Le test de Magic Twins du studio madrilène Flying Beat Lab est particulier. D’abord, car il rappelle des grands moments du jeu vidéo tel Puzzle Bobble (ou Bust a Move pour les puristes), un puzzle-game jouant avec les couleurs et le principe d’alignement. Ce test est particulier aussi parce que contrairement à de nombreux joueurs dans le monde, Bust a Move est un cauchemar pour moi. Étant daltonien, il m’est impossible de distinguer rapidement deux couleurs différentes, entraînant ainsi ma défaite quasi obligatoire. Alors certes, Magic Twins possède des options pour mon cas, mais elles ne m’ont été d’aucun secours. Toutefois n’écoutant que mon cœur et mon chef, je me suis retrouvé avec ce titre entre les mains. Et pour pouvoir vous le faire découvrir, j’ai envoyé au turbin mes sales gosses enfants chéris et c’est en tant que commentateur sportif que je vous livre ces quelques impressions :
Tout à fait Thierry !
Mesdames et messieurs, bonsoir à tous. Bienvenue pour ce qui sera sans doute aujourd’hui un match d’exhibition fantastique. Aujourd’hui nos joueurs n’auront pas de pression, rien à gagner ni à perdre. Nous sommes là pour la beauté du jeu et pour le fun, mais n’allons pas croire que nous allons pour autant nous ennuyer, nos athlètes sont d’abord et avant tout des compétiteurs. Avant de commencer ce match, faisons un petit tour des forces en présence.
Depuis les bords gauche et droit du terrain : Abra et Cadabra sont deux gentilles sorcières qui n’ont qu’un rêve, modifier un peu leur garde-robe. Qu’à cela ne tienne, un coup de potion magique et comme le dit Panoramix, un autre grand sorcier, le tour est dans le chaudron. Sauf que nos deux apprenties, lors de leur rituel nocturne, déclenchent sans le vouloir le COLORMAGEDDON ! Et ce sont donc, sortant du milieu du terrain, des potions de couleurs ou des monstres de couleurs qui, profitant de failles dimensionnelles, viennent assaillir la douce population de ce monde. N’écoutant que leur courage et aussi pour retrouver leur garde-robe, elles décident de prendre les choses à bras le corps de ballet (oui c’est un jeu de mots…) pour remettre toutes ces couleurs dans le droit chemin.
Les équipes en présence sont ainsi clairement définies : attaquant depuis les côtés, la paire des Magic Twins et venant du centre, les couleurs démoniaques. Il faut maintenant revenir sur le but de toutes les parties, ce but étant double : tout d’abord il faudra empêcher les fioles de se rapprocher de nos deux sorcières, car à la troisième percée, c’est une terrible défaite qui sanctionnera nos protagonistes en balai. Le second objectif dépendra lui du niveau. C’est une des grandes forces de Magic Twins, si tous les niveaux fonctionnent avec le même principe de base, pour en sortir vainqueur, il faudra à chaque fois en renouveler notre approche, car les conditions de victoire sont sans cesse modifiées.
Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquille.
Voilà nos héroïnes d’un soir entrent sur le terrain, il est temps de cesser ces digressions et d’entrer réellement dans le match, que dis-je dans le combat qui nous attend :
Optant pour une tactique risquée, nos deux sorcières peuvent être contrôlées par un unique joueur, l’autre étant alors jouée par une IA. Si cette tactique est si risquée, c’est d’abord que l’IA, telle la charlotte, est aux fraises. Certes il est possible de switcher et de prendre le contrôle d’Abra ou de Cadabra en cours de partie, mais l’action est souvent trop intense et vouloir jouer en solo à Magic Twins demande des réflexes et une maîtrise du gameplay que nos champions n’ont pas été en capacité de nous montrer pour l’instant. Ne les blâmons pas pour si peu, de notre point de vue, depuis la ligne de touche, il semble bien difficile de gérer deux côtés à la fois, d’autant plus que, non content de sortir de la faille centrale, des monstres de couleurs apparaissent inopinément en plein milieu du terrain.
Pour s’en sortir, il va falloir se trouver un partenaire de jeu. Et justement mesdames et messieurs, un nouveau protagoniste entre en jeu, qui peut bien être ce joueur inconnu de la ligue… oui, mesdames et messieurs, c’est bien elle, incroyables, la mère de mes enfants vient leur porter secours en affrontant à leur côté ces hordes colo-démoniaques !
Nous aurons ainsi un peu plus de temps pour étudier les tactiques à mettre en place pour venir à bout de cette engeance bariolée. Nos deux sorcières se préparent, chacune d’un côté du terrain, elles attendent avec impatience d’en découdre avec les fioles sortant de la faille centrale. Celles-ci peuvent prendre 6 couleurs : le bleu, le jaune, le vert, le rouge, le noir et le blanc. Pour s’en débarrasser, il faudra leur envoyer une attaque de la même couleur que celle du monstre visé. Mais nos héroïnes n’ont que les quatre premières couleurs à leur disposition. Pour s’attaquer aux fioles blanches, rien de plus facile, n’importe quel couleur fera l’affaire. Pour les noires, c’est une autre histoire, il faudra leur lancer un premier sort, pour révéler leur vraie couleur puis en venir à bout avec le sort adéquat.
