Alors que les barricades sont toujours au cœur de l’actualité dans les grandes villes mais aussi dans nos campagnes plus profondes tout autant en détresse, un jeu hors du commun a suscité notre intérêt : Riot – Civil Unrest. Prenant appuie sur les manifestations mondiales les plus populaires, le soft propose un concept puissant et intéressant : se plonger dans le corps policier ou bien dans le corps manifestant. Oserez-vous relever le défi improbable d’endosser avec autant de ferveur les deux rôles qui s’opposent et se confrontent au cœur de capitales en furie ?
Un thème osé… :
Développé par Merge Games, Riot Civil Unrest nous fait clairement de belles promesses avant son lancement : prendre part aux manifestations les plus célèbres, armé simplement de courage et de slogans provocants, de quelques cailloux et autres cocktails plus ou moins agressifs dans le sac, ou encore muni d’une cargaison de boucliers protecteurs pour le cortège de police. Une participation qui peut tout aussi bien se vivre côté policiers que manifestants, avec détermination et plus ou moins de violence.
A l’ouverture du soft, plusieurs modes de jeux sont directement proposés :
Le mode « Global » : dans ce mode, commencez par choisir la faction de votre choix, puis prenez part aux différentes manifestations présentées. L’opinion publique est ici importante : si cette dernière n’est pas favorable à vos actions, les missions seront d’autant plus difficiles à terminer…
Le mode « Histoire » : En route pour des manifestations puissantes et célèbres. Prenez simplement la peine de sélectionner le niveau de difficulté, bien entendu votre camps, et lancez-vous !
Le mode « Contre » : contrôlez tous les paramètres de jeux pour jouer contre la machine ou un ami en local ! À moins que vous ne préfériez faire équipes…? De nombreuses cartes et scénarios sont disponibles.
Globalement, l’ensemble de ces modes se ressemble, seuls quelques paramètres les différencient mais il vous faudra suivre les mêmes mécaniques de jeux. Des mécaniques pas franchement huilées….
Un gameplay osé… :
Sans tutoriel digne de ce nom, vous serez lancé dans l’arène tel un fauve en perdition. Tout aussi éberlué par la scène auquel vous allez assister, vous prenez le contrôle de groupes de manifestants ou bien de forces de l’ordre. Afin de remplir votre mission (globalement des zones ou des points forts à conserver ou à conquérir avec plus ou moins de violence), il vous faudra déplacer les troupes et leur faire atteindre leurs cibles en mode offensif ou défensif. Au fil de vos parties, vos paramètres gagneront en artifices, de nouvelles armes viendront compléter votre arsenal et votre équipe comptera des personnalités de plus en plus influentes.
Bref, sur le papier, le concept est original et plutôt attractif.
Mais dans la réalité, ça se corse sévèrement. En effet, dès l’ouverture du soft, vos yeux saigneront avec violence par le choix des graphismes (nous y reviendrons car le parti pris des développeurs mérite un détour !), vos mains et vos oreilles suivront dans la douleur. La jouabilité est d’une rigidité effroyable, switchant d’un groupe à un autre (tout en restant chez les manifestants ou chez les policiers), vous déplacerez un pseudo fil d’Ariane (cousu de soie blanche) dans la direction souhaitée pour votre troupe. Les quelques boutons de la Switch vous serviront majoritairement à donner des ordres à vos équipes, à les rendre plus violentes, à utiliser des armes ou autres objets à disposition, ou encore à pousser des cris de bêtes pour motiver tout le monde. Rien de bien original et attractif dans les faits. D’autant plus que vos différents groupes vont vous sembler lourds et mollassons à déployer, comme s’ils portaient le plus souvent un boulet au pied. Pour résumer, vous passerez la majorité de votre temps de jeu à prendre chaque groupe pour le faire passer par tel ou tel chemin en fonction de votre stratégie, tout en bidouillant quelques actions de rebellions par ci par là.
N’imaginez pas que vos actions violentes resteront impunies : plus vous agirez avec véhémence et bris de verre, plus l’opinion publique deviendra défavorable. Il va falloir se faire entendre avec doigté et parcimonie dans le mode « Global ».
