Body Of Evidence du studio Empyrean Games n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains pour deux raisons : la première c’est qu’il faut aimer, connaître, adorer (barrer les mentions inutiles) les films de Tarantino et notamment Pulp Fiction et son nettoyeur Mr Wolfe, un professionnel chargé de résoudre les situations désespérées. La seconde c’est que Body Of Evidence pourrait bien créer des vocations, et le chef me dit dans l’oreillette qu’il est interdit de promouvoir le nettoyage de scènes de crime sur son site. Alors vous voilà prévenu, vous entrez dans le monde merveilleusement cynique du sanglant, burlesque et décomplexé Body Of Evidence.
« Si vous le voulez bien, **** plus tard, les enfants » (Mr Wolfe)
Commençons par mettre les choses aux clairs : si vous n’avez pas vu Pulp Fiction, vous arrêtez tout de suite la lecture de ce test et vous vous débrouillez pour le regarder. Une fois que ce sera fait, vous pourrez m’adresser la parole et éventuellement vous pourrez lire la suite de ce test. Car Body Of Evidence, c’est l’envers du décor des films pulps, vous savez ces gros films d’action où le sang éclabousse les murs et où le démembrement à base de Katana (spéciale dédicace à Kiko) est presque aussi courant qu’une visite du facteur.
Enfin bref, le titre d’Empyrean Games vous propose de voir ce qui se passe après. Parce que qui c’est qui qui doit s’taper le ménage de vos conneries ? C’est Marc. Et oui, c’est ainsi que vous vous appelez. Comment vous en êtes arrivé là, ben c’est pas bien évident. Vous étiez tranquillement en train d’exercer votre métier passionnant de contrôleur de billets de train quand soudain black-out. Au réveil, une mare de sang, un cadavre et un téléphone qui sonne. Comme vous êtes bien élevé, vous répondez, normal quoi. Et c’est à ce moment que vous apprenez que vous démarrez un CDI en tant que nettoyeur à temps plein. Je suis sûr qu’il y a des entretiens d’embauche bien plus étrange…
Après ça tout s’enchaîne, un vieux pote vous contacte pour l’aider. Son métier, chimiste… De quoi il a besoin, d’un petit nettoyage à sec avec une cuve en polyéthylène et un bon gros flacon d’acide fluorhydrique… Vous avez compris la référence ? Et oui, bienvenue dans Breaking Bad. Tout le jeu est ainsi bourré de références à la culture pop. Vous devez vous débarrasser des corps… Dexter, vous avez besoin de savon pour nettoyer des taches difficiles : Fight Club. Vous ferez aussi pas mal de rencontres improbables avec des protagonistes à la moralité douteuse. Que ceux-ci soient employés par le gouvernement ou aveugles ne changera pas grand-chose à l’affaire. Tous auront besoin de vos talents de fée du logis.
Body Of Evidence vous fera de suite entrée dans son univers où la mort est juste associée à une note de pressing et où l’humour se déguste noir et à forte dose. Si parcourir l’ensemble des 30 missions disponibles est un plaisir qui apporte à chaque fois sa surprise, il est toutefois dommage que le tout ne prenne pas plus de 5 à 6 heures pour en venir à bout et que certaines missions soient clairement en -dessous des autres. Mais avec un petit prix de 8 €, ce serait dommage de bouder son plaisir.
« Perdons pas de temps en Salamalek » (Mr Wolfe)
Maintenant que les bases du métier sont posées, il est temps de rentrer un peu plus dans les détails. La partie graphique est plutôt soignée. Avec une modélisation en low-poly rappelant ce que peut proposer un Super Hot, mais en bien plus sombre, le résultat est vraiment très agréable. Beaucoup de détails viendront agrémenter vos écrans tout en étant magnifiés par le style. En ouvrant l’œil, vous pourrez par exemple apercevoir des peintures représentant le king of the pop (Mickael Jackson bande d’incultes) dans des postures célèbres lors de ses danses. L’ambiance bien noire et bourrée de références est déjà bien posée, ajoutez à cela un jeu avec les contrastes des taches de sang ou du luminol et vous obtenez un titre qui vous prendra directement à la gorge pour ne plus vous lâcher la carotide. Vous savez, un de ces jeux qui vous fait dire « j’arrête dans deux minutes » et sur lequel on vous retrouve encore une heure après.
Pour la bande sonore, le bilan est plus contrasté. Si la page d’accueil laisse augurer de bonnes choses avec son style jazzy feutré, une fois en jeu la bande-son est bien plus discrète et laisse place à des effets sonores assez répétitifs. Ça ne gâche pas l’expérience de jeu, mais c’est un cran en dessous. Des clins d’œil sonores aux œuvres de Tarantino (ou à n’importe quel autre film culte) via la bande son auraient vraiment ajouté un gros plus, voici la limite des œuvres indés.
Le gameplay est basé sur le nettoyage de scène de crime. Vous disposerez pour cela de plusieurs outils dont le plus important sera l’huile de coude. Va falloir frotter. D’abord à la brosse, puis au balai et à la raclette. Faut que ça brille. Il faudra aussi ranger le désordre, rien ne doit laisser à penser que ce paisible endroit ait pu être autre chose que ce qu’il est au moment de votre sortie. Et enfin, cerise sur le cadavre, il faudra bien évidemment se débarrasser des corps. Ben oui, dans le salon, ça fait désordre. Pour cela, plusieurs possibilités : l’amener à votre van, classique. Le débiter en morceau, le mixeriser et l’évacuer par les toilettes, euh… moins classiques. Peu importe le moyen tant que le boulot est fait, le client est content. Ça peut paraître un peu rébarbatif, mais les objectifs des missions sont assez variés, de plus le timer nécessitera de votre part une attention et une concentration intense pour ne rien rater.
Dernier point à aborder : la physique générale du jeu. Loin d’être anecdotique, celle-ci, assez proche d’une Human Fall Flat, permet de bien ressentir le poids des corps. Ne comptez pas déplacer ceux-ci comme s’ils ne pesaient rien. Ils vous ralentiront, vous empêcheront de passer les portes, vous peinerez à les envoyer dans le vide ordure et pire que tout, chaque choc sur une surface agrémentera celle-ci d’une belle tache sanguinolente qu’il vous faudra par la suite nettoyer pour éviter une accumulation de preuves. Le seul reproche sur ces mécaniques est le manque de précision des contrôles lorsque des petits objets entrent en jeu. Réussir à les sélectionner est assez pénible au stick, dommage que la visée gyroscopique ne soit pas disponible, elle aurait pu régler ce problème.
Conclusion
Avec son univers complètement décalé, à l’humour noir bien acéré et bourré de références cinématographiques, il serait vraiment dommage de passer à côté du titre d’Empyrean Games. Ses mécaniques de jeu et son style graphique offrent des parties courtes assez immersives qu’il est difficile de lâcher et qui s’enchaînent très rapidement. Et s’il est regrettable que les missions proposent des challenges un peu inégaux, certaines vous prendront totalement par surprise en ajoutant un personnage ou une mécanique complètement barrée. Méfiez-vous de Body Of Evidence, il pourrait bien créer des vocations.
LES PLUS
- Les graphismes en low-poly sont très agréables à parcourir
- L’humour bien noir est bien adapté à chaque situation
- Les références à la culture pop virevoltent tout au long de l’aventure
- La physique des corps rend leur déplacement crédible
- On est Mr Wolfe !!!!
LES MOINS
- L’ambiance sonore est en dessous du reste
- Tout en anglais
- Les contrôles au stick manquent de finesse