Développé par le petit studio bordelais Nova-Box, Along The Edge est un titre qui fait partie de la famille des Visual-novels. A la manière d’un Stein;Gate, il vous permet d’agir sur l’histoire que vous vivez à travers le choix des actions et des dialogues. Pas de bagarres à base de hadôken ou de sauts dans un tuyau avec un plombier moustachu ici. On navigue à vue dans une bande dessinée interactive.
La technique qui donne l’eau à la bouche
Si le cœur du jeu est son scénario et ses multiples embranchements, nous y reviendrons juste après la partie technique (ben oui, faut bien maintenir le suspense…)
Along The Edge est une BD interactive ou les planches s’enchaînent au gré des événements. Si la plupart des visual-novels nous viennent du pays du soleil levant et arborent un style très kawaï, le titre de Nova-box se veut résolument français. Le style graphique évoque Loisel (Peter Pan, la quête de l’oiseau du temps, Magasin général) pour ses personnages et la peinture impressionniste pour ses paysages.
Chaque planche, par ses choix de couleurs et sa composition, se juxtapose parfaitement aux sentiments de notre héroïne, évoquant aussi bien la mélancolie que la peur ou la tristesse. Les paysages sont magnifiques : glaciaux en Hiver, colorés en automne et déprimants sous la pluie.
Les personnages ont chacun leur identité visuelle propre et les clichés otaku sont bien loin. Il est très difficile, lors de la première partie, de savoir quelles sont leurs intentions et si celles-ci sont louables.
Le dessinateur bordelais Nicolas FOUQUE a réalisé un excellent travail sur Along The Edge.
Les musiques ne sont pas en reste. Là aussi, Nova-box a su faire appel à un musicien de qualité : Charles Henry MARTIN. Ses compositions au piano collent parfaitement à chaque situation. Elles savent se faire discrètes au moment de nos choix, renforçant l’effet de prise de décision pour se montrer plus présentes lors des phases où le jeu nous conte son histoire.
Des choix, des histoires
Après ces amuse-bouches de qualité, il est temps de passer à la partie principale : le scénario. Dans Along The Edge, notre héroïne, Daphné DELATOUR, jeune femme autour de la trentaine qui vient de subir un traumatisme, apprend qu’elle vient d’hériter via sa grand-mère de la propriété familiale. Elle décide de changer de vie, accepte un poste de professeur de mathématique remplaçante et emménage dans la demeure. Très vite, une atmosphère étrange plane autour d’elle, de sa famille et du village dirigé par la famille MALTERRE.
Le pitch est posé, le reste, c’est à vous de le découvrir. L’aventure est assez courte, comptez 3-4 heures pour en venir à bout. Elle propose une histoire assez mature matinée d’occultisme et de folklore celtique.
Le jeu nous plonge dans son histoire et c’est à nous, par nos choix dans les dialogues et dans les actes de Daphnée, d’orienter sa vie. Nos décisions ont ainsi une influence sur son métier, son rapport à l’occultisme et ses relations amoureuses. Chaque choix agit sur l’alignement de notre héroïne. Ces alignements sont au nombre de quatre et sont représentés sous la forme d’icône (assez petit) en haut de l’écran : la sphère pour le coté cartésien, le soleil pour le coté lumineux, la lune pour le coté ténébreux et enfin l’étoile pour l’attirance pour la magie. L’idée est intéressante, mais sans « compteur », il est très difficile de savoir où on en est et modifier à dessein sa personnalité reste compliqué.
La grande force d’Along The Edge est de permettre de vraiment choisir la personnalité de Daphné, les dialogues sont clairs, bien écrits et ne laissent que rarement la place au doute sur l’alignement impliquée dans les réponses. L’immersion dans la vie de et les sentiments de Daphné est d’entrée impressionnante.
Beaucoup d’émotions nous assaillent au fil de notre lecture. Le fait de choisir qui est Daphné nous fait rentrer dans son aventure, et si le scénario ressemble à un croisement entre la série de l’été et un roman d’Anne Rice sur les sorcières, le ressenti est totalement différent : la vie de Daphné devient très vite la nôtre.
L’histoire est très bien racontée, on ne tombe jamais dans le mièvre et il n’y a aucune longueur. Les ellipses et les flash-backs permettent à l’histoire d’avancer vite tout en gardant son lot de surprises et de révélations.
Along The Edge a très bien soigné sa non-linéarité : si la trame générale est la même, tout le reste varient en fonction de vos choix et les rebondissements changent à chaque partie. Ce sont ainsi 6 fins qui s’offrent à vous, 3 romances et plusieurs destinées pour les différents protagonistes que vous rencontrerez. Le jeu propose aussi 28 trophées déblocables en fonction de votre constance dans un alignement.
C’est beaucoup et sans doute trop, une fois le jeu fini 2-3 fois, les changements apportent moins de variations et finir le jeu à 100 % tiendra plus de la corvée.
Conclusion
Loin de la fureur et des cris, Along The Edge permet de passer un bon moment sous son plaid, bien au chaud. A mi-chemin entre un roman et une BD, l’interactivité et la qualité des dialogues nous permettent de vivre pleinement cette aventure. La réalisation soignée des graphismes et de la musique rend immédiate l’entrée dans l’univers mature du titre. Si sa re-jouabilité est un peu limité, il est tout à fait possible de profiter différemment de l’expérience en lâchant son joy-con à sa compagne ou son compagnon et suivre alors son histoire. Pour le prix d’une BD, vous pourrez vivre une expérience très agréable et immersive à souhait.
LES PLUS
- Très belles illustrations
- Héroïne attachante
- Beaucoup de choix…
- Musique au piano qui colle à l’ambiance
LES MOINS
- … dont les changements sont parfois mineurs
- Atteindre le 100 % est très répétitifs
- Système de symbole imprécis