Si le nom de Takaya Imamura ne vous dit rien, il s’agit en réalité d’un game designer, artiste et mangaka (entre autres) ayant créé des personnages et des univers de jeux emblématiques tels que Star Fox, F-Zero et The Legend of Zelda: Majora’s Mask. Omega 6: The Triangle Stars est son premier jeu depuis son départ de Nintendo début 2021. Développé par les studios Happymeal et Pleocene, et édité par Clear River Games en collaboration avec City Connection, ce titre est sorti sur Nintendo Switch le 28 février 2025 en Occident, quelques mois après sa sortie initiale au Japon le 25 juillet 2024.
Vers l’infini et au-delà !
Omega 6: The Triangle Stars est une adaptation du manga d’Imamura, Omega 6. Le titre nous plonge dans un futur lointain, très lointain, où les humains ont atteint une longévité exceptionnelle, pouvant vivre jusqu’à 400 ans grâce à d’importantes avancées technologiques. Cependant, cette tranquillité est bouleversée par l’apparition soudaine d’un trou de ver près de Mars, provoquant une migration massive d’extraterrestres et déstabilisant l’équilibre terrestre.
Pour sauver l’humanité, le Dr Victor Franklin conçoit deux humanoïdes, Thunder et Kyra, qu’il envoie à bord du vaisseau Omega 6 en quête d’une planète habitable. Leur mission, déjà loin d’être simple, comporte un second objectif : retrouver un trésor légendaire caché dans des ruines antiques, qui permettra de rembourser une dette contractée pour un prêt planétaire. Cette quête conduira nos deux comparses à explorer trois mondes : Impostar, une planète cosmopolite ; Igni, un astre au climat pour le moins chaleureux ; et Froslara, un univers glacial.
Le jeu prend la forme d’une aventure au style 16-bit, rappelant Shadowgate ou Famicom Detective Club. En haut de l’écran, une liste d’actions disponibles s’affiche en fonction du lieu où vous vous trouvez. Vous pourrez ainsi vous déplacer vers une autre zone, parler aux personnages présents ou examiner différents éléments du décor. D’autres options apparaîtront selon le contexte, comme faire des achats, combattre ou encore s’occuper d’un bonsaï à bord du vaisseau. Eh oui, le jardinage fonctionne aussi dans l’espace !
Le titre repose sur l’exploration des planètes, la rencontre de divers personnages et l’utilisation des indices qu’ils vous fournissent pour progresser. Parfois, un personnage vous indiquera simplement une destination, la débloquant ainsi sur votre carte, tandis que d’autres vous demanderont de récupérer un objet précis. Il arrive que l’on se retrouve bloqué sans savoir comment avancer, ce qui signifie généralement qu’on a omis de discuter d’un sujet particulier avec quelqu’un. Ce genre de situation peut s’avérer frustrant, car il faut alors revisiter plusieurs dialogues pour trouver ce qui a été manqué.
Un jeu riche en Omega 6 ?
Le duo d’androïdes que vous incarnez, Thunder et Kyra, fonctionne très bien. L’humour est omniprésent dans Omega 6. Chaque personnage est excentrique et loufoque, qu’il s’agisse de l’équipage du vaisseau et de leurs disputes régulières ou des extraterrestres croisés sur les trois planètes du jeu, chacun ayant sa petite réflexion désopilante. Les dialogues sont vifs et les échanges aiguisés, notamment avec vos concurrents chasseurs de trésors. L’histoire, l’univers et les personnages forment le cœur de cette aventure. Ce qui est impressionnant, c’est que chaque personnage rencontré est unique. Malgré plus d’une centaine de rencontres, vous ne dialoguez jamais avec un PNJ générique, mais toujours avec des personnalités distinctes et bien développées.
Omega 6 comporte cependant deux faiblesses structurelles. Tout d’abord, son système de combat. Basé sur les règles du pierre-feuille-ciseaux, les affrontements au tour par tour rappellent des jeux comme Alex Kidd ou Monster Hunter Stories. Chaque combattant dispose de cartes représentant pierre, feuille et ciseaux, et chaque personnage a une spécialité qui lui permet de voir combien de cartes adverses il peut contrer. Par exemple, si votre spécialité est “la pierre”, vous saurez combien de cartes « ciseaux » possède l’ennemi. Le combat repose donc sur une part de devinette et d’anticipation. Malheureusement, le facteur aléatoire est suffisamment présent pour que l’on puisse perdre un combat simplement par malchance, ce qui peut être frustrant.
Pour améliorer vos chances, vous pouvez utiliser votre bonsaï à bord du vaisseau. En trouvant différents nutriments, vous pouvez faire pousser des fruits spéciaux qui restaurent votre santé ou augmentent la puissance de vos attaques. Certains fruits sont même indispensables pour compléter certaines quêtes. Cependant, leur croissance prend du temps, ce qui oblige à planifier soigneusement leur utilisation. Bien que cette mécanique soit intéressante, elle ne compense pas totalement la faiblesse du système de combat.
Le second défaut du jeu réside dans son choix narratif. Si l’inspiration point’n click est pertinente, le couplage avec un système de combat statique et aléatoire alourdit l’expérience. L’aventure se déroule entièrement sur des écrans fixes, utilisant un système d’interaction basé sur des verbes d’action pour « explorer » et « interagir avec l’environnement ». Si cette approche évoque les jeux d’aventure des années 80 et 90, le fait que tant l’histoire que les combats restent figés ajoute une certaine lourdeur au jeu.
Omega 6 : The Triangle Stars est sorti le 28 février 2025 sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 24,99 euros, en français.
Conclusion
Omega 6: The Triangle Stars est un petit jeu porté par un grand talent. Il peut parfois sembler trop simpliste ou dépourvu de véritables défis, si ce n'est accumuler assez de crédits et trouver le bon écran au bon moment. Toutefois, il demeure une aventure charmante et hilarante. La progression de nos héros, explorant Impostar et ses planètes voisines tout en étant exploités par des bureaucrates véreux et rackettés par d'autres chasseurs de trésors, est plaisante et amusante. L'histoire suit une progression linéaire avec un léger aspect d'enquête ouverte. L'excellente écriture est sublimée par le style artistique emblématique d'Imamura et une bande-son fantastique. Bien que la progression puisse être entravée par un manque de clarté sur les actions à entreprendre, l'expérience reste majoritairement fun et attachante sur la dizaine d'heures nécessaire pour terminer l'aventure.
LES PLUS
- L’histoire simple mais très bien écrite
- La galerie de personnages, tous avec leurs propres dialogues bien ciselés
- L’humour omniprésent
- Un duo de personnages qui s’entend comme chien et chat
- Un design 2D cartoon qui fonctionne
- Un rappel des jeux old-school
- Les musiques sont superbes
- Un petit projet indé par un grand nom
LES MOINS
- Le point-and-click n’est pas pour tout le monde
- Parfois du backtracking lorsque l’on n’utilise pas la bonne interaction au bon moment
- Les combats Chifoumi reposant sur la chance
- Entre le système narratif et les combats, le jeu peut manquer d’un peu de dynamisme