Toi qui lis ces lignes, sache que ce que tu as entre les mains représente la quintessence de ce que nous fûmes, mes camarades et moi : des frères d’armes. Dans ce monde difficile et cruel de Battle Brothers où la terre n’a pas fini d’absorber notre sang et nos larmes, nous avons tenté de vivre en respectant le code de nos créateurs allemands d’Overhype Studios. Mais c’est à toi, imprévu lecteur, ainsi qu’à l’Histoire, de juger nos actes. Sache enfin une chose : à cette époque tout ce qui nous importait, c’était de survivre !
C’est le jour 1, celui qu’on retient
La compagnie est mourante aujourd’hui, nous ne sommes plus que trois et nous ne devons notre salut qu’au sacrifice de nos frères d’armes. Ils se sont vaillamment battus mais ils sont tombés dans le piège mis en place par cette immonde pourceau de…
Bien sûr en tant que capitaine, la faute m’incombe pleinement mais si ma compagnie est brisée, elle est victorieuse. Nous ne pourrons jamais remplacer les amis que nous avons perdu, mais nous pouvons en recruter de nouveaux et rendre hommage à leur mémoire en débusquant ce sale rat et en lui faisant connaître le goût de la terre, de préférence avec sa tête sous nos pieds…
Si mes propos te choquent cher lecteur, sache qu’il en sera ainsi tout au long de notre aventure et que cela s’explique par le fait que nous avons vécu dans un monde dur et froid. Je ne suis pas complètement illettré, j’ai de nombreuses lectures à mon actif. Je connais le nom que donne les savants à notre époque : l’ère médiévale. Mais ce que ces bonshommes ne savent pas, abrités qu’ils sont par les murs de leur seigneur, c’est que les bandits, les orcs, les goules ou encore les non-morts, c’est à nous, la piétaille côtoyant la misère, de les affronter. Alors pardonne mes écarts de langage, mais n’oublie jamais que ton avis finira comme tout ce qui foule ce sol, sous mes chausses encore dégoulinantes du sang de mes ennemis !
Notre actuel employeur nous a bien payé pour notre mission, notre réputation est en hausse dans cette ville et les recrues se pressent à la porte de la taverne dans laquelle nous logeons. Ma tâche, en tant que capitaine consiste à trier le grain de l’ivraie pour que ma compagnie puisse retrouver sa grandeur. Il nous faudra trouver un équilibre entre les différentes lignes. Tout cela je l’ai appris à la dur. Aucune aide extérieure n’est venue à mon secours pour me dire comment gérer mes hommes. La mise en place d’une ligne de front, comment placer mes hommes et dans quel ordre, comment les faire combattre et quelle tactique mettre en place pour venir à bout de nos ennemis, je n’ai pu compter que sur moi. Et croyez-moi quand je vous dis que mon récit est bâti sur la montagne des cadavres des hommes de ma compagnie, ce ne sont pas de vaines paroles.
Ces recrues ne sont pas pires que celles auxquelles j’ai déjà eu affaire. Une bande de paysans qui ne sait rien des armes et qui veut fuir une vie morne à piocher la terre pour crever de faim. Dans ma compagnie, Ils finiront aussi par crever …. mais pas forcement de faim. Une fois qu’il s’est engagé, un homme est un camarade, et nous tenons à nos camarades. Nous les soignons, les nourrissons et nous les équipons, quitte pour cela à dépenser tout ce qu’il reste de notre dernière prime.
Comme je l’ai dit, notre réputation est en augmentation dans cette ville et les contrats affluent. Toutefois notre situation est encore critique, je ne veux pas risquer inutilement la vie de mes hommes. Les petits crânes en haut des contrats m’indiquent facilement le niveau d’expertise nécessaire à la réalisation de ces missions. Le choix entre une petite mission d’escorte ou un combat à mort contre des goules dans un cimetière est vite fait : ce sera l’escorte. Et puis aider à l’approvisionnement des villes en mettant en place des lignes de livraison sûres, c’est bon pour le commerce.
Jour 10, variation du délice
Les missions s’enchaînent et notre pécule de guerre augmente tout doucement. Nos dernières recrues progressent tout doucement. Les escarmouches et les combats leur permettent d’augmenter leur expérience petit à petit, tout comme les centres entraînements présents dans certaines villes. Notre équipement est encore un peu léger mais nous progressons. Les combattants se répartissent en fonction de leur type d’ arme : les archers au fond et les boucliers de front avec les soldats faisant plus de dégâts. Les combats ont lieu au tour par tour, et nos camarades ont amélioré leur vitesse d’exécution grâce à l’expérience gagnée.
