Véritable relique d’une époque révolue, Tomb Raider IV-VI Remastered rassemble trois chapitres clés de la saga emblématique de Core Design, comme souvent modernisés par Aspyr pour les consoles modernes. Entre nostalgie et frustration, cette collection offre un voyage dans le temps, révélant autant les fulgurances géniales que les errements d’une série en quête constante de renouveau.
Incarnez Lara Croft dans trois aventures aux tonalités distinctes : exploration de tombes égyptiennes (The Last Revelation), récits anthologiques (Chronicles), et tentative de reboot sombre (The Angel of Darkness). Au programme : énigmes complexes, sauts périlleux, combats archaïques et immersion solitaire dans des décors labyrinthiques. Une formule qui a défini une époque du genre action-aventure, mais qui montre aujourd’hui des rides bien dessinées.
Vous le savez sûrement, Aspyr est un studio spécialisé dans la préservation du patrimoine vidéoludique. Entendre ici ; on prend du vieux et on en fait un remake pour faire de l’argent. Le studio signe ici un travail de remasterisation ambitieux et remarquable.
Après avoir redonné vie aux trois premiers Tomb Raider l’an dernier et à Soul Reaver en décembre avec Legacy of Kain Soul Reaver 1-2 Remastered, le studio texan s’attaque à une trilogie plus controversée, marquée à l’époque par l’essoufflement créatif de Core Design.
Leur défi ? Moderniser des jeux conçus pour les PlayStation 1 et 2, en préservant leur identité tout en les rendant accessibles aux exigences de gameplay de 2025. Un équilibre fragile, entre fidélité pour les puristes et adaptation pour un public moderne.
Des épisodes bien plus narratifs
The Last Revelation (Tomb Raider IV) :
Ce quatrième opus, sorti en 1999, est marqué par une ambiance plus sombre.
L’histoire commence en 1984, alors que Lara, adolescente, explore un temple au Cambodge sous la tutelle de Werner Von Croy, un archéologue ambitieux. Lors de cette expédition, Von Croy découvre un artefact mystérieux, mais l’expédition tourne mal et Lara doit fuir, abandonnant son mentor à un sort inconnu.
L’aventure principale reprend en 1999, en Égypte, où Lara recherche l’Amulette d’Horus dans la tombe de Seth, un ancien dieu maléfique. En retirant l’amulette de son sarcophage, elle libère accidentellement Seth, qui menace de plonger le monde dans les ténèbres éternelles.
Consciente de son erreur, Lara part en quête d’un moyen de refermer le tombeau pour emprisonner Seth à nouveau. Son voyage la mène à travers différents sites historiques et mystiques d’Égypte, notamment Karnak, Alexandrie, Gizeh et la Vallée des Rois. Elle découvre qu’elle doit invoquer Horus, le dieu rival de Seth, pour le sceller à nouveau. Pour cela, elle doit récupérer plusieurs reliques et objets sacrés nécessaires au rituel.
Cependant, Lara n’est pas seule : Von Croy, son ancien mentor, réapparaît, apparemment possédé par l’esprit de Seth. Il devient son principal antagoniste et tente de l’arrêter à tout prix.
Après une série de défis et d’énigmes complexes, Lara parvient à rassembler les artefacts et à activer un rituel permettant à Horus de combattre Seth. Mais au moment crucial, Von Croy intervient, sabotant ses efforts. Dans la panique, le temple commence à s’effondrer.
Alors que Lara tente de s’échapper, Von Croy lui tend la main pour l’aider à sortir des ruines. Mais, par défiance ou par fatalité, Lara ne saisit pas sa main, et elle disparaît dans les décombres du temple.
La scène finale montre Von Croy, troublé, quittant les lieux, laissant supposer que Lara est morte sous les gravats… ou peut-être pas.
Chronicles (Tomb Raider V) :
L’histoire commence à Croft Manor, où les amis et mentors de Lara – Winston Smith (son majordome), Werner Von Croy (son ancien mentor) et le Père Patrick Dunstan – se réunissent lors d’une cérémonie funéraire en l’honneur de Lara. Persuadés qu’elle est morte, ils évoquent quatre aventures méconnues de Lara à travers les années.
Rome – La Pierre Philosophale (avec Larson et Pierre)
Dans cette première histoire, Lara est à la recherche de la Pierre Philosophale, une relique qui aurait le pouvoir de transformer le plomb en or. Son aventure la mène à Rome, où elle doit affronter deux chasseurs de trésors bien connus : Pierre Dupont et Larson Conway.
