En 2020, le studio indépendant britannique Kaizen Games Works avait surpris son monde en sortant son premier jeu, Paradise Killer, une expérience unique à mi-chemin entre l’exploration, le jeu d’enquête et le visual novel. Il a fallu cinq ans pour que les développeurs nous proposent leur deuxième création, Promise Mascot Agency. Le jeu est disponible sur l’eShop (australien) au prix d’environ de vingt euros le 10 avril 2025. Est-ce que ce deuxième titre du studio est réussi ?
Avant-propos : Malgré le concept très mignon du titre, nous précisons que Promise Mascot Agency est réservé à un public adulte. Les thèmes abordés (violence, sexe, drogue), bien que traités avec humour, ne sont pas à mettre dans les mains d’un enfant.
Un yakuza qui cherche la rédemption avec des mascottes kawaii
Japon. Dans un monde où les humains cohabitent avec les mascottes, nous incarnons Michi, alias « le Nettoyeur », un homme de main de la famille yakuza Shimazu. Avec son frère par serment, Toki, ils doivent livrer douze milliards de yen (environ 74 millions d’euros) à une famille rivale afin de conclure la transaction du siècle. Cependant, le duo se fait intercepter en plein chemin par un autre clan qui leur vole l’intégralité de la somme…
En théorie, selon les règles traditionnelles des yakuzas, Michi devrait se faire hara-kiri pour laver son affront. Néanmoins la matriache de la famille a un autre plan pour lui. Elle décide de le faire passer pour mort et de l’amener à Kaso-Machi, une ville miteuse afin… de gérer une agence de mascottes !
L’argent qu’il générera avec ces mascottes permettra de rembourser sa dette. Sauf que bien sûr, à son arrivée, rien ne se passe comme prévu. Déjà, nous apprenons que la ville de Kaso-Machi est réputée pour être maudite : elle tuerait tous les yakuzas qui resteraient trop longtemps sur ses terres !
Et en plus quand nous arrivons à l’agence, nous découvrons que celle-ci, sous l’égide de Pinky, une mascotte qui a visiblement quelques petits problèmes de gestion de la colère, a été transformée en love hotel ! La route va être longue, très longue afin de rembourser nos douze milliards de yens.
Promise Mascot Agency est un jeu d’exploration et de visual novel avec quelques éléments de gestion, de RPG et de collectathons (avec un peu de jeu de cartes). La grande majorité de l’expérience se passe dans notre camionnette où nous allons arpenter les rues de Kaso-Machi afin à la fois d’enquêter sur les causes qui nous ont amenés à l’exil, sur les agissements douteux du maire, mais aussi afin de gérer l’agence de mascotte.
Un gameplay conséquent qui offre énormément de liberté
Il y a plusieurs façons de gagner de l’argent (et de rembourser notre dette) dans Promise Mascot Agency. La première, la plus simple, est d’envoyer nos mascottes en mission. Une nouvelle librairie vient d’ouvrir ? Pas de problème, une mascotte viendra faire l’animation.
Chaque mission nécessite une mascotte spécifique. Pour animer une mission dans le tunnel hanté, il est préférable d’avoir une mascotte effrayante. Pour une animation dans un sex shop, envoyer nos employés les plus lubriques est souvent le choix le plus judicieux.
Ces spécificités n’ont aucune incidence sur la réussite de la quête (une mascotte gourmande a le même taux de réussite qu’une effrayante dans le tunnel hanté), cependant, nous obtenons un bonus sur notre paie si nous sélectionnons les bonnes mascottes pour les bons évènements.
Les missions sont « automatiques ». La plupart du temps, une fois la mascotte envoyée, nous n’avons plus qu’à attendre quelques heures pour être payé. Mais parfois les choses ne se déroulent pas comme prévu et notre mascotte a besoin d’aide (lorsqu’un harceleur vient gêner son spectacle, par exemple).
Se déroule alors un mini-jeu de cartes très simple dans lequel, dans un temps limité, nous devons réussir à jouer les bonnes cartes « héros de soutien » (nous reviendrons dessus plus tard) au bon moment afin d’apporter une solution. Aider notre mascotte est facultatif mais nous permet de gagner plus d’argent à chaque mission.