Après chaque mission, je laisse un peu de temps à mes compagnons pour soigner leurs blessures avant de choisir un nouveau contrat. Ceux-ci ont parfois une durée limitée et je ne veux pas forcer sur la santé des hommes. Rien ne presse, nous ne roulons pas sur l’or mais nous vivons agréablement. Pendant ces temps libres, je me charge de la rédaction de ce journal. Je me remémore les anciens rédacteurs de la compagnie. Nous n’avons pas toujours foulé ces terres. Notre groupe a commencé son existence sur les terres des PC-istes il y a 6 ans déjà. Nos créateurs, au nombre de quatre, n’étaient accompagnés que d’une équipe de ménestrels. Ce n’est que depuis peu que nous foulons les terres de la Switch. Mais nous ne le regrettons pas.
Ces deux mondes partagent de nombreux points communs. Nous nous déplaçons sur une terre hexagonale, malheureusement, ces cases ne sont pas visibles et cela gêne un peu nos déplacements lors des phases de combat. Rien de bien contraignant, mais une vision un peu plus géométrique de nos combats auraient rendu mon travail de capitaine plus aisé. D’autant plus que le terrain joue un rôle important dans les combats. Mes hommes doivent gérer leur position pour ne pas se gêner entre eux et pour laisser à nos tireurs d’élite une ligne de mire dégagée et sans points de repère pendant les déplacements, cette ligne est parfois délicate à trouver.
A chaque ville que nous traversons j’en apprends davantage sur le monde que nous visitons, si celui-ci a été généré aléatoirement, chaque recrue vient me raconter son histoire propre et j’insiste car tout homme risquant sa vie pour la compagnie a le droit de faire parti de ces annales et il sait que son nom ne sera pas oublié ! Les contrats qui nous sont proposés sont eux aussi accompagnés de la prose de nos employeurs. Ils se sentent toujours le besoin de justifier nos embauches, comme si cela pouvait soulager leur conscience. Quoi qu’il en soit ils nous expliquent dans leur langue natale, l’anglais, les tenants et les aboutissants de nos missions. S’il est nécessaire de comprendre leur patois pour nous orienter ensuite sur la carte, chaque homme de la compagnie est capable, avec un minimum d’habitude, de s’en sortir sans trop de difficultés.
100 jours, si c’était un jour sans
J’ai encore du négocier un contrat avec un futur employeur, il ne voulait pas comprendre que la vie de mes hommes valait bien une rallonge sur ce qu’il proposait. Notre réputation est en hausse tout comme le niveau de mes hommes. J’ai commencé à en spécialiser quelques-uns une fois le niveau dix atteint. J’ai même un sergent qui vient me seconder pendant les batailles pour remotiver toute ma bande de traîne misère. Mes hommes m’en demandent d’ailleurs de plus en plus, ils me proposent de temps en temps des missions secondaires : augmenter la taille de la compagnie, obtenir plus d’argent ou encore devenir un grand explorateur en sont des exemples.
Nous sommes maintenant une compagnie bien équipée. Chaque homme a sa propre armure et connaît sa place et son rôle. Les combats se sont enchaînés et il nous a fallu être toujours prudent pour éviter les pertes inutiles. Mes hommes me respectent et ont su garder un moral élevé. Il m’en aura fallu des erreurs pour arriver à un tel résultat, mais je suis maintenant un capitaine de haut rang, je sais comment les placer, les déplacer, quels groupes former et quelles tactiques mettre en place pour minimiser mes pertes. J’ai même développé une réserve qui me permet de changer d’homme lorsque l’un d’eux est trop en danger.
Je commence à comprendre comment fonctionnent mes hommes et j’ai pu augmenter leurs statistiques pour en faire des hommes parfaitement adaptés à leur poste. Que ce soit leur vie, leur fatigue, leur point d’attaque en mêlée ou de défense à longue portée, leur progression n’a plus de secrets pour moi. Il m’a aussi fallu gérer leur trait de caractère pour optimiser leur poste. Il y a beaucoup de gestion au jour le jour dans le métier de capitaine.
