Derrière ce nom court et simple qu’est Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster se cache un grand jeu. Sorti initialement en 2005 chez nous sur PlayStation 2, sous le nom de Shin Megami Tensei : Lucifer’s Call, il revient en grande pompe en 2021 sur PS4 et surtout Nintendo Switch !
Un peu d’histoire
Shin Megami Tensei n’est pas forcément une saga connue par tous. Pourtant, vous connaissez tous son spin-off : Persona. SMT est une saga qui date pourtant d’il y a très longtemps, au départ sorti en 1987 sous le nom de Megami Tensei (sur des consoles comme FM-7, MSX ou encore PC-88), la suite portera toujours le même nom et c’est à partir du « 3 » que la série deviendra Shin Megami Tensei en 1992 sur Super Nintendo, s’en suit alors le 2 puis « If » qui n’est pas considéré comme un spin-off, mais qui n’est pas le 3em opus pour autant, vient alors en 1995 l’arrivée de Devil Summoner (que l’on a connu sur 3DS avec son second opus Soul Hackers) premier Spin Off de SMT.
Et c’est alors en 1996 que Persona sort, lui aussi un spin-off de SMT. Ils partagent au final le même bestiaire de démons, un gameplay qui s’en rapproche, un univers sombre et parlant souvent de fin du monde. Persona est souvent considéré comme plus accessible et plus simple que SMT, il peut y avoir débat sur la difficulté, mais l’accessibilité du soft est plus évidente, nous retrouvons à chaque fois l’histoire d’un groupe d’étudiants et le titre mêle alors beaucoup de phases de dialogue, à la limite entre le RPG et le light novel.
Mais rendons à César ce qui appartient à César et remettons sur le devant de la scène la série mère ! Shin Megami Tensei, et dans notre cas le 3em opus, qui est considéré par beaucoup comme le meilleur de la saga. Ont-ils raison ? Ont-ils tort ? Nous allons voir ça ensemble.
C’est la fin du monde tel qu’on le connaît
SMT3 nous plonge dans un récit sombre, l’histoire commence autour d’un lycéen (que vous nommerez vous-même) qui se rend à Tokyo pour rendre visite à sa professeure à l’hôpital. Avec deux de ses camarades de classe.
La ville semble peu remplie et surtout, l’hôpital est totalement vide, aucune infirmière, rien du tout, très étrange. Plus nous parcourons l’hôpital et parlons avec nos camarades, plus on se rend compte que tout ça est étrange. Nous allons rencontrer un homme qui va commencer à nous parler de fin du monde, puis notre professeur va l’arrêter et nous demander de monter sur le toit.
Une fois là-bas, elle nous explique que la fin de Tokyo est proche, le monde actuel est pourri jusqu’à la moelle et qu’il faut alors redémarrer un peu tout ça, et quelle est la solution ? La Conception ! C’est alors que se déroule sous vos yeux un spectacle étrange et vous voyez Tokyo changer, tout le monde, excepté les personnes présentes dans l’hôpital, va mourir sous vos yeux et la ville se retourne sur elle-même pour faire apparaître une lune nommée Kagutsuchi.
Vous vous épanouissez, et vous vous réveillez avec un enfant et une dame penchée au-dessus de vous, l’enfant vous fait ingérer un insecte un peu dégoûtant qui s’appelle Magatama, ce dernier va vous transformer en un personnage mi-homme mi-démon (mi-molette).
Vous apprenez en avançant dans le jeu que le but est de « redémarrer » le monde (concrétiser la Conception), pour se faire il faut réunir beaucoup de pouvoir pour concrétiser sa « Raison ». La « Raison » est le but de chaque clan, c’est un peu le crédo du clan, certains vont vouloir créer un monde ou le plus fort domine, d’autres une raison pour laquelle chacun est son propre chef et l’individualisme doit primer. Selon vos choix vous allez alors rejoindre un côté ou un autre. 6 fins sont disponibles.
Un gameplay solide
Le gameplay que l’on connaît dans Persona et SMT est assez similaire. Tout est basé sur les faiblesses (et un peu de chance quand même). Vous avez 1 attaque possible par personnage dans votre équipe (maximum 4 personnages, nous allons revenir dessus), si vous effectuez un coup critique, vous aurez 1 attaque supplémentaire, si vous attaquez une faiblesse bim 1 attaque supplémentaire. Cependant, si vous ratez votre attaque, vous perdez bien évidemment votre attaque actuelle et 1 supplémentaire. C’est aussi le cas pour vos ennemis !
