Ah les jeux qui nous font flipper, appréciés par beaucoup et complètement bannis de la ludothèque de certains, cachent souvent de belles histoires ou traitent de sujets passionnants que l’on ne découvre que si nous avons le courage de lancer ce genre de jeux. Après tout, mis à part sursauter une fois ou deux et faire mourir notre personnage, nous ne risquons pas grand-chose. Re:Turn – One Way Trip est ce genre de jeu. Ce n’est pas spécialement un jeu d’horreur, mais l’ambiance du jeu est particulièrement glauque et pesante, laissant place par moment à quelques fantômes par-ci par-là. Un petit jeu parfait pour commencer dans ce style vu qu’il est en pixel art et qu’il propose une intrigue intéressante et addictive. Mais sans plus attendre, place au test !
Un voyage à bord d’un train fantôme
Le scénario débute sur une scène totalement réaliste qui montre 5 ados autour d’un feu de camp, fêtant la fin de leurs études et le début de leur vie en tant qu’adulte. Le groupe compte deux couples et un jeune homme célibataire : Saki (le personnage principal) et Sen qui vont se marier, Kanae et Kazuki, l’autre couple et Yuuta notre célibataire fan d’histoires d’horreur. Soudainement, alors que Yuuta raconte une histoire qui fait froid dans le dos, le feu s’éteint, laissant place à la nuit noire et froide. Nos 5 ados décident alors d’aller chercher du bois pour le raviver, les filles d’un côté et les garçons de l’autre. C’est à ce moment-là que Saki trouve un Haïku d’amour (un poème japonais). En le lisant, elle pense directement qu’il vient de son fiancé Sen et qu’il l’a perdu par inadvertance. Elle le place donc dans le sac de son fiancé… mais il s’avère que Sen n’est pas l’auteur de ce haïku ! La découverte de ce poème sans propriétaire signe le début d’une dispute au sein du groupe qui poussera Yuuta, accusé par les autres de vouloir piquer la copine de Sen, à s’aventurer seul dans les bois. Les autres préférant le laisser réfléchir seul vont dormir, mais lorsque Saki se réveille en plein milieu de la nuit, les autres ne sont plus là et c’est elle qui est seule… C’est là que les événements étranges commencent… Elle va essayer de retrouver ses amis, mais va tomber sur un vieux train abandonné et partir en exploration à l’intérieur en espérant que ses amis s’y soient réfugiés.
Voilà pour le pitch de base, on débute sur une amitié qui s’effrite et on incarne la fille la plus trouillarde du groupe qui va partir en exploration d’un vieux train abandonné avec pour seul outil une lampe de poche… bienvenue dans l’ambiance glauque :p
Un voyage entre passé et présent
Comme dans tout bon jeu d’horreur, le scénario laisse une grande place à l’imagination en jouant sur la réalité, les rêves et les hallucinations. Et, il faut avouer que la mise en scène est vraiment très bien faite de ce côté-là, laissant planer les doutes sur les événements que va vivre Saki, notre personnage. Cette manière de laisser planer le doute entraîne naturellement le joueur au cœur de l’histoire, créant une curiosité addictive chez lui.
En entrant dans le train, Saki va voyager entre passé et présent, interagissant avec les personnes des deux époques sous la forme de diverses énigmes pour tenter de comprendre où sont ses amis et comment revenir dans le présent et arrêter tous ces fantômes. Chacun de ses voyages va se passer de la même façon, un tremblement de terre dans le présent et une explosion de bombe dans le passé qui feront perdre connaissance à notre personnage : à son réveil, elle aura changé d’époque…
Dans le passé :
Le train est luxueux, richement décoré avec un personnel de bord soigné, et occupé par des personnes fortunées d’une autre époque. L’ambiance est chaleureuse, soutenue par une musique et des bruits d’ambiance qui nous plongent à l’époque dans laquelle ce genre de train pouvait circuler. Les quelques voyageurs que vous y rencontrerez ne profitent pas pleinement de leur voyage et semblent tous avoir des soucis personnels.
Cependant, vous ne pourrez pas intervenir pour essayer de les aider, car personne ne vous voit à part une petite fille un peu bizarre obsédée par ses poupées. Vous parcourez donc le train à la manière d’un fantôme. Saki va tout de même essayer d’aider les passagers, ou tout du moins de comprendre comment retourner dans son époque pour retrouver ses amis. En parcourant le train dans le passé, Saki va trouver divers dessins d’enfants, d’autres poèmes ou objets qui vont mêler les histoires du passé avec le présent de Saki.
