Il s’est passé une véritable montagne russe d’émotions et d’informations pour les joueurs américains cette semaine. L’aventure a commencé avec la révélation en grande pompe de la Nintendo Switch 2, dans toute sa splendeur et avec un catalogue de jeux impressionnant, pour ensuite être assombrie par l’indignation du public face à son prix de 450 $ et à celui de Mario Kart Tour, affiché à 80 $. Et ce n’est pas tout : Nintendo a de nouveau surpris tout le monde en annonçant qu’il suspendrait les précommandes de la console aux États-Unis afin d’évaluer l’impact des nouveaux tarifs imposés de manière soudaine, massive et sans précédent par l’administration Trump sur presque tous les pays du monde.
Depuis plusieurs jours, les rumeurs et les fuites s’étaient multipliées autour de la Switch 2. Les fans, déjà très enthousiastes à l’idée de découvrir la prochaine génération de console hybride, avaient préparé leurs arguments et leurs attentes. L’annonce de la Switch 2, qui devait marquer une nouvelle ère avec ses fonctionnalités innovantes et son design épuré, semblait alors être le point culminant d’un long processus d’attente. La présentation officielle a captivé l’attention de milliers d’amateurs, mais elle n’a pas manqué de faire naître des interrogations, notamment en ce qui concerne le coût élevé de la console et des titres phares.
Dès l’annonce, le prix de 450 $ pour la version de base de la Nintendo Switch 2 a suscité des débats passionnés. Beaucoup ont estimé que ce tarif était bien supérieur à ce à quoi s’attendaient les consommateurs, surtout quand on y ajoute le coût de certains logiciels, comme Mario Kart Tour qui est affiché à 80 $. Pour certains fans, ce positionnement tarifaire représente une barrière financière à l’accès à une console qui, auparavant, était réputée pour son accessibilité et son côté convivial. La réaction sur les réseaux sociaux et dans les forums de discussion a été immédiate, oscillant entre l’excitation de découvrir la nouvelle console et la frustration face à des prix perçus comme excessifs.
Mais l’intrigue ne s’arrête pas là. Alors que les premières réactions commençaient à se stabiliser, un nouveau coup de théâtre est venu bouleverser la donne. Ce matin même, Nintendo a annoncé qu’il reportait le lancement des précommandes de la Switch 2 aux États-Unis. Selon la société, cette décision visait à prendre le temps d’évaluer l’impact des nouveaux tarifs imposés par l’administration Trump, tarifs qui touchent désormais pratiquement toutes les nations. Ces tarifs, d’une ampleur inédite, ont plongé l’industrie du jeu vidéo dans l’incertitude, et personne ne peut encore dire avec certitude comment ces mesures vont influencer les coûts de production, les marges bénéficiaires et, in fine, le prix final pour les consommateurs.
Pour comprendre l’ampleur de la situation, nous avons interrogé un panel d’analystes du secteur, dont les avis divergent, tout en étant unanimement unanimes sur le fait que la situation reste extrêmement chaotique et imprévisible. Chaque expert consulté a souligné l’incertitude ambiante et la rapidité des événements, qui rendent toute prédiction difficile, voire impossible.
Dr. Serkan Toto, PDG de Kantan Games, est l’un des premiers à s’exprimer sur le sujet. Il explique que, d’après ses estimations, « Nintendo prendra probablement quelques jours pour effectuer des simulations et ensuite annoncer des augmentations de prix, non seulement pour la console elle-même, mais aussi pour les jeux et accessoires. » Dr. Toto ajoute qu’en cas de maintien des tarifs élevés, il ne serait pas surprenant de voir la Switch 2 atteindre un prix d’environ 500 $ pour la version de base. « Pourquoi donc Nintendo n’a-t-elle pas attendu que les informations tarifaires américaines soient clarifiées avant de fixer le prix ? » s’exclame-t-il, dénonçant ce qu’il juge être une précipitation dans l’annonce initiale.
De son côté, Mat Piscatella, analyste principal chez Circana, partage un point de vue similaire. Il rappelle que « la largeur et la profondeur des tarifs ont surpris tout le monde, y compris Nintendo. » Selon Piscatella, Nintendo avait sans doute intégré dans ses hypothèses initiales des prévisions tarifaires qui se sont avérées largement sous-estimées. « Tous les acteurs qui dépendent de chaînes d’approvisionnement internationales vont devoir réévaluer leurs prix aux États-Unis. » affirme-t-il. Pour lui, si les tarifs s’avèrent être réellement aussi élevés que prévu, le marché américain pourrait bientôt connaître une augmentation généralisée des prix, plaçant Nintendo parmi les entreprises qui auront peu d’autre choix que de répercuter ces coûts sur les consommateurs.
Manu Rosier, directeur de l’analyse de marché chez Newzoo, apporte une perspective nuancée. Il pense que si les prix des consoles physiques augmentent, ceux des jeux numériques pourraient, eux, baisser afin de compenser l’augmentation des coûts de fabrication. « Les versions physiques des jeux sont probablement plus affectées par les tarifs, tandis que la domination croissante du numérique pourrait aider à maintenir des prix plus compétitifs dans ce segment, » explique Manu Rosier. Il souligne cependant que dans le cas du matériel, il est peu probable que Nintendo absorbe les coûts supplémentaires sans en répercuter une partie sur le prix de vente.
