La production nordique de Plausible Concept, semble être suivie de près par une assemblée adepte du genre RTS. Edité par Rawfury, Bad North fait sa première apparition sur la Nintendo Switch à la surprise générale, alors qu’il n’était initialement absolument pas annoncé dessus. Le thème du jeu, qui reprend les origines suédoises du jeune studio indépendant, prend l’apparence d’un rogue-lite qui base son gameplay sur de la stratégie en temps réel. Il est à se demander maintenant si, entre deux vagues d’attaques vikings, l’œuvre scandinave est digne de toute la hype discrète dont il a fait preuve. Retranchons-nous dans une analyse couverte par un vent nordique….
Des vikings plus terrifiants que jamais
Sur les mers, un souffle ténébreux commence à se propager : une invasion norroise est en approche. Vous incarnez un consensus de commandants à la tête de leurs soldats et votre but est de défendre les habitants des îles du nord, tout en fuyant cette ombreuse incursion. Cependant, ce que vous allez affronter ne sont pas les simples vikings que l’on s’imagine mais ceux venant du plus profond des légendes les plus obscures nourrissant leurs mythes.
Vos braves troupes, qui sont à placer sur l’île au maximum de quatre, vont donc devoir affronter l’envahissement des ténèbres dans le but de protéger les habitations du peuple local. Des vagues d’ennemis arriveront de toutes parts sur les rivages et vous devez prévoir la position de vos troupes en conséquence. Dans ces conditions, celles-ci devront beaucoup se déplacer, en fonction des endroits où débarquent les envahisseurs, afin de défendre toutes les maisons de l’île. Et il faudra porter une attention toute particulière à l’apparence des vikings qui arrivent car vos différents commandants dirigent des soldats de diverses classes, chacune plus efficaces contre un type d’ennemi en particulier.
De la sorte, vous pouvez diriger des piquiers, des archers et des infanteries. Toutefois vous devez être extrêmement vigilant car il suffirait que vous omettiez une seule embarcation ennemie et la situation peut drastiquement changer. Vous pouvez perdre définitivement votre armée si vous n’êtes pas assez fin stratège. Car oui, les sombres guerriers ennemis arrivent de manière rythmée et sont divisés en différentes classes, tout comme vos soldats, et le fait de voir arriver certaines troupes pourrait vous faire paniquer tant elles sont le point faible des vôtres. Cette manière dont ces vikings paraissent terrifiants joue alors dans la façon de malmener le joueur grâce à la difficulté que le jeu offre.
Le détail visuel qui compte
Tout d’abord, chaque île est différente. On doit cela à un système de génération procédural. Nous pouvons avoir des îles totalement plates ou plus escarpées, tandis que certaines possèdent des murs de grandes longueur et d’autres sont totalement enneigées ou recouvertes d’herbe, etc. Les bâtiments à protéger sont éparpillés de façon à obliger le joueur à user d’ingéniosité pour pouvoir les défendre. Le tout fait que la stratégie à mettre en place est toujours différente pour le placement des troupes, surtout que les diverses vagues ennemies sont amenées dans un procédé qui profite un maximum de l’espace qu’occupe l’île. On se retrouve donc avec une sollicitation constante sur le gameplay.
Mais celui-ci s’enrichi puisqu’on peut tourner la vision sur l’île dans le but d’organiser la manière dont il faut placer l’armée. La forme physique de l’île joue énormément là-dessus car les attitudes du joueur par rapport aux attaques subies sont différentes en fonction de la vue sur l’île. Puis comme telle unité n’est pas visible de cette vue, il faudra donc absolument regarder régulièrement tous les recoins de l’îlot sans perdre l’attention portée à l’arrivée des prochaines vagues scandinaves. De plus, l’avantage du terrain peut être utilisé par l’armée, comme par exemple en mettant les troupes en hauteur pour faire tomber les adversaires, ou placer des soldats à couvert et, dès l’arrivée des vikings, les déplacer de manière à créer une confrontation directe, etc. On aura l’impression que chaque niveau est conçu intelligemment et spécialement pour profiter un maximum du terrain en amenant une jouabilité toujours à son apogée tant les options d’attaque et de défense sont multiples et évoluent tout du long.
Ensuite, d’autres facteurs visuels peuvent jouer tel que l’orage, il suffit qu’il apparaisse pour que l’écran deviennent instantanément blanc, et même si cela n’est que de courte durée, lors d’une situation critique cela peut être fatal. Ou encore, la brume qui entoure l’île empêchant de voir directement arriver les bateaux envahisseurs. Il faudra attendre qu’ils se rapprochent suffisamment et donc dangereusement pour porter une réflexion sur les manœuvres à prévoir vis-à-vis de l’endroit vers lequel ils semblent se diriger. On se rend finalement compte que Plausible Concept a fait preuve d’originalité en créant ce concept de « Island defender » comme jeu.