Saki cherchera ses amis tout en essayant de garder la tête sur les épaules aux vues de ses voyages dans le passé et des objets qu’elle va y trouver, et qui arriveront mystérieusement dans le présent et vice versa. Elle se posera d’ailleurs la question de savoir si il s’agit d’hallucinations ou si elle est en plein rêve…
L’ambiance dans le présent est très glauque. Il fait nuit noire, et sans votre fidèle lampe torche vous ne distinguez pas grand-chose, sans parler des découvertes macabres que vous ferez et des fantômes qui rôdent aux abords du train et de la forêt… C’est dans cette partie du jeu que vous allez sursauter ou stresser le plus, car plus vous apprenez des événements du passé plus vous verrez de fantômes dans le présent.
Résoudre des mystères pour vaincre les fantômes
Le cœur du jeu repose sur plusieurs points : son scénario, l’ambiance et son gameplay.
Pour ce qui est du scénario, nous en avons parlé juste au-dessus, il est bien ficelé et correspond parfaitement à celui d’un jeu d’horreur. Les passages entre passé et présent prennent de plus en plus de sens au fur et à mesure que vous avancez dans l’histoire, mais toujours en laissant le doute planer entre réalité, hallucination et rêve… Et vous serez en droit de vous demander si au final votre personnage n’a pas rêvé toute cette aventure, qui vous tiendra derrière votre console entre 5 et 7 heures. Pour plus d’immersion et pour profiter pleinement du jeu, il est conseillé de jouer dans le noir, avec le son bien fort ou des écouteurs (ou si vous êtes comme moi, c’est-à-dire un peu trouillard, laisser les lumières allumées et ne montez pas le son trop fort :p).
Nous en arrivons donc à l’ambiance du jeu. Comme vous l’aurez compris, la bande-son joue un rôle très important : c’est grâce à elle (ou à cause d’elle) que vous allez sursauter ou stresser en sentant un événement glauque arriver… C’est vraiment une belle réussite, tant au niveau de la musique qui nous plonge d’une époque à l’autre, qu’au niveau des bruitages qui vous transmettront la peur et l’angoisse de Saki. Par exemple, les bruits de porte à laquelle on frappe ou les bruits de pas sont vraiment très bien réalisés et bien flippants.
Les graphismes qui accompagnent le jeu sont en pixel art et les scènes importantes seront, elles, illustrées par de beaux dessins détaillant un peu plus les personnages et leur environnement. Le côté pixel art est agréable à regarder et très détaillé. Il permettra aux joueurs qui ne sont pas fans des jeux horrifiques de profiter de celui-ci assez facilement : on a moins peur de graphismes en pixel art que de graphismes ultras réalistes. Les joueurs plus habitués au genre y trouveront également leur compte, car l’ambiance glauque est tout de même très bien retranscrite dans les graphismes pixel art et sublimée par les illustrations lors des scènes importantes.
Niveau gameplay nous sommes sur une aventure/puzzle. Vous devrez parcourir le train pour récolter indices et objets afin d’avancer dans l’histoire et venir en aide aux différents personnages : labyrinthe, chasse au trésor, déduction logique… Le gameplay est agréable : simple, il est fluide et ne souffre d’aucun bug. Les énigmes sont variées sans être redondantes et possèdent un niveau de difficulté adapté.
On regrette seulement de ne pas pouvoir courir dans la première partie du jeu, ce qui nous ferait gagner un peu de temps lors de nos nombreux allers-retours dans les wagons du train. Et peut être aussi un peu de rigidité au niveau de l’enchaînement des énigmes : par exemple disposer de l’outil nécessaire, de l’appliquer au bon endroit sans résultat, car nous ne sommes pas assez loin dans l’histoire… C’est un peu frustrant, mais cela ne concerne que très peu d’énigmes.
Conclusion
Re:Turn - One Way Trip est un petit jeu d’aventure/puzzle qui se déroule dans une ambiance horrifique/glauque, mais qui reste accessible même aux plus sensibles grâce à ses graphismes en pixel art qui atténuent un peu le côté horreur du jeu. Cependant, l’ambiance glauque est très bien retranscrite de par son scénario ou de par les différentes énigmes que votre personnage devra résoudre. La bande-son est une petite merveille. Elle nous plonge dans les différentes époques du jeu et les bruitages nous font sursauter aux meilleurs moments. Les énigmes sont cohérentes avec l’ambiance du jeu et d’un niveau de difficulté adapté. Re:Turn - One Way Trip est un petit jeu addictif bien ficelé qui nous propose de nous faire peur pendant quelques heures tout en découvrant une histoire intéressante.
LES PLUS
- Les bruitages qui nous font sursauter
- La musique qui nous plonge dans les différentes époques
- Le scénario addictif
- Les graphismes en pixel art soigné et qui rendent le jeu plus accessible aux âmes sensibles
- Les illustrations sur les moments importants qui aident à s’immerger un peu plus dans le jeu
- Entièrement en français
LES MOINS
- Un peu court (mais on dit toujours cela lorsqu'on a apprécié un jeu)
- Nous aurions aimé pouvoir courir dès le début du jeu