Vous est-il déjà arrivé de vouloir prendre le large en profondeur ? Alors peut-être connaissez-vous Subnautica dont le but est de parcourir un vaste monde extraterrestre parcouru uniquement de mers. Et bien, l’œuvre que l’on va découvrir ensemble aborde le même thème sous un angle totalement différent. In Other Waters est le produit de Jump Over the Age, un studio conçu autour d’une seule personne. Sortez les scaphandres et les tenues de plongée, il est temps de s’immerger dans la découverte de ce nouveau jeu !
Arrivée en eaux inconnues
Une xénobiologiste du nom de Ellery Vas débarque sur une planète océanique dans le but de retrouver une collègue disparue. À son arrivée, elle retrouve une combinaison qu’elle va enfiler de suite. C’est alors qu’elle se rend compte qu’elle n’est pas seule, car dans le jeu, on incarne une intelligence artificielle intégrée à cette tenue sous-marine. Et notre but est d’épauler Ellery tout au long de son périple sur Gliese 677Cc (un nom d’emprunt venant d’une vraie exoplanète d’ailleurs). Dès les premiers instants, le visuel du jeu nous fait vraiment prendre conscience que l’on est une IA : c’est une interface utilisateur qui nous sert de terrain de jeu. Notre particularité est que l’on maîtrise la combinaison, et qu’Ellery n’a aucun contrôle dessus. De ce fait on contrôle les déplacements de la scientifique, et pour avancer, il va falloir scanner les environs afin de trouver des points sur lesquels se déplacer via les systèmes de propulsion. On doit aussi faire attention aux réservoirs d’oxygène et d’énergie qu’il vaut mieux éviter de laisser se vider, sous peine de mettre dans de beaux draps notre protagoniste.
Mais n’oublions pas que dans le jeu, on représente une IA dédiée à la recherche scientifique. Ainsi, il est possible de trouver des échantillons sur les différentes formes de vies que l’on sera amené à découvrir. Ces échantillons peuvent être stockés jusqu’au nombre de 9 dans la combinaison, et en fonction de leurs origines, peuvent être utilisés pour restaurer l’énergie ou l’oxygène jusqu’à un certain niveau. Les relevés faits par notre duo vont servir pour la recherche, car, une autre volonté de notre partenaire, est aussi de faire des découvertes sur le vivant établi dans ce milieu subaquatique. Ainsi, Ellery sauvegardera à l’écrit dans une multitude de fichiers le résultat des analyses que l’on pourra faire lorsqu’on aura le matériel requis.
Le Gameplay n’est pas révolutionnaire et est assez simple mais ne procure pas énormément de plaisir. Les échantillons que l’on récolte servent plus qu’à de simples analyses, car ils peuvent interagir avec le terrain, voir servir pour des améliorations de l’équipement. Certains d’entre eux ont une particularité qui leur est propre, et tel un scientifique, il faudra les tester pour voir le résultat de leurs possibles modifications sur l’environnement. Ensuite, il est nécessaire d’être attentif aux dires et instructions de notre coéquipière, sans quoi on peut vite se perdre dans le fond marin et tourner en rond à ne plus savoir quoi faire pour continuer le jeu. Heureusement que dans le menu, l’IA que nous sommes enregistre les conversations récentes de la scientifique pour s’y retrouver. Dans tous les cas, la jouabilité est plus un motif pour appuyer l’histoire et l’immersion qu’un élément à part, mais il réussit bien cet objectif. Cependant, le temps n’est pas qu’à la recherche, car la raison de notre venue sur cette planète risque de prendre une tournure plus grave que prévu…
Un mystère nébuleux
Beaucoup de choses sont intrigantes dans l’histoire. Rien qu’au commencement du jeu, nous ne connaissons pas Ellery Vas. L’histoire qu’il y a autour d’elle, le lien qu’elle a avec la personne qu’elle recherche, mais aussi l’environnement extraterrestre dans lequel on est, toutes ces inconnues poussent la curiosité du joueur. Cependant, avant de découvrir le passé de note héroïne, les raisons de ses actes, la situation de la terre et de l’humanité et de toute autre chose, il va falloir entamer le début du jeu.
Le commencement est lent pour plusieurs raisons. Les déplacements du personnage ne sont pas rapides, mais ce choix de restreindre le gameplay a été fait pour améliorer l’immersion dans le jeu : les déplacements sont lents mais nous font très bien comprendre que nous sommes dans l’eau. Il faudra aussi du temps pour pouvoir posséder une certaine liberté, acquise uniquement après avoir effectué une sorte de didacticiel déguisé qui permet néanmoins de prendre joliment en main le gameplay. Et enfin, le scénario ne prend une tournure intéressante qu’après un certain moment. Certes, le jeu est une invitation à prendre son temps, mais ces points peuvent être frustrants et rebuter l’envie de continuer. De plus, c’est un jeu à narration principalement textuelle disponible seulement en anglais. De fait, il faut aimer la lecture et avoir un niveau relativement bon dans la langue de Shakespeare pour pouvoir apprécier la qualité de l’œuvre à son juste titre !
