Après avoir exploré le Visual Novel indépendant mignon et agraire, continuons notre expérience narrative sur Switch avec un autre titre. The Language of Love est un Visual Novel proposé par le développeur Ebi-hime. Explorons un autre type de visual à travers la romance et les réalités sociales de ce récit disponible sur Switch et uniquement en anglais.
Tomber amoureux grâce à un Visual Novel ?
Tel est certainement l’un des objectifs recherchés par Ebi-hime sur cette œuvre. Commençons par décrire la trame de ce Visual Novel. Mitsuki est un jeune étudiant de Tokyo, originaire des contrées très éloignées de Aomori. Il a 23 ans et vit seul depuis son arrivée récente dans la capitale. On démarre le récit sous une ambiance très morose. Les nuages s’amoncellent et notre héros est en proie à de nombreux sentiments pessimistes.
Malgré son âge, il n’a toujours pas eu de diplôme et fréquente des cours de rattrapage afin de préparer ses examens d’entrée à l’université. Bien qu’il apparaisse objectivement jeune, il est tout de même mis à l’écart par ses camarades de classe à cause de la différence d’âge. Au Japon comme dans d’autres pays, la pression sociale fait que l’on ne voit pas forcément d’un bon œil lorsque l’on sort du lycée et qu’on est à côté d’un individu avec quelques années de plus préparant le même examen que soi. Un petit gap générationnel se crée et les raisons d’un tel retard scolaire peuvent interroger et déranger.
Mitsuki en est conscient et semble rongé et démotivé par cette solitude. Sa routine solitaire commence à lui peser. Il passe son temps à se rabaisser face à ses jeunes camarades et n’arrive plus à étudier. Psychologiquement, un cercle vicieux s’installe chez lui et il est sur le point d’abandonner et de retourner auprès de sa famille à Aomori. C’est ainsi que nous le retrouvons sous ce ciel nuageux, suite à une nouvelle journée de cours et sur la route de son petit appartement de Tokyo.
Sa routine est perturbée lorsqu’il entend les pleurs d’une petite fille en direction d’un terrain de jeu pour enfant. Mitsuki décide de s’y rendre afin de voir ce qu’il en est. Il fait la connaissance de la petite Tama, qui s’est éloignée de sa maison pour aller dans un magasin durant l’absence de sa mère. Cependant, la petite semble avoir perdu ses clés et les cherche désespérément dans le terrain de jeu. Mitsuki décide de l’aider sans succès alors que la pluie commence à tomber. En discutant avec la petite fille, il s’aperçoit qu’elle habite dans le même complexe immobilier que lui.
Il lui propose d’attendre sa mère chez lui afin de ne plus être seule sous la pluie et attraper un coup de froid. Avant de garder la petite fille, Mitsuki laisse un mot sur la porte de l’appartement de Tama afin d’informer sa mère de la situation. Le temps passe sans aucune nouvelle de cette dernière. Mitsuki prépare un dîner à la petite fille et celle-ci en complimente ensuite les qualités de cuisinier de notre héros. Allant jusqu’à dire qu’il cuisine aussi bien que dans le restaurant familial du quartier et mieux que sa maman.
De sa rencontre avec Tama jusqu’au retour de la maman , Mitsuki commence à nouer un lien avec elle. Aussi ridicule que cela puisse paraître, sa première amie dans la gigantesque ville de Tokyo est une petite fille de primaire. Et ce n’est ici que le début de l’intrigue qui continuera à mettre en avant ce lien entre Mitsuki et Tama mais qui se centrera surtout sur la relation entre Mitsuki et Kyouko, la mère de Tama. Quelques autres personnages apparaîtront brièvement ou seront simplement évoqués mais ne seront pas aussi significatifs que notre petit trio de protagonistes.
Tout comme Mitsuki voit sa routine brisée par sa rencontre avec Tama, on se rend compte pour des raisons différentes, Kyouko partage des sentiments avec notre héros. En particulier la solitude. On découvre que Kyouko est une jeune mère célibataire. Elle vient d’une bonne famille et vivait quelques années auparavant une simple vie de lycéenne préparant ses examens d’entrée à l’université. C’est également la période des premières amours et Kyouko s’entiche alors d’un camarade. Elle tombe enceinte et est mise à la porte par son père.
Avec parfois quelques aides discrètes de sa mère et sans jamais retrouver de vrai contact avec ses parents, Kyouko affronte seule ces obstacles dans la capitale japonaise. Son ex-petit ami fuyant ses responsabilités, notre héroïne se retrouve à élever Tama toute seule durant six ans malgré les épreuves sociales se présentant face à elle. Seule, jusqu’à sa rencontre avec notre héros Mitsuki. Sans dévoiler toute l’intrigue, Mitsuki accepte d’aider Kyouko à veiller sur Tama pour qu’elle puisse travailler plus et mieux subvenir aux besoins de sa fille et en échange, Kyouko le remotive et lui propose son aide pour étudier.
