CrossKrush, qu’est-ce ? Eh bien, c’est le dernier jeu de réflexion de Pablo Rojo, un développeur indépendant et espagnol. Un jeu de réflexion peut paraître simple à créer, mais il faut réussir à rendre un concept à la fois suffisamment simple pour être accrocheur et en même temps assez profond pour tenir sur la longueur. Voyons voir où se situe CrossKrush dans cet équilibre délicat à trouver.
I’m in love with my car
Dans CrossKrush, nous allons pouvoir diriger Raymond et Huguette, hein ? C’est Henri et Florence, pardon. Nous allons diriger un couple de personnes âgées qui a toujours vécu dans son pavillon dans lequel ils pouvaient s’adonner tranquillement à leur plus grand vice : la danse sur une musique délivrée par un gramophone. Mais cette passion a été mise à mal par la construction d’une voie rapide pile en face de chez eux.
« Keuwa ! s’est alors exprimé Florence,
– Mais que se passe-t-il ?, s’est, de son côté, écrié Henri.
– Ça ne va pas se passer comme ça ! décidèrent-ils en commun. »
Nous allons devoir prendre le contrôle d’un des membres de notre couple (ou des deux si nous jouons en multi) pour empêcher les voitures de passer. Comment allons-nous faire ? Ben, il suffit de les faire exploser ! Les voitures avanceront calmement case par case, à nous de faire tout péter avant que cet embouteillage en devenir n’arrive devant leur doux foyer. Facile, non ? Pour cela, deux méthodes, soit nous leur balançons un bon coup de canne (enfin beaucoup de coups de canne, ce n’est pas un film hollywoodien non plus) soit nous piégeons la route pour faire exploser un tronçon et la voiture qui se trouve dessus.
À partir de là, tout s’enchaîne : avec un peu de chance, la voiture ainsi détruite contiendra du TNT (ce qui arrive trop souvent dans la vraie vie réelle, avouons-le), elle pourra ainsi détruire les voitures alentours. Avec beaucoup de chance, la voiture contiendra des produits toxiques et rendra explosifs les tronçons alentours. Tronçons que nous pourrons, à leur tour, faire sauter joyeusement quand l’envie nous en prendra. Enfin, dernier cas, la voiture est une ambulance, et là je vous le donne dans le mille, il ne faut pas la faire exploser !!!! En plus, sans le savoir, nous sommes tombés sur des rescapés de la Justice League, ils peuvent récupérer des pouvoirs spéciaux tel que faire exploser une rangée entière de voitures. Il ne nous reste plus qu’à faire très attention à ce que ni Florence ni Henri ne se fasse écraser par un de ces véhicules, ben oui, une hanche en morceaux empêche de danser.
Voilà pour le concept de base, si sur le papier, cela semble intéressant, nous manquons cruellement d’objectifs à atteindre. Nous faisons péter des voitures ou des bus, plein de bonne volonté, nous tentons même d’en faire exploser le plus possible pour faire plaisir à nos p’tits vieux. Le seul problème est que peu importe nos succès ou nos infortunes, le résultat est le même et nous passons au niveau suivant. Très vite, mais vraiment très très vite, sans doute à une vitesse encore jamais atteinte dans l’histoire vidéoludique de la soudaineté, nous nous ennuyons. Alors l’ennui ne dure pas très longtemps, vu qu’en 45 minutes l’ensemble des 10 niveaux est bouclé. C’est vraiment dommage, l’ajout d’objectifs aurait permis de donner un intérêt et surtout une possibilité de mourir ou de ne pas passer au niveau suivant. Là, c’est bien trop permissif.
Un jeu toutes options
Mais laissons un moment nos protagonistes gériatriques et prenons un peu de hauteur pour apprécier la technique globale du titre de Thinice Games. Graphiquement, c’est propre et c’est surtout personnalisable. Nous pouvons opter pour le style classique ou ajouter un filtre en noir et blanc. Nous avons aussi la possibilité d’habiller nos héros pour qu’ils collent à l’image que nous nous faisons du troisième âge. C’est beaucoup de cosmétiques, ça ne change rien au gameplay, mais c’est toujours agréable. Les musiques sont dans un registre jazzy qui ne lasse pas et qui colle parfaitement à nos personnages.
Concernant les options de jeu, il est possible de varier la difficulté du titre avec plusieurs options : une mort dès le premier accident de la route, des voitures plus ou moins rapides. Là encore, ce n’est que du plus, mais ça ne change pas le fait que le jeu manque cruellement de défis ou d’objectifs plus punitifs.
Notons enfin que CrossKrush peut se parcourir en multijoueur local, soit en coopératif, soit en compétitif. Dans ce dernier cas, rien ne change si ce n’est que nos scores seront comptés séparément.
Conclusion
Avec un concept sympathique associé à des personnages attachants, CrossKrush avait tout pour devenir un jeu de réflexion agréable, mais sa faible durée de vie et son manque cruel de défis en font un titre trop vite fini et avec trop peu de rejouabilité. Certes, son prix est en conséquence, mais d’autres titres tel que Gorogoa et surtout Baba Is You ont des contenus et des concepts bien plus conséquents et accrocheurs. Peut-être une version de luxe viendra approfondir un jour ce qui pourrait devenir un bon casse-tête, mais en l’état actuel il est difficile de conseiller CrossKrush.
LES PLUS
- Un concept de jeu de réflexion intéressant sur le papier…
- La personnalisation des avatars est assez sympathique
LES MOINS
- … mais ne se renouvellent jamais
- Trop peu de défis
- Trop peu de rejouabilité vu l’absence de succès
Le concept du jeu me plais =)