The Messenger nous arrivera tout droit du Québec (Studios Sabotage) le 30 aout 2018, sur Nintendo Switch. Si vous avez suivi l’E3 cette année et que vous êtes plutôt fan du style retro-indé avec en plus, une appétence pour les jeux de plateforme-Ninja, vous attendiez certainement avec impatience The Messenger. Pour les autres, il est temps de se mettre à la page (du parchemin). Boule de fumée et nous disparaissons pour réapparaitre dans le test !
Voilà que nous n’avons encore appuyé sur aucun bouton qu’une démo/intro est lancée pour nous expliquer le contexte.
Story-board
Les derniers représentants de l’espèce humaine se sont regroupés dans un village isolé. Leur principale occupation, s’entrainer aux arts martiaux sans relâche afin d’affronter les démons qui, selon la légende, devraient revenir pour terminer ce qu’ils ont commencé : Anéantir la race humaine. La légende indique également qu’un héros apparaîtra pour apporter protection et savoir au village. Une journée commence donc pour le jeune ninja que vous êtes et qui va rencontrer le héros de l’ouest. Maintenant que vous savez dans quoi vous avez mis les pieds en téléchargeant le titre sur l’eShop, seul moyen à l’heure actuelle de jouer à The Messenger, il est temps de poursuivre encore un petit peu le scénario pour ensuite plonger au cœur de l’action.
En appuyant sur la touche « + », le jeu démarre. Notre personnage perché sur un arbre se lamente que le héros de l’ouest ne soit toujours pas apparu. Il est persuadé que la légende n’est qu’un conte pour marmots et ce que le protagoniste recherche, lui, c’est de l’action car il en a assez des légendes, des démons, des histoires de parchemins… Il ne veut plus rester cloitré au village et rêve de parcourir le monde. Alors que nous faisons notre calimero, le sage de la communauté fait sonner la cloche pour la leçon d’histoire quotidienne. Etant coutumier de l’école buissonnière, nous décidons quand même d’y aller, cette fois-ci. Et voilà, il est enfin possible de manier notre petit ninja. Sauter pour finir en roulé boulé aérien, se déplacer et frapper de petits coups de sabre. Première impression, c’est rapide et fluide. Nous arrivons juste à temps pour nous entrainer au saut du nuage. Première petite touche personnelle des programmeurs, afin de remplacer le sempiternel double saut. Il s’agit donc d’un mouvement simple ; sauter, frapper quelque chose puis ressauter fait apparaitre un petit nuage sous nos pieds pour permettre le deuxième saut. Ainsi, il est possible de rester en l’air tant que nous trouvons quelque chose à frapper. Un petit parcours nous sert de tuto, avant de rejoindre notre senseï qui ne se prive pas pour envoyer une pique sur le fait que nous honorons le groupe de notre présence, sympa l’accueil. Après qu’il nous ait encore titillé un peu sur le fait que nous ne lisions pas les manuscrits ancestraux et avoir dit qu’il fallait respecter les anciens, un tremblement de terre et une pluie de sphères enflammées vient mettre fin à la conversation. Bref, ce sont les démons qui reviennent des enfers, comme le disait la légende. Malheureusement, aucun héros à l’horizon. Après que tout le village ait pris sa raclée à la boule de feu, nous arrivons, à force d’esquives, au gros vilain responsable de tout ce chantier. Une sorte de démon bien grassouillet pourvu de quatre têtes de mort, dont une couronnée. C’est à ce moment-là que déboule de nulle part, à dos de griffon, le héros de l’ouest muni de son arc. Le grassouillet dépêche donc un de ses sbires pour vous réduire en poussière ; c’est un autre démon, plus petit, à tendance bouc se tenant sur deux pattes et muni d’un double sabre, ainsi qu’un cache œil tel un pirate. Nous voilà enfin lancés dans l’aventure, puisque le suppôt de Satan nous donne rendez-vous dans les collines automnales, premier monde d’une longue série. Avant de partir, le héros nous félicite pour notre ténacité, notre courage et nous confie un parchemin que nous devons apporter tout en haut du Pic Glacial où nous attendent trois sages. Nous sommes officiellement devenus, Le Messager.
