24 ans après sa sortie sur SuperNES par Delphine Software et avoir vu sa suite annulée faute à des critiques très divisées, le studio Big Deez Productions à souhaité reprendre le flambeau de la licence Shaq Fu au moyen du site de crowdfunding Indiegogo. Nous voici aujourd’hui enfin après 450.000$ récoltés et 4 ans de développement en présence de la suite “tant attendue”, Big Shaq is back…
Des bourre-pifs et des blagues
Dès les premières minutes, le ton est donné. Le jeu est une vaste parodie, à commencer par l’histoire. Abandonné dans un berceau, le jeune enfant, baptisé Shaquille par la femme qui l’a trouvé, grandit parmi des asiatiques (oui les clichés racistes vont y aller de bon train accrochez vous). Il était moqué de tous ses camarades de classe à cause de sa taille, mais un ancien du village Ye-Ye va le prendre sous son aile et lui apprendre l’art du combat ancestral Wu-Xing. Votre but sera d’anéantir des démons déguisés en célébrités qui abrutissent le peuple.
La partie commence donc ici, après un tutoriel de 2 minutes qui va vous débloquer toutes les variations de combos du jeu (au nombre incroyable de 3…) vous serez lancés dans un beat’em all 2D en scrolling horizontal tout ce qu’il y a de plus classique. Des vagues d’ennemis arrivent sur des écrans figés et il faudra vous en défaire afin de pouvoir passer à l’écran suivant et arriver à des mini-boss puis enfin, au boss de fin de niveau.
Pour parler rapidement du système de combat, vous avez à disposition un enchaînement de base sur lequel 3 variations de coups de pieds sont disponibles selon le nombre de coups placés avant d’appuyer sur “A”, un super coup de zone utilisable quand la barre de super est remplie, un coup d’épaule qui ne sera utile que contre un seul type d’ennemi et enfin une prise (pour ce même type d’ennemi uniquement). Vous pourrez également ramasser diverses armes qui fonctionnent toutes exactement de la même manière et aurez droit à deux costumes “power-up” différents qui passeront de l’aspect sympa à la corvée en moins de 15 secondes sur des séquences de 5 minutes d’utilisation forcée pour chacun.
Sur le papier tout celà semble varié et intéréssant mais vous vous rendrez vite compte que la meilleure manière d’avancer simplement est de faire “Y,Y,A” comme un robot, le jeu n’innove pas sur le genre et est extrêmement répétitif, vous en aurez littéralement fait le tour en 10 minutes. Les ennemis sont de 5 types différents ayant tous des skins changeant dans chacun des 6 niveaux du jeu et les phases de combats sont d’une lassitude extrême, les quelques punchlines que Shaquille ou les ennemis lâcheront en cours vous permettront au moins de souffler du nez (dans le cas ou les blagues datées de 2012, comme dire YOLO, ou les pets vous font rire ou si vous comprenez les références très américano-américaines) pendant que vous appuyez machinalement sur les boutons de votre manette.
A noter qu’il est possible d’esquiver à l’aide du stick droit, un choix très peu ergonomique. Vous oublierez de toute manière rapidement l’utilisation de cette manoeuvre car contrairement à ce que la logique voudrait, vous n’êtes pas invulnérable lors d’une roulade, la meilleure option d’esquive étant de sauter dans la direction opposée à votre adversaire…
Les plus patients seront tout de même récompensés par la fin du jeu intervenant au bout de seulement 2 heures (dont 30 minutes de cinématique et 20 minutes de combats de boss).
Un flagrant manque d’ambition…
En reprenant le contexte de ce qui était promis lors de la campagne Indiegogo, le jeu est très loin du résultat annoncé en amont : aucun mode coopératif, compétitif ou quelconque multijoueur en ligne ou hors ligne n’est disponible, aucune personnalisation du personnage et pas l’ombre de chemin alternatif ou de passage secret permettant de débloquer quoi que ce soit.
Qu’est ce qui pourrait vous convaincre de traverser les 6 niveaux proposés ? Probablement l’humour très cliché et les cinématiques dessinées qui rappeleront le style d’un autre bon beat em’ all, Shank.
Comme dit plus haut le jeu est une vraie parodie de lui même, vous pourrez reconnaître certaines célébrités, vous vous battrez contre des… fesses… qui vous pètent dessus… Et le jeu n’hésite pas à s’autocritiquer par moments avec un boss qui ose même dire “Vraiment ? Des gens ont crowfundé cette daube ?”. De l’autodérision qui semble servir d’excuses… Faute avouée à moitié pardonnée ?
Pour les vrais amateurs de beat’em all (et les nostalgiques ayant joué au premier opus) le jeu va sûrement vous plaire, la rejouabilité est au rendez-vous pour les amateurs de scoring également car une fois le jeu terminé il vous sera possible de sélectionner le niveau de votre choix pour y maximiser vos points.
Conclusion
Shaq Fu A Legend Reborn est un beat’em all sorti en 2018 avec le gameplay d’un beat’em all sorti en 2000, si le genre à pu être renouvelé par certaines pépites ces dernières années, nous sommes bien revenus en arrière avec ce jeu qui montre clairement un manque d’ambition (encore plus en connaissant les promesses de base du crowdfunding). Le public auquel ce jeu peut s’adresser est composé de deux types de personnes. Les fans de Shaquille O’Neal (ou de basket plus largement) et les fans de beat’em all. Pour le prix et la durée de vie, vous tirerez probablement plus de fun d’une sortie au cinéma à 2 pour voir un film comique, le rapport temps passé/prix sera le même et le film sera sûrement plus mémorable.
LES PLUS
- Les blagues qui peuvent être drôles
- Un beat’em all sympa en soi
LES MOINS
- Les blagues qui peuvent être vraiment lourdes
- Très peu de variétés de coups/ennemis
- La répétitivité
- Rien à débloquer
- YOLO ? En 2018 ?
- 19,99€ pour 2 heures de jeu...