Enfin, notons que l’art design, même s’il est assez basique, se suffit à lui-même en restant agréable à l’œil et toujours dans le thème, amplifiant l’ambiance retrouvée. De plus il participe entièrement au gameplay par tous les détails tels que les unités devenant de plus en plus rouges plus elles perdent de vie, les animations qui sont claires et mettent en avant le plaisir visuel en réaction avec nos choix stratégiques, des marres de sang tachant le sol là où de grosses escarmouches ont eu lieu pour mettre davantage de poids sur l’ambiance, tout en portant l’attention du joueur sur un endroit stratégique sur lequel les ennemis peuvent s’amener en masse, etc. En somme, il est dingue de remarquer qu’aucun élément graphique n’est oublié pour améliorer l’expérience associée à la jouabilité et au gameplay.
Des mécanismes qui sollicitent beaucoup
Il existe plusieurs types d’armées avec chacune leurs faiblesses et leurs forces. Coté ennemi c’est la même chose, et il va falloir apprendre comment procéder face à ces hordes sanguinaires. Le gameplay est très simple et facile à comprendre : il est fort aisé de déplacer ses troupes d’un endroit à un autre, car lorsque nous sélections une unité le temps ralenti permettant de rallonger les observations à faire sur les prochains actes à entreprendre. Tout est mis en place pour faciliter l’action et approfondir la stratégie. Puis fur et à mesure que l’on avance dans une campagne, de nouveaux ennemis sont rencontrés et la difficulté est croissante. Les situations critiques se feront plus présentes faces a des vikings de plus en plus forts mais aussi intelligents puisque, par exemple, ils commenceront à attendre que d’autres navires débarquent pour ensuite se réunir et charger tous ensemble.
Fort heureusement, pour contrer ces forces qui semblent invincibles, vous pouvez améliorer vos commandants et récupérer des objets en réussissant à protéger certaines îles, et ceux-ci peuvent totalement vous sauver la mise lors de la bataille. Mais pour améliorer vos troupes, il faudra récupérer des pièces d’or en sauvant les habitations et c’est autour de ça qu’un dilemme peut apparaitre pour les choix de placement des troupes. Pour éviter de se faire marcher dessus, vous avez tout intérêt à progresser rapidement en stratégie pour gagner suffisamment d’or afin de bonifier vos hommes. Dans ces conditions Bad North se révèle être fort exigeant, vous obligeant à vous améliorer si vous souhaitez survivre à ces raids. Enfin, grâce à sa notion stratégique et sa manière de modeler le gameplay, un réel plaisir de jeu peu naître face aux facteurs immiscés.
Cependant, on pourra regretter l’existence de seulement 3 classes du coté de nos forces, ce qui restreint les choix. Ça peut être la même chose concernant les objets, et pour un jeu qui propose une durée de vie relativement raisonnable un contenu que l’on aurait préféré plus diversifié et plus complet se fait malheureusement absent. Cela peut amener le joueur à ressentir de la redondance malgré les efforts mis en œuvre pour éviter celle-ci dans la diversité des combats, des ennemis et des terrains de jeu offerts. De plus, l’impression de répétition pourrait s’accentuer étant donné que plus on avance, moins d’éléments inédits sont à découvrir, voire aucun. Il aurait été intéressant d’amener des nouveautés lors de la progression alors que le gameplay se retrouve être profond. La durée de vie risque donc de ne pas avoir grand intérêt à être allongée davantage.
Entre ambiance nordique et notion stratégique aussi vaste que l’océan
Vous avez la possibilité de jouer jusqu’à 5 campagnes différentes, et même si chacune propose une manière différente de vous amener les ennemis en accentuant des batailles plus sur certains types d’adversaires norois, il est dommage qu’aucune différence notable ne soit à relever. L’objectif reste cependant le même : vous avez votre carte, vous voyez l’obscure invasion viking se propager sur les mers, et vous devez sauver un maximum d’îles possible en décidant vers lesquelles vous aller déployer vos troupes. Tout cela se base sur un système tour par tour, où dans chaque un tour vous essayez de mener une bataille, si vous n’avez plus de commandants disponibles vous terminez votre tour et l’expansion de l’obscure avancée viking s’empare d’îles derrières vous.
Alors, ce qui est très intéressant à retrouver sont les traits de stratégie allant même s’immiscer dans les choix à faire sur la carte de la campagne ! Car vous pouvez voir à l’avance le type de maisons sur les îlots et donc l’argent qu’elles peuvent possiblement vous donner. De la même manière, vous pourrez récupérer de nouveaux commandants et d’objets. Il viendra un moment où vous ne pourrez plus choisir toutes les îles puisque le retour en arrière sera impossible et différents chemins se sépareront pour restreindre vos possibilités. Il faudra faire un choix, comme celui de rester intéressé sur les endroits vous rapportant gros, mais évidemment cela risque d’être difficile et le risque de perdre vos troupes définitivement s’ajoutera. Cet ensemble forme en fait une complexité stratégique qui ne se retrouve pas que sur les champs de bataille finalement ! Par ailleurs si vous amassez suffisamment d’unités différentes vous pourrez mener plusieurs batailles en un tour et alors les plans d’action à mener sur la carte ne ressembleront plus du tout à ce que vous faisiez au début !
