WARRIORS: Abyss, développé par Omega Force et édité par Tecmo Koei, est une tentative audacieuse de fusionner l’action musou emblématique de la série Warriors avec les mécaniques addictives du genre roguelite. Annoncé de manière surprise lors d’un State of Play, ce spin-off propose une expérience centrée sur des combats frénétiques, une progression par essais et erreurs, et un cadre infernal. Mais cette formule, bien que prometteuse sur le papier, souffre de plusieurs lacunes qui empêchent le jeu de briller pleinement. Ce test approfondi explore chaque aspect du jeu pour vous donner une vision complète de ce qu’il offre.
Omega Force, le studio derrière WARRIORS: Abyss, est une figure incontournable du monde des jeux vidéo d’action. Connu pour ses séries phares comme Dynasty Warriors et Samurai Warriors, le studio a bâti sa réputation sur des jeux qui mettent en scène des batailles épiques contre des hordes d’ennemis. Omega Force est aussi souvent sujet à quelques critiques pour son recours excessif au recyclage de contenu et ses pratiques commerciales controversées, notamment par le biais de ses DLC onéreux. Avec WARRIORS: Abyss, le studio tente de se réinventer en explorant un nouveau genre, mais en réutilisant des assets et des mécaniques de ses précédents titres.
On commence avec les présentations
Dans WARRIORS: Abyss, vous incarnez un héros plongé dans les abysses de l’enfer. Votre objectif est de survivre à des vagues d’ennemis tout en progressant à travers quatre niveaux infernaux pour affronter un démon maléfique. Le jeu combine les éléments classiques des Warriors (des combats contre des centaines d’ennemis) avec une structure roguelite : vous perdez la plupart de vos progrès à chaque mort, mais vous conservez des ressources pour améliorer vos stats de base et débloquer de nouveaux personnages. La progression est à la fois immédiate (pendant une run) et à long terme (via des améliorations permanentes).
L’histoire de WARRIORS: Abyss est minimaliste, voire inexistante. Les joueurs contrôlent un héros invoqué par Enma, le roi des Enfers, pour tenter de vaincre le diabolique Gouma. Point. Il n’y a pas de dialogues, de développement de personnages ou de quêtes secondaires. Le scénario sert uniquement de prétexte pour justifier la petite phase de tutoriel, les combats répétitifs et la progression roguelite. Comparé à des jeux comme Hadès, qui brillent par leur narration et leurs interactions, WARRIORS: Abyss fait pâle figure.
Au fur et à mesure de la progression du jeu, plus de 100 héros deviendront des personnages jouables. Bien que les joueurs ne puissent contrôler qu’un seul héros pendant les combats, ils peuvent recruter d’autres guerriers au fur et à mesure qu’ils s’enfoncent dans l’enfer. À chaque défaite, les joueurs perdent leur niveau de personnage et tous les héros recrutés avant de retourner au palais d’Enma. Une fois le héros principal sélectionné, il sera temps de tenter de vaincre Gouma à nouveau, en commençant par le premier niveau de l’Enfer.
Le gameplay est le point fort du jeu, même s’il n’est pas sans défauts. Vous contrôlez un personnage avec un arsenal d’attaques légères et lourdes, ainsi qu’un système d’invocations qui permet de faire appel à des héros pour vous aider. Ces invocations s’activent à la fin de vos combos et ajoutent des attaques puissantes à votre répertoire. Chaque personnage a son propre style de combat, hérité des jeux précédents de la série, ce qui offre une certaine variété.
Cependant, le jeu souffre d’un trop plein d’attaques en zone d’effet (AoE). Les ennemis et les boss bombardent constamment l’écran de zones violettes à éviter, ce qui rend les combats rapidement chaotiques et parfois frustrants car aucune échappatoire n’est possible. Le système de dodge (esquive) est également limité par un temps de recharge assez long, ce qui ajoute une couche de difficulté artificielle. Cette mécanique, bien qu’intéressante en théorie, devient rapidement fatigante, car elle nous oblige à nous concentrer presque exclusivement sur l’évitement des attaques ennemies plutôt que sur l’exécution de combos complexes.
Par contre, la progression roguelite est bien pensée : vous débloquez des personnages et des améliorations permanentes en collectant des Braises karmiques lors de vos runs. Chaque personnage débloqué augmente vos stats de base et ajoute des passifs utiles pour les futures tentatives. Si on le compare à d’autres grands noms du genre (Hadès ou Dead Cells), le système de progression manque de profondeur par rapport à d’autres roguelites. Les améliorations se résument souvent à augmenter des chiffres plutôt qu’à offrir de nouvelles stratégies ou options de gameplay.
Et manette (ou Joy-con) en main ?
