Geron, oiseleur des bas-fonds d’une sombre cité, va devoir entreprendre une (en)quête dépassant largement ses frêles épaules… Même si avec sa maladresse congénitale, il attire les ennuis comme aucun autre !
Oui, l’Oeil Noir – Les Chaînes de Satinav est plus proche des pérégrinations d’un Guybrush Threepwood, ce héros de Monkey Island aussi gauche qu’attendrissant que des aventures d’un chevalier en armure, sans peur et sans reproche. Nous ne sommes pas non plus en présence d’un RPG, genre auquel on a souvent rattaché l’Heroïc Fantasy.
Point de combat au tour par tour ici, point de levelling ou de mécaniques propres à la série de jeux de rôle, l’Oeil Noir, datant de 1984. Non, ici, le joueur aura droit à un point and click à l’ancienne avec tout ce qui compose le genre : des décors fixes, tel des tableaux bien composés, dans lesquels notre perso déambule, des PNJ pittoresques et néanmoins retors pour nous filer la moindre miette d’indice et notre « pointeur » se baladant sur l’écran pour interagir avec tout et surtout, n’importe quoi. Tout ce qui faisait le charme des productions LucasArts d’antan.
Au joueur de chercher le moindre pixel qui dépasse dans ces décors décidément bien fournis. Il s’agira -toujours ou presque- de trouver le bon objet ou de parler à la bonne personne pour débloquer telle ou telle situation. En somme, une suite d’énigmes, qui comme auparavant, fera tourner merveilleusement en rond les amateurs, et en bourrique les joueurs peu habitués.
C’est agréable de se retrouver face à ce genre de jeu, résolument calme, un genre qui, même s’il n’a pas complètement disparu (Armikrog ou the Lion’s Song), se fait assez rare. Les commandes (avec l’aide des gâchettes) sont simples, avec un menu d’objets facilement accessible, et le tuto de départ a le bon goût d’être clair et concis.
Avant d’enjoliver l’écran de la Switch, le jeu était déjà paru en 2012 sur PC et a conservé toute sa joliesse avec ses décors faits-mains, colorés avec soin. Ils sont vraiment magnifiques, dans cette veine médiéval-fantastique ultra détaillée. Un véritable plaisir pour les yeux. Le jeu a aussi, hélas, ses défauts d’origine. Nous retrouvons une animation rigide qui accable notre personnage principal, lequel se déplace en mode robot, sans naturel aucun. Les premiers instants sont d’ailleurs assez déstabilisants…
Nous avons également à faire à un début un peu mou (du genou) du point de vue de l’histoire. Elle n’est, disons-le, pas très aguicheuse : notre Geron doit retrouver quatre feuilles de chêne afin de remporter un concours organisé par le Roi… Super… Heureusement, ce n’est que le début ! Les personnages que l’on rencontre manquent également de punchlines, et d’humour (en dépit de quelques notes par-ci par-là), pour les rendre vraiment mémorables.
Reste que l’Oeil Noir – Les Chaînes de Satinav a un certain charme et un véritable cachet, tout en disposant d’une prometteuse durée de vie. Par son classicisme, il saura satisfaire les amoureux des jeux « où tu pointes et tu cliques. » En outre, il bénéficie, et c’est un plus non-négligeable en ces temps de disette pour ce qui est des localisations des jeux, de véritables sous-titres en français ! (Damned, des sous-titres en français !)
Conclusion
Point and Click à l'ancienne, mijoté avec soin, avec des décors hyper-détaillés bien crunchy et des énigmes qui vont vous faire des nœuds (de cabestan) au cerveau, L'Oeil Noir – Les Chaînes de Satinav plaira aux amateurs du genre (rappelez-vous les Chevaliers de Baphomet ou les Monkey Islands !). Si son classicisme nous sied, il manque toutefois au jeu un véritable grain de folie, celui-là même qui rendrait cette charmante aventure irrésistible.
LES PLUS
- Un Point and Click à l'ancienne
- La qualité des décors
- De bonnes énigmes
- Une durée de vie respectable
- Des sous-titres en français !!
LES MOINS
- Une animation robotique
- L'humour quasi-absent des dialogues
- Une histoire pas très engageante, au début surtout