Realpolitiks est un jeu de simulation géopolitique. Développé par les Polonais de Jujubee, il a atterri en 2017 sur Steam et en 2018 sur l’eShop de la Nintendo Switch. Depuis, le jeu traîne régulièrement dans les promotions à très bas prix, oscillant souvent entre deux et trois euros. De quoi se laisser tenter ?
Un jeu au gameplay complet
Realpolitiks est un jeu de simulation en temps réel autour de la géopolitique. Nous démarrons en 2018 (pour la campagne principale) avec le pays de notre choix, et notre objectif est de réussir à avoir le meilleur score en 2100.
Le gameplay est un peu complexe à prendre en main et il faudra quelques heures pour bien assimiler toutes les mécaniques du jeu. Si vous êtes allergiques des chiffres et des données dans les expériences vidéoludiques, nous vous conseillons de tourner les talons.
Globalement, il y a deux éléments clé à prendre en compte pour réussir à bien gérer son pays : le PIB et le nombre d’habitants. Le PIB, à travers les impôts, nous permet de gagner de l’argent.
Avec de l’argent, nous pouvons lancer des projets, agrandir notre armée (et notre arsenal nucléaire) ainsi que construire des bâtiments dans nos provinces.
Notre nombre d’habitants détermine nos points d’action. Comme l’argent, les points d’action nous permettent de lancer des projets, mais aussi d’espionner les adversaires, et d’inviter les autres pays à notre bourse.
Il faut aussi gérer trois paramètres qui ont l’air anodins de prime abord mais, qui impacteront grandement la partie : le contrôle personnel, l’interventionnisme et le militarisme.
Le contrôle personnel est la capacité à surveiller nos habitants. Avoir du contrôle permet d’assurer la stabilité politique du pays… mais mécontente la population.
L’interventionnisme représente globalement l’implication de l’état dans son économie. Un interventionnisme élevé entrave la croissance, mais donne des garanties en cas de crise. Inversement, un interventionnisme bas offre de belles possibilités économiques tout en rendant le pays financièrement instable.
Finalement, le militarisme nous permet de créer des armées de plus en plus grandes. Cependant, plus notre militarisme est haut, plus nous serons détestés des autres pays.
Réunis, ces trois critères définissent le régime politique de notre état. Notre gouvernant va-t-il être démocrate, autoritaire ou totalitaire ?
Un contenu plus que conséquent pour une durée de vie quasi-illimitée
La démocratie offre des avantages intéressants : elle permet d’avoir une économie florissante, d’être apprécié à l’étranger, mais aussi de rendre notre habitant heureux.
Cependant, elle nous limite très fortement sur les déclarations de guerre. Au contraire, un état totalitaire aura peut-être une économie défaillante, mais elle peut déclarer la guerre à tout-va sans trop se préoccuper de l’avis des autres.
Realpolitiks est rythmé par des événements réalistes (aléatoires ou non) qui interviendront pendant toute la partie. Côté international, les États-Unis seront confrontés à la question du Groenland et au nationalisme mexicain (qui souhaite récupérer les terres perdues en 1848).
La Turquie devra choisir entre la voie européenne et la voie arabe. L’Europe de l’Est sera confrontée aux envies russes de renouer avec l’URSS. Les pays africains, malgré leur retard économique, vont essayer de s’allier pour retrouver le devant de la scène, etc.
D’autres événements aléatoires, nous demanderons de choisir d’aider des pays (ou non), ou de prendre des décisions qui plairont à un pays, mais pas à un autre.
Côté événement interne, nous devrons faire face à des groupuscules terroristes, nous devrons gérer des problèmes d’espionnage industriel, lutter contre la fuite des cerveaux ou encore autoriser (ou non) la marche des fiertés. Chaque événement dans notre pays a des conséquences diverses et variées.
En plus de ça, il y aura aussi des « concours », où nous devrons régulièrement donner de l’argent et des points d’action afin de gagner des avantages non-négligeables. Nous devrons payer pour établir une province sur la Lune, organiser les Jeux Olympiques ou encore vaincre le cancer.
