Vous prenez un grand shaker et vous y ajoutez une grosse dose de Zelda: Breath of the Wild, une pincée de Sonic Frontiers, un peu de SSX, et vous servez ça à la sauce rock 80’s, vous obtenez le jeu Star Overdrive, un jeu développé par le petit studio italien Caracal Games et édité par les Frenchies de Dear Villagers. Voyons si le jeu pourra trouver sa place et surtout sa propre identité. Let’s rock !
Star Overdrive Nintendo Switch
- Silver Lining Interactive
- Price38,66 €(at 2025/04/23 14:41)
- Publication Date2025/04/10
- SalesRank#1,683
En Terre in-connu
Le jeu prend place dans un vaisseau parcourant l’espace, où vous découvrez notre héros, le jeune Bios, avec sa coupe de cheveux à faire pâlir Desireless, en train de jouer à la console lorsqu’il reçoit un message de détresse provenant de sa petite amie, Nous. Elle semble en danger, prise au piège sur une planète en proie à d’étranges événements et disparitions. La mission de base est donc simple : essayer de la retrouver pour l’exfiltrer. À l’approche de la planète Cebette, un rayon frappe votre vaisseau et provoque un crash. Bios s’en tire sans trop d’égratignures et regroupe quelques affaires parmi les débris avant de partir à l’aventure sur les terres désolées de la planète, à la recherche d’éléments et d’informations pour retrouver sa copine.
Voilà pour les bases de l’histoire, qui sera racontée en suivant les points d’exclamation sur la carte afin de faire avancer le scénario. Mais pas uniquement, puisque vous pourrez ramasser des cassettes audio sur votre chemin, qui viendront enrichir le lore du jeu, à condition d’explorer un minimum votre environnement. Le jeu vous fera parcourir une carte de 170 km², morcelée en régions en monde ouvert, composée de quatre biomes, dans lesquels vous devrez répéter sensiblement les mêmes mécaniques pour progresser dans l’histoire. L’idée est de trouver une tour nécessitant d’être alimentée en énergie, énergie qu’il vous faudra débloquer par différents moyens (puzzle, plateforme, activation de leviers…) afin d’obtenir une visibilité sur la zone où vous vous trouvez. Vous pourrez alors observer la présence de sanctuaires… hum… pardon, de mines, dans lesquelles vous devrez résoudre des puzzles pour obtenir des points d’amélioration pour votre personnage et/ou des pouvoirs additionnels.
Monde ouvert, régions, tours, exploration, sanctuaires, puzzles, pouvoirs… Tout ceci ressemble fortement à un certain Zelda: Breath of the Wild, direz-vous ! Eh bien oui, totalement, et encore, nous n’en sommes qu’au début. Il va être très difficile de ne pas tomber dans un pur comparatif, puisque la petite équipe qui a développé le titre a elle-même revendiqué son amour pour Zelda: BotW/TotK. Pour autant, si l’objectif de ce test n’est absolument pas de comparer une grosse production vidéoludique d’un géant comme Nintendo avec celle d’un studio indépendant comportant une équipe de moins de 20 personnes, nous devrons tout de même mettre en lumière les nombreuses similitudes entre les deux, pour le meilleur ou pour le pire. Caracal Games a d’ailleurs orienté toute sa communication sur le fait qu’ils s’étaient fortement inspirés de BotW pour créer leur jeu et qu’ils voulaient offrir une expérience identique.
Donc, vous l’aurez compris, Star Overdrive repose sur des bases familières. Mais même si les mécaniques du jeu sont similaires — y compris dans les pouvoirs du personnage (aimant pour déplacer des objets, création de plateformes, etc.) — à celles présentes dans les derniers Zelda, il subsiste quelques différences notables et ajouts. Le gameplay est plutôt simple et la prise en main rapide. Le personnage sait marcher (pas très vite), sauter (pas très haut), faire des roulades (bien plus rapide que la marche), et se battre en donnant des coups de keytar (une guitare-clavier laser typée années 80, qui produit un son vintage très agaçant et beaucoup trop fort, sur la durée). Le héros peut (et doit) aussi se déplacer avec un hoverboard customisable, qui constitue d’ailleurs le cœur du gameplay et de l’identité du jeu. En effet, votre planche de surf volante sera votre meilleure alliée durant les 15 heures nécessaires pour compléter la trame principale. La planche est entièrement personnalisable, même visuellement avec des motifs et teintures. Vous ramasserez des collectibles çà et là, que vous pourrez transformer dans des ateliers en matériaux d’amélioration pour votre hoverboard. Saut, vitesse, boost, maniabilité… autant de statistiques que vous pourrez perfectionner pour voyager plus rapidement et confortablement.
