La photographie est un loisir prenant de plus en plus de place dans nos vies connectées et sans cesse mises en images. Les clichés mettent en lumière un peu tout, et beaucoup de n’importe quoi. Ils n’en restent pas moins une façon toujours perspicace de conserver le souvenir d’une rencontre, d’un instant, d’une émotion. Les grands enfants d’aujourd’hui n’ont pas eu la chance de grandir avec un florilège d’appareils photo numérique ou plus simplement sur leur portable (qu’ils n’avaient pas…), mais ces derniers ont eu un autre privilège : s’exercer aux joies de la photographie grâce à leurs petites bestioles virtuelles favorites (oubliez les tamagotchis !) : les Pokemons. Avec un goût assumé de souvenirs d’enfance « pimpés » à la modernité, ce joyeux mélange de photos et de petits monstres attendrissants revient aujourd’hui sur Nintendo Switch. Attention, joyeuse pépite en approche…
Photo de famille ?
Pokemon Snap, premier du titre, est sorti sur Nintendo 64 en 1999 au Japon et 2000 chez nous. Émerveillant avec beaucoup de charmes (pour l’époque!) toute une flopée de gamins totalement accros aux Pokemons, le soft est devenu une véritable légende auprès des adeptes. Le concept y était fort simple, mais terriblement addictif. Armé de son appareil photo, le joueur parcourait quelques territoires en quête de la photo parfaite qui permettrait de mettre en lumière toutes sortes de Pokemons, mais aussi tous leurs comportements insolites. Ne manquant pourtant pas de quelques défauts dont les fidèles se remémoreront avec une certaine nostalgie probablement, l’aventure ne laissait guère indifférent, et nul doute que certains experts (et forts patients…) de la photographie de Pokemon hier, sont devenus de fins observateurs et photographes modèles aujourd’hui.
Focale sur Pokemon Snap 2021
Le voici enfin. Après des années d’attente, la nouvelle madeleine de Proust arrive enfin sur Nintendo Switch. Rassurons tout le monde dès à présent : il ne s’agit aucunement d’une remasterisation de l’opus original, mais bel et bien d’une nouvelle aventure en reprenant sensiblement les plus ingrédients que la recette qui nous a tant régalée dans les années 2000.
Le préambule est classique, mais rapide : le choix des doublages sera vôtre (anglais ou japonais, de quoi ravir les puristes). Que les rebelles à la langue de Shakespeare se rassure : le jeu est intégralement traduit en français. Le joueur est ensuite invité à sélectionner le sexe de son personnage (sans conséquence notable) parmi 8 photos disponibles (4 filles et 4 garçons, sans un grand dimorphisme tout de même). Ne reste plus qu’un surnom, et l’aventure peut enfin débuter.
Le professeur Miroir est un ponte dans son domaine. Friand et curieux de Pokemon, il étudie toutes les îles de Lentis afin d’en extraire le moindre de leurs secrets. Il est accompagné de Rita, la fille d’un bon ami, venue lui rendre visite pendant les vacances, et devenant finalement sa plus fidèle (jeune) assistante.
Ne manquait plus que vous pour former un trio (qui viendra rapidement s’accroître… mais chuuuut !) insolite en quête de clichés. Là se révèle être votre mission : réaliser une foule de photographies des Pokemons que vous allez croiser sur votre chemin, mais aussi de quelques phénomènes encore inexpliqués comme cette incroyable luminescence qui illumine avec beaucoup de grâce certains Pokemons. Le travail ne manque pas et vite, il faut se mettre à l’œuvre !
Zoom sur la photographie de Pokemon
Afin de réaliser moult clichés, vous avez dans votre poche l’Exploreflex : un appareil photo assez rapide qui vous permettra de multiplier les photographies des environnements traversés et de leurs adorables occupants. Ce dernier permet aussi de correspondre avec Rita, tout en réussissant la prouesse technique d’analyser les données du terrain. Mis au point par la professeur Miroir, ce petit bijou technologique est un compagnon fidèle et de qualité dans votre aventure. Sa prise en main est rapide et globalement intuitive (les commandes peuvent, en outre, être modifiées à votre convenance). Rita ne manquera néanmoins pas l’occasion de vous donner un petit cours particulier afin d’être certaine que vous en maîtrisez tous les rouages. Au fil des explorations, l’engin sera doté de plus en plus de capacités, permettant notamment d’obtenir l’attention des Pokemons, ou encore de les mettre en lumière… autant de petits ajouts qui viennent à multiplier les chances d’obtenir LE cliché parfait de votre Pokémon favori.
