Le point and click, c’est la colonne vertébrale du jeu vidéo (et ouais en voilà une intro qui déchire !). Un genre qui est apparu dès sa préhistoire en 1980 sous la forme d’aventure textuelle avec le titre Mystery House de Ken et Roberta ROBERTS. Un genre qui s’est peu à peu transformé pour gagner en interactivité et atteindre son apogée avec des sociétés telles Lucasfilm Games et Sierra Online, nous offrant des titres devenus cultes dont la liste est tellement longue que nous ne pouvons en citer qu’une infime partie : Les Monkey Island, les Sam and Max, les Discworld…
Bref, le point’n click est au jeu vidéo ce que la caféine est au monde du travail un élément fondamental. Alors forcément, pour pouvoir trouver sa place dans ce panthéon vidéoludique, va falloir envoyer du lourd ou de l’original, voyons où se situe le titre de Pavel Kostin : Odysseus Kosmos and his Robot Quest.
Vers l’infini et au-delà
Odysseus Kosmos and his Robot Quest est un point and click sorti, à partir de 2017, en épisodes sur PC. Il arrive aujourd’hui sur Switch dans sa version complète, regroupant les 5 épisodes ainsi que son prologue. Avec son histoire de science-fiction basée autour de son personnage principal, l’ingénieur fainéant Odysseus, et de son side-kick rigolo, le robot nommé Barton Quest, le titre du développeur Pavel Kostin rappelle fortement un autre anti-héros de l’espace, le bien nommé Roger Wilco de la série des Space Quest.
Un point and click, c’est d’abord une histoire. Tout démarre pour le mieux, nous contrôlons Odysseus Kosmos, Oddy pour les intimes, un ingénieur sur le vaisseau scientifique « San Francisco ». Malheureusement pour lui, Oddy est le seul être humain présent sur ce vaisseau. Il n’est accompagné que par son acolyte robotique, qui veille à ce qu’Oddy ne fasse pas tout péter à bord. Car, oui, nous dirigeons un ingénieur pas vraiment doué, bordélique et un brin je m’en foutiste.
En plus de ça, le San Francisco est arrêté aux abords d’un trou noir. Pourquoi est-il là, quelle est la raison de cette solitude et surtout d’où vient cet appétit immodéré d’Oddy pour les donuts ? Autant de bonnes questions auxquels l’intrigue générale tentera de nous donner des réponses.
Chaque épisode se basera sur une trame assez simple d’activités de réparation ou d’activation de différents éléments du vaisseau auxquels s’ajouteront des flashbacks ou des phases d’introspection qui permettront d’en apprendre davantage sur nos protagonistes et sur leur histoire. Le tout est assez équilibré et donne envie d’aller toujours plus loin dans l’aventure. Nous nous attachons très vite à notre anti-héros et souhaitons lui faire connaître une fin heureuse. Seul le dernier chapitre du jeu change complètement de formule, bien plus basé sur les choix de dialogues, il est nettement moins intéressant d’un point de vue point and click.
Toujours, concernant les mécaniques de jeu, chaque fin de chapitre se terminera par une phase de puzzle. Elle peut revêtir la forme d’une énigme jouant avec des tétrominos ou encore nécessiter l’utilisation d’une GameBoy. Ces phases correspondent toujours à l’apogée de l’épisode et permettent de débloquer la suite de notre aventure. Le principe est intéressant et vient renouveler agréablement le déroulement de la partie.
Notre duo forme un couple assez classique, Oddy fait n’importe quoi pendant que Barton tente de le raisonner et de lui faire faire son boulot. Les lignes de dialogues sont assez drôles, mais il y en a énormément. C’est l’un des points négatifs d’Odysseus : il est extrêmement verbeux. De plus, tout le jeu est en anglais, et pas des plus faciles. Il faudra avoir une bonne maîtrise de la langue de nos amis fans de marmelade pour pouvoir espérer profiter de l’ambiance décalée du titre. Mais même ainsi, il arrive souvent que la longueur des textes lasse très vite et réduise la durée de la partie (ou le temps accordé à la lecture des textes).
