Un monde à sauver, un marchand à escorter, une relique à trouver, un rituel à stopper, rien ne vous arrête ! Avec un papier, un crayon et une bonne dose d’imagination, tous les scénarios sont possibles lorsque vous vous lancez dans les jeux de rôles. Classiques, futuristes ou avant-gardistes, les univers sont multiples et variés. Et si vous tentiez l’aventure en solo depuis votre canapé ? C’est ce que souhaite vous proposer Knights of Pens and Papers.
Un scénario en papier
Il n’y a pas de jeu de rôle sans joueurs. Alors en premier lieu, avant d’entrer dans le scénario, vous allez devoir vous constituer votre petit groupe de joueurs. La création de joueurs se base sur deux aspects : le joueur dans la “vraie vie” et la classe que son personnage incarnera dans le jeu de rôle. On se croirait presque dans Inception à ce niveau. Expliquons donc cela simplement.
Vous avez le choix entre plusieurs personnages pour former votre groupe. Par exemple, il y aura un homme d’affaires, un nerd, un livreur de pizza, une mamie et j’en passe. Il s’agit des joueurs dans la vraie vie qui se tiendront autour de la table. Chaque personnage possède un passif qui influencera ses actions et les interactions avec ce dernier. Pour rester dans les exemples cités, l’homme d’affaires gagnera plus d’expérience, le nerd sera plus facile à ressusciter s’il meurt, le livreur de pizza sera moins cher à recruter et la mamie aura un indice de menace beaucoup plus élevé. Puis, quand vous aurez choisi un joueur, il faudra lui attribuer une classe que son personnage incarnera dans le jeu. Les classes vous permettront d’obtenir des capacités pour le personnage. Il y a les classiques Mage, Clerc, Paladin, Voleur, Guerrier et bien d’autres. Chaque classe propose 4 capacités qui seront utilisables dans le jeu. Une fois votre joueur sélectionné et sa classe attribuée pour son personnage, vous pouvez passer à la création du joueur suivant. Seuls deux joueurs sont demandés pour commencer l’histoire.
Le scénario du jeu vous est présenté par le Maître du Jeu (MJ) qui explique à vos joueurs la situation dans laquelle ils se trouvent et ce qu’ils doivent faire avec leurs personnages pour avancer dans l’aventure. Avec votre petite équipe composée à la volée, vous devrez donc enchaîner les quêtes et progresser dans le scénario qui se déroulera devant vous tel un rouleau de PQ qui tombe des escaliers. Vous contrôlerez les joueurs lors des combats tel un bon vieux RPG en tour par tour et vous pourrez choisir les lieux où ils devront se déplacer. Mais nous allons détailler ces parties un peu plus tard.
Achetez vos amis, votre maison et votre MJ
Revenons rapidement sur la création des joueurs qui s’installent à votre table. Si je ne vous ai pas perdu, on va pouvoir continuer la description. La table de jeu ne permet qu’à 5 joueurs d’être présent en même temps. Cela veut dire que vous pourrez gonfler vos rangs mais également faire du remplacement de joueurs. Cependant, l’intérêt est limité puisque tout nouveau joueur s’installant à votre table commencera au niveau 1 et il sera difficile de lui faire rejoindre l’aventure en cours de route. Ensuite, pour qu’un nouveau joueur s’installe à votre table, il faudra débourser une petite quantité d’or qui augmentera au fur et à mesure que vos rangs gonfleront. La somme, dérisoire au début de partie, sera de plus en plus élevée. A savoir que vous ne pouvez avoir qu’un seul joueur et qu’une seule classe de chaque. Donc si vous avez déjà pris un nerd Paladin, vous ne pourrez plus recruter de nerd ni affecter la classe de Paladin, à moins de vous séparer de ce joueur.
Restons sur les dépenses et parlons de votre environnement de jeu. Nous sommes dans un jeu de rôle, les décors et combats sont donc fictifs. Cependant, vos joueurs sont bien assis autour d’une table, dans une vraie pièce avec un vrai MJ. Tous ces aspects réels peuvent être changés et apporter des bonus et avantages à votre groupe. Vous pourrez ainsi en progressant dans l’aventure acheter un nouveau tapis, remplacer la table de jeu, y ajouter des accessoires, décorer la pièce et même commander à manger pour recevoir des bonus temporaires ! Si vous êtes suffisamment vicieux, vous aurez l’occasion d’acheter un nouveau MJ si sa tête ne vous convient pas. Dans ces différents achats, l’humour est de mise et on reconnaîtra de nombreuses références et easter-eggs parfois subtils, parfois beaucoup plus évidents.
Mais une chose me choque dans tout ça. Pour recruter vos joueurs, changer le décor “réel” et commander vos boissons et snacks, vous devrez dépenser de l’or. Mais cet or est gagné dans le jeu. Logiquement parlant, même s’il s’agit d’une méthode simplifiée pour la gestion de l’argent, c’est absurde et ça casse un peu l’immersion dans le jeu si on s’y attarde quelques secondes. C’est comme si vous pouviez dépenser les PO gagnées dans votre jeu favori pour vous acheter une nouvelle chaise du bureau ou un nouvel écran. Alors oui, le célèbre “Ta gueule c’est magique !” des jeux de rôles pourrait être une réponse acceptable. Mais je trouve néanmoins cet aspect étrange. Le seul point qui est bien géré à ce niveau est au niveau des résurrections. Si le personnage d’un joueur meurt, il faudra débourser une quantité de PO (qui varie en fonction du niveau du personnage) afin de le ramener à la vie. De même, vos passages à l’auberge pour récupérer tous vos points de vie et de mana ne se feront pas toujours gratuitement.