Nous démarrons avec une seule mascotte mais nous allons en recruter une vingtaine tout au long de l’aventure. Chaque mascotte a sa propre personnalité et sa propre histoire : nous allons aussi bien rencontrer une glace coulis fraise qui est persuadée d’être un vampire qu’un couple de mascottes qui arnaque les hommes en manque d’amour pour payer leurs dépenses.
Il faudra négocier âprement avec chaque futur employé afin de le faire venir dans notre entreprise. Allons-nous leur donner un pourcentage sur ses missions ? Des jours de repos ? Une prime toutes les X missions ? Bien payer une mascotte est indispensable afin de la rendre heureuse (le bonheur influant sur la qualité du travail).
Chaque mascotte peut être améliorée trois fois. Les améliorations renforcent notre employé mais nous permet aussi de l’aider à accomplir son rêve.
Un scénario généreux en contenu
Dans Promise Mascot Agency, il y a aussi énormément de personnages à rencontrer qui ont chacun leur propre personnalité et leur propre histoire.
Nous pouvons citer José, le mécanicien amateur d’histoires occultes, Endo, l’entrepreneur qui est en permanence au téléphone avec sa femme ou encore Peaches, la fermière streameuse (pour ne citer qu’eux).
Les personnages ont tous une quête annexe qui consiste à trouver (ou interagir avec) des objets aux quatre coins de la carte. Par exemple, José aimerait beaucoup qu’on lui trouve les carnets d’une spécialiste paranormale qui a vécu dans la ville. M. Mori, le chef de gare, aimerait qu’on récupère tous les chats errants alors que Kannushi-Kun, le prêtre, souhaiterait qu’on nettoie tous les sanctuaires.
Toutes ces quêtes annexes permettent d’en connaître un peu plus sur les personnages mais permettent aussi de renforcer nos cartes « héros de soutien », ces cartes susmentionnées pour aider nos mascottes en cas de pépin. Quasiment tous les personnages que nous rencontrons deviennent des héros de soutien pour nos employés.
Pour ne pas gâcher tout le plaisir de la découverte qui est au cœur du gameplay, nous arrêtons cet inventaire ici. Notez cependant qu’il y a plein d’autres choses à découvrir (mais aussi à collecter au fil de l’aventure) qui permettront, pour ne citer qu’eux, d’améliorer notre camionnette (qui pourra notamment voler !) ou d’avoir des produits dérivés (car nous n’avons cité qu’une seule façon de gagner de l’argent !).
Promise Mascot Agency est un très bon jeu qui a réussi à mélanger énormément de choses avec succès. Le gameplay n’est pas révolutionnaire… mais collecter tous les objets indiqués sur la carte est très addictif et réussit à nous embarquer dans une aventure narrative soignée au scénario généreux.
Nous aimons découvrir la vie de chaque personnage, de chaque mascotte, comprendre d’où elle vient, ce qu’elle veut, et ce qu’elle va devenir. Nous adorons d’ailleurs Pinky, notre acolyte, avec ses accès de colère incontrôlés qui l’empêchent d’exercer en tant que mascotte.
L’ambiance générale est d’ailleurs très réussie, avec un côté décalé et un humour convaincant au milieu de cette histoire assez sombre de yakuzas (sans rien divulgâcher).
Une progression bien dosée…
Le gameplay est parfaitement dosé au fil de l’aventure pour que celui-ci se renouvelle presque en permanence. Nous avons apprécié aussi la liberté donnée par les développeurs aux joueurs, leur permettant d’explorer à leur guise l’immense carte en fonction de leurs envies.
Même si la maniabilité de la camionnette peut paraître un peu abrupte de prime abord, nous finissons par apprécier toutes les balades aux quatre coins de la carte, surtout une fois que nous avons débloqué toutes les options sur le véhicule.
Le jeu n’est pas très difficile, et si certains objets sont plus compliqués à récupérer (en hauteur, coin étroit), nous avons pris un réel plaisir à tous les débusquer.
Malgré la quantité dantesque de texte dans Promise Mascot Agency, la traduction et la localisation sont d’ailleurs irréprochables, réussissant à transmettre parfaitement l’univers très « japonais » de ce jeu britannique.
C’est aussi un jeu idéal pour de courtes sessions, pour se reposer tranquillement dans les rues de Kaso-Machi tout en récupérant de nouveaux objets à droite à gauche.