N’imaginez pas, en revanche, partir en exploration en toute liberté sur les terres inconnues. L’aventure se déroule par zones qui viennent à se débloquer progressivement ; ouvrant la voie à d’autres rencontres. A bord du Neo One, un drôle de véhicule qui parviendra à vous amener dans des lieux forts distincts, tantôt à la lumière d’un volcan prêt à ébouillanter quiconque viendrait à un peu trop le titiller, tantôt dans un territoire fait de glace et d’un épais manteau neigeux. La délicate et apaisante prairie, sans tumulte ni perturbation, ne sera donc guère monnaie courante…
Ainsi, à bord du Neo One, le joueur est libre de tourner sur lui-même autant qu’il le souhaite afin de photographier tout ce qu’il se trame autour de lui. Le nombre de clichés possibles est limité, inutile donc de prendre en photo tout et n’importe quoi sous peine de rapidement se retrouver à attendre patiemment la fin du parcours, tandis que les Pokemons continuent, eux, à batifoler autour de vous ! La progression au sein d’une zone s’apparente donc à un rail shooter, avec pour arme un ingénieux appareil photo dont les bruits répétitifs pourraient bien venir à vous agacer, admettons-le. Un peu timides au départ, puis franchement foufous ensuite, les Pokemons s’approchent sans grande difficulté de votre véhicule, pour les plus abordables au moins. Pour les autres, il faudra faire preuve d’un peu de jugeote pour les apercevoir, ou simplement pour qu’ils vous regardent… eh oui, la qualité de la photo est capitale dans le soft, un bout de queue de Pikachu ne suffit pas pour le professeur Miroir ! Vous êtes capable de bien mieux…
Développement des photos
Tandis que le parcours se clôture, le professeur Miroir est impatient de collecter vos plus beaux clichés ! Et uniquement les plus beaux. Bémol assumé pour certains, petite difficulté significative pour les autres, les faits sont là : il va falloir choisir parmi des dizaines de clichés celui qui vous semble le meilleur pour une même espèce de Pokemon. En effet, si nous prenons à nouveau Pikachu en exemple, si vous comptez 20 photos de ce dernier prises au fil de votre dernière expédition, une seule et unique pourra être retenue et présentée au professeur. Le bon choix est donc capita ! Le soft propose néanmoins une sélection automatique pour les joueurs les plus indécis.
Une fois cette pré-sélection réalisée, le professeur examine un à un chaque cliché sélectionné. Ces derniers sont alors notés selon différents critères : la pose, la taille, l’angle de vue, le cadrage, la présence d’autre(s) pokemon et l’arrière-plan. Il n’est donc pas toujours évident au début d’avoir l’œil avisé pour être certain de choisir la meilleure photo, d’autant plus qu’un dernier paramètre rentre en compte, indépendant des autres : le barème spécial. Ce dernier octroie alors de 1 à 4 étoiles en fonction du comportement mis en lumière dans la photographie.
Le joueur obtient ainsi un score pour chaque cliché, dont les points sont indépendants des étoiles. Chaque Pokémon détient son petit album particulier avec 4 photos à son effigie : une pour chaque niveau d’étoile. Oui les amis, les 4 étoiles ne sont guère évidentes à obtenir pour l’ensemble des Pokemons… mais il faut bien un peu de challenge n’est-ce pas ? Par ailleurs, auriez-vous aperçu quelques légendaires… ?
L’ensemble des points cumulés sur toutes les photographies sont ainsi additionnés et le score final de la session est dévoilé. Ce dernier permet au joueur de grimper en niveau pour un même parcours. Plus le niveau sera élevé, plus le parcours sera riche en événements et en Pokemon ! Ces derniers gagnent en effet en confiance au fil de votre progression et se montreront de plus en plus nombreux et potentiellement plus confiants.
Trie et filtres des photos
Les filtres font désormais partie intégrante de notre rapport à l’image, pour embellir, camoufler ou estomper. Ils sont au cœur des réseaux sociaux et notre petit monde de Pokemon n’échappe pas à la règle ! Avec grande surprise, nous avons découvert au cœur du soft un outil assez complet pour la retouche des photos permettant aussi bien d’adjoindre des autocollants, des filtres, et bien d’autres surprises… les stickers et autres cadres sont nombreux et permettent une véritable personnalisation des multiples clichés. Ainsi embellie, ou au naturel pour les puristes, les photos peuvent être vues par une vaste communauté de joueurs grâce à une connexion internet. Pokemon Snap dispose en effet d’une véritable ouverture sur le monde et quiconque peut partager ses plus beaux clichés et découvrir de belles photos insolites (voir même d’y piquer quelques idées !). La mise en ligne est rapide et intuitive, un système de notation fait de petites pommes permet de mettre en avant les clichés les plus populaires, tels des « j’aime » version Nintendo. Forcément, cela devrait en amuser plus d’un, retrouvant le plaisir d’exposer ses clichés et d’accumuler un maximum de réactions. La course aux pommes est officiellement ouverte !
Qualité d’image et Cie
Partir en treck photos, voilà de quoi se réjouir d’autant plus encore tandis que s’écoule lentement cette longue période de confinement mondial. Néanmoins, la réussite de telles escapades dépend assurément de la qualité des décors, mais alors qu’en est-il de ce Pokemon Snap ?
