Nous vivons une époque formidable ! Vous voulez savoir pourquoi ? Non ? M’en fous je vais vous le dire quand même ! Les jeux vidéo que nous gardons le plus en mémoire sont ceux que nous avons connus durant notre adolescence. Pourquoi ? Sans doute un rapport avec les hormones… Malheureusement, revenir sur ces titres des années après est souvent douloureux. Et les titres qui peuvent se permettre d’être encore jouables 30 ans après leur sortie ne sont pas monnaie courante. Entre des contrôles ancestraux qui nous font comprendre à quel point notre média a évolué et des graphismes qui piquent les yeux, revenir à ses premiers amours n’est que trop rarement une bonne idée. Alors pourquoi notre époque est-elle formidable ? Eh bien, car certains enfants parmi nous ont grandi, sont maintenant des adultes développeurs et font tout leur possible pour faire revivre au plus grand nombre les joies des titres d’antan, mais en les soumettant aux exigences actuelles. C’est ainsi qu’est apparu Turrican Flashback. Une compilation de ce qui se faisait de mieux sur Amiga dans les années 1990 (ainsi que ce qui se faisait de plutôt pas mal sur Super Nintendo et Mégadrive).
Le retour aux sources du plaisir
Ce test a forcément une saveur particulière à mes yeux. J’ai grandi avec Turrican 1 et 2 sur mon Amiga (qui fonctionne encore d’ailleurs, n’hésitez pas à demander de ses nouvelles via discord) et en bon fan de rétro gaming, je rejoue de temps en temps sur la bête. Ce qui est assez difficile, car quand l’habitude de jouer avec un pad comprenant 2 sticks et 8 boutons est mise à mal par la jouabilité ancestrale d’un joystick 1 bouton, le plaisir est nettement moindre. Alors la possibilité de retrouver les sensations d’origine sans le vertige des contrôles m’a obligé à molester les autres testeurs de la team NT, mais il est à moi maintenant, mon précieux Turrican Flashback.
Avant de lancer ce test, il est bon de rappeler aux plus jeunes d’entre nous pourquoi la série des Turrican a une place importante dans l’histoire du jeu vidéo et aussi pourquoi elle a perdu cette place dans des adaptations trop moyennes. Le premier des Turrican offrait aux joueurs que nous étions un mélange d’action, de plateformes et surtout d’exploration. Sorti en 1990, dans un premier temps sur Commodore 64 (micro-ordinateur sorti en 1982), il permettait de se déplacer dans des niveaux vraiment énormes et labyrinthiques, dans lesquels plusieurs chemins et des passages secrets étaient disponibles, formant un tout non linéaire. Avec un choix d’armes conséquent et une palette de coups remarquable (compte tenu de l’unique bouton de nos joysticks) : Turrican proposait un tir classique, mais aussi un laser multidirectionnel, une transformation en boule (comme dans Metroid oui) et une super attaque. Le tout était parfaitement jouable et offrait un vrai sentiment de puissance.
Sorti tout juste 8 mois plus tard, mais cette fois-ci sur Amiga (machine datant de 1987), Turrican II magnifie son prédécesseur. Plus grand, plus fun, plus beau et plus complet, il se permettait même des petites excursions vers le shoot’em up dans des phases intermédiaires qui ont marqué plus d’un joueur. Sa qualité graphique sur la machine 16/32 bits était indéniable et son animation sans faille. Mais c’est surtout sa bande-son, créée par David Huelsbeck (et écoutable sur Spotify), qui reste encore un modèle du genre et qui permet de comprendre pourquoi l’Amiga a pendant longtemps été la machine préférée des démomakers.