Vous pouvez alors remporter aisément un combat si vous exploitez bien les faiblesses de vos adversaires. Pour cela, vous avez accès à des techniques magiques qui consomment des PM, mais aussi des techniques physiques qui consomment… Des PV ! À vous de juger si la perte de PV est raisonnable dans votre calcul.
Pour avoir plusieurs types de magie différents, il va falloir organiser votre équipe, votre héros est immuable, il sera obligatoirement dans votre équipe et surtout, c’est un Game Over s’il meurt. Pour avoir plus de démons, il faut les soumettre en combat, lors d’un affrontement certains démons vont vouloir discuter avec vous. À vous de choisir les bons dialogues pour les convaincre de vous rejoindre. Ces derniers au départ sont très utiles pour compléter votre équipe, mais rapidement, on se rend compte qu’il gagne très peu d’expérience (ils demandent 1 tiers de plus que notre héros globalement). Nous allons alors pouvoir les fusionner pour obtenir un démon plus puissant dans la limite du niveau de notre héros.
Le système de Magatama est intéressant, il va permettre à votre héros de changer au fur et à mesure de l’histoire pour convenir aux différentes zones et boss, la résistance et la faiblesse étant au cœur du jeu c’est très agréable. Même si rapidement on se rend compte qu’il est le plus intéressant de focus tout ce qui est attaque physique. Nous avons passé presque tout le jeu avec la Magatama d’origine.
Une sensation vieillotte
La nostalgie veut qu’on soit heureux de pouvoir rejouer à un jeu de notre enfance, cependant ici nous ne sommes pas dans un remake, mais bien dans un remaster, on touche à la forme, mais pas au fond.
Et force est de constater que tout est un peu vieillot, les combats n’ont aucun dynamisme, les créatures et même notre héros ont l’air d’être sacrément engourdies dans tous leurs mouvements, les animations sont proches du néant, alors techniquement c’était vraiment dans la mouvance de l’époque, le jeu était loin d’être ridicule à sa sortie, c’est même le premier en 3D avec un déplacement à la 3em personne et notre équipe visible en combat. Mais depuis 18 ans se sont écoulés et clairement il aurait été agréable d’avoir un travail un peu plus profond de remaster.
Les déplacements en dehors des combats rajoutent aussi une couche à cette impression old-school, on se déplace dans des zones plutôt petites, souvent des couloirs, avec un chargement au fondu au noir entre chaque zone. Parfois juste pour rentrer dans une pièce vide, ça rajoute une sensation de lenteur globale.
Les combats, comme dits précédemment, sont un peu lourdingues, dans leurs lenteurs d’époque, mais aussi dans leurs mécaniques d’un autre temps. Déjà aucune possibilité de fuir un combat, si vous avez le malheur d’être en galère vous serez obligé de gagner … ou de perdre. Aucun retry possible. Les sauvegardes d’ailleurs sont assez éparses, mais globalement il y en a quand même pas mal il ne faut donc pas oublier de sauvegarder à chaque fois que vous en voyez un. Le recrutement des démons est aussi totalement aléatoire, il est possible que vous passiez très longtemps sans avoir la moindre possibilité de recruter, même avec des démons qui ont des aptitudes pour aider. Dans notre cas nous avons passé presque 8h de jeux sans avoir aucune proposition, autant vous dire que nous avons passé un long moment avec Pixie le démon qui vous rejoint dès le début.
Un portage paresseux
Ce qui pousse encore plus ce côté remaster paresseux ce sont les cinématiques, elles ne sont certes pas légions dans SMT3, mais elles sont en 4/3 avec la qualité de l’époque, c’est quand même dommage d’avoir fait aussi peu d’efforts. Un petit rafraîchissement des menus, que ce soit en combat ou en dehors aurait été agréable tellement il date d’un temps où l’on se moquait un peu de l’ergonomie.