Le déplacement en hoverboard n’est pas une option dans le jeu, mais bien son élément central. Tout d’abord parce que votre héros est tellement lent que marcher est un véritable calvaire. L’option de course est une amélioration à débloquer dans l’arbre des talents du personnage, et sans cela, votre seule alternative est de spammer la touche de roulade pour espérer aller plus vite. Donc fatalement, vous devez utiliser l’hoverboard. Heureusement, le studio a plutôt bien réalisé cette mécanique, et à quelques exceptions près — où vous êtes considérablement ralenti par certains éléments de l’environnement —, ça fonctionne. Faire un maximum de tricks dans les airs vous fera gagner en vitesse et rechargera votre jauge d’endurance par la même occasion.
Le jeu propose également un arbre des talents, permettant cette fois-ci d’améliorer votre personnage. Il reste très classique : une branche pour l’endurance (afin d’utiliser plus régulièrement les pouvoirs), une pour la défense (afin d’encaisser les coups des monstres), et une pour la puissance de vos attaques avec la keytar. À l’intérieur, vous trouverez quelques améliorations supplémentaires, mais rien de spécialement innovant ou surprenant, comme augmenter le nombre de collectibles ramassés, par exemple.
Star Overdrive propose aussi une variété d’activités annexes, telles que des courses de vitesse, des coffres à trouver, des teintures et motifs à collectionner pour votre planche de surf favorite, et d’autres défis encourageant l’exploration. Pour atteindre les 100 % du jeu, comptez environ 30 à 35 heures de jeu, ce qui est une durée de vie plutôt correcte.
Star Overdose
Caracal Games voulait créer un jeu centré sur la mécanique de déplacement de Link lorsqu’il surfe sur son bouclier en dévalant les pentes dans Zelda. Mais bâtir un jeu entier sur cette seule mécanique — intéressante, mais au final anecdotique dans tout ce que peut être Breath of the Wild — est peut-être le plus gros problème du titre. Tout le reste oscille entre simple copie et contenu bâclé… à l’exception de la musique, mais nous y reviendrons.
Nous le redisons, Star Overdrive est le fruit du travail d’une petite équipe et d’une production indépendante. Créer un jeu en monde ouvert visant le AA est déjà une ambition folle, mais ce qui est encore plus impressionnant, c’est que le studio a presque réussi son pari. Presque… car il s’est perdu en chemin. Le monde qu’ils ont imaginé est plutôt coloré, mais il manque cruellement de personnalité. L’ensemble est tristement vide et dépourvu de véritables points d’intérêt. La présence de monstres est souvent le seul indice qu’il y a quelque chose à faire. Sinon, le décor ne sert qu’à offrir des pistes de course pour enchaîner des tricks… qui ne rapportent absolument rien. On évolue donc dans des environnements immenses mais désespérément creux, sans la moindre ambiance sonore. Les musiques ne se déclenchent que lorsque des ennemis sont à proximité, et c’est franchement dommage, car elles sont excellentes ! Dynamiques, bien construites, elles insufflent du rythme aux affrontements. Mais elles sont trop fugaces et beaucoup trop absentes le reste du temps.
Le choix du cel-shading est pertinent, autant pour alléger les ressources nécessaires sur console que pour garantir une esthétique intemporelle. Pourtant, le game design manque d’ambition et d’inventivité. Les personnages sont peu charismatiques, et nous avons eu du mal à nous attacher aux protagonistes. L’histoire, bien que simple dans ses ambitions, ne nous a pas vraiment captivés. Cela dit, le titre reste fluide dans son ensemble avec un 30 FPS quasi constant. Les ralentissements sont rares, mais vous devrez composer avec du clipping, de l’aliasing et des textures souvent floues et baveuses. Dès les premières minutes de jeu, vous tomberez sur des rochers aux textures hideuses qui annoncent la couleur.
