« Le donjon, salon et torture, j’écoute. Une séance d’OkunoKa Madness, je note … très bien. Avec ou sans fouet ? Avec, je vois qu’on aime se faire mal. »
La magnifique prose que vous venez de parcourir était notre ressenti de notre test du jeu des Italiens de Caracal Games. Bizarrement, le chef en voulait plus, rapport à son abonnement à cuir et clous magazine sûrement… Enfin bref, si comme le chef, vous aimez quand ça fait mal, voici OkunoKA Madness !
Le plaisir est dans la douleur !
Après OkunoKa sorti, il y a déjà deux ans, qui avait rouvert les plaies encore sanguinolentes des fans de Super Meat Boy, nos intrépides Romains remettent le couvert pour nous proposer une version « plus » de leur Die & Retry.
Nous contrôlons Ka, un cousin germain de Stitch, qui semble aimer la sieste et sauver le monde. En effet, le monde est en danger : le vil Os est en train de corrompre les esprits. Heureusement, Ka en digérant (pour parler proprement) les esprits corrompus, a le pouvoir de les rendre normaux à nouveau.
Un scénario qui ne casse pas trois pattes à un canard et qui ne respire pas le bon goût, mais bon comme le dit le chef « l’important, c’est la souffrance ! »
Et de la douleur, il va y en avoir avec OkunoKa Madness. Si les premiers niveaux font penser à un très joli clone de Super Meat Boy avec ses mécaniques simples : courir, sauter de manière courte ou longue et esquiver tout objet tranchant, très vite une nouvelle technique entre en jeu : nous avons la possibilité de modifier la phase de notre héros bleu, au choix, entre trois éléments : la glace, le feu ou l’éclair. Cette phase nous permet de transformer les nuages de la couleur adéquate en une plateforme utilisable pour avancer dans le niveau.
Le gameplay s’en trouve d’un coup complètement renouvelé. Peut-être trop d’ailleurs, car si les habitués des « masocores » apprécieront la nouveauté et le challenge que cela représente, la difficulté induite par cette couche supplémentaire à gérer va en décourager plus d’un.
De même, si un Super Meat Boy vous permettait d’affronter le boss sans avoir fini tous les niveaux et ainsi avancer dans le jeu pour revenir plus tard sur les niveaux qui vous bloquaient, OkunoKa Madness vous oblige à tout terminer avant d’avoir le droit d’affronter le boss et de passer au niveau suivant. Autant vous dire que l’on vous conseille d’éviter le jeu si vous avez tendance à vous énerver facilement.
Les boss de fin de monde permettent aussi de varier les situations tout en restant très difficile. Nous pouvons aussi, dans certains niveaux, récolter des « âmes » débloquant des skins pour Ka, et trouver des failles nous emmenant vers des niveaux secrets, qui sont à finir avec un nombre limité de vies.
Dans chacun de ces cas, le challenge est toujours bien relevé et il nécessite un bon sens du timing et une grosse dose de patience/résignation/sac de frappe (rayez la mention inutile.)
La technique exacerbe-t-elle le supplice (vous avez deux heures) ?
La question peut paraître déplacée à l’aube des promesses de la 4k native, mais elle a le mérite d’être posée. Oui ! OkunoKa Madness est beau, bien animé et très détaillé.
Mais justement, le fait d’être moins épuré qu’un Super Meat Boy entraîne parfois une confusion quant à savoir ce qui est létal et ce qui ne l’est pas. Alors certes, nous le découvrons très vite, mais c’est encore une dose de frustration supplémentaire.
Il faut quand même saluer le travail du studio, pour avoir donné vie à leur vision de ce monde fantastique. Les détails apportés aussi bien sur les décors que sur les créatures peuplant leur monde donnent toujours envie d’aller plus loin.
Les musiques quant à elles sont assez banales pendant les niveaux, seuls les stages de boss bénéficient d’arrangements bien plus dynamiques qui rehaussent le niveau de stress.
Il est temps d’aborder, pour moi, le gros point noir : l’ergonomie des touches. Devoir accélérer avec la touche X et sauter avec la touche B, à moins d’avoir mélangé un joy-con avec un pad xbox, nous ne voyons vraiment pas comment ça peut sembler logique. D’autant plus que seules ces deux touches servent, le changement de phase se faisant avec les touches L et R. Pourquoi ne pas avoir opté pour un classique Y/B ou X/A, seule la patronne du donjon le sait. Nous avons quand même la possibilité de courir avec ZR, mais là, c’est le changement de phase qui est perturbé.
Toujours dans les reproches : dans les airs, Ka se montre un peu trop « flottant », son inertie étant plus prononcée que dans Super Meat Boy. La maîtrise de Ka demande un temps d’adaptation qui entraîne de nombreuses morts dans les premiers niveaux un peu plus techniques et risque de vous faire lâcher rapidement la manette.
Enfin, la taille de l’écran en portable rend aussi le jeu plus difficile, privilégiez plutôt le jeu en docké pour un confort optimal.
Terminons notre tour du salon (ben oui faut relire l’intro) par les différents modes disponibles. OkunoKa Madness est bien une version « plus », le contenu de base y est présent, et y a été ajouté le mode folie : soit 20 niveaux supplémentaires. C’est bien, mais si vous avez déjà fait le jeu, ce ne sera sans doute pas suffisant pour repasser à la caisse, d’autant plus que le jeu de base est déjà très complet. Nous avons aussi la possibilité de jouer en mode contre la montre, dans lequel nous pouvons comparer nos temps avec ceux des athlètes du monde entier.
OkunoKa Madness est donc assez complet pour un Die & Retry. Notons aussi, pour les fans du « 100% », la possibilité de débloquer des skins en terminant plusieurs niveaux avec un temps de rang S.
Conclusion
Si vous êtes fan de Die & Retry et que vous n’avez pas encore tenté l’aventure OkunoKa, alors cette version Madness est faite pour vous. Avec plusieurs modes et un challenge élevé, mais non répétitif, il saura sans aucun doute vous charmer. Il est suffisamment différent des canons du genre pour mériter sa place dans votre ludothèque. Si vous voulez tenter de vous mettre à la mode des « masocores », là aussi, OkunoKa Madness a de sérieux arguments pour vous séduire : ses graphismes sont magnifiques et son gameplay est à la fois riche et simple d’accès. L’ergonomie des touches vous fera pester au début, mais si vous vous accrochez, le monde merveilleux du plaisir d’avoir réussi ce qui semble impossible aux autres s’offrira à vous. Enfin si vous êtes fermé à la difficulté et que pour vous un jeu, c’est d’abord un moment de détente, alors fuyez, car OkunoKa n’est pas fait pour vous. Il demande beaucoup d’investissement pour en voir le bout, beaucoup d’abnégation et de self-control, mais une fois terminé quelle fierté !
LES PLUS
- Graphismes
- Mécaniques de jeu
- Sentiment d’accomplissement à chaque réussite
LES MOINS
- Les musiques oubliables
- L’ergonomie des touches