Gameplay
The Messenger est un jeu de plateforme action dans lequel, puisque vous incarnez un ninja, vous pourrez grimper sur les murs, rebondir sur les bullets que vos ennemis envoient avec le saut du nuage, planer avec une cape ou encore utiliser un grappin, ce qui offre pas mal de possibilités qui seront accessibles progressivement dans le jeu. Tout au long de votre périple vous ramasserez des éclats temporels qui vous permettront d’acheter des améliorations dans les boutiques que vous croiserez régulièrement et qui servent également de check point (en plus d’autres points de sauvegarde). Ainsi les améliorations possibles concernent par exemple le nombre de Shurikens que vous pouvez posséder, la possibilité de récupérer des globes sur les ennemis tués pour regagner de la vie ou des Shurikens, l’augmentation de la puissance de vos armes, la récupération de l’endurance en passant par les check points. Au total, 13 améliorations sont à vendre moyennant des cristaux. Les boutiques permettent également de récupérer des objets uniques. Parmi ces items d’améliorations vous trouverez des griffes de grimpeur, des Shuriken, un kunaï à corde, un coquillage magique…
Ramasser des éclats vous servira également à payer un certain Kazimodo. Ce petit démon apparaîtra la première fois que vous perdrez une vie car il vous ressuscitera à chaque fois que cela arrivera. En contrepartie, vous devrez le payer, avec les prochains éclats temporels que vous ramasserez. Comme tous les autres PNJ, il est doté d’une sacrée dose d’humour, mais nous aborderons ce point qui mérite qu’on s’y attarde, un peu plus loin dans notre test. Si vous mourrez plusieurs fois avant de l’avoir payé, ne vous inquiétez pas, Kazimodo note vos dettes pour ne pas en perdre une miette.
Au fur et à mesure de l’aventure, vous obtiendrez des compétences comme le Saut du nuage en tout début de partie mais aussi la Frappe du ninja qui vous permet d’attaquer les projectiles ennemis pour les esquiver mais également pour pouvoir enchainer le saut du nuage et ainsi accéder à des hauteurs ou parcourir de longues distances aériennes entre deux plateformes. Le Deuxième souffle vous permet quant à lui d’effectuer un saut d’esquive aérienne lorsque vous êtes repoussé par un ennemi. La compétence Maitre des courants est une accélération sous-marine et l’Attaque en piqué permet d’attaquer depuis les airs lorsque vous planez avec votre cape.
Votre chemin pourra être plus ou moins alternatif, avec des salles cachées à découvrir vous permettant de collecter des sceaux de pouvoirs (au nombre de 45). Si vous les retrouvez tous, vous aurez droit à une surprise que renferme un coffre de la boutique. Pour avancer dans votre quête, outre massacrer tous les démons qui se mettrons en travers de votre route, vous devrez surmonter des épreuves bien connues des plateformers comme par exemple, nager dans une grotte sans toucher les pieux du sol ni du plafond, sauter sur des plateformes mouvantes accrochées à une chaine, utiliser le double saut pour se déplacer dans les airs, monter de longs et hauts murs en prenant appui pour sauter et beaucoup d’autres mécanique qui, si elles ne sont pas toutes originales, ont le mérite d’être exploitées à la perfection pour un plaisir assuré.
Des côté des ennemis, certains sont assez récurrents tout au long du jeu et d’autres plus spécifiques. Leur variété n’est pas le point fort du jeu. En revanche, les boss sont excellents, avec d’une part, une mécanique propre à chacun, et d’autre part, une histoire parfois délirante et d’autres fois attachante que nous vous laisserons découvrir.
Manier son Ninja
Comme nous le disons souvent, un excellent gameplay ne suffit pas pour faire un hit si la maniabilité ne suit pas. Ici, elle est à la fois simple à acquérir et est d’une précision sans reproche. C’est carrément grisant d’effectuer des doubles sauts, de s’accrocher aux murs, d’élancer son grappin pour échapper à la mort après un long saut dans le vide ou encore de planer avec sa cape.
8bit et 16bit
Les développeurs du studio Sabotage ont fait le choix de nous sortir un jeu qui n’est pas, comme on le lit souvent, à mi-chemin entre la Nes et la Super Nes. Ils ont délibérément fait le choix de nous pondre ce qu’ils appellent « des animations, des décors et des sprites 8 et 16 bits méticuleusement conçus dans l’esprit des classiques de l’époque » et ça fonctionne carrément. Le jeu est superbe, les animations vraiment bien réalisées, un scrolling sur plusieurs plans, ce qui fait de The Messenger un jeu retro certes, mais avec, en bonus, le savoir-faire et la technologie de notre époque. Un critère devenu maintenant commun à tous les hits indés de ces dernières années.