À l’opposé, Joost van Dreunen, professeur à la NYU Stern et auteur de SuperJoost Playlist, propose une lecture plus optimiste. Bien qu’il reconnaisse que l’augmentation de prix est envisageable en raison des tarifs élevés, il estime que Nintendo déploiera tous ses efforts pour éviter une hausse significative. « Je crois que la volatilité des tarifs avait déjà été prise en compte dans la tarification initiale de 449,99 $, » indique-t-il. Selon lui, même si des pressions économiques extérieures peuvent forcer un ajustement à long terme, la société aura tout intérêt à maintenir le prix annoncé lors du lancement pour préserver sa réputation et sa base de fans fidèles.
Piers Harding-Rolls, chercheur en jeux vidéo chez Ampere Analysis, se montre plus pessimiste. Pour lui, l’impact des tarifs sur les exportations vietnamiennes est une nouvelle particulièrement inquiétante pour Nintendo. « La société se retrouve dans une position difficile, ayant déjà annoncé son prix de lancement. » Piers Harding-Rolls prévient qu’une hausse de prix, si elle devait être mise en œuvre, pourrait nuire à la perception de la marque auprès des consommateurs américains, en particulier ceux qui n’ont pas la même fidélité que les fans de longue date. « Si le prix devait être réajusté, cela affecterait non seulement la confiance des consommateurs, mais aussi la capacité de Nintendo à maintenir son positionnement compétitif sur le marché, » explique-t-il.
Enfin, Rhys Elliott, analyste chez Alinea Analytics, offre une perspective plus globale en évoquant l’impact des tarifs sur l’ensemble de l’industrie du jeu vidéo. Il prédit une hausse des prix tant pour le matériel que pour les jeux physiques en raison de ces mesures protectionnistes. « Les tarifs imposés par l’administration Trump forcent les entreprises à adopter une approche ‘attendre et voir’, » déclare-t-il. Elliott rappelle que certaines entreprises, y compris Nintendo, pourraient essayer d’encourager l’achat de versions numériques plus abordables, mais il estime que, dans l’ensemble, les consommateurs devront faire face à des coûts supplémentaires qui pourraient réduire leur pouvoir d’achat dans un contexte économique déjà tendu.
Ces avis d’experts montrent à quel point la situation est complexe et instable. Aucun analyste n’est en mesure de prédire avec certitude la trajectoire que prendra Nintendo dans les semaines et les mois à venir. Les tarifs, dans leur caractère imprévisible, semblent imposer un climat de grande incertitude qui force les entreprises à revoir leurs stratégies de tarification en temps réel. Ce contexte exceptionnel met en lumière l’interconnexion entre les politiques commerciales internationales et le marché du jeu vidéo, et révèle à quel point des décisions politiques peuvent avoir un impact direct sur le consommateur final.
La bonne idée Duolingo
Parallèlement, Duolingo, l’application d’apprentissage des langues, a lancé une pique humoristique en invitant « les gamers à apprendre le japonais pour économiser 133 $ ! ». Cette blague fait référence à la version « domestique uniquement » de la Switch 2, qui sera vendue au Japon pour environ 49 980 ¥ (environ 340 $) et sera verrouillée sur la langue japonaise. Duolingo, connu pour ses mèmes percutants, profite de la différence de tarifs pour taquiner Nintendo.
Les Conséquences pour Nintendo et le Marché Américain
La décision de suspendre les précommandes aux États-Unis est interprétée par certains comme une stratégie prudente visant à attendre de voir comment évolueront les tarifs avant de confirmer définitivement les prix. Pour les consommateurs, cette suspension est une source d’inquiétude supplémentaire. Après des mois d’attente et d’enthousiasme, les fans de Nintendo se retrouvent maintenant dans l’incertitude, se demandant si le prix initialement annoncé sera maintenu ou s’il devra être revu à la hausse. Cette situation pourrait également impacter la confiance des consommateurs dans la capacité de Nintendo à offrir des produits à un prix raisonnable dans un marché déjà fortement concurrentiel.
Les conséquences de cette incertitude ne se limitent pas uniquement à la console elle-même. Le prix des jeux et des accessoires, ainsi que la stratégie globale de lancement, pourraient être révisés en fonction de l’évolution du contexte tarifaire. Certains analystes pensent que si Nintendo est contraint de répercuter ces coûts supplémentaires, cela pourrait entraîner une hausse généralisée des prix dans le secteur du jeu vidéo aux États-Unis. Ce phénomène, qui a déjà été observé dans d’autres secteurs affectés par des politiques protectionnistes, risque de modifier durablement le paysage économique du marché américain du jeu vidéo.
Pour Nintendo, l’enjeu est d’autant plus crucial qu’il s’agit de préserver une image de marque qui, jusqu’à présent, a été synonyme d’accessibilité et de plaisir familial. Une hausse trop brutale des prix pourrait non seulement aliéner une partie de ses consommateurs fidèles, mais aussi détourner un segment plus large de clients potentiels qui se montrent particulièrement sensibles aux variations de prix dans un contexte de crise économique. Cette perception négative pourrait avoir des répercussions à long terme sur la position de Nintendo sur le marché, notamment lors de futures saisons de fêtes ou de lancements de nouveaux produits.