Et là tu cliques ou tu pointes ?
D’un point de vue technique, Odysseus alterne le bon avec le moyen. Du côté des graphismes, Pavel Kostin a opté pour un rendu en pixel art de très bonne qualité avec une direction artistique, toujours cohérente. Les environnements sont très détaillés et les sprites plutôt bien dessinés et animés. Chaque tableau propose une petite touche de fan service assez discrète tel un poster rappelant X-Files ou un petit robot ressemblant fortement à Wall-E. Nos déambulations dans le San Francisco sont toujours l’occasion de trouver une petite touche de culture geek.
La bande-son est plutôt inégale. Après une intro vraiment réussie, le reste tourne un peu à la musique d’ascenseur, assez insipide, mais pas vraiment gênante non plus. Les dialogues sont eux vite pénibles. Déjà très verbeux, chaque dialogue est en plus vocalisé en Simlish : la langue des Sims. Bien évidemment, ça reste incompréhensible et ça se répète souvent, accentuant le côté désagréable des dialogues.
Du point de vue du gameplay, nous contrôlons Oddy avec le stick gauche. Nos mouvements font apparaître des objets utilisables à proximité, via une croix assez discrète. Nous pouvons alors les sélectionner avec les boutons L et R. Si l’apparition des objets via la croix est agréable et permet de repérer facilement les outils utiles, leur sélection est assez frustrante lorsque 7 ou 8 objets sont dans une même zone. Le système de jeu est bien plus proche des systèmes modernes. Nous pourrons soit voir, utiliser, ou combiner ces objets. Nous sommes loin d’un jeu Lucasarts et de sa pléthore de commandes. Notons aussi que le jeu ne propose aucune interface tactile, c’est dommage vu le type de jeu.
Odysseus, comme beaucoup de ses comparses, n’échappe pas aux poncifs du genre. Si la plupart des énigmes sont plutôt logiques, d’autres, à base de canard en plastique bien souvent, sont assez alambiquées pour plaire aux admirateurs de Guybrush Threepwood. La durée de vie générale du titre est plutôt bonne puisqu’avec 2 heures par chapitre en moyenne, il nous faudra une bonne dizaine d’heure pour voir le bout des aventures de nos héros.
Post Scriptum
Parmi les grands oubliés de cet article, l’auteur tenait à remercier humblement tous les développeurs des jeux précédemment cités ainsi que les développeurs des jeux suivants : Indiana Jones and the Last Crusade, Indiana Jones and the Fate of Atlantis, Day of the Tentacle, Grim Fandango, Full Throtle, Simon the Sorcerer I et II, toute la série des Gobliins, Woodruff and the Schnnibble of Azimuth, Kyrandia, Bargon Attack, KGB, les Deponia, la série des Chevaliers de Baphomet, Life is Strange, Wolf Among Us, Beneath a Steel Sky, Zack McKraken, Thimbleweed Park, Loom, les Gabriel Knight et pour finir celui sans qui rien n’aurait été possible : Maniac Mansion. Vos jeux feront partie à jamais de ma collection de cœur.
Merci.
Conclusion
À la fois drôle, intéressant, mais un peu trop bavard et entièrement en anglais, Odysseus propose une aventure intrigante et attachante. Doté d’un gameplay maîtrisé et d’une direction artistique soignée, il sait nous entraîner dans son univers un peu loufoque. Il est dommage que sa bande-son soit un peu trop en retrait et que son côté verbeux soit trop souvent décourageant. Sans être un ténor du genre, Odysseus réussit toutefois une entrée intéressante dans le milieu des points and click surtout vu son petit prix.
LES PLUS
- Des graphismes en pixel art de qualité
- La musique d’introduction est très belle…
- Des énigmes qui se renouvellent …
- Un gameplay maîtrisé basé sur notre position
- Des dialogues assez rigolos …
LES MOINS
- … Mais elle cache une bande-son assez insipide.
- … Malgré quelques poncifs du genre
- … Mais bien trop long
- Tout en anglais