La Nintendo Switch n’en finit plus d’accueillir des jeux en provenance d’autres plates-formes, avec quelques temps de retard, mais avec aussi le plus souvent une version complète qui inclut tous les DLC, toutes les extensions et toutes les améliorations qui ont été apportés au jeu original. C’est le cas aujourd’hui avec Spintires : Mudrunner American Wilds. Au départ, il y avait un jeu indépendant développé en Russie et qui s’appelait Spintires. Sorti en juin 2014, il s’est vendu à plus de 100.000.exemplaires dès le mois de juillet suivant. En octobre 2017, une seconde itération Spintires : Mudrunner est sortie sur PC et sur PS4 et Xbox One. Enfin, arrive en novembre 2018 la version la plus complète sur Switch avec l’extension American Wilds.
Une journée dans la vie d’un chauffeur de poids lourd russe.
Après un rapide café, j’enfile ma parka et je grimpe dans la cabine de mon camion, je le démarre dans une fumée noire et épaisse, le moteur fait un bruit sourd. Les pignons craquent quand j’enclenche la première vitesse et que je desserre le frein à main, et me voilà parti vers ma première destination, un lieu de stockage de remorques en plein air. Après quelques dizaines de mètres sur une route goudronnée, j’arrive dans un chemin de terre, ou plutôt un chemin de boue tant le sol est détrempé. Le ciel est gris, les roues de mon camion s’enfoncent dans la première flaque. J’aurai dû passer par la droite. Tant pis, je sors mon treuil, je l’accroche à un arbre un peu plus loin devant moi et je l‘actionne pour faire bouger mon véhicule. Ça y est, je me suis extirpé de la boue. J’arrive à la zone de remorquage. Je dois manœuvrer pour mettre mon engin dans l’axe de la remorque que je dois transporter. J’évite de faire trop de traces dans la boue de peur de ne plus pouvoir sortir… C’est long et le système d’attache de la remorque est un modèle soviétique donc tout sauf pratique.
Après plusieurs essais j’y suis arrivé. Je vais pouvoir partir vers ma destination de livraison. Je rejoins une route à deux voies, c’est bon de sentir mon camion glisser sur le ruban asphalté sans avoir de coups de volants à donner pour maintenir mon cap. Je me retiens d’aller trop vite, un accident est si vite arrivé, et je ne veux pas laisser ma remorque renversée sur le côté au milieu de la chaussée. Je traverse un quartier de barres d’immeubles gris, je ne croise personne, ni sur la route, ni sur les trottoirs, seulement des vêtements gris qui sèchent aux balcons. Tout ici est aussi triste que le ciel. Je reprends un sentier hors d’état pour atteindre la zone de déchargement. Une dernière manœuvre, ou plutôt plusieurs et je m’aide de mon treuil. J’y suis. Ma cargaison est livrée. La matinée entière s’est écoulée. Je repars sur les routes de Sibérie pour un nouveau contrat.
Attention SPOILER, Spintires : Mudrunner n’est pas une simulation de véhicule, c’est une simulation de survie en milieu hostile. On se bat centimètre après centimètre contre les éléments : l’eau, la terre, la boue, les pierres, les arbustes, les arbres, les rivières. Chaque ornière, chaque nid de poule, chaque dévers de la route est un danger mortel pour notre engin mécanique. Rien ne nous est épargné, rien ne nous est pardonné. Un petit coup de volant de travers, une accélération trop brusque, toutes nos certitudes s’envolent quand notre camion se retrouve complètement bloqué alors qu’on était persuadé que ça passerait. Mais ça ne passe pas. Ce jeu, c’est la frustration vidéoludique poussée à son extrême, c’est le jeu dans lequel les erreurs ne pardonnent pas et où l’humilité finit par payer à condition de ne pas s’entêter dans les mêmes erreurs, à condition d’accepter que le jeu puisse avoir le dessus sur nous. Passés les premiers essais où l’on fonce tête baissée sur les chemins, on accepte de tout reprendre à zéro et de passer le temps qu’il faudra pour franchir le moindre obstacle.
C’est à ce prix-là qu’on pourra découvrir le vrai visage de ce jeu. Cette édition Switch nous propose un très large éventail de véhicules (russes et américains), et une très large palette de paysages et de lieux à découvrir. Sur le plan des modes de jeu, on a un solo avec des défis à relever, des parties libres et un mode multi joueurs jusqu’à quatre en coopération en ligne. Côté musique, ou plutôt bruitages, il faut aimer les vrombissements sourds des moteurs de poids lourds, pas de musique, on n’est pas là pour rigoler. Côté graphismes, c’est fin et joli et ça va loin dans les détails, la boue qui adhère à nos pneus, le terrain qui se déforme à notre passage, les trous qui se creusent quand on patine dans la boue, tout est très fidèlement retranscrit. On reconnaît bien les grands espaces américains avec ses forêts de sapins et ses engins de taille démesurée
Grâce à Spintires : Mudrunner, j’ai envie de revoir le film “le salaire de la peur” pour voir d’autres gens ressentir ce que j’ai ressenti avec ce jeu, et j’ai envie de jouer à American Truck Simulator pour traverser les Etats-Unis tranquillement au volant de mon 38 tonnes sans crainte des aléas climatiques et routiers tout en écoutant mes musiques favorites sur mon autoradio virtuel.
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Conclusion
Ce qui vous attend dans Spintires : Mudrunner American Wilds, c’est une école de la patience, un jeu de die and retry sans aucun coup de feu. Les amateurs du genre les plus patients apprécieront, c’est vraiment une expérience intense pour les nerfs. Les autres, ceux qui aiment l’action et la vitesse passeront leur chemin et laisseront derrière eux les chemins boueux et cette expérience hors du temps. En ces périodes de jeux frénétiques, remplis de sons et de couleurs, Spintires : Mudrunner American Wilds apporte quelque chose de complètement différent qui ne laissera pas indifférent.
LES PLUS
- une véritable simulation
- un challenge élevé pour les amateurs
- des décors vastes
- des camions impressionnants
LES MOINS
- un sentiment de frustration à la longue
- une difficulté vraiment très élevée
- des camions impressionnantsdes camions impressionnants