Ces concours sont indispensables pour gagner à terme la partie : nous pouvons régulièrement récupérer de nouvelles provinces, un boost de score ou même augmenter notre PIB !
Dans Realpolitiks, nous devons aussi gérer les relations internationales. La grande partie des conflits se résolvent par la guerre. Comme susmentionné, pour déclarer une guerre, tout dépend de votre régime.
Mais que votre pays soit un totalitarisme ou une démocratie, il faudra essayer à tout prix de ne pas trop augmenter notre jauge de bellicisme. Un pays belliqueux peut à la fois avoir des mesures restrictives de l’ONU et être détesté de tous les pays du monde.
Faire de la Bretagne le plus grand pays de tous les temps
Et quand vous êtes détestés, tout le monde se met à vous espionner et à vous mettre des bâtons dans les roues. Certains saboteront votre arsenal nucléaire, d’autres iront créer des dissensions dans notre peuple, certains trafiqueront notre bourse, etc.
Pour déclarer une guerre sans avoir trop de pénalité, il faudra attaquer des peuples avec la même culture ou alors utiliser nos espions afin de nationaliser leurs terres.
La guerre est plutôt simpliste. Nous avons quatre unités (infanterie, aviation, blindé, maritime) qui peuvent être améliorées grâce aux projets. Il y a plusieurs opérations militaires disponibles comme sécuriser le front, contrôler les aérodromes ou capturer les villes principales.
Chacune de ces actions est plus ou moins dangereuse pour nos unités et rapporte plus ou moins de points de victoire. Il faut un minimum de points de victoire pour imposer une résolution dans le traité de paix.
Nous pouvons par exemple démilitariser l’adversaire (diminuer de moitié ses troupes), clore sa bourse, libérer un de ses territoires (qui deviendra indépendant avec notre régime démocratique) ou encore annexer ses territoires. Annexer sa capitale coûte 100 % des points de victoire.
Avoir les points de victoire nécessaires pour une résolution ne veut cependant pas dire que l’adversaire va accepter la paix. Parfois, un adversaire se battra bec et ongles pour une province et il faudra atteindre les 100 % pour lui imposer notre traité de paix.
Addictif au possible…
Nous pourrions encore évoquer longuement toutes les subtilités du gameplay de Realpolitiks. Les projets permettent de changer la face d’un pays. Nous pouvons améliorer notre armée, notre économie, apporter du social dans notre politique ou encore créer une sorte d’ISS (SSI en français) afin de plaire au monde entier.
Il y a aussi l’ONU qui regroupe les pays les plus puissants et qui permet de faire passer des résolutions en notre faveur. Les blocs permettent de créer une sorte d’union de pays qui vont s’entraider économiquement et militairement.
Realpolitiks est un jeu vraiment complet qui offre un contenu conséquent pour tous les amateurs de géopolitique. Il promet des heures et des heures de réflexion afin de devenir le plus grand des pays.
Le jeu est addictif : une fois la partie commencée, il est quasiment impossible de s’arrêter. Il y aura toujours une guerre que nous voulons terminer, un projet à réaliser, une province à gagner…
Il est toujours aussi gratifiant de voir notre pays prospérer, de réussir à sauver une économie au bord de la faillite, de réduire une dette pourtant mal engagée…
La rejouabilité est énorme : chaque pays est différent, avec ses contraintes et ses avantages. Les États-Unis possèdent par exemple une économie prospère, mais qu’il est dur de partir en guerre contre ses voisins canadiens et mexicains !
La Chine est immense, peut englober facilement de nombreux pays (Taiwan, pour ne citer que lui), mais il se retrouve face à un problème démographique (politique de l’enfant unique) assez urgent à régler.
Si la victoire est plutôt simple avec les deux pays susmentionnés, certains sont bien plus complexes comme le Népal, coincé entre deux superpuissances.
En plus de la campagne principale, il existe deux autres modes : l’un dans lequel nous pouvons incarner un pays de notre choix après une fantasque troisième guerre mondiale (avec un ordre mondial recomposé), ou l’autre dans lequel chaque pays démarre avec un pied d’égalité.