Soulignons tout de même deux points forts du jeu :
Vous allez prendre part aux manifestations les plus célèbres de notre histoire. Un petit plus qui peut rendre le jeu plus concret malgré tout, et susciter un chouya plus d’attrait auprès des joueurs. Reste encore à choisir votre camp…
Alors que la manifestation se prépare (comprendre : temps de chargement), le soft vous offre quelques jolies citations tirées de personnes célèbres. Après la lutte, en revanche, ce sont plutôt des faits concrets et des chiffres qui vous sont proposés. Des réflexions parfois intéressantes qui nous permettent de prendre un peu de recul sur l’actualité, tout en conférant une certaine intelligence au soft.
Des graphismes osés… :
Ça ne peut être qu’un parti pris. Mais il est sacrément osé ce parti pris ! Les manifestations sont une véritable chaos. À tous points de vue. Qu’il s’agisse de la modélisation des personnes, des décors, du choix des bruitages. Le capharnaüm est effroyable, à tel point qu’il est parfois compliqué de savoir si la petite tige qui gigote dans votre écran est de votre côté ou non. Chaque pixelisation est poussée à son paroxysme, obligeant le joueur à froncer des yeux pour garder le contrôle. Les bruitages, quant à eux, ressemblent à un énorme brouhaha. Certes, vous voilà pleinement plongé dans l’univers des représailles et des manifestations puissantes, mais chacune de vos missions ressemblera finalement aux précédentes, comme si le fouilli, les cris et le bazar étaient figés dans cet univers torturé.
Un amusement osé…?
Malheureusement, si les développeurs tenaient une idée « révolutionnaire » dans le creux dans leurs clics de codage, le fun n’est pas franchement au rendez vous dans Riot Civil Unrest. Malgré la bouillie de pixels effroyable, les missions peuvent s’enchaîner sans trop de soucis lorsque la difficulté est au plus bas. Cette dernière peut être chamboulée et devenir bien plus corsée mais cela ne suffira sans doute pas à retenir les joueurs, piqués au vif par des graphismes improbables et des scénarios qui se répètent sans offrir un véritable amusement au fil des différentes missions.
Riot Civil Unrest est disponible sur l’eshop de la Nintendo Switch au prix de 20 euros environ.
Le saviez vous ?
Concepteur de Riot Civil Unrest, Léonard Menchiari a réalisé ce jeu afin de faire prendre conscience de la réalité des émeutes lors des manifestations qui ont lieu un peu partout dans le monde. Alors qu’il a personnellement vécu cette expérience, il tente d’offrir aux joueurs son point de vue, aussi crédible que possible, afin de rendre compte des difficultés vécues sur le terrain, de part et d’autre des barricades.
Conclusion
Riot Civil Unrest avait tout en son sein pour être un jeu porteur de sens, d’originalités, d’amusements et de renouveaux pour la communauté de gamers. Tiraillés par des graphismes piquants, des bruitages agressifs, et des missions qui n’ont d’intérêt que le rappel de faits réels, sans prendre en compte l’amusement, les joueurs risquent rapidement de se détourner du soft. Partant pourtant sur des fondements intéressants, Riot Civil Unrest manque le coche de la réussite au profit d’un jeu certes osé mais fouilli et peu attractif.
LES PLUS
- Inspiré de faits réels
- Citations, chiffres et réflexions égrainés au fil du jeu
- Endosser les deux rôles tour à tour : tantôt manifestant, tantôt policier
- Musiques des menus
- Contenu correct
LES MOINS
- Jouabilité peu agréable
- Graphismes qui auront du mal à séduire
- Bruitages agressifs
- Oubli de l’amusement en cours de route
Ce jeu me faisait très envie mais j’attendais de lire un test pour savoir si j’allais franchir le pas. Je ne le franchirai pas, le test est clair, contrairement au jeu…. un fouilli de pixels sans tutoriel, non merci ….
Pareil que toi ! Le concept m’intriguait et puis jouer une foule de gilets jaunes ou de CRS, ça reste dans l’actualité et c’est assez unique dans un JV ! Malheureusement, le jeu est à l’image de sa direction artistique, fouilli, moche et peu attractif. Merci pour le test