S’il est un âge d’or pour les jeux de Gestion-Construction de cités et de Stratégie en Temps Réel, ce sont bien les années 90, et peut-être aussi le début des années 2000. C’est dans cette tranche que se classe justement le jeu Constructor lors de sa sortie initiale. Surfant sur la vague d’intérêt des joueurs PC, Système 3 délaisse les jeux de plateformes et de combat dont il a l’habitude pour s’essayer non pas à un, mais deux genres ! Et dans un seul jeu ! Une attitude intéressante qui ne serait pas sans rappeler quelques petites pépites tout droit sortie de la sphère indépendante de ces dernières années. À cette époque, le jeu récoltait dans la presse spécialisée, des notes tout à fait correctes allant du 14/20 au 18/20 : cependant, il ne marqua pas son époque comme l’ont fait des Age of, Rome et autres Pharaon… Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un nom et un certain pouvoir de nostalgie. Ni même de ressortir, en 2017, dans une version liftée en HD, et n’en déplaise aux plus hardcore des genres City Builder et STR (RTS en anglais) : sur console !
Cependant, pour la mouture Nintendo Switch, il faudra encore patienter : à tel point que le jeu finira par sortir en version ‘complète’ là où, sur les autres plateformes, les joueurs devront acheter l’extension pour bénéficier de tout ce que continent le jeu « Constructor Plus » sorti sur la console de Big N. L’attente ne fut donc pas veine, surtout que le jeu n’a pas été proposé à plus cher. Cela pour se faire pardonner de l’énorme retard de sortie. Concernant le jeu lui-même, il ne se range ni tout à fait dans la catégorie des City Builders, ni tout à fait dans celles des STR. Ce marché de niche expliquera probablement un succès très relatif et une certaine frustration aux plus néophytes d’entre-nous sur l’un ou l’autre de ses deux genres. Il vous imposera bien vite de passer les scénarios de tutoriel, tous sans exception, si vous voulez bien appréhender la complexité de la gestion proposée par ce titre qui, sur le papier, nous démontre de belles mensurations niveau contenu.
Pourvu au moment de ce test d’environ 140 bâtiments différents, de 48 scénarios, dont plusieurs de tutoriel, et 15 missions. Il vous sera aussi possible de profiter du jeu de manière plus classique : une partie sur une map prédéfinie, sans autre objectif que de construire et faire fructifier votre affaire, ou bien de jouer sur un choix de 17 maps différentes, allant de l’Amazonie à Uranus, et cela, avec un choix entre six modes de jeu et de victoire différents. Un peu à la façon des jeux Civilization. Avec la victoire par la guerre, par l’économie, par l’hégémonie, etcetera.
Inutile de s’attarder plus longtemps sur les détails techniques avant-jeu. Il est temps de lancer le jeu. Et sur ce point ; lorsque vous atteindrez la cinématique, vous pourrez comme moi être apeuré par une chose : non, pas son univers austère et sombre digne d’un polar. Non plus son style cartoon et débordant de cliché rien que dans le physique et l’ambiance de ce que vous y verrez. Rendant le tout presque… Nanardesque ! Plutôt par la présence d’une cinématique intégralement en anglais. Comprenez ici qu’il n’y aura aucun sous-titre lors de celle-ci. Cette énorme gaffe, que l’on peut supposer être involontaire, et qui vous fera craindre un jeu tout en anglais comme dans les plus lointaines heures du rétrogaming, s’estompera cependant dès le premier menu du jeu. Chaque texte est traduit à l’écrit. Les voix, elles sont toutes en anglais. Dommage, mais pas des plus importants.
Il est temps de lancer le jeu. Et ses premiers instants seront probablement plus que déroutants, y compris pour les plus adeptes de jeu de Construction de ville, que ce soit en rétrogaming ou bien en jeux récents. Ici, rien à voir. Les mécaniques seront à apprendre via les niveaux de tutoriels pour bien saisir toute la profondeur des possibilités qu’inclus le titre. C’est donc très rapidement, si l’on est un peu ouvert d’esprit, que l’on prend conscience du plein potentiel de la licence : la gestion des différents types d’habitant, la prise en considération de leurs besoins et de leurs peurs, permettant d’être bien payé ou de conquérir des quartiers, ou simplement ralentir votre adversaire. Ou mieux encore, lui faire perdre du temps ET de l’argent en réparations et systèmes de sécurité. Le fait de devoir, aussi, bien réfléchir aux bâtiments de production, de résidence, et autre, que vous allez placer dans chaque quartier pour que tous puissent fonctionner à leur plein potentiel. Que ce soit en termes de ressource, de reproduction, de bonheur ou bien même juste du placement de l’entrée d’un bâtiment.
