Giraffe and Anika a été développé par le studio japonais Atelier Minima, dirigé uniquement par le mangaka Atsushi Saito. Sorti en début d’année sur Steam, il s’agit du premier jeu de ce studio et il a franchi les frontières grâce à l’éditeur Playism. Réalisé en solo et avec passion, voyons ce que nous propose cette aventure.
Un petit chaton égaré
Le jeu commence par une petite introduction mettant en scène différents personnages au travers d’une bande dessinée, un peu typée manga. Tout semble flou et vous comprenez rapidement que le personnage principal a perdu la mémoire. Vous arrivez ensuite au sein même du jeu, dans un univers en 3D plutôt chatoyant. Vous incarnez alors Annika, une petite fille amnésique disposant d’une queue et d’oreilles de chat. Vous vous réveillez sur l’île de Spica, dans une petite clairière devant la maison d’une certaine Lisa. Après quelques minutes d’exploration, vous trouverez la compagnie de Giraffe qui sera votre guide dans cette aventure. Il vous confiera une mission que vous seule serez à même de mener. Votre objectif sera alors d’explorer tous les recoins de cette île pour accomplir cette grande mission et par la même occasion tenter de retrouver la mémoire.
Petit monde mais grandes découvertes
Le jeu est très calme et posé et se base uniquement sur de l’exploration avec son lot de plateformes à franchir. Vous n’aurez ici aucune arme à lever et les seuls ennemis que vous rencontrerez devront être évités afin que vous ne soyez pas blessé. Votre barre de vie sera également votre barre de respiration sous l’eau. Vous devrez penser à la recharger dès que vous en avez l’occasion grâce à des cristaux présents un peu partout ou en mangeant des légumes. La mort n’est pas punitive et vous fera recommencer juste avant l’action qui a menée à la perte de vos points de vie. La progression dans l’histoire se fait en cinq actes, chaque acte étant composé de trois phases : une phase de découverte et d’exploration, une phase avec un donjon apportant son lot d’épreuves diverses et un boss à affronter au bout du donjon. Le jeu change de gameplay face aux boss puisque vous devrez les affronter sur un jeu de rythme. Cela dit, ces phases restent assez basiques et n’offrent aucune difficulté, vous n’aurez qu’à gérer la position d’Annika (gauche ou droite) et à appuyer sur A au bon moment. Chaque donjon que vous vaincrez vous débloquera une compétence qui vous aidera à aller plus loin dans votre exploration.
Vous rencontrerez des personnages au cours de votre aventure qui vous donneront des quêtes afin de faire avancer l’histoire. La progression est assez linéaire et n’offre que peu de place à la fantaisie. De nombreux coffres sont disposés sur votre chemin, certains étant plus ardus que d’autres à dénicher. Le temps que vous mettrez à finir le jeu dépendra donc en partie du temps que vous irez “perdre” à chercher tous ces coffres. Il vous en faudra toutefois ouvrir un certain nombre pour ne pas vous retrouver bloqué plus tard dans l’histoire. La plupart de ces coffres contiennent des artworks dont le rendu est parfois discutable et vous pourrez les donner au musée local en échange de récompenses via une carte de fidélité. Hormis la chasse aux coffres, quelques quêtes annexes sont disséminées à travers le jeu mais sont toutes facultatives. Elles vous donneront en revanche de précieuses indications sur l’origine de ce lieu où vous vous trouvez et sur quelques points de contexte de l’histoire. Vous aurez également en lien avec les quêtes annexes un onglet “Achievements” accessible à tout moment mais qui n’apportera rien au jeu et ne servira qu’à flatter votre égo.
Les goûts et les couleurs
Le jeu est mignon, plein de poésie et propose une approche assez enfantine du jeu vidéo. Ce côté poétique et enfantin s’accroît au fur et à mesure que vous approchez de la fin. Toutefois, bien qu’Annika soit modélisée correctement, ce n’est pas toujours le cas des autres personnages. Les graphismes ne sont pas mauvais mais tout semble vraiment très basique. Certains éléments du jeu seront volontairement “moches” et comme cela est justifié par l’histoire, je ne porte pas mes critiques là-dessus (notamment les points de sauvegarde ainsi quelques statues que vous trouverez). Les décors sont parfois jolis, parfois agressifs pour la rétine, le pire étant quand vous sortez d’une maison pour aller à l’extérieur. On sent qu’il y a eu quelques efforts faits par-ci par-là mais tout n’est pas uniforme et la moindre tache apparaît de manière assez évidente vis-à-vis du reste. Il en va de même pour la musique, celle-ci s’accorde parfaitement avec l’ambiance et les différentes zones que vous explorez. Cependant, elles deviennent très vite répétitives car la boucle de chaque piste audio est très courte. Les bruitages du personnage ainsi que les bruitages des monstres sont également très limités ce qui casse un peu l’immersion lorsque vous passez trop de temps au même endroit. Les musiques face aux boss sont quant à elles plutôt réussies, même si on reste sur l’aspect basique cité un peu plus haut, elles font le travail et appuient correctement sur l’aspect poétique du jeu et la non-violence.
