés, donnant ainsi une visibilité démesurée à des titres de moindre qualité. Un éditeur a décrit une pratique courante : « Beaucoup de jeux publient des bundles en promotion pendant 28 jours (la durée maximale autorisée) et créent ensuite un nouveau bundle dès l’expiration de la réduction, assurant ainsi une présence quasi permanente en haut des listes. »
Une inondation de « cash-grabs »
Les critiques ne se limitent pas à la Nintendo eShop. La PlayStation Store, malgré une curation plus poussée, est également envahie par des titres aux mécaniques simplistes et aux visuels génériques – souvent reproduits en masse par une poignée de compagnies aux informations peu transparentes. En revanche, Xbox, avec son processus d’approbation plus rigoureux et sa gestion plus personnalisée des pages produits, semble mieux résister à cette vague de « slop ».
Les développeurs s’inquiètent de l’impact de cette surabondance sur la découverte de jeux plus sérieux. Certains craignent même qu’un contrôle de qualité trop strict, visant à éradiquer ces titres de basse volée, ne pénalise par inadvertance des projets de qualité.
Vers une régulation ou une amélioration des plateformes ?
Face à la montée des plaintes des utilisateurs, des appels à une régulation plus stricte des contenus sur les boutiques numériques se multiplient. Sony avait déjà tenté, en 2021, de freiner la prolifération des contenus répétitifs en adressant une lettre à ses partenaires développeurs. Pourtant, la situation semble se répéter, sans signe tangible d’amélioration.
Certains espoirs se tournent désormais vers la prochaine Nintendo Switch 2. Plusieurs intervenants espèrent qu’une refonte de la eShop, plus proche de l’interface web actuelle, permettra de réduire cette inondation de jeux de piètre qualité. Malheureusement, les responsables de Nintendo et Sony n’ont pas souhaité commenter ces pratiques, laissant la question ouverte.
En conclusion, alors que la concurrence entre les plateformes se joue de plus en plus sur la qualité et la découvrabilité des jeux, il reste à voir si Nintendo et Sony parviendront à nettoyer leurs boutiques numériques des « cash-grabs » et contenus générés à la va-vite. Pour l’instant, les développeurs avertissent que les plateformes agissent davantage en demandant pardon après coup que de vérifier préventivement, et que cette approche pourrait bien continuer à pénaliser les jeux de qualité.
En lisant cet article je me rends compte qu’effectivement j’ai bien plus tendance à tenter de découvrir des jeux indés via la Xbox que l’eShop de Nintendo. Je m’en tiens aux first party sur Nintendo. À part Officer Simulator, ce banger.