Dans ce dernier mode, les pays ont été découpés et vous pourrez incarner la Bretagne et la Corse. Prêts à voir Douarnenez comme la mégalopole mondiale ?
Depuis sa sortie, le jeu est d’ailleurs très souvent en promotion, ce qui offre un ratio durée de vie / prix vraiment plus exceptionnel.
Realpolitiks est fourni avec le DLC New Power. Celui-ci rajoute les organisations non-gouvernementales qu’il faudra caresser dans le sens du poil. À titre personnel, nous trouvons que ce DLC casse le jeu et son rythme et fort heureusement nous pouvons le retirer des options.
… Mais un gameplay qui manque encore de profondeur
Il est aussi dommage que le jeu « oblige » le joueur à acheter son DLC. Le jeu sur Switch avec DLC coûte vingt-cinq euros là où la version sans DLC sur Steam ne coûte que quinze euros. Fort heureusement, le jeu est régulièrement en promotion à moins de cinq euros et nous vous conseillons d’attendre avant de vous laisser tenter.
Realpolitiks n’est pas parfait. Même si le gameplay est complet, il pêche dans son aspect stratégie. L’aspect diplomatique n’est pas développé et nous sommes obligés de faire la guerre en permanence afin de remporter la partie.
Les guerres s’intensifient même en fin de partie où nous essayons frontalement de conquérir nos rivaux afin de les arrêter, ce qui ne colle pas vraiment à la géopolitique mondiale où les conflits se traduisent parfois à coup d’ingérence, de rivalités scientifiques et de droits de douane.
Finalement, pour gagner encore plus de points d’action et d’argent, il suffit de récupérer des nouveaux territoires en permanence là où nous pourrions réellement faire grandir notre pays.
De plus, l’aspect militaire n’est pas très bien développé et rend le gameplay un peu répétitif. Il suffit d’améliorer l’efficacité de notre armée dans les projets ou d’avoir un grand nombre de troupes afin d’anéantir les petits états.
Il est aussi dommage que la difficulté soit bien trop relevée pour les pays « en bas de l’échelle ». Nous comprenons pourquoi certains pays ne peuvent pas devenir une superpuissance du jour au lendemain, mais nous aurions espéré un équilibrage mieux réussi pour s’amuser avec des pays comme le Bhoutan ou la Jamaïque.
Le problème est mineur, mais il y a beaucoup trop de messages pour nous informer de la situation dans le monde et nous sommes obligés de les ignorer. C’est dommage car au milieu de vingt-cinq informations inutiles, nous en manquons une ou deux qui pourrait nous intéresser.
Malgré tout, Realpolitiks reste un jeu sympathique, addictif, qui permet de s’amuser pendant de nombreuses dizaines d’heures.
Les graphismes ne sont pas très beaux : la plupart du jeu se déroule sur une carte du monde avec des menus remplis de chiffres. Cela fait pourtant le travail pour ce genre de jeu.
La bande-son est intéressante, mais elle devient très rapidement répétitive, surtout au vue de la durée de vie colossale du jeu. Nous avons fini à terme par la réduire au minimum.
Nous vous joignons de trente-huit minutes vous présentant le début d’une partie avec la Chine. Au moment de la vidéo, malgré notre expérience sur le jeu, nous avons réalisé quelques erreurs de débutant.
Conclusion
Realpolitiks est un jeu addictif au gameplay conséquent et complet qui nous permet de nous amuser avec la géopolitique mondiale. Si le jeu est parfois malgré tout limité dans son gameplay et que la plupart des conflits se résout dans le sang, nous avons un jeu qui peut vous promettre de belles dizaines d’heures de gestion géopolitique.
LES PLUS
- Un gameplay et un contenu conséquents
- La possibilité de jouer n’importe quel pays de la surface de la planète
- Trois campagnes offrant une énorme variété
- Une durée de vie colossale
- Addictif au possible
LES MOINS
- Un DLC pas génial mais obligatoire à l’achat
- Les conflits se résolvent trop souvent avec une guerre
- L’ONU n’est pas assez poussé
- La bande-son finit par devenir répétitive