All Walls Must Fall ! Ce n’est plus qu’un slogan crié pour faire tomber des régimes établis sur la peur et le rejet des autres, c’est aussi un titre du studio berlinois Inbetweengames. Un titre qui se déclare comme un jeu de tactique en vue isométrique, mais qui, en fait, est plus que ça. Un titre inclassable, qui a su reprendre à son compte les mécaniques d’autres jeux pour en faire une expérience à part, loin d’être parfaite, certes, mais assez addictive.
« Le conformisme est le geôlier de la liberté » John Fitzgerald Kennedy
La chute du mur de Berlin reste encore gravée dans les mémoires de beaucoup de Berlinois, ce cri de liberté doit encore résonner dans les couloirs du studio Inbetweengames tant leur jeu est un melting-pot d’influences diverses. Le scénario en est un parfait exemple : tout commence calmement en 2089 par une explosion nucléaire dans un Berlin encore coupé en deux. Un Berlin dans lequel le mur n’est pas tombé et qui est toujours partagé entre deux forces. Après avoir assisté à ce désastre, nous arrivons 10 heures… Avant les faits pour tenter d’y mettre un terme avant qu’ils aient lieu. Nous aurons ainsi la lourde de tâche de remonter le fil des informations pour tenter de tuer dans l’œuf ce génocide.
Voilà pour le point de départ de notre aventure. Les inspirations sont nombreuses tout comme les références : que ce soit notre véhicule : une Traban digne d’un cours sur l’économie de l’ex-URSS ou le jeu de mot entre notre agence la Stasis et celle tristement célèbre de l’ex-Allemagne de l’Est. Le temps joue aussi un rôle essentiel dans All Walls Must Fall. Avec un découpage rappelant le film Memento de Christopher Nolan, nous remontons le temps en découvrant petit à petit un scénario bien construit qui laisse beaucoup de miettes de pain qu’il faudra glaner pour bien tout comprendre.
Dans ce Berlin dystopique toujours coupé en deux, les deux superpuissances ont mis au point le voyage dans le temps. Nous incarnons un agent qui devra donc empêcher une explosion tout en faisant en sorte que son camp (le bon bien sûr) en tire le plus de bénéfices possibles. Bien évidemment, le camp adverse fera de même et tentera de vous compliquer la tâche tout en essayant d’atteindre le même but.
Dans son système de jeu aussi, le titre du studio berlinois est difficile à classer. Se présentant comme un tactical-RPG, il en abandonne cependant très vite les codes pour se forger ses propres règles. Si vous cherchez un palliatif à des titres tels X-COM ou Fire Emblem, passez votre chemin. Dans une partie de All Walls Must Fall, nous ne dirigeons qu’un unique avatar qui devra remplir des objectifs aussi divers que l’élimination de cible, le désamorçage de bombe ou encore le recueil de renseignements. Il faudra savoir faire preuve de tactique, mais aussi de discrétion ou encore de diplomatie.
Notre agent possède un compteur de temps. Grâce à ce compteur, il peut effectuer des actions classiques telles que se déplacer, discuter, hacker et bien sûr attaquer ses ennemis. Chaque action nous coûtera un peu de temps, et pour en récupérer, il faudra réussir différentes actions telles que des combats, des explorations ou encore réussir des discussions sans se faire virer pour notre interlocuteur. Ce compteur permettra surtout de faire des sauts dans le passé en cas d’action ratée. C’est assez intuitif et ça rend All Walls Must Fall plutôt additif.
Chaque action se fait à la manière d’un Superhot, mais sur un damier en vue isométrique. Tant que nous ne faisons rien, rien ne se passe. Ce n’est que lors de nos mouvements que l’univers qui nous entoure prend vie. Nous avons toutefois la possibilité de passer notre tour pour voir le monde évoluer autour de nous. En fin de mission, une boutique nous permettra de dépenser notre restant de temps pour améliorer notre équipement et nous soigner. Et le soin coûte cher ! Prendre soin de notre policier du temps devient vite indispensable sous peine de rester avec l’équipement de base pendant longtemps. Il est toutefois possible de refaire les missions précédentes pour récupérer de quoi prospérer.
