Dans un japon médiéval, envahi par les Yokaï, une sphère magique a été dérobée. Il est temps pour notre escouade de trois Ninjas (plus un gros Viking) de trancher dans le lard et la couenne ennemie.
Beat-them-all à l’ancienne, avec un défilement vertical, une pointe de profondeur et les sempiternelles vagues d’ennemis, Shing! nous propose aussi une pointe de neuf pour s’affranchir du carcan du genre.
Oublié les sempiternels boutons d’action, nous escrimons désormais avec le stick droit, ce qui nous permet de varier nos coups (de sabre), et les hauteurs de nos coups, en choisissant au mieux ce que nous voulons trancher en face (au choix : les jambes, le buste ou la tête ?). Nous pouvons également enchaîner des combinaisons à base d’arcs de cercle pour comboter un maximum. Avant même de se lancer dans la partie, ces contrôles peuvent faire peur. Et en effet, ce n’est pas commode durant les premières minutes de jeu, tant nos vieilles habitudes ont la peau dure. Pour les plus récalcitrants, il est possible de choisir les contrôles à l’ancienne et de spammer frénétiquement du bouton, mais autant vous le déconseiller de suite…
Ce serait trahir l’originalité et surtout la grande réussite de ce Shing! Car si vous l’adoptez, le stick droit va devenir votre ami (pour la vie), et vous fera ressentir chaque coup d’épée donné. Il suffit juste de s’habituer, de s’entraîner histoire de taper dans la bonne direction. Passé l’heure de jeu, Shing! va devenir grisant. Quel plaisir de sabrer ces grappes d’ennemis juteuses dans une valse gracieuse et hypnotique, avant bien entendu de décapiter, dans un splendide ralenti, le tout dernier ennemi. Les Yokaï délivrent de précieuses orbes de couleur qui nous permettent de remplir nos jauges et/ou de transformer notre guerrier en Ninja surpuissant : verte pomme pour blinder sa barre de vie, bleu curaçao (avec des glaçons) pour activer, le temps de quelques coups, l’attaque à distance, jaune citron caviar pour s’armer de grenades, rouge orange sanguine pour enflammer temporairement son arme etc…
Un système de power-ups bien rodé, qui fonctionne parfaitement, au point de rendre tactique les combats : comme nous savons à l’avance ce que va nous offrir l’ennemi lors de son trépas, nous allons choisir d’affronter en premier un tel plutôt qu’un tel.
Le jeu distille de plus au compte-goutte des ennemis bien retors, lesquels nous obligeront à abuser de ces orbes et à réfléchir un minimum pour les combattre au mieux dans la mêlée. Petite pensée pour les sorcières, dans leurs souches d’arbre, lesquelles vont à coup sûr vous mener la vie dure avant que vous ne trouviez l’astuce pour les abattre sans perdre de vie.
Les phases de boss invitent également à la réflexion, ou du moins, à une certaine méthode, en prenant parfois de surprenants contre-pieds. Plutôt qu’un gros boss à taper, nous avons droit à une porte de cité à protéger contre les assauts ennemis, un ver des sables géant plus amical qu’il n’y paraît ou bien un mât de bateau désespérément statique à abattre… D’ailleurs, c’est une des limites de ce Shing!, les « boss » sont intéressants et opposent une belle résistance, mais aucun ne vous donnera l’envie de relancer la partie pour vous mesurer à eux, comme c’est le cas avec le récent Streets Of Rage 4. Le titre signé DotEmu les iconise à merveille et rend fun et indécis chacun de ces affrontements. Un seul exemple, un seul : le mât de bateau de Shing! ne fera jamais le poids face à un Max Thunder déchaîné !
Graphiquement, certains décors, stylisés et colorés, parviennent à leurs fins quand d’autres semblent peu inspirés ou vides (la partie en forêt). Les modèles 3D old-school, bruts de décoffrage et la D.A des persos sont particuliers. Pour nos héros, c’est fait à la manière d’un FFIX sur PS1, mais de manière très scolaire et générique. Il est possible de ne pas adhérer à ce parti-pris graphique tout comme il est possible de ne pas apprécier les musiques (qui font à peine le café) ou l’humour daté du jeu. La plupart des blagues vaseuses, que débitent les persos masculins à-propos des attributs disproportionnés des persos féminins, tombent littéralement à plat.
Le jeu souffre aussi d’un rythme haché par des écrans de chargement omniprésents, entrecoupant par moments de courtes séquences de marche sans qu’aucun ennemi ne vienne s’empaler sur nos sabres. L’histoire est, elle, totalement lambda : son seul twist digne d’intérêt réside dans ces décors passant d’un Japon traditionnel à un univers de pur SF.
Même avec de tels défauts, Shing! fait -ne l’oublions pas- du stick droit notre meilleur ami et parvient à susciter la curiosité, et à maintenir l’intérêt jusqu’au bout, en évitant le principal écueil du genre : celui d’être répétitif à l’excès. N’oublions pas de citer le mode co-op, bien frais et bien fun, même si nous aurions aimé de réelles différences entre les persos afin qu’il y ait une vraie synergie entre eux. N’oublions pas d’avoir une ultime pensée, la dernière, pour les quelques défis bienvenus, objectifs multiples à atteindre (pour les complétistes) et les nombreux niveaux de difficultés qui assurent au jeu une petite replay value pas négligeable.
Conclusion
Avec son gameplay atypique, à base de sticks, Shing! résonne comme un coup de sabre dans le genre. Dommage que la lame soit élimée, et parfois rouillée à certains endroits : histoire lambda, humour vaseux et graphismes inégaux, car elle est faite de l'acier -le gameplay- le plus noble et le plus tranchant qui soit.
LES PLUS
- Jouer avec le stick droit
- La gestion des orbes de couleurs
- Aventure sympathique
- Co-op fun !
- Quelques ennemis mémorables
LES MOINS
- Graphiquement inégal
- Musiques peu marquantes
- Humour au ras du parquet
- Histoire bof bof
- Ecrans de chargement omniprésents