Russie – La Lance du Destin (mission d’infiltration sur un sous-marin)
Dans cette aventure, Lara infiltre un sous-marin russe pour mettre la main sur la Lance du Destin, une relique supposée conférer une puissance divine à son détenteur. Elle doit affronter un dangereux mafieux, le commandant Sergei Mikhailov, qui convoite lui aussi l’artefact.
Irlande – L’île hantée (aventure de jeunesse)
Dans cette chronique, le Père Patrick Dunstan raconte une aventure que Lara a vécue adolescente, en Irlande. Elle se retrouve sur une île hantée, où elle doit affronter des fantômes, des créatures démoniaques et percer les mystères d’un ancien culte satanique. Contrairement aux autres niveaux du jeu, cette section est axée sur l’infiltration et l’exploration plutôt que sur le combat, car Lara ne porte aucune arme.
New York – Le Médaillon d’Horus (contre Sophia Leigh)
Dans cette dernière histoire, Lara s’introduit dans une tour ultra-moderne à New York, propriété de Sophia Leigh, une ennemie apparue dans Tomb Raider III. Elle cherche à récupérer un artefact rare, le Médaillon d’Horus, caché dans les laboratoires de Sophia.
Après avoir raconté ces histoires, la scène finale nous ramène en Égypte, où Werner Von Croy est montré en train de fouiller les ruines de la pyramide où Lara a disparu. Avec son équipe d’archéologues, il retrouve son sac à dos sous les décombres… ce qui laisse entendre que Lara pourrait être encore en vie.
The Angel of Darkness (Tomb Raider VI) :
Ce sixième opus devait être le début d’une trilogie, mais en raison de problèmes de développement et d’une réception mitigée, la suite prévue n’a jamais vu le jour.
L’histoire commence à Paris, où Lara se réveille, amnésique, et apprend qu’elle est accusée du meurtre de Werner Von Croy. Ce dernier a été assassiné dans son appartement, et toutes les preuves pointent vers Lara. Pourchassée par la police, elle doit découvrir la vérité et comprendre ce qui s’est réellement passé. En fouillant l’appartement de Von Croy, elle découvre qu’il enquêtait sur une société secrète, les Lux Veritatis, et sur un homme puissant et dangereux : Eckhardt, surnommé « Le Monstrum ». Ce criminel serait à la recherche de cinq Tablettes Obscures, qui lui permettraient de réveiller un pouvoir maléfique.
Authenticité préservée, modernité maladroite
Dans Tomb Raider IV-VI Remastered, on peut choisir entre les commandes classiques de type tank que l’on trouve dans les jeux originaux, ou un nouveau système de commande moderne inspiré des derniers opus de la série comme Tomb Raider Legend, Anniversary et Underworld (et similaire au système de commande moderne déjà utilisé dans Tomb Raider I-III Remastered Starring Lara Croft). Vous pouvez sélectionner vos contrôles préférés dans le menu de pause de chaque jeu, où vous trouverez également un schéma pour chaque style de commande.
Si les contrôles tank restent indispensables pour les sauts précis, le mode moderne facilite l’exploration, mais peine à s’adapter aux niveaux conçus pour une autre époque.
- The Last Revelation : Le meilleur de la trilogie. Ses énigmes basées sur la manipulation d’éléments (feu, sable, eau) et ses hubs interconnectés captivent, malgré un backtracking excessif.
- Chronicles : Inégal. Certains niveaux (comme le manoir hanté irlandais) brillent par leur inventivité, mais d’autres (Rome, le sous-marin) souffrent d’un design vide et de puzzles peu inspiré
- The Angel of Darkness : Malgré les nombreuses corrections d’Aspyr (restauration de pistolets doubles, ajout de boutiques), le jeu reste un enfer pavé de bonnes intentions (enquête, dialogues) et de mauvaises idées (contrôles lourds, collisions buggées).
On notera que chacun des jeux propose des amélioration dites « Qualité de vie ». Les sauvegardes rapides très utiles et les compteurs de munitions sont très utiles et appréciables.
La Nintendo Switch en Eldorado ?