Cela dit, il s’agit la seule façon de dépenser de l’or puisque vous ne pourrez pas équiper vos personnages d’armes ou d’armures. Vos joueurs gagneront de l’expérience qui leur permettra de monter de niveau. Ces niveaux serviront à améliorer leurs statistiques automatiquement en fonction de leur classe et chaque niveau octroiera un point de compétence qu’il faudra affecter pour débloquer, puis renforcer, l’une des 4 compétences. Le jeu se veut facile d’utilisation mais sans doute un peu trop et néglige des points qui auraient eu leur charme.
A la recherche du fun perdu
La quête principale proposée par le jeu est symbolisée par une petite étoile dans les menus de quêtes. La petite étoile indique que vous devez réaliser cette mission pour accomplir l’objectif de progression. Il peut s’agir d’élimination de monstres, d’escorte de personnage ou de récolte d’objets. En fonction de votre niveau et de la difficulté de la zone, vous devrez parfois refaire la même mission à plusieurs reprises afin d’accomplir l’objectif. L’interface de quête est assez simple de lecture et vous indique le niveau conseillé pour accepter la mission. Une fois la mission acceptée (s’il ne s’agit pas d’une escorte), vous aurez le choix entre plusieurs types de monstres que vous pourrez ajouter au combat. Plus vous ajoutez de monstres, plus la barre de difficulté augmente. Vous pouvez ajouter différents monstres sur le même combat en fonction de la mission que vous aurez choisi. Par exemple, pour un combat où vous devez éliminer 5 ennemis, vous pouvez choisir d’ajouter 3 rats et 2 chauve-souris. Cependant, une fois encore pour râler un peu, c’est à la fois intéressant et étrange de devoir faire le boulot du MJ en s’occupant de la table des rencontres pour ses propres joueurs. Un coup on joue les personnages, un coup on joue le MJ, c’est perturbant et ça casse un peu le rythme.
Le jeu se prête facilement à la rejouabilité des missions au début car elles sont assez simples. Mais on progresse vite dans une difficulté un peu plus poussée qui va demander à vos joueurs un certain niveau pour continuer l’histoire sans trop de difficulté. Inévitablement, on va devoir farmer des quêtes et missions annexes à la pelle afin de débloquer le scénario principal. Le jeu devient alors ridiculement long et répétitif. Et c’est à partir de là qu’on perd tout intérêt pour le jeu. Le but d’un jeu de rôle est de s’amuser et de progresser autour d’une histoire montée de toute pièce et que les joueurs vont s’amuser à détruire. Ici, on reste purement et durement dans un jeu vidéo entièrement scénarisé beaucoup trop proche d’un simple RPG où l’on doit farmer pour avancer et qui n’offre aucune option de liberté. Seul le contexte du jeu de rôle était intéressant mais même les jets de dés ont été retirés du jeu et sont eux-mêmes scénarisés ! Le seul moment où vous apercevez un jet de dés, c’est pour décider si votre groupe va se faire attaquer pour vous déplacer d’un lieu à un autre. Et la plupart du temps, il faut faire au minimum 3 ou 4 avec un dé à 20 faces… Peut-être j’en attendais trop de ce jeu, mais il s’agit d’une déception pour ma part sur ces points.
Un monde dans un monde
Le côté old-school rétro du jeu rend plutôt bien, que ce soit avec les musiques ou les graphismes. De même, les changements de scène narrés par le MJ sont plutôt bien réalisés et aident un peu à l’immersion des joueurs dans l’histoire. Mais l’immersion du vrai joueur qui tient la console entre ses mains est toute autre. Ces aspects qui ne sont pas déplaisants et même plutôt agréables deviennent assez rapidement lassants et répétitifs. Les décors finissent par être les mêmes, idem pour les musiques. Bien que sympathiques au premier abord, du simili 8 bits, ça finit quand même par piquer quand c’est trop répétitif. Et vu que vous devrez farmer à gogo les mêmes zones et missions pour progresser, l’ambiance et les décors vont vite vous rebuter selon votre degré de résistance à ce type de “gameplay”. C’est dommage que le point négatif cité un peu plus plus haut ait un impact sur tout le reste du jeu…
Conclusion
Très bonne idée sur le papier, le jeu retombe très vite, même trop vite dans des standards de RPG classique, ne laissant aucune opportunité de sortir du schéma “farmer pour avancer”. La difficulté de la quête principale vous forcera à traîner des pieds aux mêmes endroits pour ne pas vous faire écraser par des ennemis bien trop forts. Cela donne une fausse durée de vie à un jeu qui ne sort finalement pas du lot. Ajoutez à cela des musiques 8 bits qui deviennent malgré elles beaucoup trop répétitives et le tableau se noircit de lui-même. Et puis, des jets de dés scénarisés sur un jeu de rôle… c’est non !
LES PLUS
- Une personnalisation riche (personnages et décors)
- La scénarisation du MJ est bien réalisée
- De bonnes références et easter-eggs
LES MOINS
- Un JDR sans lancer de dés intéressant
- Progression lente à cause de la difficulté abrupte
- Beaucoup trop de farming
- Un scénario principal linéaire sans vrai choix possible
- Une gestion de l’argent un peu étrange