60 seconds ! Reatomized est le remake sorti en 2018 sur Switch (en 2015 sur Switch) de « 60 Seconds ! ». Pour rappel, la HD existait déjà en 2015 – ça paraît incroyable non ? – alors un remake après un temps si court vaut-il le coup et qu’a-t-il à apporter de nouveau ? De bonnes questions pour un jeu qui n’avait pas marqué non plus les esprits au moment de sa sortie que ce soit sur PC ou sur Switch.
« Si la peur fait bouger, elle fait rarement avancer »
Alors pour tous ceux qui seraient passés à côté de leurs jeux, Robot Gentleman est un développeur indépendant qui a réalisé deux jeux (60 Parsecs ! Et 60 Seconds !) dont le principe est le même : dans un temps limité de 60 secondes, nous apprenons qu’une catastrophe nucléaire vient de se produire et qu’il va nous falloir survivre pendant un long moment par nos propres moyens. De plus, le temps précédemment cité est tout ce qu’il nous reste pour nous y préparer.
Mais se préparer à sa survie, c’est large comme thème, faut-il sauver sa femme et/ou ses enfants ? Et puis où est-ce qu’ils sont planqués d’abord ceux-là. Priorisons, priorisons : un fusil ? Un masque à gaz ? Une guitare ? À nous de choisir. Si les deux premiers semblent évidents, il peut être intéressant d’avoir aussi de quoi s’occuper pour ne pas perdre un morceau de sa santé mentale. Ajoutons à cela une radio et une carte, qui doivent bien être quelque part dans notre fatras, pour pouvoir espérer un jour sortir de l’abri. Et enfin, ne pas omettre l’eau et la nourriture (sous forme des fameuses boites de soupe Campbell rendues immortelles par Andy Warhol).
Vous l’aurez compris, le choix est vaste et il nous sera impossible de tout prendre dans le temps imparti. À nous de sauter sur les opportunités qui s’offriront à nous et de nous préparer au mieux possible pour ce glanage dans les 20 secondes que nous offre le jeu. L’idée de départ est vraiment intéressante, ajoutant à la phase suivante une dose d’adrénaline. Malheureusement, elle est un peu gâchée par la technique. Notre personnage donne l’impression de se déplacer sur une savonnette. Son temps de réaction est assez pénible que ce soit pour attraper des objets ou pour courir dans la maison. Très souvent, un objet est bien surligné en rouge, hop bouton A pour l’attraper, mais effet savonnette : notre personnage continue son déplacement, rendant impossible la récupération du susmentionné objet. Il va falloir s’arrêter proprement devant chaque item pour pouvoir mettre la main dessus, ça gâche fortement l’impression de précipitation et de frénésie.
Une fois cette partie courte et intense effectuée, il va falloir survivre. Nous entrons alors dans une phase bien plus contemplative qui prend la forme d’un mini-jeu de gestion avec une composante narrative très prononcée. Chaque jour qui passe, nous demandera de répartir ou de rationner notre stock de nourriture, de préparer ou non une sortie pour récolter de nouveaux objets et de prendre des décisions difficiles telles que laisser les enfants « jouer à chat » dans l’abri ou ouvrir notre abri aux gens qui toquent à la porte.
Là encore, ça semble intéressant, mais c’est très vite répétitif. La partie gestion est très limitée, l’impression de subir les événements sans avoir vraiment un impact dessus est trop grande. Par contre il est impossible de prévoir ce qui va nous tomber sur le coin de la figure. Les embranchements scénaristiques et les rebondissements sont nombreux, mais parfois rageants. Vous envoyez une expédition et vous donnez votre carte pour aider. Pendant ce temps dans votre bunker, un message radio stipule qu’il faut vous rendre à un point d’extraction. Au retour de l’expédition la carte est abîmée donc inutilisable, 10 jours plus tard, vos héros seront tous morts sous vos yeux injectés d’une rage bien compréhensible.
Ces rebondissements sont très bien narrés, avec beaucoup d’humour et de diversité. Tous s’enchaînent facilement sans incohérence, la traduction française est aussi un atout pour ce jeu où les phases de lecture sont prépondérantes. Chaque partie dure une bonne demi-heure et comme tout est très aléatoire, il est impossible de prévoir à l’avance, ce qui nous arrivera et si nous réussirons à nous en sortir.
« Meurs, pourriture communiste ! »
Voilà pour les principes de base, penchons-nous maintenant sur la technique. Pour les graphismes, rien de vraiment marquant, la partie glanage est dans une 3D sommaire qui colle bien à l’ambiance cartoon. Une fois dans l’abri, nous serons face à un plan fixe sur lequel chaque élément est dessiné à la main. C’est joli et fait avec beaucoup d’humour, nos personnages évoluent (se dégradent) avec le temps et ont des mimiques très drôles. Couplé aux textes, l’humour noir instillé par les dessins fait mouche.
La bande-son est elle aussi une réussite. Jouant à fond la carte du décalage, l’ambiance sonore est très proche de celle d’un Fallout avec des airs qui font très années 50, à la fois légers et champêtres, en complet décalage avec l’aventure vécue par nos protagonistes.
En termes de mode de jeu, nous pourrons commencer par un petit entraînement aux règles de survie de base. Ce mode est assez drôle et nous est offert par un officier de l’armée américaine clairement anticommuniste. L’humour tombe encore très juste et nous fait passer un bon moment pendant un tutoriel qui aurait pu être une corvée comme c’est le cas pour d’autres jeux.
Nous retrouverons aussi les modes de base de la première version du jeu que sont le mode « Apocalypse » (mode complet décrit précédemment) ainsi que les modes « Collecte » et « Survie ». Avec ces deux derniers modes, nous pourrons sélectionner la partie du jeu qui nous plaît le plus. Mais soyons honnêtes, si le premier n’a aucun intérêt, le second est lui aussi quasi-inutile vu que le glanage (absent de ce mode donc) ne dure que 60 secondes dans le mode complet et qu’il apporte un peu adrénaline en début de partie.
Et c’est ici qu’apparaît le seul intérêt de ce remake, pour éviter l’inutilité des deux modes incomplets, Robot Gentleman les a repensés sous forme de défis. La collecte ne doit plus être aveugle et la survie non plus. Il faudra réaliser des objectifs et ceux-ci nous permettront de débloquer des costumes pour nos héros ou des décors pour notre abri. Ça ne change rien au gameplay, mais ça donne un but, ce qui augmente considérablement l’intérêt du jeu.
Conclusion
Avec des ajouts légers, mais qui viennent gommer le principal défaut de sa version précédente, 60 seconds ! Reatomized s’offre un remake certes agréable, mais qui ne change pas fondamentalement son principe de base. Sa rejouabilité est plus grande maintenant grâce au système de défis mis en place par Robot Gentleman, mais il reste tout de même un titre avec des carences en termes de con-trôle et de gestion qui en font toujours un petit passe-temps agréable, mais sans plus. Son petit prix de 9,99€ est toutefois un atout pour franchir le pas une fois dans l’eShop.
LES PLUS
- Des graphismes dessinés à la main agréables
- Une bande-son bien décalée qui rappelle les grandes heures de Fallout
- Beaucoup d’humour dans la narration
- Beaucoup de branches scénaristiques
- Le mode défis donne de l’intérêt aux deux phases...
LES MOINS
- Des contrôles trop flottants pendant le glanage
- La partie gestion est trop limitée
- … mais ne change rien à la redondance du titre