Les jours, les semaines, les mois et les saisons passent. Nous suivons le développement des liens entre les trois personnages dans cette aventure textuelle abordant des problématiques sociales réelles. Le trio est bien écrit, bien développé et très attachant à l’inverse des autres personnages. On peut avoir quelques regrets en s’apercevant que le développement tourne véritablement autour d’une romance presque naïve et gentille. Pour une seule fin que l’on anticipe dès le début. Cependant on est curieux du monde et des personnages (membres de leur famille ou voisins) gravitant autour de notre trio sans avoir plus de réponse. Une fin correcte sur le thème abordé et sur les personnages centraux laissant tout développement annexe libre à notre imagination.
Un récit de quelques heures, une dizaine maximum pour ceux qui lisent lentement ou qui jouent avec un dictionnaire franco-anglais à côté d’eux. Ce qui a peu de chance d’arriver dans le sens où le niveau d’anglais demandé est plutôt basique. Nous sommes loin d’un Ace Attorney pour citer un autre jeu dans le genre du Visual Novel et dont les opus 3DS furent tous en anglais. Une histoire sur laquelle on ne reviendra pas après l’avoir terminée. On mentionnait que le récit n’a qu’une seule fin, autant dire qu’il n’a qu’un seul sens de lecture. On fait défiler les textes et dialogue comme si l’on tournait les pages d’un livre.
Pas de choix à effectuer, une seule fin, un récit tout ce qu’il y a de plus linéaire et simple. Quelques illustrations de background assez génériques mais tout de même jolies et colorées à visionner. Le trio de protagonistes et les quelques personnages ont également leurs illustrations avec différentes expressions apparaissant sur ce décor pour dépeindre les différents dialogues du jeu. Des personnages bien dessinés et des traits un peu arrondis accentuant le côté mignon de l’œuvre.
A certains moments clé, une illustration spéciale est mise en avant afin de bien marquer cet instant et nous faire ressentir les sentiments de Mitsuki. Une image vaut mieux que mille mots certainement, même si quelques instants après celle-ci, Mitsuki nous décrit ce qu’il a sous les yeux. C’est une pratique courante du Visual Novel que d’illustrer les passages clés. La différence ici étant que toutes ces illustrations représentent Kyouko, sous différents aspects. Certes pour accentuer le fait qu’elle devienne de plus en plus spéciale aux yeux de Mitsuki mais surtout afin que que le joueur succombe à la jeune femme autant que notre héros.
Les traits arrondis des personnages et de Kyouko peuvent ne pas faire l’unanimité et nous laisser de marbre.Toutefois, les efforts engagés pour faire de belles illustrations et tenter de nous séduire sont louables. On reconnaîtra qu’elles sont toutes magnifiques et marquantes. La bande sonore accompagne bien les différents moments du récit avec souvent un arrangement du thème principal du jeu. Thème qui revient autant que Kyouko et qui la représente très fidèlement. Ces arrangements semblent même changer et évoluer avec notre héroïne. Une autre façon de nous aider à se sentir proche d’elle et succomber à celle-ci.
On terminera sur deux derniers bémols. Hormis le thème principal chanté en japonais sur l’écran titre, il n’y a aucune voix, aucun doublage. Il s’agira véritablement de lire les quelques heures de texte que nous propose The Language of Love. Chose regrettable pour un Visual Novel, s’expliquant certainement par un budget indépendant limité. Enfin, il y a un accès à un menu pour sauvegarder, charger ou parcourir les galeries du jeu durant le jeu ou sur l’écran titre. Comme n’importe quel Visual Novel dirons-nous. Mais comment expliquer la latence de saisie existante sur un simple menu ?! Alors que l’on désire juste charger sa sauvegarde, on doit attendre un moment que notre curseur apparaisse et alors que l’on saisit une direction, il bouge quelques secondes après dans une direction parfois contraire à celle désirée, rendant ainsi la navigation presque aléatoire. Un point faible ridicule qu’on aurait aimé ne pas relever.
Conclusion
LES PLUS
- Un Visual Novel plutôt joli et coloré
- Les designs des personnages mignons
- Les jolies illustrations de Kyouko
- Des problématiques sociales intéressantes
- Un développement attendu mais satisfaisant
- Durée de vie et prix convenable
- Une chanson d’intro mignonne
- Une bande sonore à l’image de son héroïne
LES MOINS
- Le design des personnages peut ne pas convenir
- Des backgrounds génériques
- Des illustrations spéciales avec Tama n’auraient pas été de trop
- Un One-shot avec beaucoup d'éléments annexes en suspension
- Une seule lecture, une seule fin
- Un côté très niais
- Au-delà de l’intro, pas de voix, pas de doublage
- La latence sur le menu inacceptable
- Traduction uniquement anglaise