Il y a deux sortes de jeux difficiles : les justes et les injustes, ceux qui te récompensent par une progression, un trophée, un niveau supplémentaire et ceux qui te disent « ouais pas mal, mais recommence tout depuis le début et essaie de faire mieux ». Et pas de bol, c’est cette mécanique, très d’arcade des débuts du jeu vidéo, que le studio norvégien Apt Games a décidé de vous faire (re)découvrir.
Du sang sur l’arcade
Un bon jeu d‘arcade qu’est-ce que c’est ? Et bien c’est un jeu qui te force à remettre des sous dans la machine parce que là ça y est t’as compris le comment du pourquoi ça marche et que forcément tu vas le péter ce highscore et facile en plus. Mais à la fin, tu n’as toujours pas dépassé la troisième place, et surtout ton loyer y est passé… Bref, un bon jeu d’arcade c’est d’abord des moments inoubliables de douleur, de sueurs et de cris de rage avec parfois, lors d’un alignement astral de grandes amplitudes, une petite réussite qui te fait croire que ta souffrance touche à sa fin.
Apt Games a parfaitement analysé ces faits et propose avec Terror Squid un monument du jeu d’arcade. Les mécaniques sont simples, mais complètement addictives. Tout le monde peut y jouer, progresser et s’amuser dans des parties courtes. Mais seuls les meilleurs, les dieux de la salle d’arcade, pourront inscrire leur nom après des heures d’apprentissage.
Avant d’entrer dans les détails, précisons qu’avec beaucoup d’humour, Apt Games a bien conscience de ce qu’il propose. Dès le disclaimer de lancement du jeu, le ton est donné :
« en utilisant ce logiciel, vous acceptez d’offrir votre santé mentale et votre coquille humaine en offrande au dieu Obscur… » je vous laisse découvrir la suite.
Le teaser de lancement vaut lui aussi son pesant de cacahuètes. C’est nanardesque au possible : ça suinte le sang par tous les orifices, mais ça donne vraiment envie de démarrer le jeu et de découvrir en quoi ce titre est si vicieux. Et honnêtement, si vous aimez l’arcade, les Donkey Kong ou autres Centipede, vous ne serez pas déçu.
C’est maintenant que vous allez avoir mal
Comme au bon vieux temps des bornes d’arcade, pas de fioritures avec Terror Squid : tu joues ou à la limite tu regardes les highscores, le reste c’est superflu. Pas d’entraînement ni de tutoriel. Tu te débrouilles pour comprendre ce qu’il faut faire. Ça ne prend, heureusement, pas plus de 2 parties pour y arriver : un vaisseau se déplace sur une sphère, okay facile. Ce vaisseau libère des projectiles à intervalles réguliers et ces projectiles restent sur la sphère, okay. SURTOUT TU NE TOUCHES PAS LES PROJECTILES ! Voilà c’est tout. Ça ne devrait pas causer de soucis non ?
Évidemment que si, car tout est fait pour vous rendre la vie dure. Les projectiles sont de plusieurs sortes, certains bougent, d’autres explosent ou prennent plus ou moins de place. Il vous faudra survivre à ce déferlement. Le temps passant, une jauge se chargera. Une fois pleine, vous pourrez faire exploser les projectiles proches de vous, qui feront à leur tour exploser les projectiles les plus proches d’eux entraînant une jolie explosion en chaîne, et vous faisant passer au niveau suivant.
Et c’est maintenant que les furieux vont se sentir chez eux, car tous les projectiles qui n’ont pas explosé seront encore là au niveau suivant. Et dès le niveau 2, les projectiles sont plus lents (et plus larges aussi), entraînant une explosion en chaîne proche du zéro. Du coup le niveau 3 c’est le festival du Bullet Hell. Après plusieurs essais, vous vous rendrez alors compte qu’en bas à droite une indication précise que la touche B sert à accélérer. Ouais, en fait elle donne surtout un instant d’invincibilité, permettant de passer à travers un rang de projectile. C’est très court comme instant, mais ça permet de se sortir de situations compliquées et de poursuivre la progression.
Graphiquement, le titre d’Apt Games est très proche de ce que l’on trouvait sur la Vectrex dans les années 80, des polygones en fil de fer. Ce qui permet de simplifier la lisibilité et c’est tant mieux. Très vite notre sphère est remplie d’objets létaux qui arrivent dans tous les sens. L’animation ne souffre d’aucun ralentissement malgré la tonne de projectiles présents à l’écran.
Les parties sont très courtes et s’enchaînent à grande vitesse, à l’heure de la rédaction de ces lignes, le record mondial de l’univers est détenu par un extraterrestre dont une partie a duré 972 s (environ 16 minutes) le second est à 8 minutes et le troisième à 6 minutes. Le reste de l’humanité (dont moi) plafonne tant bien que mal à 4 minutes après de nombreuses morts honteuses dont mon psy entendra parler pendant longtemps.
Le jeu dispose de succès, mais là aussi, certains sentent la malveillance et la méchanceté : survivre 28800 secondes : non, mais c’est une blague !!!! En tout cas, moi ça m’a fait rire.
Un bon jeu d’arcade se doit aussi d’avoir un mode deux joueurs. Que ce soit en versus ou en coop, comme le dit ma femme : à deux c’est toujours mieux. Et c’est là où Terror Squid fait son seul faux pas. Pas de mode deux joueurs. Alors que celui-ci aurait pu faire un joli clin d’œil à Tron. Toujours côté reproches, la musique n’est pas vraiment au niveau vu qu’elle se montre très vite redondante.
Conclusion
Le titre des Norvégiens d’Apt Games a tout compris à ce qu’étaient les productions de l’âge d’or des salles d’arcade. Terror Squid propose des mécaniques simples à appréhender, mais diablement durs à maîtriser. L’addiction est vite palpable, il est très difficile de poser ses Joy-Cons. Le manque d’un mode versus est toutefois regrettable, il aurait permis d’aborder différemment les mécaniques mises en place. Terror Squid n’en reste pas moins un excellent jeu d’arcade, alors si vous êtes amateur de scoring, ne réfléchissez plus et foncez.
LES PLUS
- Principe simple, mais diabolique
- Graphismes épurés qui permettent une lisibilité parfaite
- Un pur jeu d’arcade à scoring
- Gameplay maîtrisé
- Aucun ralentissement malgré le déluge de projectiles
LES MOINS
- Pas de mode versus
- Une courbe de progression digne du mont Everest
- Musique redondante