La simplicité est une vertu dans de nombreux domaines. À travers le temps, les jeux de la firme Mario ont su se développer en proposant à la fois un gameplay d’une rare simplicité et de nouvelles formules rafraîchissantes à travers les mécanismes de jeu. L’essence du jeu idéal doit sa composition à la subtilité derrière ses mécanismes qui, à première vue, semblent simplistes. Dans le cas de Nicky – The Home Alone Golf Ball, la représentation de la simplicité prend un tournant quelque peu prévisible.
Nicky est avant tout un personnage sensiblement humain. L’anthropomorphisme est poussé jusqu’au bout avec la représentation d’un individu attristé par son environnement – une maison sens dessus dessous – et dont l’objectif est de retrouver son lieu de prédilection – un terrain de golf. Il s’agit ici d’un jeu prétendument centré autour du golf – le personnage est une balle de golf et le gameplay consiste seulement à jeter Nicky dans une banlieue pavillonnaire nord-américaine. Une voix, qui semble provenir d’un logiciel de traduction, narre l’histoire et suit le parcours de Nicky, lequel se voit généralement récompensé ou aidé par ladite voix. Une belle morale – quoique confuse – conclut le périple de Nicky, pour qui aura le courage d’atteindre la fin du jeu car cela rime avec la répétition du même et éternel niveau.
Ainsi, le jeu se structure autour d’un niveau identique, dont la construction demeure à la fois verticale et horizontale. Nicky commence dans une maison vide – Home Alone – et visite tant bien que mal les jardins voisins pour retrouver son lieu de vie habituel. Avant de commencer la session, la customisation du personnage est permise. Le joueur peut sélectionner une tenue flamboyante pour la balle de golf. Pour contrôler cette dernière, la simplicité est à son summum ; il suffit de manœuvrer entre puissance et précision pour le jeter au-delà des différents décors. Le gameplay évolue en fonction des lieux, permettant notamment de réaliser une petite séquence d’infiltration.
Le level design propose malheureusement un réel problème. Malgré une difficulté relativement simple, les différents lieux comportent des éléments étrangement disposés. Nicky peut déplumer des oiseaux, briser des miroirs et autres pots de fleurs, mais il ne peut pas réveiller un chien. Certes, cela permet de découvrir une nouvelle séquence de gameplay, où l’infiltration conduit à adopter une approche plus minutieuse. Toutefois, ce rafraîchissement demeure éphémère, et le jeu retrouve sa douloureuse platitude.
Nicky – The Home Alone Golf Ball est un jeu vidéo dont la réalisation, indépendante, ne peut malheureusement pas réaliser d’exploit. Son style graphique bien trop daté rappelle les heures insouciantes de l’enfance devant les jeux troubles du seul PC du quartier tournant sous la version de Mandriva 2005 de Linux. En somme, ce jeu nous ramène à une période ancestrale où la simplicité du jeu vidéo se limitait seulement à son seul attrait ludique.
Non loin du romantisme, Nicky sait s’adapter au temps présent et propose un système de scoring où les dix personnes les plus rapides, et économes en coups, à parcourir le niveau sont répertoriées. En effet, le système de jeu – qui pousse à jeter Nicky – contraint le joueur à pratiquer de nouvelles tactiques pour éviter de perdre du temps. Un mode multijoueur aurait pu diversifier le jeu, mais celui-ci n’est malheureusement pas présent.
Il convient de nuancer quant à la réalisation du jeu. Fruit du travail de MinimalLab, un studio indépendant brésilien, Nicky est une œuvre austère. La bande-originale est limitée, puisqu’une seule mélodie couvre les mésaventures de la balle de golf dans sa banlieue pavillonnaire. D’autres mélodies peuvent intervenir dans le menu, mais leur identité commune relève nullement du hasard – elles sont toutes issues d’une bibliothèque libre de droit. Pour autant, cette pauvreté stylistique n’est absolument pas condamnable. Le jeu est vendu à une somme dérisoire, et ses caractéristiques se résument à une formule simple. De fait, la rejouabilité et le scoring peuvent doubler aisément la durée de vie, si d’une aventure répétitive le joueur souhaite s’emparer.
Conclusion
Initialement sorti en 2018, le jeu a été porté sur la Nintendo Switch en janvier 2020. Son accessibilité est une vertu, mais son austérité et son manque de contenu lasseront les plus téméraires. Autour d’un concept ludique fort – que la ringardise de la réalisation empêche de sublimer – se structure un jeu plat. L’œuvre de Clàudio Rhenns, unique développeur du jeu, reste un simple objet ludique dont l’intérêt demeure limité. Les passionnés de scoring pourront peut-être y trouver leur compte.
LES PLUS
- Un système de scoring en ligne
- L’accessibilité du jeu
- Un esprit purement ludique
- Une fin drôlement narrée
- Un prix attractif
LES MOINS
- Des graphismes d’un âge lointain
- Un concept vu et revu
- Une ambiance visuelle sans étincelle
- L’attraction autour du golf, un concept maladroit
- Certaines séquences de jeu frustrantes
- Aucune traduction française
- La bande-son d’une rare stérilité