Premier jeu du studio Moonsprout Games, sorti en novembre 2019 sur Steam, puis fin mai 2020 sur consoles (PS4, Xbox, Switch), Bug Fables est un RPG à la sauce et au parti pris graphique à la « Paper Mario ». Même si le nouvel épisode de cette série, The Origami King, modernise la licence, Bug Fables se rapproche plus des premiers épisodes sortis sur Nintendo 64 et Gamecube. Alors, hommage honorable ou simple plagiat ? Verdict.
Bienvenue à Bugaria
Tout d’abord Bug Fables ne bénéficie pas encore d’une traduction française, les seules langues disponibles sont l’anglais, l’espagnol et le japonais. Bug Fables est très bavard, donc si vous avez le courage et que vous maîtrisez une de ces langues, vous pourrez vous y aventurer sans difficulté. Sinon, nous espérons que vous saurez vous accrocher.
L’histoire se passe dans le royaume de Bugaria. Celui-ci est dominé par le royaume des fourmis, où la reine Elizant, a depuis des lunes un objectif : retrouver ce que l’on peut appeler le jeune arbre éternel, qui offre pouvoir et immortalité à celui qui en mange le fruit. Pourtant, celle-ci n’y arrive pas, et meurt sans atteindre son but. Elle lègue son trône à sa fille, Elizant II, qui reprend le flambeau de réaliser le rêve de sa mère. Pour y parvenir, elle va ouvrir son royaume aux autres insectes et créer ce qu’on appelle les « équipes d’explorations ». Celles-ci ont pour objectif de trouver quoi que ce soit qui soit en rapport avec le jeune arbre éternel. C’est là que notre histoire commence. Dans la ville du royaume des fourmis, nous allons incarner Kabbu, un scarabée solitaire qui vient de loin pour participer aux recherches et intégrer une équipe d’exploration. Celui-ci va rencontrer Vi, une jeune abeille partie de son royaume en quête de gloire et de richesses. Ses espoirs l’ont amenée au royaume des fourmis, pour intégrer elle aussi une équipe d’exploration. Sur un malentendu, ces deux insectes vont créer leur propre équipe, et partir pour une explorer le fameux « Snakemouth Den » (que l’on pourrait traduire par « le repaire de la tête du serpent »), où un artefact ancien permettrait de découvrir le lieu où se trouve le jeune arbre éternel. Sur leur route, ils vont rencontrer Leif, un étrange papillon de nuit amnésique, emprisonné dans une toile d’araignée. Ce qui rend cet insecte si mystérieux, c’est qu’il semble être resté dans cette toile depuis très longtemps, assez longtemps pour avoir connu le règne de la première reine Elizant. De plus, celui-ci se voit doter de pouvoirs magiques liés à la glace, et semble entrer en transe quand il se trouve à proximité d’un objet ou artefact magique. À eux trois, ils vont former la team Snakemouth, et vont, tout au long de leur aventure, accumuler les voyages dans Bugaria en quête de l’arbre éternel, et des origines perdues de Leif.
L’araignée, l’araignée
Premier constat, malgré que le soft ne soit pas en français (l’auteur de ces lignes l’a fait en anglais), le scénario est prenant de bout en bout. L’écriture est soignée. L’univers est incroyable. Les personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires, sont tous attachants. On a envie de se plonger dans l’histoire, difficile de lâcher la manette. Il y a en tout 7 chapitres, et la densité de ceux-ci, bien qu’inégales, sont prenant de bout en bout. Il y a une myriade de choses à découvrir. Il y a un onglet « Découvertes » dans le menu qui permet d’en apprendre encore plus sur l’univers et l’histoire de Bugaria, ainsi qu’une bibliothèque où vous allez devoir retrouver une vingtaine de livres à travers le royaume pour découvrir un peu plus le lore du jeu. On espère vraiment que le jeu sera traduit en français (aucune information pour le moment), tant pour la qualité d’écriture et du scénario que de la grandeur et la générosité de son univers.
Tant qu’on parle de générosité, sachez que du contenu, Bug Fables en propose énormément ! Non seulement la quête principale demande une vingtaine d’heures pour être complétée (pour un jeu indépendant, c’est assez surprenant), ce qu’il y a faire à côté vous demande le double, voir un peu plus. Cela va des quêtes annexes à foisons, dont quelques-unes qui nous en apprenne plus sur certains personnages secondaires, débloque même des endroits du jeu ou des compétences pour nos héros, aux différentes recettes de plats à créer, à l’instar des premiers Paper Mario, qui augmenteront les soins ou donneront des effets supplémentaires. Les quelques mini-jeux disséminés par-ci, par-là rallongent la liste des activités disponibles. Il est même possible de se faire un mini-boss/boss rush pour recevoir récompenses et argents. Vraiment, côté contenu, il y a de quoi faire, Bug Fables est généreux. Par contre, on regrette trop d’allers-retours sur certaines quêtes annexe, et il n’est pas possible, du moins au début du jeu, de faire des voyages rapides.