Nous nous sommes un peu essayés au commerce avec mes hommes, si les petites villes n’offraient que des articles de petits prix, il nous est vite paru évident que les grandes avaient davantage à offrir. En jouant avec notre réputation dans une petite ville nous avons pu acheter à bon prix des articles pour les revendre bien plus chers dans une grande ville dont les routes étaient mal famées (nous avons d’ailleurs innocemment refusé de nous occuper des bandits qui les peuplaient…). Ce monde a une économie on ne peut plus vivante : tout entre en jeu dans les prix ; la présence de tel ou tel métier entre ces murs n’en est qu’un petit exemple.
J’ai été contacté récemment pour résoudre une crise, j’avais le choix entre l’invasion des gobelins, l’attaque des non-morts ou la guéguerre entre deux maisons. Je suis bien tombé, je peux blairer ni les nobles ni les non-morts. Il va falloir que je gère l’invasion des petits être verts, saleté de métier. Après m’avoir laissé libre de mes allers et venues, voilà que le destin me rattrape. Je n’ai plus le choix, il va me falloir conduire ma compagnie à travers les méandres d’histoire et espérer en sortir vivant.
Jour 1000, t’as touché dans le mille
Si ce journal touche à sa fin, il me faut maintenant faire le point sur mes aventures. D’un point de vue technique, nous avons déambulé à travers différents tableaux toujours très détaillés. Nous avons voyagé à travers des landes sauvages, peiné dans les tempêtes de neige et cuit sous le soleil de plages idylliques. Une fois en combat, les détails étaient moins nombreux pour avoir une vue plus dégagée. Mes hommes étaient représentés sous la forme de petites statuettes qui me permettaient de voir l’état de santé dans lequel ils se trouvaient.
Bien sur, l’animation ne fut jamais le point le plus difficile à satisfaire dans ce monde de Switch. Mais quoi qu’il en soit, jamais aucun ralentissement n’est venu ternir notre expérience et si le réveil de notre monde était un peu lent, une fois la partie engagée, tout se déroulait sans accroc. Il faut juste signaler qu’à aucun moment le tactile n’a été pris en compte dans notre aventure et c’est bien dommage vu la quantité de travail à effectuer pour la gestion de notre compagnie. Une navigation plus aisée aurait été un atout supplémentaire.
Pendant toutes nos escapades nous avons pu compter sur les ménestrels de Breakdown épiphanies et sur leurs compositions épiques. Avec plus de 2 heures dans les oreilles, nous fûmes toujours parfaitement motivés et l’ambiance de nos combats n’en fut que plus grandiose.
De manières générales, si nos premiers combats furent une vaste boucherie, la gestion de la difficulté via différents paramètres nous permis de rapidement comprendre les bases du système mis en place par Overhype Studios et de passer alors rapidement du mode débutant au mode vétéran.
Conclusion
En nous offrant un RPG tactique doté d’une multitude de système de personnalisation et de progression, les allemands d’Overhype Studios ont réalisé avec Battle Brothers un jeu d’une profondeur et d’une richesse digne d’une production AAA. Certes ses mécaniques demandent du temps pour être maîtrisées, mais leur logique est implacable et nous forcent constamment à réviser notre approche du terrain et à utiliser au mieux les capacités de nos recrues. Sa partie graphique, sans être époustouflante, est toutefois très détaillée aussi bien en combat que sur la carte. Sa narration est complète, elle ne tombe jamais dans la facilité et transpire un moyen-âge dur et froid. Pour chapeauter le tout, sa bande son épique viendra nous piéger dans cette ambiance. Si venir à bout des trois missions demandera déjà beaucoup d’heures de jeu, les DLCs déjà sortis sont eux aussi disponibles séparément.
LES PLUS
- La gestion de notre équipe est totale : nourriture, paie, équipement, placement et progression, expérience et trait de caractère
- Difficile mais juste avec une progression linéaire
- Graphiquement très détaillé et propre
- La narration est très complète pour un jeu indépendant
- Beaucoup de liberté avant d’être happé par l’histoire
- Le système de combat au tour par tour est parfaitement maitrisé
- L’ambiance moyenâgeuse suinte le cynisme
- Beaucoup de quêtes et d’objectifs secondaires
- Les combats sont très tactiques et nécessitent une utilisation juste aussi bien des hommes que de l’environnement
- La bande son épique de deux heures rappellent les grandes heures des films d’actions
LES MOINS
- Les informations de combats ont une taille envahissante
- Tout en anglais
- Aucun didacticiel, débrouillez-vous !
- Pas de tactile dans les menus
- Les DLCs ne sont pas inclus dans cette version de base.
Excellent test ! J’ai adoré te lire ^^
merci monsieur