Après ces deux réussites, Factor 5, son développeur, se dit qu’une version console ce serait bien plus vendeur. Commence alors la déchéance de Turrican. Ces versions sont loin d’être mauvaises, mais elles ne respectent plus du tout le matériel d’origine. Finie l’exploration, nous sommes face à un run‘n gun bien plus classique comme il en existait pléthore à cette époque sur la Super Nintendo et la Mégadrive. Ce sont les versions Super Turrican et Méga Turrican. Il est certes bien plus abouti graphiquement sur ces machines dédiées aux jeux vidéo, mais Turrican a gagné en beauté ce qu’il a perdu en intérêt. De moins en moins grandes et complexes, les cartes sont de plus en plus linéaires et surtout elles ne sont plus jamais en adéquation avec ce qui faisait le charme des premiers épisodes. La série ne s’en relèvera jamais et s’arrêtera avec Super Turrican 2 sur la console du plombier moustachu. Ce dernier n’est d’ailleurs pas disponible sur cette compilation, un choix étonnant sachant qu’il est supérieur à Super Turrican, tout en proposant un gameplay similaire. Il est toutefois disponible dans une anthology disponible chez Strictly Limited Games.
Turrican moins maintenant !
Maintenant que les présentations sont faites, il est temps de parler du portage. Le premier argument qui doit donner envie de découvrir ces jeux tient à la maniabilité. Sur les deux premiers opus, la maniabilité est désormais excellente. Chaque action se fait immédiatement et ne demande plus l’appui prolongé d’un unique bouton tout en étant dans une position précise. C’est bien plus réactif et agréable. Il est juste dommage que le stick droit ne serve pas à contrôler le laser.
Et c’est justement à partir de ce point précis que nous nous rendons compte que Turrican Flashback n’est qu’un simple portage des versions antérieures. À part les routines de contrôle, nous retrouvons les mêmes graphismes, les mêmes musiques (tant mieux d’ailleurs) et les mêmes niveaux. Rien n’a changé, n’a été lissé ou amélioré. Bien sûr cela permettra aux plus jeunes de découvrir ce à quoi jouaient leurs parents dans leur jeunesse, mais est-ce suffisant pour les y faire jouer ? En effet, si les versions de Super Turrican et Méga Turrican sont toujours très belles et détaillées, faisant honneur à leurs consoles d’origines, les versions Amiga, qui ont servi de base pour Turrican 1 et 2, commencent à faire leur âge. Sans vouloir déformer le contenu d’origine, des filtres graphiques plus performants qu’un simple CRT auraient permis de les rendre plus agréables à jouer.
Le travail est bien plus intéressant, même si c’est une copie conforme de ce que l’on trouve en émulation, dans la gestion des sauvegardes. Les save states font leur apparition ainsi que le rembobinage. La mort n’est plus qu’un lointain souvenir et la frustration de la difficulté des jeux d’antan disparaît, ainsi d’ailleurs que le plaisir de la réussite. D’un point de vue personnel, je trouve le travail effectué sur la série des Wonderboy bien plus intéressants pour faire découvrir le plaisir de ces jeux cultes. Mais cela demande une refonte totale du jeu et il est bien dommage que trop peu de jeux aient encore l’aura nécessaire pour y avoir droit.
Conclusion
Si vous avez connu la série des Turrican dès leur création sur Amiga, alors Turrican Flashback est fait pour vous. Retrouver ces deux premiers épisodes sur notre Nintendo Switch est un plaisir tant les contrôles sont maintenant réactifs. Malheureusement ces versions n’ont bénéficié d’aucune amélioration graphique et commencent à faire leur âge. Les affres du temps n’ont par contre quasiment aucune prise sur les titres des versions Super Nintendo et Mégadrive, et même si ce ne sont pas les meilleurs de la série, retrouver notre héros surarmé sur grand écran est un plaisir. Quel dommage toutefois que l’ambition des développeurs d’Inin pour faire découvrir ces immenses jeux que sont Turrican 1 et 2 n’ait pas été plus grande.
LES PLUS
- Retrouver quatre bons voir très bons jeux dans une même anthologie
- Les musiques restent un exemple malgré leur âge
- Les save states et le rembobinage permettent d’aller facilement au bout du titre…
- Les versions Super NES et Mégadrive sont toujours aussi belles
- Rejouer à Turrican 1 et 2, des monuments du jeu vidéo des années 90
- Les contrôles pour Turrican 1 et 2 sont maintenant quasi optimaux
- Turrican 2 est toujours ce formidable jeu d’action/ plateforme au niveau non-linéaire
LES MOINS
- … peut être trop facilement d’ailleurs
- Pas d’upgrade graphique des versions de Turrican 1 et 2
super test !