On est loin d’avoir tout évoqué et pourtant, nous n’avons même pas encore touché un mot sur la création et gestion des unités : car ici, vous ne devrez pas seulement penser à vos forces d’attaques de vilains : entre gros bras, hippie, ou malfrats plus ou moins lourdement armés. Non, dans ce jeu, il y aura aussi l’aspect défensif et la gestion des forces de police. Qu’il faudra aussi bien placer pour qu’ils gèrent au mieux un maximum de maisons, d’usines et de quartiers. Préservant la confiance des citoyens, vos finances, mais aussi vos ressources ! C’est ainsi que le jeu vous prend, avec mille-et-une choses à devoir gérer et penser. Avec un emploi régulier du bouton pause. On ne regrette que très rarement l’absence d’un bouton pour accélérer la vitesse ; classique des genres construction de cité. Vous n’aurez jamais trop de vos deux mains et de votre pleine concentration. Pas l’idéal après une dure journée de travail, mais parfait pour les passionnés de gestion. Si le style graphique aurait pu vous faire penser à un jeu Androïd, sa complexité elle, en est bien plus importante.
D’ailleurs, il vous faudra composer avec vos groupes d’unité, souvent via de la micro-gestion assez intense. Peut-être pas au niveau d’un Starcraft, mais bien plus important que sur un Age of. Et au combien plus poussée que chez les différents titres de gestion construction de cité incluant des batailles. Chaque unité est importante, même vos ouvriers, qui peuvent combattre, réparer, rénover, construire, produire des ressources, mais devront parfois être stoppé dans leurs travaux pour faire augmenter le bonheur du voisinage. Une réflexion sur chaque action sera donc probablement nécessaire, et ce, même après plusieurs heures passées sur le titre. Jouez sans réfléchir à chaque action, et c’est presque la défaite assurée. N’est-ce pas là tout ce que l’on demande à un bon jeu qu’il soit City-Build ou STR ?
Oh, mais cette review est bien trop dithyrambique, et il faudrait probablement trouver un défaut. Est-ce si difficile ? (-cf Gandalf à Bilbon) Oh que non ! Clairement pas. Déjà, bien que les différents raccourcis soient aisés à prendre en main, vous préférerez toujours utiliser le tactile. De toute manière, de nombreux menus ne sont pas accessibles via les raccourcis et nécessitent de passer le curseur d’un bout à l’autre de l’écran. Acte long et fastidieux, ce qui malheureusement, en mode dock, est obligatoire constamment. Alors il vous faudra user des raccourcis, et quand c’est impossible, prendre votre mal en patience… Un défaut très gênant lorsque vous devez sélectionner une unité rapidement pour aller abattre un voleur avant qu’il ne puisse se débarrasser des ressources -ou de l’argent- qu’il vous a dérobé. D’autant que cette action nécessite de la précision, qui elle n’est juste pas possible sans le tactile ou une souris.
Si ce n’était que cela, le jeu subit malheureusement des pertes d’images par secondes assez gênantes. Si cela reste assez rare et uniquement lors de dézoom important, y compris sur des parties avancées (et oui, ça se produit aussi sur des parties très peu avancées.), ça devient un véritable calvaire lorsque cela tombe juste sur un des moments où vous devez agir précisément et vite… Fort heureusement ces baisses de framerate sont peu nombreuses et de très courte durée. Encore que, étant donné l’ancienneté du jeu, on aurait été en droit d’attendre une totale fluidité en jeu.
On pourra aussi déplorer l’absence totale de mode Multijoueur sur la monture Nintendo : ni en ligne, ni en local et forcément, encore moins en écran splitté.
Conclusion
Au final, que vous décidiez d'être le pire des magnats de l'immobilier ou le promoteur plus sage, il vous faudra forcément composer avec ce qui constitue la société. Les pauvres, les riches, les revenus moyens, mais aussi les voleurs, les flics, les hippies et autres squatteurs dégénérés. Mais non moins maillons de la chaîne. Si vous y voyez un humour grossi et d'un autre Age, que d’autres eux, y voient un humour faisant toujours mouche. Personnellement, j'y ai vu une subtile métaphore satyrique sur notre société. Aussi bon qu'il soit, Constructor Plus n'est est pas moins un ovni. Souffrant de ce qui a poussé au déclin de ses deux genres : une trop grande complexité, qui le privera d'une partie du public. Il n'en est pas moins une petite pépite de la Nintendo Switch, console fort peu pourvue en City Builder et STR. De là à le classer comme indispensable de la console... C'est à vous de voir !
LES PLUS
- La complexité du Titre (pour les expérimentés)
- L'humour et sa morale - Ce jeu nous apprend quelque-chose !
- Un concept différent et maîtrisé
- Sa morale satyrique
- Son humour
- Un contenu massif pour un faible prix
LES MOINS
- La complexité du titre (pour les débutants)
- Baisse de framerate
- Le curseur... (mon donut pour une souris N-Switch !)
- Son manque de narration
- Pas de multijoueur
il se sera fait attendre ce jeu. souvent reporté.
Au final, il est plutôt intéressant, et pas si facile
Si c’est reporté pour un résultat jouable, au final, c’est gagnant-gagnant ^^ pense au star wars porté sur switch tout tout récemment en exemple a ne pas suivre..
Ah ! Ca me rappelle des souvenirs (SimCity par exemple) 😀
J’ai bien envie d’être une marchande de sommeil :3
Bon test 😉