1001 pattes
S’il y a bien quelque chose qui est important de nos jours dans un jeu vidéo, c’est le gameplay. Très ressemblant aux premiers Paper Mario (encore une fois), notre soft indé s’en sort mieux sur certains points que ses modèles. Il modernise un gameplay vieux d’une vingtaine d’années, et que certains fans regrettent des nouveaux épisodes de notre plombier papier. Parlons d’abord des déplacements et de l’exploration. Les villes sont grandes, et il est possible de parler à moult PNJ, tous plus uniques les uns que les autres. Vous ne verrez JAMAIS un même sprite pour plusieurs personnages, ils ont tous des aspects uniques et originaux, mettant en avant merveilleusement la diversité du monde des insectes. Les ennemis : nous n’avons rien à redire, à part quelques montres se ressemblant, ils ont tous un design unique et en concordance avec le lieu, l’ambiance où ils se situent.
Les lieux de Bugaria sont variés, et ce même s’il s’agit d’un jardin en abord d’une maison. Vous contrôlez un des trois compagnons disponibles, et il est possible de switcher d’une touche pour contrôler un autre partenaire. Tout comme les alliés de Mario dans ses aventures papier, nos amis ont des capacités pouvant être utilisés en dehors des combats. Vi peut lancer son « beemerang » pour assommer les ennemis environnants, attraper des objets ou activer des interrupteurs hors de portée. Kabbu peut utiliser sa corne pour trancher les herbes qui se dressent sur son chemin. Leif peut geler les ennemis qui viennent à nous, ou transformer une goutte d’eau en bloc de glace que Kabbu pourra déplacer pour en faire une plateforme. Ces compétences vous seront utiles surtout pour résoudre les divers casse-tête et énigmes qui se dresseront sur votre chemin. D’autres compétences sont obtenables au fil de l’épopée, mais nous vous laissons le soin de les découvrir.
Le lion ne s’associe pas avec le cafard
Le système de combat n’est pas en reste non plus. Revenant aux bases des premiers Paper Mario, nous sommes dans un tour par tour assez classique. Les héros commencent à attaquer, les ennemis suivent, et ainsi de suite. Classique, mais Bug Fables le modernise, l’approfondit. Contrairement à Mario qui avait un partenaire avec lequel switcher, ici nous contrôlons au combat les trois insectes de l’équipe Snakemouth, et la formation prend tout son sens. Prenons un exemple : on lance un combat, dans l’ordre de formation, à la file indienne, nous avons Vi, Kabbu puis Leif. Vi est en tête de gondole, elle sera susceptible d’être attaquée plus souvent. À contrario, celle-ci fera un point de dégât supplémentaire, comparé à ses comparses restés à l’arrière. Ceux-ci infligeront moins de dégâts, mais seront moins visés par les ennemis. Il est possible de switcher l’ordre de ces personnages tant qu’aucun d’entre eux n’a attaqué. Autre nouveauté, un héros est capable de transférer son tour d’action à un autre, mais plus un personnage attaque le même tour, et plus il perd en force, et ce, jusqu’au tour suivant. Bien évidemment, tout l’aspect stratégique repose là-dessus, car certains ennemis ne sont affectés que par les attaques de certains de nos insectes. Vi peut toucher les ennemis volants avec son Beemerang, Kabbu peut renverser certains ennemis pour supprimer leurs défenses, et les attaques de glaces de Leif sont plus puissantes sur certains monstres végétaux. Vous l’avez compris, ce n’est pas tant dans le nombre de personnages ou les compétences à utiliser qui est votre atout dans la bataille, c’est surtout le placement et le transfert de tour qui sera déterminant, surtout vers la fin du jeu.
On parle de compétences, car les personnages en ont plusieurs. Vous en apprenez en augmentant de niveaux, ou en accomplissant certaines quêtes. Les objets recueillis ici et là vous seront aussi utiles, car les PV et TP (points de techniques, utilisés pour les compétences) sont moins nombreux que dans Paper Mario. Là aussi, un certain aspect stratégique et gestion de votre équipe sont présents, plus que dans les aventures de notre cher plombier. Comme dans un Paper Mario, un système de QTE est présent lors des joutes. Il faudra appuyer sur la bonne touche pour permettre à Leif de faire plus de dégâts en attaquant, ou alors relâcher au bon moment le stick analogique avec Kabbu. On a pour la plupart du temps à utiliser les attaques basiques, mais les compétences diversifient le gameplay et les QTE. Il en est de même pour la défense. Quand un ennemi attaque, appuyer sur la touche d’action défend la cible de l’assaillant pendant même pas une seconde, lui permettant de réduire les dégâts reçus. Appuyer au bon moment et avec un timing parfait les réduit encore plus. De plus, un système d’initiative est aussi disponible quand vous êtes sur la carte. Comprenez par-là que si vous lancez le beemerang de Vi sur un ennemi, cela l’étourdit un instant. Si vous le touchez à ce moment-là, vous aurez l’initiative, et le combattant en tête de queue aura une action supplémentaire pour le premier tour. En revanche, si l’ennemi vous attaque et vous touche, il a l’initiative et attaque avant vous. Donc prudence est mère de sureté.
