Plusieurs séries comme X-Files ou Au-delà du réel proposaient d’explorer les mythes et légendes sur fond de paranormal dans leurs épisodes à la télévision. C’est aussi le pari mené par le studio Hakababunko et l’éditeur Shueisha games dans leur nouveau titre d’enquête, à l’esthétique pixel-art envoûtante.
Fear of the dark
Urban Myth Dissolution Center combine l’atmosphère des légendes urbaines et le mystère des phénomènes paranormaux dans un jeu d’aventure et d’enquête/visual novel. Vous y suivrez Azami Fukurai, une jeune étudiante introvertie et anxieuse, dotée de la capacité de voir des spectres et des ombres du passé. Terrifiée par ces visions, elle se rend au Centre de Dissolution des Légendes Urbaines, où elle fait la rencontre du directeur, Ayumu Meguriya, qui possède lui aussi des aptitudes étranges, notamment la clairvoyance.
Notre chère Azami est alors recrutée avant même qu’elle puisse réellement donner son consentement, et est dépêchée sur sa première mission au côté de Jasmine, une collègue plutôt pragmatique et extravertie (l’opposé de notre héroïne), pour résoudre des affaires étranges et terrifiantes. A l’aide de lunettes augmentant la perception d’événements surnaturels fournies par le directeur du centre, vous êtes maintenant en capacité de voir des bribes de souvenirs, symbolisées par des similis fantômes rouges.
Le jeu est divisé en plusieurs chapitres, chacun équivalant à une enquête qui s’étend sur plusieurs jours. Le gameplay rappelle des classiques comme Ace Attorney, où vous devrez chercher des informations sur les réseaux sociaux (une sorte de Twitter/X), interroger des témoins, collecter des indices en faisant appel à vos pouvoirs, et faire des déductions pour résoudre des mystères. Ces moments de déduction sont particulièrement gratifiants lorsque vous avez réussi à regrouper tous les éléments correctement. Toutefois, pour ces phases, on notera que le titre exige que vous sélectionniez des phrases dans un certain ordre, alors qu’une autre « réponse », en inversant par exemple deux phrases, pourrait s’avérer correct également.
A noter que le titre ne se montre pas punitif, puisque vous ne serez jamais pénalisé pour vos éventuelles erreurs. Vous ne serez pas non plus bloqué dans la progression puisqu’en évoquant tous les sujets avec les témoins et en observant l’ensemble des éléments à l’écran, l’intrigue avancera d’elle-même.
Globalement, l’univers du jeu, bien qu’inspiré par des éléments occultes et paranormaux, s’apparente davantage à un thriller qu’à un pur jeu d’horreur. Il n’y aura pas de gros jump scare dans le titre. Tout repose essentiellement sur l’enquête et le contexte un peu creepy.
Red is dead
L’ambiance de Urban Myth Dissolution Center se distingue par deux côtés : tout d’abord son esthétique hyper attirante et mystérieuse en pixel art, qui met en opposition une palette de bleu avec des éclats de rouge qui contrastent et apportent une touche de tension. Les animations, notamment les expressions de visage, retranscrivent très bien les émotions, et l’ensemble de la direction artistique fonctionne parfaitement pour le titre sans jamais lasser. On se retrouve même parfois à contempler le design de certains screens comme on regarderait des pages de mangas.
Ensuite, par la qualité d’écriture des enquêtes et des dialogues en jeu. Les différents personnages, comme le directeur Ayumu Meguriya, savent garder une certaine mesure dans leurs interventions en restant discrets et mystérieux, tandis que le duo Azami et Jasmine abordera des sujets tantôt sérieux (harcèlement, meurtre, etc.), tantôt légers avec une pincée d’humour bienvenue. Les deux personnages sont radicalement différents, ce qui permettra d’aborder les enquêtes de deux points de vue, notamment sur l’utilisation des réseaux sociaux et d’internet (thématique sous-jacente assez bien menée de la part du développeur).
Certaines parties d’enquêtes sont parfois inégales : quand l’une sera teintée de longueur, une autre sera à contrario un peu rushée. Ce n’est pas un défaut appliqué à l’ensemble du jeu mais, avec un peu de recul, cela laisse un sentiment mitigé lorsque vous enchaînez les chapitres. Chose intéressante, les légendes urbaines abordées dans le titre sont reportées dans un petit carnet, accessible et fourmillant de détails, pour pouvoir s’y référer ou y revenir à loisir.
Le titre arrive à captiver de bout en bout sur une bonne dizaine d’heures grâce à son écriture. Le jeu est entièrement traduit en français mais vers la fin, quelques formulations sont parfois maladroites, ce qui n’affecte en rien l’expérience globale et l’immersion dans l’aventure. La musique, quant à elle, accompagne parfaitement l’atmosphère, avec des sons parfois perturbants qui accentuent le côté mystérieux, intrigant et parfois même oppressant du jeu.
Urban Myth Dissolution Center est disponible en français depuis le 12 février 2025 sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 17,49 euros.
Conclusion
Urban Myth Dissolution Center est une bonne pioche pour ceux qui cherchent une aventure narrative dans la lignée des Ace Attorney, mais avec des thématiques plus sombres et surnaturelles abordées. Le scénario et les personnages présents dans le jeu sont suffisamment bien écrits et intéressants pour vous tenir en haleine durant la totalité de l’aventure, et ce malgré des inégalités d’intensité et de traduction (notamment sur la fin). En revanche, le gameplay, assez basique et dont le schéma devient vite répétitif, peine à nous emballer sur la longueur. Visuellement, le titre a plus d’un tour dans son sac, entre une esthétique globale épurée mais réfléchie, et sa direction artistique qui viendra certainement titiller les fans des œuvres de Junji Ito ou de 20th Century Boys de Naoki Urasawa. Une bonne découverte indé qui vous propose non pas un jeu d’horreur bête et méchant mais plus une aventure narrative type thriller empreinte d’angoisse et d’une ambiance oppressante.
LES PLUS
- L’histoire est très bien écrite…
- La traduction française intégrale…
- L’écriture des personnages et des dialogues
- Un thème sous-jacent sur l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux assez intelligent
- Les thématiques abordées sont lourdes mais néanmoins parsemées d’humour et de légèreté
- Visuellement très travaillé et très joli
- Durée de vie honnête
- Les musiques collent parfaitement à l’ambiance
- Le jeu n’est jamais punitif
LES MOINS
- … mais avec quelques inégalités au travers des chapitres
- … mais un peu plus brouillonne en arrivant vers la fin
- Certains personnages peuvent être parfois un peu trop en surréaction ou exubérants
- Certaines phases de résolution d’enquête sont exigeantes pour rien
- Avec des doublages, le titre aurait été incroyable - juste pour pinailler -