Tandis que Bad North met en avant un système stratégique en temps réel réjouissant et en harmonie avec son thème, il a aussi le pouvoir d’insuffler un sentiment fort au joueur. Ainsi on se laissera engloutir par une bande sonore qui sort des sentiers battus en ne proposant pas des musiques mémorables, mais une ambiance sonore marquante. Et celle-ci, comme l’aspect graphique du jeu, appuie et sert le gameplay du jeu. Elle permet d’avertir le joueur lorsqu’un type bien spécifique d’unité ennemie arrive en surplombant une atmosphère grave lorsque des dangerosités vivantes arrivent… De surcroit, elle s’inspire des mélodies mystiques vikings, laissant imaginer que les envahisseurs norois entament ces chants obscurs avant de livrer une sanglante bataille contre vous. La brume cachant les guerriers, l’apparence un peu démoniaque qu’ils arborent, la météo pluvieuse et orageuse, toute cette atmosphère particulièrement noire et magique dégagée lors des batailles est unique, dans le but de titiller sensoriellement le joueur. Cela ne s’était encore jamais aperçu auparavant pour ce type de jeu.
Des développeurs actifs et conscients des problèmes
Toutefois, Bad North est imparfait. En effet, les possesseurs du jeu sur la console hybride ont pu déjà notifier un défaut : des bugs sont présents. Imaginez, en pleine bataille vous enchainez les vagues scandinaves, puis plus rien. La notification de fin de manche ne s’affiche pas et vous êtes coincé dans la partie indéfiniment. Des bugs comme l’absence d’une unité ennemie non enregistrée par le jeu, sont présents. Et cela est d’autant plus déstabilisant quand ils handicapent la progression de la campagne car le bug se manifeste là où se trouve sur la seule île qui vous permet de progresser. Ajouté à cela, des ralentissements surviennent, la fonctionnalité tactile déconne par moment (car oui, l’écran tactile de la Switch peut être utilisé dans le jeu, c’est un bon point à soulever) puis quelques rares bugs sonores ou d’animations subviennent.
Néanmoins, les développeurs du jeu sont très à l’écoute de leurs communautés et ils ont déjà créé un patch corrigeant la plupart des bugs qui doit sortir prochainement, et ce quelques jours après sa sortie. De plus il est facile de prendre contact avec eux, de les questionner sur les possibles résolutions des bugs et autre solutions ou conversations engageant leur jeu. Mais prioritairement ils se concentrent sur la correction des bugs, puis ils ne comptent pas en rester là et aimeraient enrichir davantage l’expérience proposée dans Bad North en étendant les possibilités que peut offrir le jeu. On pourrait presque leurs pardonner ce fait tant ils s’investissent. Le studio suédois est à surveiller à l’avenir de par leur mentalité et la qualité de production dont ils ont fait preuve sur leur première œuvre !
Conclusion
Plausible concept a créé un jeu qui s’arme d’un potentiel exceptionnel. Même si la redondance, un léger manque de contenu et des bugs sont à relever comme points noir, sans ces défauts l’œuvre jeu vidéoludique suédoise aurait pu s’inscrire comme quasi-parfaite. Bad North impose une stratégie en temps réel des plus profondes et exigeantes malgré son aspect simple aux premiers abords. En ajoutant à cela l’ambiance artistique qui renforce l’atmosphère viking dans le but d’améliorer l’expérience offerte par le gameplay, nous retrouvons surement l’un des meilleur RTS rogue-lite de ces dernières années sur la scène indé. Un vrai vent de fraicheur dans le domaine, tout droit venu du Nord !
LES PLUS
- Une Ambiance ancrée dans des mythes scandinaves obscures
- Très simple au premier plan et accessible à tous
- Des mécanismes de gameplay profonds et plaisants
- Une exigence bien ficelée en ce qui concerne la difficulté
- L’art visuel basique mais efficace, totalement lié à la jouabilité
- Une bande sonore axée sur l’atmosphère et qui imprègne le joueur, amplifiant l’expérience de jeu
- La notion de stratégie en temps réel poussée au bout avec si peu
- Une génération de niveau intelligemment conçue
- Fait preuve d’originalité dans son entièreté
- Durée de vie raisonnable
- Des développeurs actifs, à l’écoute de leur communauté
- Les ennemis vikings oppressants et malicieux
- L’un des meilleurs RTS que l’on peut retrouver actuellement sur Switch
- Création du concept « Island defender »
- Utilisation tactile de la Switch prit en compte
LES MOINS
- Aurait pu avoir plus de contenu
- Pas de grosses différences entre les différentes campagnes
- Peut s’avérer répétitif plus on s’avance dans la campagne
- Présence de bugs pouvant détériorer l’expérience de jeu