Dès l’ouverture du soft, le ton est donné. En effet, petits et grands seront aussitôt séduits par l’univers particulièrement enchanteur du titre, orné d’une multitude de couleurs (parfois un peu trop même !) et cela quel que soit l’univers traversé. L’ensemble reste toujours de qualité, sans rentrer dans le surjeu du détail. Les Pokemons y sont parfaitement visibles, les mieux cachés restent identifiables pour qui sait orienter son objectif comme il le faut. Sans fioriture, les textures sont correctes et l’immersion dans l’univers Pokemon est réussie. Nous sommes bien loin des graphismes baveux et cubiques qui ont su, pourtant, nous enthousiasmer sur l’opus de la Nintendo 64…
Les musiques, quant à elles, restent aussi cohérentes à l’univers de Pokemon. Néanmoins, elles manquent parfois d’originalité et s’avèrent quelque peu redondantes. Les bruitages, quant à eux, sont réussis, mais à nouveau d’une forte redondance. Vous serez bien vite lassés par cette petite musique qui est censée attiser la curiosité des Pokemons… tout autant que ce radar que vous déploierez sans cesse pour être certain de ne pas passer à côté d’un point remarquable de l’exploration ! Nous aurions adoré entendre les Pokemons véritablement s’exprimer… « Magicarpe » avec la bonne intonation, quel symbole !
Mise au point réussie ?
S’il est possible de foncer en ligne droite pour débloquer au plus vite un maximum de zones à explorer sans profiter de chacune des expéditions (et clôturer de fait l’aventure en une dizaine d’heures), le joueur passerait assurément à côté de l’essence même du soft, qui invite les photographes amateurs à prendre le temps de jouir des multiples décors, des Pokemons qui s’y déploient, et à y observer leurs comportements tout en essayant de les immortaliser au mieux dans de magnifiques clichés. La photographie demande de la patience et de la ténacité. Pokemon Snap suit cette ligne de conduite, et même si les plus jeunes et les plus impatients parviendront sans la moindre difficulté à prendre en photo une ribambelle de bestioles (le soft n’est guère punitif !), seuls les plus obstinés parviendront à remplir toutes les nombreuses quêtes agglomérées dans le jeu. En effet, afin d’accroître sensiblement la durée de vie du soft, les joueurs sont invités à répondre à un certain nombre de missions, tout en essayant autant que possible de clôturer toutes les photos de chacun des Pokemons (de 1 à 4 étoiles, souvenez-vous).
Une certaine redondance peut néanmoins s’installer au fil des heures. La mécanique du jeu devient vite répétitive et il est souvent évident de comprendre ce que le professeur Miroir souhaite nous confier avant même de lui adresser la parole (certains dialogues sont par ailleurs assez longs, cassant le rythme du jeu, embourbant le joueur dans des détails dénués d’intérêt). Néanmoins, le perfectionnement de l’exploreflex et la multitude de Pokemon à dénicher redore sans mal le blason de ce nouveau Pokemon Snap.
Le seul véritable bémol que nous avons finalement à porter sur le soft porte sur les Pokemons luminescents et les quelques niveaux qui y sont dédiés. Certains s’avèrent être un peu trop longs, franchement répétitifs et le manque de fun peut s’y faire sentir. Tatillons chez Nintendo Town, tatillons…
Pokemon Snap est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 60 euros environ.
Vous en doutiez vous… ?
Pokemon Snap sur Nintendo 64 présentait déjà quelques secrets… nous nous garderons bien de vous dévoiler ceux inhérent à cette nouvelle aventure, mais sachez que de nombreux joueurs ont d’ores et déjà essayé de percer les multiples mystères de ces îles… soyez à l’affût, perspicaces et tenaces… et vous pourriez bien découvrir bien plus que prévu. N’oubliez pas de partager vos plus beaux clichés sur la toile… nous avons déjà hâte de vous y retrouver !
Conclusion
Quel bonheur de reprendre notre appareil photo afin de partir en exploration pour y dénicher une foule de Pokemon qui semblent n'attendre que nous pour exprimer pleinement leurs comportements ! A bord du Neo One, les environnements traversés sont variés et sources de bien des mystères à élucider pour qui regardent au bon endroit (au bon moment !). Épaulé par le professeur Miroir, le joueur est invité à comprendre un drôle (et merveilleux) phénomène prenant place sur les îles de Lentis. Les plus belles photos pourront être mises en ligne afin de partager avec quiconque ses plus belles rencontres. Sans véritable grand défaut, si ce n'est de se concentrer principalement sur la photographie des Pokemons (n'est-ce pas là le cœur même du jeu ?), le grand retour de Pokemon Snap, dans cet épisode totalement inédit et jouable partout grâce à la portabilité de la Nintendo Switch, ravira sans mal petits et grands...
LES PLUS
- Pokemon Snap, le retour, ô joie !
- De nombreux Pokemons à dénicher, avec des comportements insolites à découvrir
- Une prise en main rapide et intuitive
- Une zone dédiée exclusivement au remaniement de ses photos avec la possibilité de mettre en ligne ses clichés.
- Communauté réactive et vivante en ligne, avec le gain aisé de petites pommes (les « j'aime » façon Nintendo !)
LES MOINS
- Une redondance inévitable
- Un univers sonore qui tourne un peu en rond... avec une absence significative des sons émis en boucle des Pokemons (« Magicarpe » nous a tant manqué !)
- Quelques zones un peu longues, notamment celles consacrées exclusivement à un Pokemon luminescent