Sur Nintendo Switch, la maniabilité est globalement fluide, mais le jeu tourne à 30 FPS (avec des baisses de framerate dans les moments intenses). Comparé à la version PC (où le jeu peut atteindre 120 FPS), l’expérience sur Switch semble moins réactive. Les commandes sont simples et intuitives, mais le chaos à l’écran peut rendre difficile la lecture des actions ennemies. Le jeu propose également une option pour automatiser la gestion des invocations et des améliorations, ce qui peut être utile pour les joueurs moins expérimentés.
La bande-son de WARRIORS: Abyss est typique de la série Warriors : des musiques épiques et entraînantes qui accompagnent bien l’action frénétique. Cependant, le jeu manque de doublage localisé au moins en anglais, on restera sur les voix japonaises. Les graphismes sont l’un des points faibles du jeu. Les environnements sont vides et répétitifs, avec des textures basse résolution et peu de détails. Les modèles de personnages des jeux précédents sont réutilisés, ce qui donne une impression de recyclage. Cependant, les effets visuels des formations Musou (attaques ultimes) sont impressionnants et ajoutent une touche de spectacle à l’action. Malheureusement, ces moments de bravoure visuelle sont souvent noyés dans le chaos des combats, où il devient difficile de distinguer ce qui se passe à l’écran comme un teamfight sur League of Legends.
Avec plus de 100 héros à débloquer et des runs qui durent entre 15 minutes et une heure, WARRIORS: Abyss offre une durée de vie plus que respectable. Ceux qui veulent juste voir la fin du jeu avec la première défaite de Gouma en auront pour environ 4 heures. Mais ça serait rater les autres fins, et une grosse partie du contenu.
Les amateurs de roguelites apprécieront la rejouabilité habituelle, même si le manque de variété dans les niveaux et les ennemis peut lasser à long terme. Les Traversal Levels (variantes plus difficiles des niveaux) ajoutent un défi supplémentaire pour ceux qui cherchent à dépasser leurs limites. Cependant, le jeu manque de contenu supplémentaire, comme des modes de jeu alternatifs ou des quêtes secondaires en dehors de mini-missions ponctuelles qui ajoutent du challenge sur une run avec une belle récompense à la clé.
WARRIORS: Abyss propose plusieurs niveaux de difficulté qui influencent grandement l’expérience de jeu. Ces niveaux de difficulté ne se contentent pas de simplement augmenter les stats des ennemis ; ils modifient également la manière dont vous abordez les combats, la gestion des ressources et la stratégie globale d’une run.
Plusieurs éditions du jeu sont disponibles sur l’eShop : le jeu de base (25€) et l’édition Hack’n’Dash (40€). Pour 5 € de plus, cette dernière contient un lot de 57 costumes de « DYNASTY WARRIORS 3 » et de « SAMURAI WARRIORS ». De puissants héros tels que Lu Bu et Tadakatsu Honda seront également jouables dès que le joueur aura terminé le didacticiel. Un bonus de 3000 Braises karmiques, obtenues après l’affichage du premier ensemble de résultats dans le jeu, pourra être utilisé pour déverrouiller des héros dans les Salles des âmes liées.
L’édition Ultime Hack’n’Dash (à 90€ quand même !) vous propose les costumes de l’édition Hack’n’Dash avec 75 d’entre eux portés par les héros de la série « DYNASTY WARRIORS » et 68 autres par ceux de « SAMURAI WARRIORS » . Ils seront disponibles dès que le joueur aura terminé le didacticiel. Cette fois, ces bonus de 5000 Braises karmiques peuvent être utilisés pour déverrouiller des héros dans les Salles des âmes liées.
Vous l’aurez compris, aucune des éditions plus chères que le jeu de base ne propose de contenu supplémentaire pour augmenter sa durée de vie. Les Braises karmiques ajoutées sont proches de l’anodin, car ils se farment en une ou deux runs sans souci.
Conclusion
WARRIORS: Abyss est un spin-off ambitieux qui tente de marier l’action musou avec les mécaniques roguelite. Si le jeu réussit à capturer l’essence frénétique des Warriors, il pêche par son manque de profondeur, ses graphismes datés et son chaos parfois ingérable. Pour les fans de la série, c’est une expérience divertissante et nouvelle pour la franchise, mais loin d’être indispensable. Pour les amateurs de roguelites, il existe des alternatives bien plus abouties, comme Hades ou Dead Cells.
LES PLUS
- Action frénétique
- Progression roguelite
- 100 héros !
- Les attaques ultimes sont spectaculaires
- Traduit en français
LES MOINS
- Graphismes datés
- Histoire inexistante
- Chaos à l’écran
- Framerate instable
- Manque de profondeur
- Traduction parfois maladroite