Sur Nintendo Switch, les contrôles tank exigent une période d’adaptation, surtout en mode portable. Les boutons plus petits de la manette Joy-Con rendent les combinaisons (sauts latéraux, roulades) moins intuitives qu’avec une manette classique. Quant au mode moderne, bien que plus ergonomique, il transforme certains sauts en pari risqué, les niveaux n’étant pas conçus pour un déplacement libre.
Dans The Angel of Darkness, même remasterisé, Lara peine à escalader les obstacles, et les phases de furtivité sont mal calibrées. De plus, la gestion des armes, via des menus souvent ouverts, rompt le rythme d’un jeu d’action en 2025.
Aspyr a redonné un coup de jeune aux textures et modèles 3D, tout en permettant un basculement instantané entre visuels remasterisés et originaux. On notera avec plaisir une amélioration du côté des lumières qui sont plus dynamiques : Les rayons du soleil percent les tombes égyptiennes, et les torches projettent des ombres. Les hiéroglyphes et statues ont gagné en netteté, sans trahir l’esthétique low-poly d’origine.
Par contre, certains passages (comme les catacombes de Chronicles) deviennent illisibles en mode HD, obligeant à revenir aux graphismes vintages. Les environnements urbains de The Angel of Darkness (rues de Paris, appartements) manquent de vie, malgré les textures HD. De plus, les modèles PS2 retravaillés contrastent avec les décors beaucoup moins travaillés.
Les bandes-son originales, préservées, sont un mélange de mélodies orchestrales épiques (The Last Revelation) et d’ambiances électroniques lugubres (The Angel of Darkness). Les thèmes égyptiens de The Last Revelation restent mémorables, tandis que les bruitages (grincements de pierres, cliquetis d’armes) ont toujours un petit truc en plus qui nous fait plonger dans l’aventure.
Côté doublage, les voix anglaises d’époque sont conservées, avec des répliques cultes (« No ») et des dialogues rigides (Chronicles).
La durée de vie de chacun des trois jeux est variable. The Last Revelation offre entre 15 et 20 heures d’exploration, tandis que Chronicles se termine en 10 à 15 heures, selon la patience du joueur face à des niveaux moins inspirés. The Angel of Darkness, malgré ses défauts, propose de son côté une aventure durant entre 12 et 18 heures, oscillant entre frustration et fascination.
Pour les amateurs de rejouabilité, un mode New Game+ permet de redécouvrir l’expérience avec un nouveau regard, tandis que le mode Flyby Camera Maker offre aux plus créatifs l’opportunité d’expérimenter avec la mise en scène de cinématique et allonge la durée de vie en jouant avec la caméra et les environnements du jeu.
Tomb Raider IV-VI Remastered est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch.
Conclusion
Tomb Raider IV-VI Remastered est un paradoxe : il s’agit d’une collection à la fois passionnante et fortuite. Aspyr a accompli un travail remarquable de préservation, offrant aux joueurs la chance de (re)découvrir des jeux jadis critiqués, désormais jouables sans émulateur. Les ajouts techniques (graphismes HD, sauvegardes rapides) et le contenu restauré témoignent d’un respect authentique pour l’héritage de Lara Croft.nCependant, les faiblesses originelles ressurgissent : Chronicles manque toujours de cohérence, The Angel of Darkness reste un échec ambitieux, et même The Last Revelation pâtit d’un level design plat et répétitif.
LES PLUS
- Un lifting visuel réussi
- Alternance entre graphismes classiques et remasterisés
- Expérience complète
- Le gameplay original intact
- Ajout du New Game+ et du Flyby Camera
- Quelques ajustements de confort
LES MOINS
- Lourdeur des contrôles malgré la refonte
- Un The Angel of Darkness toujours bancal
- Pas de véritable refonte des cinématiques
- L’absence de contenu inédit
- Une difficulté old school parfois brutale
- Le menu principal ultra cheap
Le dernier niveau de Chronicles ??? Mais Sophia Leigh c’est dans Tomb Raider 3
le niveau en question dans Chronicles c’est l’infiltration de Von Croy Industries pour récupérer l’Iris
Merci pour la précision, je suis pas ultra obtus sur l’histoire 🙂
Quelques erreurs concernant le scénario dans l’article.
A noter qu’il est possible d’utiliser les commandes tank même en contrôle moderne juste en appuyant sur la touche « Regarder » ce qui permet d’ajuster la précision de ses sauts même dans ce mode.
Merci pour la précision, je suis pas ultra obtus sur l’histoire