Cocorico !!! Big Helmet Heroes est un jeu français développé par Exalted Studio, et édité par Dear Villagers, tous deux Montpelliérains. À première vue, le titre rappellera des vibes du très bon Castle Crasher, sorti initialement sur Xbox en 2008, et qui avait bénéficié d’une version remasterisée en septembre 2019. Alors pour tous ceux qui cherchaient un héritier digne de ce nom à Castle Crasher, nous vous prions d’accueillir Big Helmet Heroes !
Very good trip
Même si Exalted Studio n’a pas la prétention de réinventer la roue avec ce titre, il propose un jeu qui possède une identité propre. Big Helmet Heroes, c’est un beat ‘em up 3D en side-scrolling, avec beaucoup d’humour, dans lequel vous êtes plongé dans l’action et allez débloquer 28 autres héros à grosse tête à travers des mondes fantastiques, pour sauver une princesse.
Chacun des 29 personnages du jeu appartient à un archétype, au nombre de quatre : Guerrier, Voleur, Moine et Brute. Les Guerriers, assez équilibrés, utilisent une épée et un bouclier. Les Voleurs sont très rapides avec leurs doubles lames mais sont aussi très fragiles. Les Moines, plutôt agiles, profitent de leurs bâtons pour des attaques virevoltantes, et les Brutes, quant à elles, compensent leur lenteur en utilisant des marteaux de guerre dévastateurs. Au-delà de l’esthétique, les héros se différencient surtout par leurs super-pouvoirs uniques, qui peuvent être activés lorsque la jauge d’énergie bleue est pleine.
L’utilisation de ces capacités spéciales vous rendra un fier service lorsque votre écran sera chargé d’ennemis à combattre ou que vous ferez face à un boss. Ainsi, vous pourrez déclencher une horde de moutons enragés qui viendront piétiner vos assaillants, envoyer un rayon d’énergie, invoquer des doubles de vous, ralentir les mouvements de vos adversaires, devenir un géant pour ravager tout ce qui bouge à vos pieds, et bien d’autres pouvoirs à la fois jouissifs et utiles.
Au cours de la vingtaine de niveaux qui composent le titre, vous quitterez peu à peu le cadre médiéval et ses châteaux, pour partir à l’aventure à travers des forêts et des cavernes peuplées de gobelins. Vous prendrez le bateau pour affronter des pirates, irez arpenter un désert et ses pyramides dans une ambiance aux mille et une nuits, et partirez même dans les profondeurs d’un volcan. Vous l’aurez compris : le titre invite au voyage et se renouvelle sans cesse pour vous proposer des décors fourmillant de détails humoristiques et anachroniques, avec un bestiaire différent, même si les boss, eux, sont parfois un peu moins inspirés.
Tout seul c’est bien, mais à deux c’est mieux
Big Helmet Heroes va à l’essentiel dans son gameplay : un bouton pour les attaques légères, un autre pour les attaques lourdes. Il est possible de réaliser des combinaisons pour favoriser certains combos en alternant entre les deux. Vous avez également une touche pour effectuer une roulade/esquive, et une autre pour sauter (double saut possible). Les attaques en l’air sont très efficaces ! Une touche permet d’attraper des armes dans le décor et/ou de saisir des ennemis pour les balancer dans le vide, par exemple. Nous regrettons cependant que le coup spécial se déclenche en associant deux touches et n’ait pas un seul bouton dédié, car cela peut éventuellement représenter une difficulté pour les plus jeunes joueurs. Il arrive parfois que l’attaque ne se lance pas correctement, dû à un problème de timing ou de pression de touches simultanées. Et enfin, vous avez une touche pour changer de personnage.
