Sur Switch, le terrain reste toujours propice aux jeux indépendants et au multijoueur local. Et Kemono Heroes, petite production des Espagnols de Mad Gear Games, en est la preuve : un jeu d’action-plateformes en side-scrolling, mâtiné de run’n gun, dans une ambiance japonisante pleine de yōkais. Le titre est-il taillé pour les soirées entre amis autant qu’en solo ? Que vaut-il une fois manette en main ? L’expérience est-elle aussi fun qu’elle en a l’air ? Spoiler alert : pas toujours !
Quatre héros, une mission : taper du yōkai
L’histoire tient en une ligne : le Moon God transforme les habitants de la forêt en pierre. Quatre maîtres ninjas à l’apparence animale doivent alors se frayer un chemin jusqu’au mont Fuji pour briser le sort et sauver le monde. Chacun des personnages possède un pouvoir personnel : le renard Fudemaru dispose de la capacité de se transformer en ennemi, la chatte Miyuki peut escalader les parois façon Knuckles, le singe Yu peut se suspendre aux cordes, et la mignonne petite écureuil Hanako a la possibilité de planer dans les airs.
Sur le papier, c’est sympa. En pratique, un peu gadget. Le jeu ne vous explique pas leurs différences lors de la sélection des personnages, donc il faudra expérimenter manette en main. Petit conseil : Miyuki est, selon nous, la moins utile, l’escalade étant très limitée dans l’ensemble du jeu, où des plateformes sont déjà là pour prendre de la hauteur.
Solo ou coop jusqu’à 4 joueurs, Kemono Heroes propose une aventure simple mais rythmée : on saute, on tranche dans le vif à coups de sabre, on lance des shurikens dans huit directions (meilleure arme du jeu, dispo dès le départ), on dash, on balance des bombes… et on débloque petit à petit des objets ou compétences façon action/aventure, à la fin de certains niveaux. C’est accessible, le personnage est un peu lent au premier abord mais on s’y habitue très vite, parfois un peu brouillon avec certaines vagues d’ennemis. Bref, l’esprit arcade est bien là.
Un gameplay old-school y’a pas plus cool ?
La structure du jeu est classique : quatre mondes, chacun divisé en trois sous-niveaux, avec un boss final et une boutique pour dépenser l’or amassé. Vous pourrez améliorer vos attaques, projectiles, points de vie ou bombes spéciales. Mais attention en multijoueur : les bonus ne sont pas partagés ! À quatre, cela tourne vite au joyeux bazar pour attraper les coffres avant les autres… et l’amitié pourrait en pâtir.
Les combats sont simples, les boss plutôt indulgents au début, et les soins nombreux. Mais méfiance : le jeu cache une seconde moitié façon Ghosts’n Goblins, où il faut tout recommencer… en plus difficile. Une idée rétro qui divisera : refaire un ou deux niveaux, pourquoi pas, mais revivre toute l’aventure peut vite devenir lassant, malgré sa logique narrative. C’est d’autant plus regrettable que cela vient ternir une expérience jusque-là plutôt agréable.
Le jeu a du charme, mais certains défauts pèsent sur l’expérience. Le scrolling est bloqué (à l’ancienne : on avance, l’écran suit, sans retour possible), donc on peut rater des objets. Les ennemis réapparaissent sans cesse, ce qui rend certains passages de plateforme frustrants. En coop, c’est fun au début, mais la lisibilité en prend un coup, surtout quand on cumule avec tous les petits défauts évoqués. Ajoutez à cela un manque d’explications globales – sur l’histoire comme sur les pouvoirs – et une courbe de difficulté en dents de scie… et on comprend que tout n’est pas aussi mignon qu’il n’y paraît.
Si votre ramage se rapporte à votre plumage…
Graphiquement, Kemono Heroes propose un joli pixel art 16-bit, avec un univers cohérent, vivant et une vraie patte japonaise. Les animations sont propres, les décors variés. On pourra juste reprocher la seconde moitié du jeu, dans une teinte différente (justifiée par le scénario), mais moins agréable à l’œil.
Côté son, c’est plus mitigé : les bruitages sont discrets, voire trop effacés. Les musiques, très bonnes prises individuellement, semblent parfois déconnectées de l’action. Le ton mélancolique des mélodies contraste avec l’aspect run’n gun du gameplay.
Comptez environ une heure pour finir le jeu avec un personnage. Un menu Achievements propose une quarantaine de défis à relever, mais même en les complétant tous, difficile de dépasser les cinq heures de jeu. Curieusement, aucun système de score ou de timer n’est intégré, ce qui est dommage pour un jeu à l’esprit arcade : cela aurait pu booster l’intérêt via le speedrun ou la compétition entre amis.
Kemono Heroes est disponible depuis le 27 mars 2025 sur l’eShop au prix de 14,95 euros, en anglais.
Conclusion
Kemono Heroes est un jeu sympathique, clairement pensé pour le multijoueur local, mais finalement plus agréable en solo. Avec une esthétique globalement maîtrisée et quelques idées intéressantes, le titre peine toutefois à trouver ce petit truc en plus qui l’aurait propulsé dans la catégorie des pépites indé. Son gameplay old-school n’assume pas toujours pleinement ses inspirations, et l’ensemble manque parfois de rythme, ainsi que de cohérence sur le plan sonore. À tester à l’occasion d’une promotion sur l’eShop, mais au tarif actuel, l’expérience reste peu compétitive. Cool, mais pas sûr qu’on y revienne encore et encore.
LES PLUS
- Une direction artistique et des graphismes réussis…
- Du multi en local jusqu’à 4 joueurs…
- Des musiques de qualité…
- Un gameplay simple et efficace
LES MOINS
- … Mais un peu moins joli à la moitié du jeu
- … Mais moins lisible en coop
- … Mais qui ne collent pas à l’action en jeu
- Les bruitages sont trop absents
- Les compétences des personnages finalement triviales
- En multi on se bat pour les coffres, les power-up et les items de soin
- Peu d’explication en jeu
- Pas de scoring ou speedrun