À l’école, tout le monde a appris que Christophe Colomb avait découvert le Nouveau Monde en 1492. Mais que faisait-il avant ? Personne ne s’est jamais vraiment posé la question. Eh bien, il se trouve que le jeu Here Be Dragons lève un pan de ce mystère en nous faisant vivre les aventures du jeune Christophe Colomb dans le monde fantastique de la marine du 15ème Siècle.
Pirate des Caraïbes (mais pas que…)
Here Be Dragons est un jeu de stratégie au tour par tour dans lequel le joueur dirige une flotte et va parcourir les mers et combattre contre d’autres navires mais aussi et surtout contre des créatures marines toutes plus dangereuses les unes que les autres. Le bestiaire est particulièrement varié : des baleines, des mégalodons, des sirènes, des krakens, des dragons de mer et pour finir Neptune lui-même.
La petite différence entre Here Be Dragons et un jeu de stratégie classique, c’est qu’il y a des lancers de dés au début de chaque manche. Et c’est là que le ciel s’assombrit sur les flots et que la tempête commence à gronder. Entre deux et cinq dés sont lancés au début du tour et le joueur récupère les numéros qui lui seront utiles. La plupart du temps, deux cas de figure s’offrent à lui, utiliser des dés de manière défensive, son bateau sera réparé après une avarie, ou de manière offensive, il infligera plus de dégâts lors de ses attaques. Problème : les dés restants partent dans l’escarcelle des ennemis. Et quand l’ennemi doit avoir un dé avec un chiffre allant de deux à cinq, il a donc deux chances sur trois d’avoir un bon tirage. Et cette statistique est très souvent avantageuse pour les créatures à combattre.
Une autre petite particularité du jeu est que très souvent une action d’attaque qui va faire perdre deux points à l’opposant va dans le même temps faire gagner deux points à l’attaquant. Il arrive donc que les combats s’éternisent car à chaque fois que l’ennemi nous attaque, il nous blesse tout en récupérant de la vie, et ça devient un cercle vicieux. Ajoutez à ça, la problématique de qui a l’initiative du tour, selon le tirage des dés, et le système de stratégie se trouve noyé par les lancers de dés et le hasard.
Les Robinson des Mers du Sud (mais aussi du Nord, et un peu de l’Ouest…)
Bien sûr, les développeurs ont prévu des petites astuces pour faire diminuer la part de hasard. Le joueur peut ramasser les bouteilles à la mer qu’il croise sur les flots. Et contre deux bouteilles il peut récupérer un point de vie, et contre trois bouteilles, il peut relancer un dé. Ce système, s’il facilite un peu les combats, n’en est pas moins long et contraignant, car il ajoute une action en début de tour. Selon le tirage des dés, les combats peuvent se terminer en quelques tours comme ils peuvent s’éterniser à n’en plus finir. Il n’y a pas une réelle courbe de progression en avançant dans le jeu à cause de cette part de hasard. Il y a quand même quelques subtilités. Certaines actions nécessitent deux dés, donc il faut attendre au moins deux tours avant de pourvoir les réaliser. Dans tous les cas, une fois l’action réalisée, le joueur perd les dés concernés et le combat continue en espérant un bon tirage.
Les graphismes de Here Be Dragons sont particuliers, ils ressemblent à des dessins faits sur du vieux papier ou du parchemin. Dans tous les cas, ils sont vraiment bien adaptés à l’ambiance globale du jeu qui est plutôt mignonne tout en étant un peu satirique. La satire sera comprise par les joueurs anglophones uniquement puisque le jeu n’est disponible qu’en une seule langue : l’anglais. Dans tous les cas, l’histoire reste anecdotique et Here Be Dragons vaut pour l’enchaînement des batailles et les gains que les victoires procurent : amélioration de la santé de son navire, de ses canons ou de ses défenses.
La musique symphonique est très belle, mais elle n’intervient que pendant les interludes et se fait muette pendant les combats, donc le temps passe lentement lorsqu’on a uniquement le bruit des dés qui roulent et les onomatopées de nos marins ou des créatures adverses dans les oreilles la majeure partie du temps.
Conclusion
Here Be Dragons est un jeu de stratégie graphiquement très joli, mais qui manque cruellement de profondeur de jeu à cause d’un système de combat basé sur des lancers de dés qui amènent beaucoup trop de hasard dans un genre qui demande plutôt de la réflexion et de l’anticipation que de la chance. Il faut noter aussi que le jeu n’est disponible qu’en anglais, ce qui le coupera d’un public jeune qui aurait pourtant pu apprécier l’ambiance et découvrir le genre du jeu de stratégie au tour par tour avec un jeu mignon et amusant. Bref Here Be Dragons est sympathique mais sans plus.
LES PLUS
- Les graphismes typés bande dessinée
- L’ambiance satirique
- Plutôt simple pour les débutants
LES MOINS
- Le hasard des lancers de dés
- Un manque de profondeur dans le gameplay
- Uniquement en anglais