Annoncé en avril dernier, cela fait un petit moment que l’on patiente pour la sortie de Firewatch sur Nintendo Switch. Développé par Campo Santo (racheté par Valve cette année) et édité par Panic, le jeu est sorti initialement en 2016 sur PC, PS4 et One. Dans l’équipe de développement on retrouve notamment des anciens de Telltale, Klei, Double Fine, Lucasarts ou encore 2K Marin et le jeu a été fait avec le moteur Unity. Nous nous sommes empressés d’acheter le jeu sur l’eShop et de vous livrer notre verdict. Véritable chef d’œuvre ou jeu surcôté ?
Avec ce test de Firewatch, notre tâche n’est pas aisée. Parler d’un tel jeu sans vous gâcher la surprise n’est pas un exercice facile mais on va essayer. Firewatch se déroule en 1989, vous incarnez Henry et le jeu vous propose de faire vos propres choix de vie au début de l’aventure, de donner un peu de consistance au passé de votre personnage et de comprendre ses motivations. Votre femme est malade, vous postulez finalement au hasard à une petite annonce pour l’été comme garde forestier dans l’État reculé du Wyoming. Perché au sommet de votre montagne, vous devez surveiller les départs de feu et protéger la nature. Une fois sur place, vous allez faire la connaissance de votre chef, une femme du nom de Delilah. Cette dernière communiquera avec vous uniquement par radio portable. C’est votre unique contact avec le monde extérieur que vous avez laissé derrière vous. Vous prenez place dans tour de guet de Two Forks, avec une vue imprenable sur les montagnes.
Le jeu est entièrement doublé en anglais et sous-titré en français et le doublage est de très bonne facture. Avec une simple pression sur l’une des gâchettes, vous pouvez parler à Delilah en lui décrivant ce que vous voyez par exemple. Lors de vos conversations, vous aurez régulièrement plusieurs choix de réponses mais la fin du jeu ne changera pas pour autant, c’est plutôt certains sujets qui reviendront sur le tapis ou non. Pas d’inventaire, pas de difficulté particulière mais plutôt un walking simulator narratif très prenant. Votre quotidien sera d’inspecter la forêt du haut de votre cabane pour prévenir les départs de feu. Un job plutôt tranquille en fait mais un événement étrange va vous contraindre à quitter votre tourelle de surveillance. Vous commencez alors à explorer un environnement sauvage et inconnu, à vous poser des questions et à devoir faire des choix qui vont décider du sort de la seule relation qui compte à vos yeux : celle que vous entretenez avec Delilah.
Sans spoil, l’histoire va monter en pression très vite, de quoi tenir le joueur pendant environ 4h. Oui c’est court et à ce prix là (20€), on ne le recommande pas. D’une manière générale, le jeu est très bien écrit, on est guidé par radio et une relation de confiance va s’établir entre Henry et Delilah, une relation qui va vite être mise à mal par plusieurs rebondissements. Sans oublier la petite touche d’humour des personnages qui se racontent leurs histoires respectives. Il va donc y avoir un mystère qui va s’épaissir et on ne voudra pas lâcher la manette avant d’avoir découvert la vérité. Il y a cependant deux choses qui ont manqué à Firewatch selon nous. Le système de choix sert juste à renvoyer l’image souhaitée à Delilah et n’a donc aucune conséquence directe sur le scénario qui restera le même jusqu’à la fin. Chacun des joueurs vivra cette expérience différemment et se fera sa propre interprétation mais la fin du jeu paraît cruelle, frustrante et décevante. C’est un choix fait par les développeurs, on a beaucoup de questions mais finalement peu de réponses mais on ne rentrera pas dans le détail.
Côté gameplay, c’est assez limité mais ça fait largement le travail. Notre personnage en vue à la première personne peut marcher avec une démarche assez lente mais il peut aussi courir pour traverser les montagnes. La carte n’est pas très grande mais suffisamment variée tout au long du jeu. Ce n’est pas un monde ouvert, vous aurez des zones et chemins à emprunter, certains passages seront accessibles plus tard. Il faudra régulièrement mettre sa carte à jour, vous serez amené à descendre en rappel, nettoyer la forêt, vous frayer des passages, grimper, sauter… Rien de bien fou mais c’est suffisant pour être à fond dans l’histoire. La bande-son est elle très correcte et d’une justesse rare. C’est-à-dire qu’elle va se déclencher pile au bon moment. L’autre gros point fort du jeu, sa direction artistique inspirée d’environnements réels, notamment du parc national de Yosemite. L’équipe de développement y a fait un voyage à cet effet. C’est un dépaysement total, c’est coloré et elle va évoluer tout au long du jeu, bref un régal total.
Mais tout n’est pas parfait non plus, il y a beaucoup de backtracking, c’est-à-dire que l’on va régulièrement repasser aux mêmes endroits. Techniquement, le portage est loin d’être impeccable avec des ralentissements réguliers lorsque l’on se met à courir par exemple. On a aussi du clipping tout le temps avec des éléments de végétation qui apparaissent devant nous. On verra si une mise à jour suivra. Côté New Game +, on a la possibilité d’évoluer dans le jeu librement ou refaire l’aventure avec les commentaires audios des développeurs. Le souci, c’est que la rejouabilité est inexistante lorsque l’on a fini le jeu une fois, même si on appréciera quand même ces ajouts.
Conclusion
Firewatch est très prenant du début à la fin avec une histoire travaillée qui oblige le joueur à se poser tout un tas de question. Si la fin du jeu divise et entraînera des frustrations, on ne peut que saluer la maîtrise de la narration avec un bon doublage et la qualité de l’écriture. Il n’en reste pas moins un très beau jeu contemplatif au gameplay limité et avec des choix sans conséquence directe. Porté par sa bande-son, on a pris beaucoup de plaisir à participer à cette courte aventure. Cependant, il ne faut pas oublier les soucis techniques du jeu (framerate et clipping) ainsi que son prix un peu trop élevé vis-à-vis de la durée de vie et de sa faible rejouabilité. Un bon jeu donc mais qui manque de peu son statut de très bon jeu.
LES PLUS
- La relation entre Henry et Delilah
- La qualité d’écriture
- Un dépaysement total
- Les magnifiques décors
- Court mais intense
- Bonne qualité du doublage
- La justesse de la bande-son
LES MOINS
- Du clipping
- Du backtracking
- La fin frustrante
- Des choix sans conséquences
- Des ralentissements réguliers
- Un poil cher (20€) pour la durée de vie (4h)