Si vous êtes un nouveau fan de la saga fraîchement débarqué depuis Persona 4 et 5 ou encore Tokyo Mirage Session, le jeu risque d’être un peu lourd à jouer, là où les Persona nous prennent à fond par la main, nous avons finalement peu de choix, on est très guidé, ici c’est à l’ancienne. On vous donne des indications, parfois assez floues, sur votre prochain objectif. On peut clairement se retrouver perdu et erré pendant un long moment, tout comme une fois dans le bon endroit si vous ne parlez pas à tous les PNJ vous n’allez pas avoir l’info capitale pour l’avancer. Ce n’est pas dérangeant, mais c’est à l’ancienne, il faut quand même garder à l’esprit que le jeu date.
Chose en revanche plus problématique, surtout quand on voit le jeu, c’est les baisses de framerate assez régulières alors qu’au final il n’y a rien d’énorme à l’écran.
Quand même un peu d’ajouts
Cependant il y a quand même eu quelques ajouts intéressants à cette version, mais aussi des retraits. Nous avons eu la chance d’avoir la version Deluxe du jeu, donc nous avons eu accès au DLC pour notre test, dont notamment celui de Dante. Car oui, si à l’époque de la sortie de Lucifer’s Call chez nous Dante était inclus, il a été changé par Raidou Kuzunoha dans la version Nocturne. Raidou est le personnage principal de Devil Summoner, un spin-off de SMT. Si en soi ça ne change pas vraiment le jeu (le personnage est juste remplacé), c’est dommage de facturer ça au prix fort. À savoir quand même que si vous comptez acheter Dante il faut le faire avant de lancer votre partie, on ne peut pas changer en cours de partie contrairement à notre prochain ajout.
Et cet ajout est le mode « Permissif », disponible gratuitement en DLC il permet de faire le jeu exclusivement pour son histoire tellement tout devient facile. Vous pouvez changer de difficulté à la volée, si jamais vous bloquez sur un boss pendant très longtemps vous pouvez passer en facile. Ce mode, en plus d’augmenter vos dégâts, permet de gagner beaucoup plus d’expérience et d’argent. Les combats peuvent alors s’effectuer en mode auto sans réfléchir.
L’autre ajout qui n’est pas des moindres est une sauvegarde rapide, attention c’est une sauvegarde temporaire, mais ça vous permet de changer de jeu, une fois cette sauvegarde chargée elle n’existe plus donc si vous voulez restopper votre partie il faut refaire une sauvegarde rapide.
Ensuite ce sont des choses assez logiques pour des jeux modernes, mais le choix entre les voix japonaise et anglaise sont disponibles, au passage, les deux doublages sont de très belle qualité. Ainsi qu’une re-modélisation (bien que faiblarde) de tous les shadder et modèles 3D du jeu.
Conclusion
Il serait difficile de ne pas conseiller ce Shin Megami Tensei 3 Nocturne HD Remaster, mais garder à l’esprit que le jeu a 18 ans ce qui implique un gameplay lourd et lent et surtout qui ne vous prend pas par la main. On regrettera le service minimum du remaster, ils se sont contentés du minimum syndical et c’est bien dommage, c’est un portage du jeu PS2, mais avec un enrobage de PS3. Si jamais vous ne connaissez pas du tout la saga, nous vous conseillons de peut-être d’attendre Shin Megami Tensei V, mais si vous avez un relent de nostalgie alors faites-vous plaisir. La durée de vie est globalement bonne (environ 50h) même si on est maintenant habitué au double pour un JRPG.
LES PLUS
- Une histoire qu’on prend plaisir à découvrir, complexe et mature.
- Durée de vie convenable
- Le système de Magatama qui permet de gérer notre héros comme bon nous semble
- Le système de fusion des démons
- De multiples fins
- Choix du doublage anglais/japonais de qualités pour les deux
- Difficulté Permissif pour ceux qui veulent juste découvrir l’histoire
- Une ambiance de fin du monde qu’on prend plaisir à parcourir
LES MOINS
- Un remaster HD plus que fainéant dans sa globalité
- Les décors un peu flous
- Animations toujours raides
- Interface peu pratique et datée
- Dante en DLC
- Peut-être un peu trop difficile en mode normal pour beaucoup
- Un jeu très daté dans ses mécaniques, donjons labyrinthiques peu intéressant, des petites zones, très peu d'indications sur quoi faire.
- Texture HD globalement paresseuse.
j’attends surtout le 5e opus
Mais pourquoi pas me lancer sur le 3e
Je conseillerais effectivement plus d’attendre le 5em opus, car sans l’aspect nostalgique ce SMT est pas incroyable.