Promise Mascot Agency n’est malheureusement pas parfait. Ironiquement, le jeu pêche… par sa générosité ! En termes de narration, les développeurs offrent tellement d’histoires avec des personnages si nombreux qu’à force… nous n’arrivons pas à tout assimiler. Il manque un menu qui nous aurait permis de résumer précisément l’histoire de chaque mascotte.
L’histoire, même si elle est de qualité et se suit sans problème… est assez prévisible. Dramaturgiquement, les scénaristes n’ont pas assez bien exploité les fausses pistes afin de les rendre crédibles. Il est toujours dommageable et moins percutant de connaître les tenants et les aboutissants d’un récit avant le climax, même si nous avons malgré tout passé un bon moment.
… Mais un gameplay parfois trop répétitif
Même si le gameplay est de qualité, le jeu est parfois trop répétitif, pouvant lasser le joueur avant la fin de l’aventure. Certains passages sont même peu captivants et auraient pu être améliorés comme toute la partie « produits dérivés ».
Ce n’est forcément pas un défaut, mais Promise Mascot Agency, avec sa quantité très importante de textes à lire, dans une histoire non linéaire (dans le sens où, en plus de l’intrigue principale, nous suivons une multitude de petits récits) peut fatiguer l’esprit, même pour des lecteurs assidus comme nous. C’est encore une fois un jeu que nous vous recommandons sur de courtes sessions.
La durée de vie du jeu est conséquente. Les moins investis pourront terminer l’aventure en une dizaine d’heures alors que ceux qui veulent chercher tous les objets comme nous pourront aller facilement à plus de vingt heures. Le jeu est tactile, ce qui n’apporte cependant pas grand-chose à l’expérience.
La patte graphique est très intéressante, avec un style mature réussi, le tout dans une carte du monde détaillée plutôt grande avec presque aucun temps de chargement.
Les graphismes lors des dialogues sont assez étonnants, avec un mélange de 3D en arrière-plan combiné à des sprites plus classiques des visual novels en 2D qui perturbent au début… mais que nous finissons par apprécier. Le jeu possède son propre univers qui est très agréable à découvrir.
Notons cependant que même si le jeu est visuellement réussi, même en mode docké, nous avons un downgrade évident sur la Nintendo Switch qui pourrait rebuter une partie du public avec certains lieux pixelisés.
La bande-son oscille entre le calme, l’énergique et des choses plus dissonantes ce qui crée un ensemble à la fois hétéroclite mais cohérent. Les musiques très « Nô » des sanctuaires et de certains passages pourront là encore refroidir certains joueurs, même si cela ne change rien à la qualité du titre sur ce point.
Les dialogues sont quasiment tous doublés en japonais, ce qui apporte forcément un plus et nous permet une immersion totale dans le récit.
Nous vous joignons une vidéo d’une heure de gameplay non commenté réalisée un tout petit peu après le début de l’histoire, au moment où nous rencontrons le maire de la ville pour la première fois afin de récupérer notre licence pour exercer notre activité professionnelle, afin que vous puissiez voir si le titre vous intéresse.
Conclusion
Promise Mascot Agency est un superbe jeu qui mélange exploration, visual novel, RPG, et plein d’autres choses. Avec un univers particulier et mature, les développeurs arrivent à nous embarquer dans cette histoire de yakuza qui gère une agence de mascottes toutes mignonnes pour régler une importante dette. Malgré quelques défauts (comme sa répétitivité), c’est un jeu généreux que nous vous recommandons sans problème (à condition que lire dans un jeu ne vous dérange pas).
LES PLUS
- Un jeu unique, à l’univers singulier
- Une histoire généreuse en termes de personnages et de contenu
- De l’humour, de l’étrange et de l’exploration
- Traduction et localisation impeccables
- Doublé en japonais
- Une durée de vie conséquente
- Un gameplay « collectathon » addictif
- Vive Pinky !
LES MOINS
- Tellement généreux dans l’écriture que nous oublions certains personnages
- Certains points de gameplay répétitifs
- Une bande-son parfois très “Nô” qui peut perturber les moins avertis
- Une histoire un peu prévisible
- Un downgrade évident sur Nintendo Switch