Car oui, une fois que l’on a été harponné parle scénario, il est dur de vouloir s’arrêter tant le mystère des découvertes est intense et que l’immersion est bonne. L’histoire est écrite de manière robuste, remettant bien dans le contexte notre situation et jouant avec des intrigues auxquelles on ne s’attend pas. Le jeu regorge d’énormément de données écrites faites par notre xénobiologiste. Le « bestiaire » s’étend aux vues des données récoltées, et les lires nous plongent plus profondément dans l’ambiance du jeu : on a vraiment l’impression d’être dans une quête d’analyse scientifique. Et puis au final, on s’attache à Ellery lorsqu’on découvre tous les mystères et les raisons qui l’entourent. La durée de l’immersion en ligne droite peut durer environ 5 heures et se termine en beauté. La fin porte un fort et beau message écologie et critique ouvertement la destruction et le massacre du vivant que l’humanité produit aujourd’hui. En plus, cette fin possède une « suite » directe, ce qui est d’autant plus appréciable si l’on veut continuer à étudier les autres formes de vie pour remplir le catalogue de données et les lires. Ainsi la durée du jeu peut très facilement être rallongée si l’envie de faire de nouvelles découvertes scientifiques sur ce monde nous prend ou si l’on souhaite réaliser les autres quêtes de prélèvements proposés.
Le secret réside dans l’ambiance
La principale puissance du jeu est surtout son ambiance qui est très avancée pour un jeu narratif principalement textuel. Tout est fait pour que l’on s’accroche à l’histoire et à l’univers du jeu pour que l’on s’y croie. Premièrement, le visuel du jeu nous fait clairement comprendre que nous sommes une IA. Tout ce que nous voyons est un viseur indiquant l’endroit de notre situation sur la cartographie des environs et avec un jeu de multiples données sur les échantillons possédés, l’état de la combinaison, etc. Le design est fait de manière sobre et très futuriste nous indiquant que l’on est dans un futur alternatif de l’humanité. De plus, l’interface est ornée d’un thème très scientifique, ce qui aborde efficacement l’un des sujets du jeu. Puis, les couleurs sont très appréciables, du jaune avec du bleu cyan, et varie en fonction de la situation et de la profondeur dans laquelle nous sommes, ce qui amplifie davantage l’atmosphère océanique dégagée du jeu. Sinon, au niveau de la lisibilité, lorsqu’on est en mode portable avec la Switch, la lecture peut devenir relativement difficile tant les mots sont petits, et cela ruine un peu l’expérience du jeu. Et autre défaut pour chercher la petite bête, la vignette du jeu ne correspond absolument pas à ce que le jeu propose et peut induire les joueurs en erreur. Surtout que l’aspect « sonar » du jeu est en droit de ne pas donner envie à certains joueurs.
Enfin, l’un des aspects du jeu qui peut frapper le plus est sa bande-son. Nous avons droit à des musiques d’ambiance apaisantes qui sont très peu redondantes. Même si elles ne se démarquent pas vraiment, elles correspondent parfaitement à l’ambiance subaquatique du jeu. Mais c’est surtout le sound-design extrêmement soigné qui joue beaucoup. Pour chaque interaction, déplacement et sélection d’un élément dans l’interface graphique, des sonorités apparaissent en faisant transparaître un maximum les sonorités marines et futuristes sans être pour autant envahissantes. Même certaines conversations avec Ellery et des moments clés de l’histoire sont employés intelligemment avec ces sonorités lors d’interactions. Un bravo à l’équipe qui a entouré Gareth Damian Martin pour le travail effectué ici.
Conclusion
L’œuvre britannique est particulière et reposante. L’ambiance du jeu et son histoire nous poussent à sortir notre scientifique intérieur. Le dénouement que l’on va y vivre est en force de nous poser des questions sur les conditions de la vie sur notre planète. Cependant, certains défauts sont à pointer du doigt : vignette trompeuse, accessible uniquement en anglais, un gameplay qui n’est pas des plus amusants et un début lent. Et au premier coup d’œil, le design apparenté à un sonar peut perturber et détourner le regard de certains. Il est clair que le jeu n’est pas tout public mais il s’avère que In Other Waters propose un message fort et une expérience qui n’a pas d’équivalent sur le marché.
LES PLUS
- - Une histoire robuste et bien pensée
- - Un très beau message de fin
- - Interaction tactile disponible en version nomade
- - Un Sound-Design très soigné et détaillé
- - Des graphismes atypiques, mais colorés, intelligemment conçus et en harmonie avec le thème du jeu …
- - Durée de vie qui peut très bien se rallonger
- - Une ambiance et une atmosphère réussies
- - Une fin qui s’ouvre sur une « suite » directe
- - Un univers étendu par toute la lecture proposée
- - Une expérience unique et introuvable ailleurs
- - Le jeu est relaxant et nous invite à prendre notre temps
LES MOINS
- - Uniquement en anglais (nécessite une bonne compréhension de cette langue à l’écrit)
- - Un début lent
- - Ne plaira pas à tout le monde
- - On peut facilement se perdre si on ne fait pas attention à ce qui est dit
- - … mais qui ne donnent pas envie par l’aspect « sonar »
- - La vignette du jeu est trompeuse
- - Lecture difficile en mode portable
- - Un gameplay pas des plus enrichissants