« La liberté, c’est savoir reconnaître ce qui est nécessaire » Friedrich Engels
All Walls Must Fall propose donc sur le papier une expérience atypique mélangeant les genres. Qu’en est-il joy-con en main ? Le résultat est assez mitigé. D’un point de vue graphique, le mélange d’environnements en trois dimensions avec des sprites en deux dimensions est agréable à l’œil et rappelle la série des Paper Mario mais en bien plus sombre. Des replays, qui se déclenchent après validation de nos actions, sont une vraie réussite. Ils nous offrent une mini cinématique qui agrémente nos parties.
Toutefois la réalisation de la vue isométrique vient gâcher ce tableau. La caméra se contrôle via le stick droit et les boutons L et R en deux parties : le stick déplace la caméra et il est possible de modifier l’angle de vue avec les boutons suivant 4 angles (Nord, Sud, Est et Ouest). C’est classique, sauf que dans des environnements intérieurs, il y a toujours un mur qui vient nous gêner et qui empêche de réagir vite lorsque c’est nécessaire. Frustrants, voilà le meilleur qualificatif pour ces contrôles.
Les différentes phases de jeu sont elles aussi assez inégales. Celles d’infiltration sont assez sympathiques en début de partie, elles nous demandent de l’observation pour planifier nos déplacements dans le bon timing. Mais elles sont vite redondantes. Les phases de combat demandent beaucoup de temps pour ne pas perdre de vie inutilement, ce qui rend nos combats, là encore trop répétitifs. Il faut se planquer en attendant que nos ennemis aient vidé leur chargeur puis les étourdir les uns après les autres pour pouvoir les tuer sans subir de dégâts. Et quand ils sont trop nombreux, utiliser nos pouvoirs de manipulation du temps. Les mêmes schémas se répètent trop vite.
Pour finir, les phases de dialogues sont un peu confuses. Elles reposent sur trois jauges ayant deux extrémités chacune : peur/colère, envie/dégoût et enfin respect/critique. Si nous atteignons le haut de la jauge, nous débloquons le passage ou l’indice, sinon un combat se lance. Le principe est là encore sympathique, mais les résultats de nos choix sont quelquefois incompréhensibles et un retour en arrière via le contrôle du temps est alors nécessaire. Notons aussi que le jeu est entièrement en anglais (contrairement à ce qui est dit sur l’eShop…), ajoutant encore de la difficulté pour les non-anglophones.
L’amélioration de notre équipement sera une partie très importante dans le jeu. Les possibilités liées notamment à la manipulation du temps nous seront nécessaires pour nous en sortir. Le jeu comprend 4 chapitres comptant chacun 3 missions. Finir le jeu demandera beaucoup d’efforts tant les derniers niveaux sont redoutables. La génération procédurale des niveaux permet une rejouabilité plutôt bienvenue même si elle empêche la mise en place d’une tactique et demande de se renouveler à chaque run.
Dernier point, la musique. Tout le jeu, à peu de chose près, se déroule dans des boites berlinoises. La bande son est en adéquation et propose une musique club qui plaira aux fans, mais agacera très vite les plus mélomanes d’entre nous.
Conclusion
All Walls Must Fall du trio berlinois de Inbetweengames propose une expérience intéressante basée sur l’infiltration, la diplomatie et la tactique. Son univers mêlant dystopie et manipulation du temps attire invariablement, mais sa réalisation un peu trop vacillante et sa répétitivité viennent gâcher l’expérience de jeu. Toutefois, avec un prix inférieur à 10 €, pour les amateurs de tactical-RPGs cherchant à renouveler l’expérience, il serait dommage de passer à côté d’un titre aussi original.
LES PLUS
- Un mélange tactique, infiltration et diplomatie assez originale
- L’histoire basée sur la manipulation temporelle est bien construite
- Les environnements 3D s’accompagnent bien avec les sprites 2D
- Un petit prix
- Le gameplay est solide…
LES MOINS
- Tout en anglais
- La caméra est plutôt pénible à gérer
- … mais répétitif