Etre un Ninja n’est pas si difficile
Si votre but est de finir le jeu rapidement, The Messenger n’est pas un jeu difficile et peut se terminer en moins de 5h si vous êtes un habitué du genre. Pour les autres, que ce soit les plus jeunes, les pas-doués, les perfectionnistes ou les adeptes du 100%, il faudra compter au-delà de la dizaine d’heures pour atteindre votre but. Malgré tout, c’est trop court et nous regrettons que la difficulté, non réglable dans les options, ne soit pas plus élevée.
Bande son
Les amateurs de Chiptune connaissent bien Eric W Brown plus connu sous le nom de Rainbowdragoneyes. C’est donc ce musicien de talent qui a composé les titres de The Messenger, en apportant une touche totalement Nintendesque puisque tous les pistes ont étés réalisées avec le programme Famitracker. A la base ce logiciel était prévu pour composer de la musique en utilisant le processeur de la Nintendo Nes. Un fois le morceau édité il est possible de le jouer sur une Nes ou un émulateur mais également d’exporter le fichier au format WAV. Les musiques ont donc des sonorités très old school avec la particularité des sons de la NES et elles sont orientées vers un style parfois à la limite du happy hardcore mais en règle générale, ce sera des mélodies plutôt « extrême chiptune dance metal », la spécialité de notre cher compositeur.
Tout cela colle très bien à l’ambiance rétro du jeu et amplifie cette sensation d’avoir traversé le temps pour jouer à un bon vieux jeu de l’époque, où la musique permettait l’immersion en substitut aux graphismes moins riches qu’a l’heure actuelle.
Ambiance & humour
A l’image de Céleste, par exemple, un autre aspect non obligatoire de ce type de jeu que l’on retrouve sur The Messenger est les dialogues entre votre personnage et les PNJ. Ce qui est certain et très appréciable, c’est que les développeurs de Sabotage Studio ont mis non seulement un point d’honneur à travailler finement cet aspect mais qu’en plus de cela, ils sont très bons dans ce domaine. Nous ne vous cacherons pas que nous en avons pleuré de rire (ou de rage) lorsque Kazimodo place sa petite vanne à chaque fois qu’il doit vous ressusciter. Nous avons eu droit en tombant dans un trou, à : « Quelqu’un t’avait dit que c’était un raccourci ? » ou encore « tu joues avec tes pieds ou quoi ? », mais aussi « Si quelqu’un t’a vu, dis que ta manette s’était débranchée » et beaucoup d’autres que nous ne spoilerons pas.
Le marchand que vous croisez régulièrement à la boutique n’est pas en reste non plus en ce qui concerne les petites vannes et autres dialogues assez pointus. Par exemple, dans chaque biome, vous aurez droit (ou pas) à ce qui est appelé une Histoire utile si vous décidez de l’écouter bien entendu. Il s’agit bien souvent d’une histoire avec une morale à méditer parfois douteuse, parfois très profonde. Le boutiquier va même jusqu’à philosopher pour vous punir sans que vous puissiez passer le texte, mais si ça vous arrive, c’est que vous l’aurez vraiment agacé. Votre personnage ne se laisse pas faire et lui aussi lance des attaques dans ces joutes verbales avec le vendeur. C’est carrément épique par moment, bref nous avons adoré car cela apporte une autre dimension au genre et il est certain que certaines phases resteront gravées un long moment dans nos têtes.
Conclusion
A peine quelques minutes après avoir lancé une partie que c’était déjà le coup de foudre. Dommage que le jeu soit un peu court car nous aurions aimé prolonger l’aventure pendant des heures et des heures. Pour le reste, imaginez un super gameplay digne de Mega Man avec des routes alternatives menat à des salles cachées façon Castelvania, le tout emballé avec du Ninja Gaiden dont le jeu s’inspire sans complexe et qui a été validé par Hideo Yoshizawa and Keiji Yamagishi eux-mêmes. Ajoutez-y un graphisme qui alterne magnifiquement entre le 8 bit et le 16 bit. Agrémentez tout cela d'une bande son délirante composée sur Famitracker. Vous obtiendrez ce que nous avons surnommé un MeGaïdenVania. The Messenger, est un digne successeur de ses ainés à la sauce 2018 et fait déjà partie des perles indépendantes de la Nintendo Switch.
LES PLUS
- Enfin un bon jeu de plateforme avec un Ninja
- Ambiance, dialogues, humour
- Les musiques chiptune
- Alternance du level design en 8bit/16bit
- La maniabilté sans failles qui vient appuyer un excellent gameplay
LES MOINS
- Difficulté peu élévée et non réglable qui fait baisser la durée de vie.
Et un jeu de plus dans ma Nintendo Switch! Nintendo town est toujours au top pour nous faire découvrir des jeux indépendants!