Quoi de mieux en ce mois de mars pluvieux et froid qu’un visual novel à faire bien au chaud devant le feu ou sous la couette ? Leur gameplay n’est jamais frénétique et leur scénario, à la manière d’un roman de gare, permet de passer un moment agréable en ayant juste à faire le choix du bellâtre qui aura la chance de partager notre vie ou pas. Nicole du studio WinterWolves Games arrive donc à point nommé pour nous occuper et nous garder bien au chaud sous notre plaid.
Un compte de fée :
WinterWolves n’en est pas à son coup d’essai avec Nicole. Un petit tour sur leur site permet de trouver de nombreux titres, dont les approches peuvent être différentes, mais dont la composante principale est toujours la mise en relation de personnes en quête d’amour. Une entremetteuse virtuelle quoi.
Avec Nicole, arrivant sur Nintendo Switch après une sortie sur PC en 2014, ils nous proposent de vivre les aventures d’une étudiante en droit arrivant sur un campus au beau milieu d’une série de disparitions inquiétantes de jeunes filles. Qui a dit Véronica Mars ? La comparaison est loin d’être fortuite, vu que notre jeune héroïne devra mener de front ses études, ses amours et son enquête.
Malheureusement, la ressemblance s’arrête bien tôt, car si la série proposait des personnages attachants ayant chacun une histoire personnelle intéressante qui justifiait leurs actes, Nicole nous débarque sur son campus sans nous offrir une quelconque explication et la raison pour laquelle elle pourrait s’intéresser à ces disparitions nous est complètement inconnue. C’est bien dommage car l’introduction nous offre un personnage principal timide et terriblement attachant.
Une fois cette introduction passée, nous aurons le choix entre deux modes : un mode classique, nous permettant de vivre une fiction interactive aux mécaniques classiques, faites de choix de dialogues ayant une répercussion sur nos liens avec les différents protagonistes. Et un mode gestion, dans lequel il nous faudra gérer les différentes activités de notre héroïne pour accumuler des points dans différentes catégories tel le zèle, l’amitié, l’esprit mais surtout dans les preuves.
Ce qui ressemble à une bonne idée sur le papier est en fait un mode à éviter absolument. Loin d’être scénarisé, celui-ci nous demande de répéter jour après jour durant trois mois et demi les mêmes tâches pour être sûr de remplir à fond la jauge de statistiques adéquates. C’est en effet la seule façon de débloquer les fins particulières à ce mode. Mais ces jauges sont énormes : il faut 999 points pour la remplir, une action en rapporte entre 5 et 8 et il n’est possible de faire qu’entre 1 et 6 suivant le jour de la semaine. L’action se déroulant du 1er septembre au 21 décembre, nous aurons 112 jours pour compléter la catégorie choisie. Il est impossible de remplir plus d’une jauge par partie et les actions s’enchaînent pendant que notre ennuie augmente tant la répétitivité est importante.
C’est vraiment dommage, il aurait été très intéressant de développer davantage la narration de ce mode, d’autant plus que la partie classique est très verbeuse. Un équilibrage aurait rendu le tout bien plus interactif tout en développant agréablement la portée de nos choix, car si la romance avec les quatre personnages masculins est omniprésente, la vie de Nicole est bien trop laissée de côté.
Personne ne fait de chansons sur les histoires où tout semble facile. (Véronica Mars)
D’un point de vue plus technique, Nicole offre une aventure agréable visuellement. Chaque tableau est bien dessiné et plein de détails, il est dommage qu’ils soient si peu nombreux et que notre personnage déambule toujours dans les mêmes espaces. Le chara-design nous offre des individus trop semblables dans l’ensemble. Les personnages masculins notamment sont bien trop proches graphiquement sans parler des stéréotypes véhiculés : le scientifique, le sportif, le gentleman étranger et le timide… ça va être dur de faire un choix devant autant de poncifs.
La narration est très développée tout au long de l’aventure. Venir à bout de l’histoire, que ce soit en mode classique ou gestion, demandera de très nombreuses heures de lecture. Tout en anglais, il faut avoir une bonne maîtrise de la langue des frères Gallagher pour pouvoir profiter du scénario et de son développement.
En offrant 10 fins différentes, dont certaines vraiment dérangeantes, Nicole n’est pas à mettre entre toutes les mains. Malgré un graphisme très sage, la possibilité de tomber amoureuse de son maître chanteur a de quoi choquer et mettre mal à l’aise les plus fragiles. Et devoir se forcer à remplir les jauges sans vraiment voir de différences en termes de narration impacte très négativement la rejouabilité.
La bande son propose des titres joués au piano qui, s’ils sont plaisants dans les premières minutes, deviennent franchement lassant au vu du temps passé devant le titre. Ils ne se renouvellent que trop peu et entendre toujours la même rengaine pendant de longues minutes augmente encore le degré de lassitude du titre de WinterWolves, sans compter qu’elle n’est pas toujours adaptée à ce qui se passe à l’écran : une dispute → balade au piano, un échange sur le prochain cours → balade au piano, la cuisson des petits pois → balade au piano, vraiment lassant…
Conclusion
Malgré une introduction réussie et un système de jeu intrigant, Nicole se prend les pieds dans le tapis et n’offre jamais une expérience intéressante, qu'elle soit narrative ou ludique. Son côté Véronica Mars n’est jamais développé et ses amours sont noyés dans un festival de stéréotypes faciles et convenus. Seul son aspect graphique, assez conventionnel toutefois, viendra agrémenter nos parties, mais est-ce suffisant pour un titre entièrement en anglais et dont la bande son agace aussi vite ? Pas sûr.
LES PLUS
- Les graphismes sont agréables
- Le mode gestion est original…
- Une histoire convenue et facile à suivre
- La bande son à base de balade au piano est sympathique…
- La narration est très détaillée...
LES MOINS
- Le mode gestion n’est absolument pas scénarisé
- …mais il casse complètement le rythme de l’histoire
- Les personnages sont tous des stéréotypes
- L’enquête est complètement laissée de côté
- … mais elle agace très vite vu sa répétitivité
- … mais elle entraîne un temps de lecture trop important vu le peu de choix à faire
- Tout en anglais