Si le début semble assez aisé, c’est aussi pour apprendre à utiliser la technique ultime. En effet nos Hermione Granger en herbe ont aussi à leur disposition un chaudron magique. Pour s’en servir, il leur faudra récolter des larmes de couleurs que laisseront tomber de temps en temps les fioles détruites. Puis les combiner par groupe de 4 et observer le résultat. Si un groupe de 4 couleurs identiques rend tous les monstres présents à l’écran de la même couleur, facilitant ainsi leur élimination, quatre couleurs différentes les rendront tous blancs tandis que la moindre trace de noir dans le mélange engendrera une difficulté bien plus élevée en colorant toutes les fioles et monstres en teinte ébène.
Ce sera un coup de pied de coin
Après ces moments de tensions palpables, il va bientôt être temps pour nous de rendre l’antenne, heureusement, il nous reste un petit moment de direct pour faire le point sur la rencontre qui vient à peine de se terminer.
D’un point de vue artistique, il faut bien nous l’avouer, le rendu graphique du match, dans son style très kawaï, est réussi. Nos sorcières sont mimis à croquer et pouvoir leur débloquer de nouvelles tenues, toutes plus réussies les unes que les autres, est un plus indéniable. Les ennemis, tout en couleur, ne font jamais peur même si l’on comprend qu’ils viennent uniquement pour en découdre. Si le plateau ne change pas d’un monde à l’autre, les décors de fond varient agréablement.
La musique aussi nous offre une partition totalement dans l’esprit du titre, à la fois légère et jouant sur des sonorités rappelant la bande son de titre tel Mickey World of Illusion, elle met tout de suite dans l’ambiance et nous accompagne tout au long de nos parties sans jamais lasser ni gêner le déroulement du jeu.
Les seuls points faibles du titre de Flying Beat Lab concernent d’abord les modes de jeu, il n’y a que le mode aventure à se mettre sous la dent. Certes celui-ci offre un temps de jeu conséquent pour rétablir la paix sur notre monde et le challenge devient réellement ardu à partir du quatrième monde. Oubliez le jeu en solo et commencez à prévoir des tactiques avec votre acolyte sous peine de rester bloqué sur ce monde.
Le second problème concerne les filtres pour daltonien. Ceux-ci ont beaucoup de mal à se montrer utile, souffrant de deutéranopie (non ce n’est pas une espèce de dinosaure), c’est-à-dire ayant du mal à percevoir le vert, l’application du filtre idoine me permet, certes de distinguer le vert du jaune, mais ne me permet plus de distinguer le vert du rouge. Dans les deux cas, la partie est mal engagée.
Le dernier point noir concerne le temps mis par les larmes de couleurs pour apparaître. Le déroulement est toujours le même. D’abord nous brisons une fiole, elle disparaît puis laisse apparaître une goutte de couleur. Si une fiole arrive sur la goutte avant que nous ayons renvoyé une attaque de la même couleur dessus, elle disparaît. C’est simple sauf que le timing est loin d’être à notre avantage, si nous détruisons une fiole dès son apparition sur la faille, le temps que la goutte apparaisse, dans la seconde suivante, une fiole aura pris sa place.
C’est encore plus frustrant avec les fioles noires. Lors de leur destruction, elles laissent tomber une goutte noire, mais cette goutte apparaît assez tard, donc si nous souhaitons éclater la fiole qui se trouve derrière, nous avons de grandes chances de ne faire que récolter la goutte noire, ruinant ainsi tous nos efforts dans la création de notre potion. Pour un jeu qui se révèle assez vite technique, c’est un gros point négatif.
Post Scriptum : ce test a été validé par l’ensemble de ses participants et le rédacteur tenait à remercier personnellement ses enfants et sa femme préférée pour leur aide.
Conclusion
Dans le style des puzzle-games arcade de la fin des années 80, mais avec un univers graphique très kawaï de sorcières mignonnes à croquer, Magic Twins offre des mécaniques de jeu complètes et bien calibrées pour le jeu à deux. Malheureusement, le titre de Flying Beat Lab souffre de défauts rédhibitoires : le nombre de frames nécessaires à l’apparition des larmes nécessaires à la mise en place des potions est trop grand et ruine trop souvent nos tactiques. Il lui manque aussi une option online ou d’autres modes de jeu pour être vraiment complet. Toutefois disponible à un petit prix, il n’en reste pas moins une très bonne expérience pour les joueurs en manque de Puzzle Bobble.
LES PLUS
- Le gameplay est taillé pour des parties à deux
- Les graphismes kawaï sont une réussite
- La bande-son nous emmène tout de suite dans ce monde de sorcières
- Les objectifs se renouvellent constamment
- Le gameplay est facile à assimiler
- La mise en place des potions ajoute un gros côté tactique
LES MOINS
- Absence de jeu en ligne
- Les filtres pour daltoniens ne servent à rien
- L’apparition des larmes est trop lente
- Un seul mode de jeu