C’est la secte des insectes
Alors, que manque-t-il pour ressembler encore plus à Paper Mario ? Vous ne vous en souvenez pas ? Si je vous dis Badges ? Ah ça y est, on vous retrouve !! Ici, les Badges sont remplacés par des Médailles. Pour ceux qui ne savent pas, il s’agit en fait d’équipements qui permettent de débloquer des attaques ou compétences tant que celles-ci sont équipées. Par exemple, Kabbu peut apprendre une attaque à distance, à condition que la médaille adéquate soit équipée. Vi peut voir ses attaques avec les dards recevoir un changement d’état, comme le poison, ou la paralysie. Il est possible d’augmenter le nombre de PV d’un allié, ou alors de le rendre moins vulnérable au poison, ou au sommeil. Il existe une multitude de médailles qui vont vous permettre de personnaliser au maximum votre équipe et votre façon de jouer. Bien entendu, équiper une médaille vous coûtera des MP, ou points médailles. Il vous sera possible de les augmenter en montant de niveau, tout comme il vous sera possible d’augmenter vos PV ou TP.
Comment ? Nous avons oublié quelque chose qui fait penser à Paper Mario ? Les morceaux d’étoiles, bien sûr. Ici, ils sont remplacés par les baies de cristal. Il s’agit d’une monnaie tierce et plus rare, qui vous permet d’acheter des médailles spéciales et plus puissantes. Si vous n’arrivez pas à les trouver, pas de panique. Il existe quelque part un médium qui vous donnera un indice sur l’emplacement de l’une d’eux, contre une rétribution, bien sûr. Tout comme Paper Mario, encore une fois.
Dans un pays de tous les temps, vit la plus belle des abeilles
Donc nous avons un scénario béton. Un gameplay aux petits oignons. Une durée de vie incroyable et du contenu dense. Qu’en est-il de la réalisation et de la bande-son ? Cette dernière, est, pour notre part, incroyablement bien fournie et surtout terriblement addictive. Il existe une myriade de thèmes différents, chaque lieu a sa musique appropriée. Les thèmes de combats sont entraînants et ne lassent pas. Mention spéciale à la musique des mini-boss. Tiens, et les boss de chapitre ont chacun leurs propres thèmes de combat. Cela ne vous rappelle pas un certain jeu ?
Abordons maintenant le seul vrai point noir du jeu. La réalisation est en deçà des cadors du jeu indépendant. On retrouve partout l’effet papier, c’est mignon, les décors sont divers et variés, mais il manque ce petit quelque chose, ce peps que certains titres ont que Bug Fables n’a malheureusement pas. Alors attention, nous ne jetons pas la pierre, au contraire. Le jeu est mimi comme tout, mais on pouvait clairement, mieux faire.
Conclusion
Alors, comme on posait la question en introduction : hommage ou plagiat de Paper Mario ? Pour nous, c’est plus qu’un hommage. C’est un véritable renouveau, une revisite de ce classique de la N64 que nous découvrons, avec ces petites touches de modernités disséminées par ici, par-là. Bug Fables est un excellent jeu, à découvrir d’urgence. On croise les doigts pour qu’une traduction française (de qualité, de préférence) voie le jour pour ceux qui ont peur de ne pas comprendre l’histoire entraînante qu’il nous narre. Si Paper Mario The Origami King vous a déçu et que vous cherchez à renouer les liens du passé avec le premier épisode de la série, Bug Fables saura vous faire passer un bon, voir un incroyable moment. Alors, à quand un deuxième épisode ?
LES PLUS
- Ce scénario digne d’un jeu AAA
- Toute la fibre Paper Mario d’antan retrouvée
- Contenu généreux
- Une bande-son agréable à l’écoute qui ne lasse pas
- L’exploration et les énigmes
- Les combats à la sauce Paper Mario
- Les 3 héros, attachant (surtout Vi)
LES MOINS
- Pas de français pour le moment
- Réalisation graphique un brin en dessous de nos attentes
- Certains aller-retours fatiguant
le francais probable ? le jeu a quand meme plus de 3 mois non ?
A ce jour, il n’y a pas de traduction française disponible. Je n’ai pas vu d’informations une possible traduction mais, wait and see comme on dit 🙂
je pense malheureusement , que c est cuit..et dommage , ca a l air d etre un excellent jeu