Nous l’avons déjà mentionné, mais les déplacements hors hoverboard sont trop lents. Même après avoir débloqué la course, celle-ci reste peu pratique et n’améliore pas vraiment la situation, si bien que la bonne vieille roulade devient souvent l’option la plus viable. Quant aux combats, ils reposent sur deux touches : une pour attaquer (simplement ou en maintenant le bouton pour charger un coup) et une pour la roulade d’esquive. Heureusement, vos pouvoirs seront vos meilleurs alliés pour infliger des dégâts ou perturber vos adversaires. Sans cela, entre l’absence de ciblage et le fait que le moindre coup reçu vous envoie au tapis, vous risquez de vite mordre la poussière.
D’ailleurs, le héros passe son temps à tomber au sol au moindre choc. Une roulade trop proche d’un mur ? Bios s’effondre comme un enfant faisant ses premiers pas. Même sur son hoverboard, il arrive parfois qu’il chute, et certains revêtements (fer, eau…) ou certaines pentes provoquent des ralentissements bien trop marqués, cassant totalement l’impression de vitesse.
Concernant la mise en scène du jeu, difficile de ne pas remarquer une énième ressemblance avec Zelda. La scène d’ouverture après le crash reprend exactement les mêmes codes et mouvements de caméra que Breath of the Wild. Pire encore, l’écran-titre est présenté de manière identique, tout comme l’écran de Game Over, jusque dans le choix de la police d’écriture. Certains bruitages et même certains objets du décor ou animations rappellent constamment Zelda.
Nous pourrions continuer encore longtemps, mais à ce stade, la liste des ressemblances devient peu constructive. Avant de conclure, il est important de préciser que Star Overdrive n’est pas un mauvais jeu en soi. Cependant, à force de vouloir copier un grand nom du jeu vidéo dans les moindres détails, il se perd et aurait gagné à être plus travaillé dans ses différences plutôt que dans ses similitudes avec Zelda. Reprendre la formule d’un BotW-like et le revendiquer ouvertement est un défi immense et audacieux, surtout pour une petite équipe. Malheureusement, en assumant pleinement cette inspiration, le jeu s’expose inévitablement à la comparaison… et en souffre. Star Overdrive est un beau projet, agréable à parcourir pour la partie hoverboard, mais l’ensemble manque d’originalité et de profondeur. À vouloir trop s’inspirer d’un chef-d’œuvre, il oublie de forger sa propre identité.
Star Overdrive sort en exclusivité sur Nintendo Switch le 10/04/2025. Il est disponible à cette date sur l’eShop au prix de 34,99 euros, en français, et en Deluxe Edition au prix de 39,99 euros.
Conclusion
Star Overdrive est un projet ambitieux du petit studio Caracal Games, qui a malheureusement souffert d’une communication trop axée sur son amour pour un autre jeu bien plus grand, dont il revendique presque toute l’identité. Peut-être que s’il était sorti plus discrètement, il aurait pu convaincre autrement, mais à force de mettre en avant son inspiration, le studio semble s’être tiré une balle dans le pied. Cela dit, le jeu offre une expérience plaisante en matière d’exploration en hoverboard, avec une véritable sensation de vitesse. La personnalisation et la maniabilité de votre planche constituent le point fort du titre, tout comme sa bande-son réussie. Malheureusement, les autres aspects du jeu sont bien trop génériques et sans âme pour marquer les esprits. Il n’aurait pas fallu grand-chose pour que Star Overdrive devienne une vraie bonne surprise. Mais en cherchant trop à ressembler à Zelda: Breath of the Wild, il s’enferme dans ses similitudes, là où une véritable émancipation et plus d’originalité auraient été bien plus appréciables.
LES PLUS
- Les cassettes à ramasser pour découvrir le lore
- Les déplacements en hoverboard
- La customisation et amélioration complète de sa planche
- Les musiques sont vraiment bonnes
- Une durée de vie confortable, surtout pour le 100%
- En français
LES MOINS
- L’histoire est insipide
- Trop de similitudes à Zelda BotW
- L’univers est vide
- Le système de combat n’est pas assez maîtrisé
- Certains bruitages sont rapidement agaçants
- Pas d’ambiance sonore hors musiques
- Du clipping, de l’aliasing et de la texture grossière et baveuse en stock
- Un chara-design peu inspiré