Voilà une des mécaniques au centre du jeu, puisque l’aventure, vous ne la ferez pas seul. Bien sûr, vous pouvez jouer en solo ou en coop locale, mais dans tous les cas, au moment de lancer un niveau, vous devez choisir 2 personnages. Et au cours de l’aventure, en délivrant des héros enfermés dans des cages (dorées pour les personnages que vous n’avez pas encore débloqués et grises pour ceux que vous avez déjà), ceux-ci vous rejoindront jusqu’à la fin du niveau en cours. Vous pouvez donc parfois switcher entre plusieurs personnages pour des combats plus dévastateurs !
Autre excellente idée : lorsque la vie de votre héros baisse, permuter avec le second permettra de recharger peu à peu la vie de celui qui est au repos. Vous pourrez ainsi profiter d’un gameplay dynamique avec l’un, puis changer pour balancer un super-pouvoir dévastateur avec l’autre une fois la jauge pleine.
Les niveaux sont remplis d’armes plus ou moins loufoques avec une utilisation limitée. Ainsi, vous pourrez tirer des carreaux dans les fesses de vos ennemis avec une arbalète traditionnelle ou les électrocuter avec une tapette à mouche. Cela vient apporter de la variété dans le gameplay, en changeant régulièrement l’outil qui vous permettra de frapper les vilains petits monstres face à vous.
Aussi, vous collectez dans le jeu des petites fleurs roses qui viennent remplir une jauge. Une fois pleine, celle-ci fait automatiquement tomber un paquet de ravitaillement du ciel. Cette boîte contient généralement une arme et des objets, comme une pomme pour vous soigner ou une potion pour remplir votre barre de capacité spéciale. Les fleurs sont présentes un peu partout, donc n’hésitez pas à détruire tous les éléments du décor possibles et même à caresser un mouton sur votre chemin. Encore une très bonne idée pour vous permettre de toujours avoir de l’équipement pour faire face aux ennemis.
Une aventure avec un grand casque !
Big Helmet Heroes s’ouvre sur une vidéo d’introduction en animation 3D, aussi drôle que punchy. Elle présente rapidement ce que sera le jeu, mais au cours de l’aventure, vous n’aurez pas droit au même soin, puisque les rares passages d’histoire sont relatés par des séquences avec des personnages papier en plan fixe, et quelques animations. L’histoire n’est clairement pas le point central du titre, et sert plus de prétexte que de véritable intérêt. Pendant l’aventure, nous avons un titre en 3D au style cartoon dans le design des personnages, mais surtout, le jeu vous permet de découvrir des lieux de toute beauté. Nous avons grandement apprécié la direction artistique de Big Helmet Heroes, que ce soit les couleurs un brin saturées qui apportent de la dynamique, les effets de gouttes d’eau sur l’écran dans le niveau de la forêt, et surtout le désert avec son ciel étoilé et son croissant de lune magnifique. Parcourir les niveaux est un véritable plaisir.
De plus, on peut noter que les développeurs se sont creusé la tête pour proposer des phases de gameplay différentes dans les missions. Par exemple, la caméra passe soudainement en vue de dessus pour nous faire parcourir un labyrinthe. À un autre moment, vous devrez affronter des vagues d’ennemis en continu ou marquer des buts dans un décor ressemblant à un terrain de foot pour pouvoir passer à la prochaine salle. Il y a parfois des petites énigmes à résoudre, comme détruire 10 citrouilles d’Halloween ou compléter des vitraux cassés, etc. Il s’agit de tout un ensemble d’idées qui permettent au joueur d’avoir un sentiment de renouveau et de la surprise dans un genre souvent très répétitif.
Côté visuel, plusieurs petites choses désagréables à noter : la première vient du framerate, qui est parfois capricieux. Le jeu souffre de quelques baisses de performance à de rares moments, lorsque l’écran est très chargé en ennemis et effets visuels, ou lors de combats de boss (le Kraken a craqué !). Mais dans la version que nous avons testée, avant la sortie officielle du titre, les développeurs ont déjà signalé le problème et annoncé la livraison d’un patch Day One. C’est donc très rassurant pour le suivi et la suite du jeu.