Les détails qui fâchent
Bien qu’il soit assez mignon et plein de bonne volonté, Giraffe and Annika vient nous embêter sur quelques aspects. Chose assez rare à noter, la gestion de la caméra est correcte dans l’ensemble, cependant celle-ci viendra se réinitialiser proche de votre personnage à chaque changement d’écran ou chargement. Cela n’est pas injouable mais assez frustrant de devoir constamment éloigner la caméra du personnage pour mieux gérer votre environnement d’exploration dès qu’un temps de chargement se produit. Par ailleurs, ceux-ci sont assez nombreux et cassent eux aussi l’immersion. Vous avez par exemple un temps de chargement pour monter ou descendre d’une échelle, très probablement pour ne pas avoir à animer le personnage. Un autre point, la progression du jeu se fait via des dialogues avec les personnages importants. Si vous avez oublié de parler à un personnage, vous pouvez vous retrouver bêtement bloqué et devrez faire demi-tour pour pouvoir continuer. On peut noter également la présence du cycle jour/nuit qui, hormis faire gagner du temps de jeu, n’apporte strictement rien en terme de contenu. Une dernière chose qui m’a un peu choqué, la difficulté abrupte du dernier acte. Alors que tout le jeu est simple, mignon et délicat, le dernier acte est brutalement plus dur. Cohérent dans l’histoire et pas insurmontable mais peu cohérent avec tout ce qu’il s’est passé avant en terme de level design et de progression.
Mais le vrai point qui me chagrine le plus après avoir détaillé tous ces aspects, c’est le prix du jeu sur Switch pour sa durée de vie. Sans aucun spoil, vous avez un haut-fait (pour rappel, menu accessible avant même de lancer le jeu) qui vous récompense pour avoir terminé le jeu en moins de 4h30. Sans chercher à faire le 100% mais en m’amusant un peu sur les quêtes annexes et les coffres, ma partie s’est terminée au bout de 5h30. Une fois le jeu terminé, toutes les parts d’ombres se lèvent et vous apprenez le fin mot de l’histoire. Hormis le désir de vouloir vous replonger dans l’histoire à nouveau pour y trouver tous les indices cachés et avoir une meilleure compréhension du contexte (ou pour speed run le jeu), il n’y a aucun intérêt à le relancer. Pour ce prix là (30€), c’est clairement la plus grosse déception de ce que le titre a à nous apporter.
Conclusion
Giraffe and Annika est un jeu mignon, sans violence ni combat et plein de poésie qui vous propose une aventure particulière. De nombreux personnages hauts en couleurs viendront vous apporter leur aide afin de vous aider à accomplir votre objectif. Cependant, la qualité visuelle et la musique répétitive viendront quelque peu transformer votre aventure en vous laissant un arrière goût étrange, pour ne pas dire amer, quand vous vous apercevez que le jeu se termine en 5h. Le jeu est loin d’être mauvais, l’histoire est jolie et le voyage intéressant mais pour cette durée, le prix est plutôt rebutant, sans compter qu’il n’y a pas de traduction en français. Toutefois, de par son univers, Giraffe and Annika peut servir d’initiation au monde du jeu vidéo aux plus jeunes ou aux néophytes avec des challenges captivants et peu punitifs.
LES PLUS
- L’évolution et le dénouement de l’histoire
- L’ambiance poétique et non-violente
- Un petit monde mais riche en exploration
- Idéal pour initier aux mécaniques des jeux vidéo
LES MOINS
- Les graphismes parfois trop bâclés
- La musique trop répétitive
- De nombreux petits détails qui gâchent l’ensemble
- Le prix sur Switch pour la durée de vie