Un autre élément discutable concerne un effet d’animation en particulier. Lorsque vous enchaînez les coups contre des ennemis et créez donc une chaîne de combos, des personnages apparaissent en bas de votre écran pour vous encourager, telle une foule en délire. Si l’idée de base est plutôt bonne et vient apporter du dynamisme, elle recouvre surtout une partie de l’écran. Si vous étiez justement en train de marteler la tête de vos ennemis dans ce coin-là, vous ne voyez plus ni votre personnage ni vos assaillants. Peut-être que cela aurait pu prendre moins de place, ou qu’un effet de transparence aurait permis de garder en vue notre héros et les vilains à affronter. Une dernière remarque concerne les décors dans lesquels il y a parfois des recoins où la caméra n’a pas prévu d’aller, ce qui fait que vous perdez le contact visuel avec votre héros à grosse tête. Ce n’est pas tout le temps et dans tous les décors, mais cela reste dommage.
Pour ce qui est de la bande-son, c’est également du très bon pour Big Helmet Heroes, avec des bruitages qui fonctionnent parfaitement et surtout des chansons superbes pour accompagner cette aventure. Elles s’adaptent à ce qui se passe à l’écran, et vous entendrez la musique s’emballer ou se durcir avec des instruments plus rock lors des combats. Nous avons également apprécié la présence d’un titre traditionnel breton très connu dans un des niveaux, dont nous allons taire le titre volontairement et vous encourager à découvrir cela par vous-même.
Au-delà de l’aventure principale qui prendra une dizaine d’heures si vous souhaitez débusquer tous les personnages, nous aurions apprécié d’autres modes de jeu en dehors de la difficulté, pour prolonger un peu l’expérience. Malgré tout, la rejouabilité du titre est bel et bien là, tant le gameplay est plaisant, les niveaux superbes et variés, et le fun, au rendez-vous !
Big Helmet Heroes est disponible en français le 6 février 2025 sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 24,99 euros.
Une version boîte “Exalted Edition” est prévue en avril 2025 au prix recommandé de 34,99 euros, contenant un fourreau avec un artwork exclusif, un artbook et un autocollant.
Conclusion
Big Helmet Heroes affiche clairement ses inspirations, mais sait trouver sa propre voie en gravissant les montagnes des beat ‘em up concurrents pour se positionner très haut, aux côtés des meilleurs jeux du genre. En se focalisant sur un système de combat grisant, des niveaux sublimes aux ambiances variées et des musiques qui visent juste, le titre offre une expérience toujours satisfaisante sans jamais se prendre au sérieux. Le jeu semble calibré principalement pour une aventure solo, et la coop aurait gagné à être plus développée par un mode en ligne ou des challenges et modes de jeu supplémentaires. En tout cas, en solo ou en coop locale, le plaisir de débloquer des secrets et de rejouer les niveaux est bien présent et pousse à la rejouabilité. L’humour, à travers les petits détails, apporte toujours une satisfaction visuelle dans la découverte des décors. Il reste quelques petits défauts mineurs, notamment un framerate toussotant à de rares moments (qui sera corrigé avec un patch Day One), et des éléments venant gâcher la visibilité, mais nous sommes bien devant un bon jeu qui mérite qu’on s’y attarde, pour peu que le genre vous intéresse.
LES PLUS
- Visuellement très bon…
- Certains décors sont magnifiques
- Lieux et bestiaire variés…
- Gameplay simple et grisant
- Coop locale possible
- De l’humour jusque dans les décors
- Variété dans les phases de jeu
- Les bonus réguliers et les personnages à débloquer
LES MOINS
- … mais certains passages manquent de visibilité
- … mais moins inspirés pour certains boss
- Quelques rares baisses de framerate (résolution dans le patch Day One)
- L’histoire est un prétexte
- Les séquences animées entre missions
- Un seul mode de jeu